2. François Hervé

4.6.2 François Hervé (1760-1843), 4e génération

Dans les dix ans qui suivirent le début de la conquête, Geneviève Savard (1736-1781) donnera cinq enfants à Dominique Hervé (1736-1812)François, leur premier fils naît le lundi 20 octobre 1760.  Comme la petite Catherine est décédée deux ans plus tôt, il devient l’aîné.

L’enfant est prénommé François comme son parrain lors de la cérémonie du baptême qui a lieu sept jours plus tard.  Jean François Leclaire (1739-1810) est donc choisi comme parrain.  Marie Louise Delage agit comme marraine.  Marie Louise Delage reste introuvable à l’Isle à cette époque.  Le missionnaire de passage s’est mépris dans le prénom de Marie Anne Delage (1732-1809), la seule Delage habitant l’île.  Marie Anne Delage, épouse de François Dallaire (1734-1769), cousin de la mère de l’enfant, s’avère être voisine des parents du nouveau-né.    

Bien qu’à sa naissance, il soit le seul François porteur du patronyme Hervé dans la colonie, à son adolescence et pour un certain temps par la suite, il sera le plus souvent prénommé François à Dominique.  Cela vient sans doute du fait que quinze ans après sa naissance son oncle Pierre (1733-1799) et sa tante Marie Madeleine Tremblay (1733-1811) eurent un enfant prénommé Jean François.  Comme à l’époque on faisait usage de façon aléatoire des deux, trois ou quatre prénoms donnés au baptême, on aura voulu s’assurer d’identifier le bon.  Jean François à Pierre sera, au cours de sa vie adulte, plus souvent prénommé Jean, mais il utilisa probablement ses deux prénoms en alternance, à une certaine période comme le faisait tout un chacun[1].  L’usage de François à Dominique devint tellement fréquent que, plus tard, lors de la publication de la « Liste des pilotes pour la Rivière St.Laurent », celui qui était né avec le simple prénom de François sera nommé « François Dominique »[2].  On le retrouve ainsi nommé dans certains contrats également.

François étant l’aîné, il devrait selon la tradition être celui qui héritera de la terre.  Bien qu’il donne un bon coup de main à son père sur cette terre tout au long de son enfance et de son adolescence, il est probablement plus souvent sur la mer avec son père qui navigue.  C’est probablement ses deux autres frères qui vaquent aux opérations de la ferme.  Au tournant de la vingtaine alors qu’il est apprenti pilote auprès de son père, François est à l’aise et heureux quand il est sur l’eau et l’agriculture n’est pas son avenir, du moins il le croit et même si la terre l’avait passionné, un drame familial va changer la donne.  Sa mère décède en janvier 1781 et son père se remarie à une toute jeune à la fin de la même année.  Les perspectives d’avenir de François sur la terre de son père viennent assurément de changer.

François qui a vingt-cinq ans convole en justes noces le 3 octobre 1785 avec Félicité Perpétue Bouchard (1758-1843) qui en a vingt-sept en la chapelle Saint-Louis-de-France de l’Isle-aux-Coudres.  Félicité est la fille de feu Jacques Bouchard et Françoise Rousset qui habite tout près de chez François[3]Félicité est une fille de l’Isle née le 23 décembre 1758.  Les Bouchard se sont installés à l’Isle peu de temps après sa colonisation alors que les Rousset y sont depuis les tout débuts.  Françoise Rousset est d’ailleurs la fille de Louise Tremblay, la sœur de Rosalie, notre ancêtre.

Les autorités britanniques ont décidé que l’on utiliserait dorénavant le chenal Sud pour le passage des navires à trois-mâts.  Leurs bâtiments abandonnent peu à peu le chenal du Nord ce qui incite les pilotes à s’installer du côté sud du fleuve.  François qui est pilote comme son père et de qui il a appris le métier fera le choix de s’exiler au Sud comme quelques autres pour vivre de son métier[4]

S’il n’est pas déjà installé sur la Côte-du-Sud, François et sa nouvelle épouse quitteront l’Isle peu de temps après leur mariage puisque son premier enfant naît à « Saint-Roch-des-Aulnets »[5] en décembre 1786.  Il s’installe donc sur la terre de « deux arpents de front par quarante deux de profondeur à la Cote du Sud » que son père Sébastien Dominique avait acquise ou héritée de son grand-père Sébastien[6].  Il est également possible que son père l’ait acquise de sa sœur aînée Marie Anne Hervé (1723-1809).  On se souviendra que cette dernière avait épousé Jacques Soulard (c.1705-1759) le fils aîné d’une des familles fondatrices de Saint-Roch-des-Aulnaies et elle s’était retrouvée veuve avec deux enfants de moins de cinq ans après la Bataille des Plaines d’Abraham.  A-t-elle, comme bien des veuves dans le besoin, vendu la terre ou la portion de cette dernière qui lui revenait après le décès de son époux ? Il faut garder en tête ici la proximité qui existait entre le père de François et sa tante Marie Anne comme on l’a vu tout au long du présent chapitre.  Si l’on se fie aux divers registres consultés et aux voisins mentionnés à travers ces documents François s’il ne demeure pas sur une portion de la terre de Marie Anne et Jacques Soulard, il en est voisin.  

François rejoint le clan de ses tantes Hervé, Marie Anne et Rose, dite Marie Rose qui y demeurent toutes deux depuis qu’elles se sont mariées en 1751 et 1757.

François ne quitte assurément pas la terre familiale de son propre vouloir.  Les circonstances durent le forcer.  Pendant bien des années il vivra sans doute avec une certaine amertume d’avoir laissé les soins de la terre de son père à ses jeunes frères, de ne pas y revenir et de ne pas avoir pu la prendre en charge.  Ce ne devait pas être un chemin facile quand on est fils aîné d’un insulaire qui, bien que pilote, était avant tout un habitant.  La terre familiale pour un aîné c’était tout ce qui existait, cela aurait dû être son avenir[7].

François demeurera quinze ans à Saint-Roch-des-Aulnaies où sa femme lui donnera six enfants.

Les fêtes du Nouvel An approchent et Félicité donne naissance à son premier enfant le 28 décembre 1786.  L’enfant est baptisé le lendemain et portera le nom de Marie Félicité Hervé.  Le parrain choisi est « David Louis Dominique Hervé oncle de l’enfant ».  Comme le baptême a lieu en plein hiver, il y a fort à parier que David soit traversé sur la Côte-du-Sud en même temps que son frère aîné pour l’aider à s’établir.  La marraine de l’enfant est Marie Madeleine Ouellet (1752-1788) »[8].  Jacques Bouchard (1752-1829) le frère de Félicité est marié à Marie Josephe Ouellet (1754-1826)[9], la sœur de la marraine. 

On connaît peu de la vie de François et de sa femme à Saint-Roch-des-Aulnaies en cette fin de XVIIIe siècle.  Les autorités anglaises non pas tenues de recensements depuis 1762 et l’on devra attendre en 1825 pour le prochain alors que le couple sera déjà parti pour le village voisin.  Ce que l’on sait par contre a trait aux événements familiaux et aux nombreuses naissances dans la famille.  De toute évidence, les trois frères François, David Louis Dominique et Joseph Sébastien étaient très proches.  Ils sont de tous les événements relatifs à la famille de chacun d’entre eux.  La terre de François n’est pas des plus grandes, mais elle est suffisante pour nourrir sa famille.  Considérant qu’il passe une bonne partie de son temps sur le fleuve comme son père à piloter des navires, on peut penser que ses revenus sont tout à fait raisonnables, car dans quelques années, il fera l’acquisition d’une terre de beaucoup plus grande et parmi les meilleures de la région. 

Vingt-six mois après avoir accouché de son premier enfant, Félicité Perpétue donne naissance à une deuxième fille le samedi 28 février 1789.  Le baptême a lieu le lendemain.  Marie Perpétue Hervé a pour parrain Thomas Pierre Caron (1753-1837) un voisin présumé[10] et comme marraine Marie Gertrude Ouellet (1774-post.1809) selon l’encre qu’utilisait l’abbé Joseph Verreau (1754-1826), curé de la paroisse de 1780 à 1818 et qui fait en sorte que nous pouvons aujourd’hui préciser ces détails[11].  

François a toujours deux filles et une terre à cultiver.  Comme tous les agriculteurs du temps, il espère un garçon pour pouvoir passer la main un jour.  Le 26 septembre 1791, sa femme Félicité Perpétue Bouchard donne naissance à une troisième fille à Saint-Roch-des-Aulnaies.   Marie Marguerite Hervé est baptisée le lendemain.  Elle a pour parrain André Couturier cousin de l’enfant et la marraine Marie Josephte Martin (1760-1834)[12].  André Couturier dit Sanschagrin (1767-1843) est de fait un petit-cousin de l’enfant, car il est le fils de Catherine Savard (1731-1792), la tante de François.  Il est aussi un ami d’enfance des trois frères Hervé et un compagnon d’aventure également puisqu’il a quitté l’Isle-aux-Coudres dans la même période que les frères pour s’installer à Saint-Roch-des-Aulnaies où ils seront tous trois témoins à son deuxième mariage en 1794.  Dans quelques années, André Couturier partira de Saint-Roch-des-Aulnaies avec David Louis Dominique le frère de François pour s’installer à Saint-Étienne de la Malbaie et sa cadette épousera Pierre Lumina, l’un des garçons de David Louis Dominique.  Deux mois plus tard, c’est au tour de François d’être parrain de Marie Geneviève, le premier enfant d’André Couturier et de Marie Geneviève Ouellet (1769-1793) [13].  

En 1792, François contribue à l’érection de la chapelle de procession Notre-Dame-de-Lourdes.  La chapelle est érigée en pierre en bordure du chemin du Roy à l’extrémité est du noyau villageois où elle marque l’entrée du village de Saint-Roch-des-Aulnaies.  François et Félicité Perpétue s’y rassembleront avec les autres paroissiens lors des processions comme celle de la Fête-Dieu qui est une pratique religieuse qui demeurera importante jusqu’au milieu du XXe siècle.  En juillet, Félicité Perpétue est choisie pour être la marraine de Marie Geneviève, le premier enfant de Joseph Sébastien Hervé son beau-frère[14]

L’été suivant, Félicité Perpétue donne à François une quatrième fille.  Marie Madeleine Hervé naît le 21 juillet 1793.  Au baptême le lendemain de la naissance, François est probablement sur la mer où il pilote puisqu’il n’assiste pas à la cérémonie.  Son frère Joseph Sébastien agit comme parrain.  Sa belle-sœur, Marie Louise LeBreton dite Dubois dite Lalancette, l’épouse de David Louis Dominique est la marraine[15]

Trois ans plus tard, François, laboureur de son métier, désespère sans doute de ne jamais avoir d’aide sur sa terre lorsque Félicité Perpétue met au monde une cinquième fille.  Le père de François avait hérité d’une terre, car son beau-père avait plusieurs filles à marier, mais dans le cas de François sa terre est trop petite pour être divisée en parcelles afin d’être donné en dote favorisant ainsi le mariage de ses cinq filles.  Marie Victoire Hervé naît le 11 juin 1796 et est baptisée le même jour dans la chapelle de Saint-Roch-des-Aulnaies.  Michel Caron (1757-1804) le voisin[16] est choisi par les parents comme parrain de l’enfant.  Ils ont tous plus de quarante ans.  Il y a bien le son fils qui porte le même nom, mais il n’a que onze ans.  Comme il l’a fait en 1789 lors de la naissance de Marie Perpétue, pour marraine le couple choisit une fille des voisins Joseph Ouellet (1716-1794) et Marie Josephte Lisot (1725-1821) c’est-à-dire Marie Angélique Ouellet (1762-post.1798).

Près de treize ans après leur mariage, le couple formé de François et Félicité Perpétue aura son premier fils, Jean Baptiste Hervé que l’on prénommera simplement Jean tout au cours de sa vie.  Jean Baptiste naît le 5 août 1798 à Saint-Roch-des-Aulnaies.  Il est baptisé le même jour.  Son parrain est Jean Baptiste Joseph David Gagnon (1751-1839) « cousin… de germain à l’enfant » ; de fait, il est le fils aîné de Marguerite Rosalie Hervé, la tante de François demeurant à l’Isle.  Jean Baptiste Joseph David avait migré de l’Isle-aux-Coudres à Saint-Roch-des-Aulnaies à la même époque que les trois frères Hervé et André Couturier.  La marraine est Josephte Richard (1776-1837), fille de François Ignace Richard (1719-post.1776).  À moins que ce ne soit Josephte Richard (1785-1867), petite-fille de ce même François Ignace et fille de son fils Pierre Lambert et de Marie Josephte Martin qui, en 1791, fut la marraine de Marie Marguerite, le troisième enfant de François et Félicité Perpétue.  Il s’agit sans doute de cette dernière, considérant la proximité des trois frères Hervé et de leur cousin André Couturier avec Pierre Lambert Richard (1758-1822) demeurant tous à Saint-Roch-des Aulnaies[17].

On peut penser que François ne pilote plus très souvent sur le grand fleuve, car il est encore qualifié de laboureur lors du baptême de Jean Baptiste.  L’ouvrage commence à se faire plus rare pour ceux qui connaissaient surtout le chenal du Nord, maintenant presque inutilisé ; de plus, les autorités britanniques ont multiplié les brevets de pilote pour le chenal du Sud.  François vend donc sa terre de Saint-Roch-des-Aulnaies qui était celle de son père et part finir sa vie comme cultivateur à Sainte-Anne de la Grande Anse du Sud[18]Félicité Perpétue lui donnera un dernier enfant.  La terre que François acquiert est parmi les plus belles de la région.  Encore aujourd’hui cultivé, elle s’étendait de chaque côté du rang des Sables, une troisième ligne de concession que l’on venait tout juste d’ouvrir ; elle ne s’arrête qu’aux pieds des Appalaches[19]

Sur le fleuve, les autorités anglaises sont en voie de constituer une organisation pour gérer la navigation et c’est un bastion d’anglais qui prend progressivement le contrôle du pilotage[20].  La naissance d’un fils, pour qui il ne voit sans doute aucun avenir comme pilote, le motive sans doute à l’acquisition d’une terre suffisamment grande et généreuse pour faire vivre une famille sans autre revenu d’appoint.

C’est probablement à l’été 1799 que François quitte Saint-Roch-des-Aulnaies pour Sainte-Anne, car au tournant du siècle, Félicité Perpétue qui a quarante-deux ans accouche d’une sixième fille le 6 décembre.  L’enfant est baptisé le même jour par l’abbé Antoine Foucher dans la chapelle de Sainte-Anne du Sud, la quatrième église de Sainte-Anne ; elle vient tout juste d’être terminée.  En effet, depuis 1795, les paroissiens bâtissaient une nouvelle église plus au centre de la paroisse. Elle est donc ouverte au culte en 1800, juste à temps pour le baptême de Marie Anastasie Arvé, une nouvelle forme que notre patronyme prend sous la plume de ce curé.  Son parrain est Jean Louis Audet (1769-1832), le neveu de Félicité Perpétue fils de sa sœur Madeleine (1743-1837).  La marraine est Marie Louise Caron (1784-1819) demeurant aux Aulnaies ; elle est la fille de Victoire Dufour (1749-1813), une sœur de Marie Magdeleine, la deuxième épouse du père de François.

François paiera dorénavant son cens et la rente seigneuriale au seigneur écossais Lauchlin Smith (1736-1823) qui possède la seigneurie de La Pocatière depuis 1777[21].  Smith est l’un de ces mercenaires écossais arrivés avec l’armée de Wolfe en 1759 et que l’on avait largement remerciés pour le support qu’ils avaient offert au roi d’Angleterre comme sergent du régiment 78e Fraser Highlanders[22].  

La terre que François acquiert dans la seigneurie de La Pocatière est située tout au fond de l’arrière-fief Pollet aussi appelé plus tard Saint-Denis de Sainte-Anne.  Sa maison devait ressembler à celle de son voisin, construite à la même période et toujours existante lors de mon passage en 2014.  Elle avait été construite par Jacques Bonaventure L’Étoile dit l’Italien (1718-1777), un navigateur génois arrivé au pays vers 1748[23].  Du temps de François, c’est sa veuve qui l’habite avec deux de ses fils.  Dans quelques années, Marie Geneviève Hervé, la filleule de Félicité Perpétue, fille de son beau-frère Sébastien, passera beaucoup de temps chez François et finira par épouser son cadet Germain L’Étoile dit l’Italien (1772-1835) l’un des deux fils de la voisine. 

En 1808, alors qu’il a quarante-huit ans, François abandonne définitivement son métier de pilote.  Cette année-là pour une dernière fois, son nom paraît dans l’Almanach de Québec comme pilote du Saint-Laurent.  Ces années passées sur le fleuve lui auront permis de garder un contact régulier avec les cinq membres de sa fratrie demeurés à l’Isle et les sept autres établis à Murray Bay.  Habitué qu’il était à ce fleuve qui l’avait bercé tant d’années, il continuera de rendre visite aux membres de sa fratrie.  Ainsi en 1813, alors qu’il sera de passage chez ceux de La Malbaye, il assistera à la cérémonie funèbre de son cousin Jean François Hervé (1775-1813), fils de l’oncle Pierre[24].

Après le dernier accouchement de Félicité Perpétue, François, aidé de cette dernière, de ses six Marie et de Jean Baptiste le garçon, continuera à labourer sa terre de Sainte-Anne de la Pocatière pour encore longtemps.  En 1812, Marie Félicité et Marie Marguerite quittent le toit familial pour se marier.  Marie Victoire suivra en 1821 pour les mêmes raisons.  Puis l’automne venu, à l’avant-veille des noces de son unique fils, François et son épouse se donnent à ce dernier[25].  

Félicité Perpétue Bouchard a mis au monde sept enfants en santé.  On ne lui connaît aucun enfant mort-né ou en bas âge ; un sort heureux pour des parents d’une époque où la mortalité infantile était si élevée.  La chance de François et Perpétue prend fin le 4 février 1823 ; leur fille Félicité qui eut six enfants décède deux jours après avoir mis au monde son septième, un enfant mort-né.

En 1825, alors qu’il a soixante-cinq ans, François et sa femme Félicité Perpétue qui en a soixante-sept, vivent toujours dans leur maison de Sainte-Anne de la Pocatière qui est devenue celle de leur fils.  Marie Madeleine quant à elle est restée célibataire comme on l’a vu ; Marie Perpétue et Marie Anastasie se marieront respectivement en 1832 et 1835.  L’une d’entre elles demeure également dans la maison familiale devenue celle du fils ; il est impossible de l’identifier avec certitude[26]

Six ans plus tard, en 1831, François et Félicité Perpétue ainsi que l’une de leurs filles demeurent encore tous les trois dans la maison familiale de Jean.  Il s’agit vraisemblablement de Marie Madeleine, tout comme en 1825.  L’une des personnes demeurant sous ce toit est qualifiée d’insensée sans que l’on puisse déterminer laquelle.  Ce descriptif ne réapparaîtra pas dans la vie d’aucun membre de la famille de François.  Le futur nous apprendra par contre que Madeleine aurait pu avoir un comportement, qui, à l’époque, pouvait avoir été qualifié d’insensé.  Une jeune fille née vers 1828 la suivra toute sa vie et c’est chez cette même jeune fille qu’elle finira ses jours comme nous le verrons.  Les quatre-vingt-deux arpents qui constituent la terre familiale sont tous cultivés.  Les arbres ne trônent qu’autour de la maison qui est adossée aux contreforts des Appalaches.  En 1830, la terre a produit quatre-vingt-dix-huit minots de blé, vingt-quatre d’avoine et cinquante de pommes de terre.  François et son fils Jean n’élèvent évidemment pas d’animaux pour la revente ; ils ont tout juste ce qu’il faut pour leur famille avec sept bêtes à cornes, deux chevaux et trois porcs.  Félicité Perpétue et sa bru Maxime Dubé peuvent quant à elles compter sur sept moutons qui fournissent la laine pour habiller la famille.  Comme François n’avait qu’un seul fils, il eut probablement recours à des engagés pour exploiter sa terre dès son arrivée à Sainte-Anne de la Pocatière, comme c’est le cas en 1831[27].

Les nombreux neveux semblent avoir été une source de main d’œuvre courante sur cette grande terre familiale.  On sait par exemple que Louis Didier Hervay (1819-1854), qui fait ses études au Collège Sainte-Anne pour devenir médecin, passe ses étés à la ferme de son oncle  François et de son cousin Jean ; Louis Didier est l’un des fils de Joseph (1782-1867), l’aîné du deuxième lit du père de François.  C’est d’ailleurs François qui effectue un paiement pour couvrir les frais de pensionnat de Louis Didier en 1839[28].  Il y a aussi François Hervey (1810-c.1900) de Saint-Étienne de la Malbaie, le fils de son frère cadet Dominique Isaïe Hervé (1775-1851), qui y fait un passage et repart en 1835 avec comme épouse Angélique Milliard (1814-1893), la fille d’un voisin.  

François s’éteindra alors qu’il a près de quatre-vingt-trois ans le 31 juillet 1843, probablement atteint du même fléau que sa femme qui décède cinq jours avant lui[29]. Jean aura veillé sur ses vieux parents jusqu’à leur décès comme convenu lors de la donation.  Il prendra sous peu une autre direction.

François et son épouse eurent six filles, mais un seul fils, Jean Baptiste dont les descendants seront parmi les premiers Harvey à défricher la vallée de la Matapédia, en commençant par Saint-Moïse, une municipalité dont l’un des fils sera un fondateur. 

François Hervé, ses enfants, données généalogiques - 5e génération

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[1] BOILARD Louise.  La mobilité interne dans Charlevoix : La première moitié du XIXe siècle.  Chicoutimi, les presses de l’Université du Québec, 1991, page 37. 

[2] BAnQ., « The Quebec Almanack for the year » 1788 à 1808. 

[3] La maison de Jacques Bouchard où Félicité a grandi est une maison de ferme d’inspiration française composée d’un corps de logis en pierre construit avant 1750 était toujours existante en 2019.  Le corps de logis, de plan rectangulaire et à un étage et demi, est coiffé d’un toit à deux versants aux larmiers retroussés. Cette maison est située à la pointe ouest de la municipalité de L’Isle-aux-Coudres. 

[4] ROY, Pierre-Georges. « Le pilotage sur le Saint-Laurent », Bulletin des recherches historiques : bulletin d’archéologie, d’histoire, de biographie, de bibliographie, etc.  Volume XVIII, numéro 4 (avril 1913), page 114.  

[5] Orthographe vieillie, aujourd’hui Saint-Roch-des-Aulnaies. 

[6] La deuxième hypothèse est moins plausible, Sébastien le grand-père s’étant donné à son fils aîné Zacharie et ayant peu de moyens financiers à la fin de sa vie.  Par contre, ni le minutier du notaire Joseph Dionne (1704-1779), ayant pratiqué de 1743 jusqu’à sa mort et ni celui de Louis Cazes (1727-1798), dont la pratique débuta en 1780 jusqu’à sa mort également, n’ont révélés de qui Sébastien Dominique avait acquis cette terre.  Ces deux notaires sont ceux ayant pratiqué à Saint-Roch-des-Aulnaies dans la période où Dominique aurait pu acquérir cette terre.  

[7] Inspiré de : Guilbault François. Les plaines de Nouvelle-France : Femmes de liberté. Varennes, Éditions AdA, 2018, 512 pages. 

[8] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Roch-des-Aulnaies, 29 décembre 1786. 

[9] On se rappellera qu’en janvier 1780, Dominique le père de François avait été parrain du premier enfant de Jacques Bouchard et Marie-Josèphe Ouellet. 

[10] Si la terre de François est celle, ou une partie de celle de Marie Anne Hervé et feu Jacques Soulard, alors Pierre Caron est un voisin immédiat. 

[11] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Roch-des-Aulnaies, 1er mars 1789. 

[12] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Roch-des-Aulnaies, 27 septembre 1791.    

[13] Ibid., 29 novembre 1791. 

[14] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Roch-des-Aulnaies, 22 juillet 1792. 

[15] Ibid., 22 juillet 1793. 

[16] ROY, Léon. Les terres de la Grande-Anse, des Aulnaies et du Port-Joly. Lévis, Fortin & fils, 1951, pages 225-226. Bien qu’il y ait eu trois Michel Caron vivants à Saint-Roch-des-Aulnaies à l’époque, les deux autres Michel Caron (1734-1800) et Michel Caron (1763-1831) avaient quitté Les Aulnaies vers 1783 pour s’établir à Yamachiche. Dans : A.N.Q.  Assemblée nationale du Québec, députés. [En ligne].  http://www.assnat.qc.ca/fr/deputes/caron-michel-2425/biographie.html [page consultée le 07/07/2016].   

[17] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Roch-des-Aulnaies, 5 août 1798. 

[18] La Pocatière d’aujourd’hui a porté plusieurs noms dans l’histoire.  D’abord la Grande-Anse puis Sainte-Anne-de-la-Grande-Anse ou Sainte-Anne-du-Sud, afin de distinguer cette paroisse de celle de Sainte-Anne-de-Beaupré, sur la rive nord du fleuve et enfin Sainte-Anne-de-la-Pocatière. 

[19] La localisation de la terre de François a été rendue possible grâce à l’aimable collaboration du personnel des Archives de la Côte-du-Sud et du Collège de Sainte-Anne. 

[20] LECLERC, Jean. Les pilotes du Saint-Laurent et l’organisation du pilotage en aval du havre de Québec, 1762-1920.  Québec, Les Presses de l’Université Laval, 2003, page 343. 

[21] A.N.Q., GN. Minutier Jean Antoine Panet, 23 octobre 1777.  Vente de la seigneurie de la Pocatière par Charles Auguste Rhéaume. 

[22] La fille de Smith issue du premier de ses cinq lits était mariée à l’un des fils d’un autre écossais, Malcom Fraser, seigneur de Mount Murray. 

[23] Fichier Origine, Fédération québécoise des sociétés de généalogie et Fédération française de généalogie.  Fiche 242555. LÉTOILE/STALLA/L’ITALIEN, Jacques-Bonaventure. 

[24] BAnQ., Almanach de Québec et État civil et militaire de l’Amérique britannique pour l’année bissextile 1808 : Liste civile de la province du Bas-Canada.  Québec, imprimeur J. Neilson, 1808, page 26. 

[25] A.N.Q., GN. Minutier Rémi Piuze, no 2125, 2 novembre 1822.  Donation par François Harvé à Jean Bte Harvé fils. 

[26] B.A.C., G., Recensement du Bas-Canada 1825, district de Cornwallis, sous district de Sainte-Anne, canton d’Ixworth, page 61-58. 

[27] B.A.C., G., Recensement du Bas-Canada 1831, district de Kamouraska, sous district de Sainte-Anne, page 303. 

[28] Archives de la Côte-du-Sud et du Collège de Sainte-Anne, Registres des comptes et des pensions du collège de Sainte-Anne 1839, Folio, Harvé Didier. 

[29] BAnQ., Registre de la paroisse Sainte-Anne-de-la-Pocatière, 28 juillet et 2 août 1843.