3 Marie Marguerite Hervé

5.6.02.3 Marie Marguerite Hervé (1791-1870), 5e génération

François Hervé (1760-1843) a toujours deux filles et une terre à cultiver.  Comme tous les agriculteurs du temps, il espère un garçon pour pouvoir passer la main un jour.  Le 26 septembre 1791, à Saint-Roch-des-Aulnaies, sa femme Félicité Perpétue Bouchard donne naissance à une troisième fille.  Marie Marguerite Hervé est baptisée le lendemain.  Elle a pour parrain André Couturier cousin de l’enfant et la marraine Marie Josephte Martin (1760 — )[1].  André Couturier dit Sanschagrin (1767-1843) est un petit-cousin de l’enfant, car il est le fils de Catherine Savard (1731-1792), la tante de François, son père.  Il est aussi un ami d’enfance des trois frères Hervé et un compagnon d’aventure également, puisqu’il a quitté l’Isle-aux-Coudres dans la même période que les frères, pour s’installer à Saint-Roch-des-Aulnaies où ils seront tous trois témoins à son deuxième mariage en 1794[2].  Dans quelques années, André Couturier partira de Saint-Roch-des-Aulnaies avec David Louis Dominique, le frère de François, pour s’installer à Saint-Étienne de la Malbaie et sa cadette épousera Pierre Lumina, l’un des garçons de David Louis Dominique.

Marie Marguerite Arvé épouse Augustin Lebret dit St Amand (1784-1863) le 2 septembre 1812 à Sainte-Anne-de-la-Pocatière[3].  Elle est à quelques jours de sa majorité lorsqu’elle s’unit à son cultivateur de vingt-huit ans.  Augustin n’est pas allé se chercher une épouse bien loin puisqu’il possède la cinquième terre à l’ouest de celle du père de Marguerite, sur le même rang des Sables, cette troisième ligne de concession ouverte au début du siècle[4]

Le couple aura au moins neuf enfants connus qu’ils verront grandir à Sainte-Anne-de-la-Pocatière : Augustin né le 9 janvier 1813 et décédé quinze jours plus tard, Marie Domitille née le 21 décembre 1813, Jean Thomas né le 26 août 1815, Marie Zoé née le 15 juillet 1817, Augustin né le 7 décembre 1819, Romuald né le 7 juillet 1824, Jérémie né le 26 janvier 1827, Virginie née le 10 octobre 1829, Marguerite née le 13 mai 1832 et finalement Clovis né le 27 novembre 1834. 

Après la naissance de Clovis, la famille quitte Sainte-Anne-de-la-Pocatière pour s’installer à la porte d’entrée de la Gaspésie, dans le village de Sainte-Flavie.  On les sait rendus là en 1841[5]

Marguerite, son mari et leur famille furent parmi les premiers habitants de Sainte-Flavie dont la paroisse fut érigée en 1829.  Ils rejoignent quatre-vingt-dix familles déjà établies sur le vaste territoire qui, à l’époque, couvre une superficie s’étendant de Sainte-Luce à Métis sur plusieurs rangs de profondeur.  À l’arrivée de Marguerite à Sainte-Flavie, les habitants devaient parcourir des kilomètres pour assister à la messe dominicale et pour aller moudre leur grain au vieux moulin de la rivière à la Loutre à Sainte-Luce[6].  La mission est desservie par les curés de Rimouski jusqu’en 1842 ; le curé de Sainte-Luce prendra la relève jusqu’en 1850, année de l’arrivée du premier curé résidant et de l’ouverture des registres de la paroisse.  Ce ne sera qu’à l’été 1850 que l’on construisit la première église et elle sera en bois[7]

Marguerite et son mari passeront la main à leur fils Georges et finiront leurs jours dans leur ferme du Chemin Matapédia, l’actuelle route 132, que le couple connaîtra comme le chemin Kempt jusqu’en 1860[8]

Augustin décède le 30 octobre 1863[9].  Pour sa part, Marie Marguerite Hervé dite Margueritte Harvey s’éteint à l’âge de soixante-dix-sept ans le 29 mai 1870, sept ans après son époux.  Elle est inhumée au cimetière de Sainte-Flavie le 1er juin[10].

[1] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Roch-des-Aulnaies, 27 septembre 1791.    

[2] BAnQ., Registre de la paroisse Sainte-Anne-de-la-Pocatière, 24 février 1794. 

[3] Ibid., 2 septembre 1812. 

[4] B.A.C., G., Recensement du Bas-Canada de 1825 pour le district de Cornwallis, Canton Sainte-Anne et Ixworth, page 58. 

[5] B.A.C., G., Recensement de 1842 pour le district de Rimouski, sous-district de Sainte-Flavie, page 3516. 

[6] A.N.Q., GN. Minutier notaire Jean Bélanger, no 7661, 30 janvier 1819 et minutier notaire Pierre Laforce, nos 1969 à 2001, février 1823 (Terrier de la seigneurie Lepage-et-Thibierge de l’Anse-aux-Coques).  Le vieux moulin banal de la rivière ou ruisseau à la Loutre fut construit entre 1818 et 1823 pour desservir la seigneurie Lepage-et-Thibierge.  Le moulin sur la photo est celui construit en 1848 ; Marguerite et son mari continuèrent de faire moudre leurs grains à cet endroit jusqu’à la construction d’un moulin à Sainte-Flavie. 

[7] MAGNAN, Hormisdas. Dictionnaire historique et géographique des paroisses, missions et municipalités de la Province de Québec. Arthabaska, Imprimerie d’Arthabaska inc., 1925, page 369.

[8] B.A.C., G., Recensement du Bas-Canada 1851, 1861 et 1871 pour le district de Rimouski, sous-district de Sainte-Flavie. 

[9] BAnQ., Registre de la paroisse Sainte-Flavie, 31 octobre 1863. 

[10] Ibid., 1er juin 1870.