9. Jean François Hervé

4.5.9 Jean François Hervé (1775-1813), 4e génération

 

Marie Madeleine Tremblay (1733-1811) aura accouché de huit enfants avant que ne se pointe le bout du nez de son dernier le 19 mars 1775.  Elle a quarante et un ans lorsqu’elle accouche d’un sixième garçon.  Si le jeune curé Jean Jacques Berthiaume (1739-1807) qui dessert l’Isle aux Coudres a doté les habitants de La Baleine d’un nouveau moulin pour que finisse l’obligation de se rendre au bout d’en haut pour faire moudre leur grain, il ne les avait cependant pas munis d’une chapelle.  Il faudra donc attendre deux jours et sans doute une accalmie du blizzard pour que le père ainsi que le parrain et la marraine apportent l’enfant à la chapelle de l’île au bout d’en haut pour faire baptiser «Jean François».  Le parrain choisit est Jean Tremblay (1756-1784) un petit-cousin du père; la marraine est une nièce, Marie Des anges dite Angélique Gagnon (1753-1836), fille de sa sœur Marguerite Rosalie (1728-1818).  Angélique a vingt-deux ans et se cherche un époux; en la choisissant comme marraine, on aura probablement voulu attirer l’attention d’un jeune insulaire sur elle[1]«Jean François» ne portera que le prénom de Jean toute sa vie.

Il y a de fortes chances que Jean, contrairement à son père et son frère André (1764-1831), n’apprécie guère le travail de la terre tout comme ses quatre autres frères.  Si ces derniers ont la fibre entrepreneuriale, il semble bien que Jean, qui lorgnera aussi pour l’abattage de la forêt, n’aura pas le succès de ses frères.  Le temps lui manquera-t-il

Jean a seize ans quand il fait sa première apparition dans les registres de l’Isle aux Coudres le 15 septembre 1791.  Il est alors choisi par son frère André et sa belle-sœur comme parrain de leur fils Michel (1791-1841).  La cérémonie se déroule dans la petite chapelle Saint-Louis-de-France à l’autre bout de l’île[2].

Lorsque trois ans plus tard, son frère Michel (1771-1810) s’unit à Marie Magdeleine Côté (1774-1857) en l’église Saint-Pierre et Saint-Paul de la baie Saint-Paul au début de l’automne 1794 Jean, qui a maintenant dix-neuf ans, fait la traversée avec ses parents pour assister à la cérémonie.  Son frère Dominique Romain dit Joseph (1768-1830) est venu de Murray Bay et tous les trois servent de témoins au marié[3]

La rivière Murray, le nid premier des Hervé à Murray Bay

Bien que l’on n’en ait aucune certitude, Jean aura sans doute attendu sa majorité avant de quitter la terre familiale pour partir vivre à Murray Bay, là où tous ses frères et sœurs sont établis, à l’exception d’André celui gère la terre familiale à l’Isle avec son père vieillissant.  On sait que tous les autres frères de Jean partis vivre sur la terre ferme avaient également attendu cet anniversaire pour se défaire du joug familialC’est en juin 1797, alors qu’il vient d’avoir vingt-deux ans, qu’on le voit apparaître une première fois à Murray Bay.  Il est alors choisi par son frère Louis (1762-1842) et sa belle sœur Catherine Perron (1871-1813) comme parrain de leur fille «Marie Herver» (1797-1872), au lendemain de la fête de la Saint-Jean.  Il est accompagné par celle qui sera la marraine, sa belle-sœur Magdeleine Côté, épouse de son frère Michel[4].  De toute évidence, il habite et travaille sur la terre de l’un de ses frères, peut-être chez Michel dans la concession du «Ruisseau des Frênes», car sur la terre qu’on lui concédera bientôt, il sera deuxième voisin de Michel.  

Surprise! En février 1798, en plein hiver, on retrouve à l’Isle aux Coudres celui que l’on présume être Jean.  En effet, lors du baptême de Jean Baptiste Bergeron, un certain «Jean Baptiste Hervé» est choisi comme parrain par les parents, Joseph Louis Bergeron (1754-1842) et Marie Josephte Duret dit Rochefort (1767-1819).  Or à l’époque, il n’existe encore aucun Jean Baptiste Hervé dans la région, voire dans la colonie.  Comme l’enfant est prénommé «Jean Baptiste», le célébrant aura présumé que le parrain était aussi prénommé Jean Baptiste plutôt que Jean François.  Louis Antoine Langlois (1767-1810) sixième curé de l’Isle où il est arrivé presque vingt ans après la naissance de Jean François l’a probablement peu connu et, chose certaine, n’a jamais eu à inscrire son nom dans son registre. Le père de son filleul est de la famille voisine des parents de Jean.  Comme on l’a vu aux sections précédentes, les Bergeron ont été de tous les événements chez les Hervé; ce fut aussi le cas en sens inverse.  Mais que faisons donc Jean à l’Isle aux Coudres en cet hiver alors que l’on croit qu’il a déjà quitté la vie d’insulaire? Comme il n’a pas encore obtenu de concession à Murray Bay, on peut présumer qu’il était venu passer les fêtes dans sa famille à l’Isle et qu’il y avait attendu le dégel des glaces pendant la morte-saison.

Avant le tournant du siècle, une certaine «Magdeleine Gagnier» (1780-1839) fait son entrée dans la famille lorsqu’en 1799, elle est choisie comme marraine du premier fils de Pierre (c.1759-1857), le frère aîné de Jean.  Magdeleine Gagné est native de Baie-Saint-Paul; sa famille vient de s’établir dans la seigneurie de Murray Bay le long de la rivière Murray.  Nul doute que Jean, qui est à Murray Bay, devait assister à la cérémonie qui se déroule dans la chapelle de Saint-Étienne de Murray Bay, en plein hiver alors que les travaux agricoles font leur halte d’hiver.  Il aura assurément remarqué cette jeune fille de dix-huit ans, car elle prendra une importance première dans sa vie[5].

Les plus jeunes de la fratrie ont peu connu les plus âgés.  Jean n’avait que neuf ans lorsque ses frères Pierre et Louis avaient quitté l’Isle aux Coudres pour partir s’établir dans la seigneurie de Murray Bay.  Conséquemment, il ne sera pas vraiment dans le sillon des plus vieux ayant des affinités évidentes avec Michel, de quatre ans son aîné et Marie (1773-1817), deux ans plus veille. 

En 1799, comme il l’avait fait pour son frère Michel cinq ans plus tôt, il agit comme témoin de sa sœur Marie à son mariage en avril.  On avait attendu le retour du beau temps pour permettre aux parents des mariés vivants à l’Isle aux Coudres de se joindre aux festivités qu’entraîne le mariage.  Ce sera probablement, pour Jean, une dernière occasion de voir son père.  La cadette, Marie Marguerite dite «Marie Hervez», réside également à La Malbaye lorsqu’elle épouse «Jean Savard» (1774-1857), un fils de l’Isle également établi à La Malbaye[6]

Quelques mois plus tard, le jeudi 1er août 1799, le père de Jean décède à l’âge de soixante-six ans[7].  Comme Pierre Hervé est inhumé le lendemain, aucun de ses sept enfants de Murray Bay n’assiste à la cérémonie de l’insulaire. 

À l’automne, le cousin Jean Marie Desbiens (1762-1825), choisit Jean comme parrain de son deuxième fils.  L’oncle Jean Baptiste (1736-1811) où vit Jean Marie avec sa femme est voisin sur la rivière Murray de Pierre et Louis, les frères de Jean.  L’oncle était devenu veuf de Marie Madeleine Hervé (1739-1758), une tante qu’aucun des Hervé de cette quatrième génération n’a connue, puisqu’elle était décédée lors de la terrible épidémie de picote qui avait ravagé l’Isle aux Coudres en 1758[8]

Alors que la paroisse est sans curé depuis maintenant deux ans, c’est le curé des Éboulements qui dessert «la Malbaye».  Jean Baptiste Antoine Marcheteau (1761-1816) est de passage le 12 avril 1801 et préside aux cérémonies de six baptêmes.  Plusieurs Hervé sont présents dans la petite chapelle cette journée-là.  Jean et son frère Michel agissent comme parrain de jumeaux, les derniers enfants du frère aîné de Marie Magdeleine Côté l’épouse de Michel.  Participent également la cousine Félicité Hervé (1769-1846) qui fait baptiser son huitième enfant, ainsi que sa sœur Geneviève (1781-1815), la marraine.  Félicité est non seulement une cousine, mais également la belle-sœur de Louis, frère de Jean.  Finalement, le cousin Dominique Isaïe Hervé (1775-1851), frère des deux sœurs, y est aussi; il est parrain d’un Perron, aussi apparenté à Louis, frère de Jean[9].

À vingt-sept ans, toujours célibataire, Jean est à nouveau choisi comme parrain en mars 1802.  Cette fois-ci, il a pour filleule «Julie Hervé», sixième fille de son frère Pierre[10].  Cette petite ne vivra que quelques mois.  Il récidive dans un rôle de parrain en octobre 1803 lors du baptême du huitième enfant de sa sœur Marie Jeanne[11].  Contrairement à la plupart de ses frères et sœurs qui, à son âge, étaient déjà mariés, Jean ne semble pas pressé.  Bien qu’il multiplie les parrainages et rencontre ainsi plusieurs jeunes marraines, rien n’y fait.  Cadet de la famille, probablement bercé par les autres membres de sa fratrie, il ne s’engage pas.  Il y avait bien les deux plus vieux qui n’avait franchi ce pas qu’au début de la trentaine, mais à leur décharge il faut prendre en compte qu’à leur arrivée dans la seigneurie, il y avait peu de femmes célibataires; on les comptait encore sur les doigts de la main.  Jean attendra encore deux ans avant de demander à Marie Félicité Duchesne (1754-1812), veuve Jean Baptiste Gagné (1750-1800), la main de l’une de ses filles.

 

À l’Isle aux Coudres, on avait pris l’habitude d’égayer les hivers par les célébrations de mariage pendant cette saison morte, mais il en va tout autrement à Murray Bay.  Somme toute, on ne s’y déplace que très peu en hiver; les distances sont grandes entre les terres concédées aux Hervé et la chapelle Saint-Étienne.  C’est donc en automne, le 5 novembre 1804, que Jean épouse «Magdeleine Gagnier»Pierre, son frère aîné, lui sert de père lors de la cérémonie.  Jean a déjà vingt-neuf ans au moment du mariage alors que Magdeleine en a vingt-quatre ans[12].  Ils auront six enfants et tous naîtront à «la Malbaye»Magdeleine est celle qui avait été marraine du premier fils de Pierre, le frère et témoin de Jean.  Le père de la mariée, décédé depuis quatre ans, est le frère de François Gagné (1758-1831).  Ce dernier est marié à la cousine Suzanne Desbiens (1770-1856) et ils sont les voisins immédiats de Pierre.   Si ses frères Pierre, Dominique Romain dit Joseph et Michel sont présents à son mariage, son frère Louis brille par son absence.  Bien qu’impliqué dans sa communauté, Louis semble ne pas avoir été très près des plus jeunes, Jean et Michel.  Il n’avait d’ailleurs pas assisté au mariage de Michel en 1794[13]

Le père de Magdeleine Gagné avait beau avoir été le petit-fils du seigneur du Gouffre à Baie-Saint-Paul, il n’en avait pour autant pas hérité d’un grand domaine.  La seigneurie du Gouffre est un territoire minuscule qui a toujours permis à une seule famille d’y vivre.  À la mort du premier seigneur, l’arrière-grand-père de Magdeleine, Pierre Dupré (1746-1723), avait racheté l’endroit et les titres des héritiers.  La petitesse de la seigneurie força donc les enfants et petits-enfants du seigneur Ignace Gagné (1690-1759) à aller voir ailleurs pour s’établir.  Dans les années 1790, Jean Baptiste, le père de Magdeleine, avait acquis du meunier Hugh Blackburn (1746-1833) une terre dans la «première concession de la rivière Murray», terre qui faisait sept arpents de front par seulement dix-sept arpents de profondeur; le fait qu’elle donnait sur la rivière était cependant un avantage pouvant apparaître comme compensant sa faible profondeur[14].  Marie Félicité Duchesne, mère de Magdeleine, n’a qu’un fils de quinze ans pour cultiver cette terre et la faire vivre.  C’est probablement la raison pour laquelle, après leur mariage, Jean et Magdeleine s’établissent chez la veuve. 

Magdeleine Gagné accouche le 12 août 1805.  La tradition veut que les grands-parents soient choisis comme parrain et marraine d’un premier enfant.  Comme le père de Jean est décédé, c’est l’aîné, Pierre, qui sera le parrain et Marie Félicité Duchesne, mère de Magdeleine, la marraine.  Quand, un mois plus tard, le curé Marcheteau des Éboulements est de passage, l’enfant baptisé est prénommé comme sa grand-mère «Marie Félicité Hervé»[15].

Marie Félicité Hervé

Félicité Hervé épousera à Murray Bay Louis Dassylva dit Portugais (1802-1863) le 8 mai 1826[16].  Ce Louis est fils du maître maçon de Québec, Jean Baptiste Dassylva dit Portugais (1774-1848), celui qui a obtenu, en janvier 1805, le contrat de maçonnerie de la nouvelle église Saint-Étienne, après avoir complété la nouvelle église des Éboulements[17]. Le couple formé de Félicité et Louis aura dix enfants.  Comme Louis est journalier et qu’il va où on a besoin de ses bras, à la fin des années 1830, ils vivront à Sainte-Agnès quelques années, puis à Saint-Alexis de la Grande Baie au Saguenay.  Après avoir tenté la culture de la terre de 1844 à 1846 aux Petites-Bergeronnes, Louis, Félicité et leur famille s’établissent finalement de l’autre côté du fleuve à Rimouski où le mari reprend des boulots de journalier.  Félicité décède des suites de l’accouchement de son dernier enfant le 28 septembre 1848[18]

Un an après le mariage de Jean et Magdeleine, le 26 septembre 1805, Marie Félicité Duchesne, veuve Jean Baptiste Gagné, se donne devant notaire à son gendre Jean Hervé.  La veuve n’aura pris qu’une dizaine de mois pour jauger le gendre et décider de lui concéder cette terre particulièrement bien située sur les berges de la rivière Murray, en échange de ses bons soins et de ceux de sa fille «jusqu’à ce que mort l’emporte»[19].   Jean qui, à sa majorité, était arrivé à Murray Bay avec la faible fortune dont pouvait hériter un cadet d’une grande famille se retrouve avec une terre que ses frères aînés pourraient lui envier si ce n’était des hauts fonds ensablés qui longent cette terre[20].  L’endroit n’est donc pas vraiment navigable et on ne peut utiliser cette magnifique rivière pour y sortir le bois; l’accès en chaloupe le plus près est celui du passeur à l’endroit où, dans treize ans, trônera le pont qui reliera les deux seigneuries.  Si Hugh Blackburn, malgré le bel accès qu’il avait à la rivière, l’avait vendu au beau-père de Jean, un étranger de Baie-Saint-Paul plutôt que de passer cette terre à l’un de ses sept fils, c’est qu’il y avait anguille sous roche.  Jean ne tardera pas à le comprendre et à revendre cette terre.

En mai 1806, la matriarche du clan et mère de Jean avait convoqué un conseil de famille à l’Isle aux Coudres.  À l’exception de ce dernier et de l’aîné Pierre, ses autres fils et ses deux gendres vivant à Murray Bay sont tous à l’Isle pour l’occasion.  Magdeleine étant enceinte de son deuxième enfant, Jean aura sans doute préféré demeurer à Murray Bay.  C’est devant le notaire Augustin Dionne de passage qu’André, le seul des frères de la famille à demeurer sur l’île, rachète de ses frères et beaux-frères leur part respective[21]Jean attendra donc le 24 juillet 1806 pour qu’André, son frère, lui règle l’achat de sa part de la terre familiale dont il avait hérité à la mort de son père sept ans plus tôt[22].

Une terre à bois dans Mount Murray

En juillet également, il vend une terre à un certain Joseph Thomassin (1784-1857) de la seigneurie de Beaupré.  Le document notarié est passablement abîmé et à peine lisible, ce qui ne permet pas d’établir de quelle concession il s’agit.  Comme on ne retrouve aucun acte de concession pour Jean et que le seul document attestant qu’il possède une terre est celui de la donation que lui a fait sa belle-mère un an plus tôt, il faut sans doute en conclure que Jean vient de passer cette terre bien inutile entre les mains d’un étranger de Saint-Joachim[23] comme l’avait fait Hugh Blackburn.     

 

La transaction permettra tout de même à Jean d’effectuer, cette même journée du 19 juillet, un dépôt sur une concession que lui accorde Malcom Fraser (1733-1815) dans la seigneurie de Mount Murray[24].  De fait, le document notarié est un permis de travailler rédigé en français sur un formulaire, déjà en partiellement imprimé, que nous avons déjà vu dans d’autres sections.  On y retrouve les obligations de Jean, comme censitaire, entre autres à travailler ou faire travailler dix jours durant l’année sur cette concession, à payer la rente seigneuriale à la Saint-Rémi (1er octobre) de l’année suivante.  Évidemment, Fraser se réserve rivières et ruisseaux, ainsi que les droits de pêche.  Pour obtenir la concession, Jean devra faire face à ces obligations et quelques autres avant que le seigneur de Mount Murray ne s’engage à lui signer un contrat en bonne et due forme[25].  On ne sait pas si Jean s’est acquitté de ses obligations, mais on peut le supposer puisqu’il s’agit, de toute évidence, d’une terre à bois dont il voudra tirer profit, tout comme le font tous ses frères depuis leur arrivée à Murray Bay.  Jean habitera toujours la seigneurie de Murray Bay et ne mettra les pieds dans celle de Mount Murray que pour y travailler.

Un foyer dans la concession du ruisseau des Frênes

On peut présumer que les profits tirés de la vente de la terre et la somme reçue de son frère André pour sa portion de la terre familiale lui auront permis de faire l’acquisition de la terre qu’il convoite, celle de la concession du ruisseau des Frênes près de chez son frère Michel dans le secteur qui deviendra Sainte-Agnès dans une trentaine d’années.

Magdeleine donne naissance à son deuxième enfant le 3 octobre 1806.  Il s’agit d’un garçon que l’on nommera «Joseph Pierre Hervé» à son baptême.  Il est le premier de la famille à se voir baptisé dans la nouvelle église dont la construction a été complétée à la fin de l’été et qui a remplacé la petite chapelle construite à la va-vite après l’incendie de 1803.


Joseph Pierre Hervé

Celui qui sera prénommé Pierre toute sa vie s’unira à Marcelline Luret dit Rochefort (1810-1872) en 1827[26].  Le couple aura onze enfants.  D’abord établit à Murray Bay, vers le milieu du siècle, Pierre amènera sa famille dans les hauteurs de Sainte-Agnès, aux portes de l’arrière-pays de Charlevoix, secteur qui deviendra la municipalité du canton De Sales en 1935.  Cela n’empêchera pas Pierre d’être inhumé dans le cimetière de sa paroisse de Sainte-Agnès après sa mort qui surviendra le 12 janvier 1859.[27]

Si Jean a acquis une terre à bois dans la seigneurie de Mount Murray, ce n’est pas par hasard.  Son frère Louis l’a fait aussi.  D’ailleurs ses frères Pierre et Dominique Romain dit Joseph, ont également investi dans cette industrie d’abattage de la forêt qui a pris de l’ampleur depuis qu’en 1798.  John Nairne (1731-1802), le seigneur de Murray Bay du temps, avait commencé la production de bois d’œuvre qu’il exportait sur les marchés britanniques.  Le seigneur Fraser aussi s’implique dans cette industrie et, comme à Murray Bay, il compte sur les cultivateurs pour son approvisionnement.  À l’époque de Jean, on n’avait pas commencé à colliger, dans des actes notariés, toutes les ententes faites entre les cultivateurs bûcherons et ceux qui, comme les deux seigneurs, possédaient les moulins.  La parole des uns et des autres suffira jusqu’en 1818, année où l’on retrouve le premier acte notarié au greffe d’un notaire.  Comme Jean aura une courte vie, on ne retrouvera donc aucun acte notarié le concernant. 

Jean est à nouveau choisi comme parrain d’un couple de natifs de l’Isle en 1805.  La cousine Marie Luce Pedneau (1772-1813), fille de la tante maternelle de Jean, Marie Anne Tremblay (1744-1789), avait accouché d’une fille au début de mai.  Lors du passage du desservant, un mois plus tard, Jean apporte l’enfant pour son baptême avec la marraine Julienne Brisson[28].

En 1806 l’évêque de Québec, Mgr Joseph Octave Plessis, confie à Gabriel Le Courtois (1763-1828) la cure de Saint-Étienne de Murray Bay. Ce prêtre qui, pendant la Révolution française, avait refusé de prêter le serment de fidélité à la Constitution civile et s’était exilé en Angleterre entre en fonction le 23 octobre 1806[29].  Au mois de janvier suivant l’arrivée de Le Courtois, François Imbeault dit Lagrange (1764-1828), beau-frère de Jean, marié à Charlotte (1779-1829), la sœur aînée de Magdeleine, apporte son septième enfant à l’église Saint-Étienne pour son baptême.  Le parrain «Jean Hervey» est accompagné de Geneviève Chouinard (1786-1847), la marraine[30].  La filleule de Jean, «Félicité Imbaux» (1807-1891) épousera un petit-fils converti et francophone issue du clan écossais des Warren ayant combattu sur les plaines d’Abraham lors de la conquête et dont la famille est établie à Murray Bay. 

Un an plus tard, c’est au tour de Magdeleine Gagné d’accoucher d’un enfant; c’est son troisième.  Le 23 janvier 1808, «Jean Marie Hervey» est baptisé le jour de sa naissance [31]Le curé Le Courtois avait bien appris la leçon de l’occupant.  Il avait sans doute vu l’orthographe Hervé plusieurs fois lorsqu’il vivait en France, mais il écrira «Hervey» pendant les quinze années de sa cure à Murray Bay, associant ainsi les Hervé d’ici à des descendants des mercenaires écossais de la conquête.

Jean Marie Hervey

Jean Marie, que l’on prénomme tantôt Jean comme son père ou Jean Marie comme à son baptême, s’unira à Catherine Otis (1811-1863) en 1829[32].  Catherine est la fille de Roger Otis (1789-1850), fermier depuis 1823 de «la petite ferme» du seigneur Fraser de Mount Murray, voisine de «la grande ferme de la Comporté» en amont de la rivière Murray[33].  Les époux feront leur vie à Murray Bay où ils auront onze enfants.  Jean Marie s’éteindra le 23 novembre 1852 à l’âge de quarante-quatre ans[34].

La vie de Jean est très simple.  Quoiqu’il possède une terre à bois dans la seigneurie de Mount Murray où Malcom Fraser lui a permis de travailler, il ne manque aucun des baptêmes de ses enfants, quelle que soit la saison, contrairement à ses frères.  Même si l’hiver, avec son couvert de neige, est la saison d’abattage et de transport du bois, il est présent lors du baptême d’un deuxième fils l’année suivante, comme il le fut pour le premier.  «Moyse Hervey» naît le 17 février 1809.  Il est baptisé le jour même.  Les parents ont choisi Damase Moyse Gagné (1778-1813) comme parrain de l’enfant.  Le veuf Damase Moyse est le petit-cousin de Magdeleine; comme nous le verrons, il est sans doute épris un peu secrètement de Modeste Hervé (1788-1820), nièce de Jean, fille d’André.  Bien que le père de Modeste demeure à l’Isle, il est possible que Jean ait pris cette nièce mineure sous son aile à Murray Bay où elle est peut-être venue donner un coup de pouce additionnel à Magdeleine qui, faut-il le rappeler, se relève à peine de l’accouchement précédent douze mois plus tôt.  La marraine est Geneviève Boulianne (1792-1846), fille de Marie Jeanne Hervé (1766-1831), sœur de Jean[35].

Moyse Hervey

Moyse ou Moïse, selon le scribe qui écrira son nom au cours de sa vie, épousera Marie Asselin (1814-1836) en 1832.  La mère de Marie, Thérèse Dassylva dit Portuguais (1795-1856), est la belle-sœur de Félicité, une sœur de Moyse.  Marie Asselin décédera en couches quatre ans après son mariage.  En secondes noces, Moyse s’unira à Adélaïde Fortin (1813-1895) en 1840.  De ces deux unions, on connaît dix enfants dont trois sont morts à la naissance.  Moyse décédera le 13 août 1874 dans la paroisse Saint-Étienne de Murray Bay où il avait toujours vécu[36].  Il avait soixante-cinq ans.

Le 17 août 1810, dix-huit mois, jour pour jour après son dernier accouchement, Magdeleine donne naissance à son quatrième garçon.  Les parents de l’enfant feront comme il est alors souvent pratiqué entre familles nombreuses apparentées, en se rendant la pareille en matière de baptême.  Le parrain sera François Imbeault dit Lagrange, le beau-frère de Magdeleine.  Ce dernier est l’époux de sa sœur aînée Charlotte, laquelle avait fait le même honneur à Jean quatre ans plus tôt.  «François Hervey» est conduit pour son baptême à l’église Saint-Étienne deux jours plus tard.  Félicité Girard (1759-1842), la sage-femme est choisie comme marraine[37].


François Hervey

François, tout comme son frère Jean Marie, épousera une des sœurs Otis le 15 novembre 1842; il s’agit de Mélanie Otis (1822-1845).  La belle-famille de François a longtemps géré les fermes du seigneur de Mount Murray[38].  Trois frères Otis, dont le père de Mélanie, ont été les fermiers du domaine seigneurial pendant des lunes.  La grande ferme de la Comporté était aux mains de l’oncle Frédéric (1791-1873) depuis 1822 et la petite ferme, qui avoisinait la première, était aux sous la responsabilité de Roger (1789-1850), le père de Mélanie, depuis 1823 et la ferme du Pont avait été aux mains du cadet Benjamin (1800-1845).  Un cousin, Michel Otis, à partir de 1834 et pour près de vingt ans, avait pris à bail la ferme du Cap Fortin dans cette même seigneurie.  Le couple formé de François et Mélanie aura deux enfants.  Après le décès de Mélanie Otis, morte en couche le 10 juillet 1849, il prendra comme seconde épouse Geneviève Tremblay (1814-1869) avec qui il n’aura aucun enfant.  François décédera à Murray Bay où il aura toujours vécu, le 21 août 1884.[39]

Il a été question précédemment de la nièce de Jean, Modeste Hervé; elle a maintenant vingt-deux ans et, le 12 novembre 1810, elle unit sa destinée à Damase Moïse Gagné, veuf et cultivateur de la paroisse Saint-Étienne de la Mal Baye.  La cérémonie se déroule dans l’église Saint-Pierre et Saint-Paul de la baie Saint-Paul.  Damase a perdu sa première épouse depuis deux ans et il élève seul quatre enfants, dont le plus vieux a huit ans.  On peut présumer que Modeste travaille maintenant dans une famille à Baie-Saint-Paul puisque le mariage s’y déroule. On ne sait guère ce que pense le père de la mariée du mariage de son aînée, mais quoi qu’il en soit, à quarante-six ans, il n’assiste pas à la cérémonie; il est resté sur l’île.  Jean, qui habite à Murray Bay comme le marié, agit comme «père de l’époux», alors qu’André Bergeron (1769-1852) de l’Isle, le parrain au baptême de Modeste, a fait la traversée et lui sert de «père»[40].  Évidemment, Magdeleine qui vient d’accoucher et qui a cinq marmots à la maison n’a pas fait le voyage.

Le 30 novembre 1810, Jean perd son complice de toujours.  Son frère Michel, celui de qui il était le plus près, décède au jeune âge de trente-neuf ans.  Ce dernier était malade et on avait eu le temps de lui donner «tous les secours de l’église»Michel avait perdu un fils une quinzaine de jours auparavant.  On craignait peut-être la contagion, car Michel n’est pas veillé sur les planches[41] et est inhumé dès le lendemain dans le cimetière de Saint-Étienne de Murray Bay[42].  

Jean perd sa mère le 8 mai 1811.  En l’absence du curé qui est en mission dans la Baie-des-Chaleurs, elle est inhumée le lendemain.  André, l’unique fils demeurant à l’Isle aux Coudres, aura eu le temps d’aviser ses six frères et sœurs de Murray Bay, pour que ces derniers assistent à la cérémonie de «bénédiction de la fosse» le 27 mai suivant[43].

À trente-six ans, Jean est à nouveau choisi comme parrain le premier jour de l’automne 1811.  Sa nièce Modeste Hervé (1788-1820) dont il semble s’être fait le protecteur depuis qu’elle s’est établie à Murray Bay chez son mari vient d’accoucher.  La fille aînée d’André fait baptiser son premier enfant[44].

Un mois plus tard, Jean assiste au mariage de sa nièce Angèle (1793-1843), fille de Pierre.  Son frère André qui n’avait pas assisté au mariage de sa propre fille l’année précédente alors qu’il se déroulait à quelques brassées de son île a fait le trajet jusqu’à Murray Bay pour l’occasion[45].  Peut-être était-il venu se réconcilier avec sa fille.  

Il aura fallu vingt mois avant qu’un autre enfant ne voie le jour chez JeanMagdeleine accouche d’une deuxième fille le 10 avril 1812.  La petite «Honorine Hervey» est baptisée le jour même.  Le parrain choisi est Pierre Bilodeau (1790-1863).  Natif de l’Isle, sa famille était parmi les voisines de celle de Jean; il fut aussi l’un des premiers colons à obtenir la permission de chasser sur les terres du seigneur Fraser de l’autre côté de la rivière au début du siècle[46].  La marraine est Olive Malteste (1795-1872)[47].

Honorine Hervey

Honorine que l’on prénommera le plus souvent Lorine ou Laure, épousera Léon Gaudreau (1801-1861) en 1827 au jeune âge de quinze ans.  Établis sur la terre de Jean dans le secteur qui deviendra Sainte-Agnès, ils y auront treize enfants.  Afin de nourrir cette nombreuse famille, Léon se fera entrepreneur forestier.  Il signera d’ailleurs l’un des plus importants contrats de livraison de madriers de l’époque lorsqu’il s’engagera à livrer à Thomas Simard, au moulin des Petites Bergeronnes, trente mille madriers venants de billots bûchés le long de la rivière des Petites Bergeronnes.  Pour ses efforts il empochera un peu plus de six cent quatre-vingt-sept livres (2748 $), de quoi nourrir sa famille pour un certain temps[48]. La route postale entre Murray Bay et Chicoutimi qui s’ouvre au début de la décennie 1850 fournira à la famille un revenu supplémentaire.  C’est à pied que le postillon Léon effectuera le voyage toutes les semaines pendant deux ans de 1852 à 1854.  Il en retirera tout de même cent quatre livres (416 $) par année[49].  Quelques années après le décès de son époux en 1861, la veuve de Léon, sacristain de Sainte-Agnès, partira avec trois de ses enfants s’établir le long de la Belle Rivière dans le canton de Signaï, secteur qui deviendra plus tard Saint Gédéon de Grandmont au lac Saint-Jean[50]Laurine finira sa vie chez l’une de ses filles à Saint-Jérôme de Métabetchouan au lac Saint-Jean où elle décédera le 20 avril 1884[51].  Outre la cadette de Jean qui est encore à naître, Honorine aura été l’un des deux seuls enfants de Jean et Magdeleine à quitter la seigneurie de Murray Bay et il aura fallu que son époux décède pour qu’elle s’y résigne.

Magdeleine est à peine relevée de son accouchement quand elle perd sa mère le 17 mai.  La veuve qui s’était donnée à son gendre sept ans plus tôt vivait toujours sous le toit de JeanMagdeleine avait pu compter sur l’aide précieuse de cette mère encore dans la cinquantaine pour les travaux de la maison et lors de ses cinq derniers accouchements.  Félicité Duchesne (1748-1812), qui avait donné naissance à huit enfants sera inhumée le lendemain, mais on attendra le 27 juillet pour la bénédiction de la fosse.  Le curé Le Courtois étant absent depuis le 9 mai, encore malade probablement, n’avait repris du service que le 19 juillet et avait beaucoup de sacrements en retard à administrer[52].   En plus de sa terre, Félicité avait tout donné à son gendre Jean, ce cadet de famille arrivé à Murray Bay les poches vides.  

Magdeleine complète la famille le 2 mai 1813 lorsqu’elle met au monde son dernier enfant.  Comme le curé est encore malade depuis le 20 avril, on devra attendre le 16 mai pour amener l’enfant à l’église afin qu’il soit baptisé.  Le curé Le Courtois est de santé délicate. «Déjà à son arrivée au pays il souffrait de grandes infirmités.»  En 1808, Mgr Plessis lui avait demandé expressément de se faire soigner et de ménager ses forces. En 1812, l’évêque de Québec lui avait envoyé un diacre pour l’hiver afin qu’il l’initie au ministère consacré aux Indiens.  Ce n’était pas la première fois qu’il devait s’aliter et ce ne sera assurément pas la dernière[53].  Jean et Magdeleine choisissent Michel Gagné (1790-1870) comme parrain de «Marie Julienne Hervey».  Gagné est l’un des fils de Suzanne Desbiens, cousine de Jean.  Il a déjà été parrain d’enfants pour deux des frères de ce dernier.  Gagné est en affaires avec Pierre et Louis; plus tard il possédera bien un moulin à scie, mais il est déjà impliqué dans l’industrie forestière.  La marraine est une certaine «Marie Hervey», l’une des huit Marie de la région portant le patronyme et en âge d’être marraine en 1813[54].

Marie Julienne Hervey

Marie Julienne, que l’on prénommera simplement Marie, épousera à Murray Bay Hubert Gaudreau (1812-1890) en 1840.  Bien que sa mère demeure à Sainte-Agnès, Marie loge chez son frère Moyse qui lui sert de père lors de la cérémonie[55].  Le couple engendrera au moins cinq enfants.  Après quelques années passées à Murray Bay, ils s’établiront à Grandes-Bergeronnes sur la Côte-Nord où on les retrouve des 1845.  Hubert sera bûcheron un bon nombre d’années et on peut supposer qu’il travailla avec son frère Léon Gaudreau marié à la sœur de Marie pour le contrat qui liait ce dernier à Thomas Simard.  Marie s’éteindra le 26 juin 1881 et sera inhumée au «cimetière des Bergeronnes»[56].

Si deux des filles de Jean s’uniront à des fils Gaudreau, dont les parents étaient natifs de l’Isle aux Coudres, elles ne seront pas les seules parmi les Hervé; Marie Julienne (1794-1827) et Marie (1799-1864), des cousines, filles de leur oncle Dominique Romain dit Joseph, feront la même chose en mariant deux des fils de Jean Gaudreau (1767-1856) également de l’Isle.

Une fin laissant femme et enfants dans l’incertitude

La joie de la naissance de la petite dernière sera de bien courte durée.  Alors qu’on s’apprête à fêter la Saint-Jean, Jean décède alors qu’il n’avait que trente-huit ans.  Le couple n’aura pas été ensemble neuf ans.  Après avoir passé les vingt et une premières années de sa vie sur son île, il était venu rejoindre ses frères et sœurs à Murray Bay et s’était finalement établi dans la concession du «Ruisseau des Frênes», voisin de son frère Michel, celui de qui il était le plus près.  Il n’y aura vécu que dix-sept ans.  Tout comme son frère Michel, il n’aura pas atteint la quarantaine.  Outre ses frères et sœurs, son cousin François Hervé (1760-1843) fils de l’oncle Dominique (1736-1812) assiste à la cérémonie funèbre[57].  Comme il demeure de l’autre côté du fleuve à Sainte-Anne-de-la-Pocatière, il devait être de passage chez ses six frères et sœurs demeurant également à La Malbaye.  Il est fréquent de voir les fils de Dominique aux événements de famille de leur cousin Jean.  Lorsque l’on examine les noms de ceux qui assistent aux différentes cérémonies religieuses, on s’aperçoit que c’est toute une petite communauté d’enfants de l’Isle, le plus souvent cousin à divers degrés, qui sont établis à la Malbaye[58].  Déjà, on peut voir ici un trait commun de ces insulaires : lorsqu’ils quittent leur île, c’est pour s’installer entre eux dans des patelins souvent déjà conquis par un groupe des leurs. 

 

La veuve Magdeleine ne se remariera pas.  Jean lui avait laissé sept enfants dont la plus vieille n’avait pas encore huit ans et la plus jeune moins de deux mois.  On ne sait pas comment celle qui, orpheline de père, avait perdu sa mère et son mari en un an a pu affronter les défis que la vie lui réservait.  Présumons ici que la famille lui fut d’un grand support.  Quoi qu’il en soit, la situation de la veuve ne précipitera pas les enfants à se marier très tôt.  L’exception sera Honorine qui aura à peine quinze ans lorsqu’elle se mariera.  Félicité, Pierre et Jean Marie attendront l’année de leur majorité pour se marier; Moyse se mariera à vingt-trois ans et Marie à vingt-sept, alors que François demeurera avec sa mère jusqu’à l’âge de trente-deux ans avant de convoler.

 

La veuve affrontera donc seule la vie avec ses enfants grandissants.  Une quinzaine d’années après le décès de Jean elle se donnera à sa fille Honorine le 7 avril 1827 et continuera ainsi de vivre dans sa maison de la concession du «Ruisseau des Frênes»[59].  En juillet, afin de régulariser sa situation à l’égard de ses autres enfants, Magdeleine fait effectuer un inventaire de la communauté qu’elle formait avec Jean par le notaire Charles Herménégilde Gauvreau[60].  Après l’inventaire, elle effectuera une vente des biens de cette communauté afin de rembourser ses enfants[61].

Magdeleine s’éteint à Murray Bay le 19 décembre 1839 à l’âge de cinquante-neuf ans[62].

Une descendance active

Parmi les descendants de Jean, certains marqueront la petite histoire du Québec :

Bien que la vie de Jean fût très courte, cela ne l’empêchera pas de compter une centenaire parmi sa descendance.  Marie Anne Pierrette Harvey née à Tadoussac en 1919 atteindra l’âge de cent deux ans.

Jean Hervé, ses enfants, données généalogiques - 5e génération

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Ceci termine le chapitre consacré à Pierre Hervé.  

Les chapitres suivants sont consacrés à des thèmes divers relatifs aux Harvey

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[1] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Louis-de-France, 21 mars 1775.

[2] Ibid., 15 septembre 1791.

[3] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Pierre et Saint-Paul de Baie-Saint-Paul, 22 septembre 1794.

[4] Ibid., 26 juin 1797.

[5] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaie, 10 janvier 1799.  L’orthographe du patronyme de la famille de la marraine variera avec le temps de Gagnier à Gagné.

[6] Ibid., 17 avril 1799.

[7] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Louis-de-France, 2 août 1799.

[8] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaie, 25 novembre 1799.  Baptême de Théodule dit Théodore Desbiens.

[9] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaie, 12 avril 1801.

[10] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaie, 4 mars 1802.

[11] Ibid., 27 octobre 1803. Baptême de Marie Ursule Boulianne.

[12] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaye, 5 novembre 1804.

[13] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaie, 5 novembre 1804.

[14] A.N.Q., GN. Minutier Augustin Dionne, no 3162, 19 septembre 1805. Dépôt par la veuve Marie Félicité Duchesne d’un acte fait sous seing privé confirmant la cession de cette terre par Hugh Blackburn à son défunt mari.  L’original de l’acte est aussi déposé par l’épouse du seigneur Nairne.

[15] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaye, 8 septembre 1805.

[16] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaye, 8 mai 1826.

[17] PELLETIER, Louis. La seigneurie de Mount Murray : Autour de La Malbaie 1761-1860. Sillery, Septentrion, 2008, pages 80 et 344.

[18] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Germain de Rimouski, 30 septembre 1848.

[19] A.N.Q., GN. Minutier Augustin Dionne, no 3195, 26 septembre 1805.

[20] La présence de hauts fonds à cet endroit a été confirmée par l’auteur Donald Maltais qui a beaucoup étudié ce secteur pour ses ouvrages se consacrants à la recherche historique en lien avec les technologies utilisées par les premiers moulins dans la colonie.

[21] A.N.Q., GN. Minutier Augustin Dionne, 28 et 29 mai 1806. Quittances à André par Joseph, Louis, Michel Hervé, Louis Boulianne et Jean Savard.

[22] A.N.Q., GN. Minutier Isidore Levesque, no 57, 24 juillet 1806. Quittance à André par Jean Hervé

[23] A.N.Q., GN. Minutier Isidore Levesque, no 49, 19 juillet 1806.

[24] A.N.Q., GN. Minutier Isidore Levesque, no 50, 19 juillet 1806.

[25] PELLETIER, Louis, op.cit., pages 52 et 338.

[26] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaye, 20 février 1827.

[27] BAnQ., Registre de la paroisse Sainte-Agnès, 14 janvier 1859.

[28] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaye, 5 juin 1805.

[29] BABIN, Basile J. «Le Courtois, François-Gabriel». Dictionnaire biographique du Canada. 1re édition 1966, Sainte-Foy, Les Presses de l’Université Laval, 1987, 15 volumes, volume VI (Décès de 1821-1835).  Babin affirme que c’est en 1806 que l’évêque de Québec, Mgr Joseph-Octave Plessis, confia à Le Courtois la cure de Saint-Étienne et que ce dernier entra en fonction le 10 janvier 1807.  L’auteur fait erreur, Le Courtois était déjà sur place le 23 octobre 1806 alors qu’il administre le sacrement de baptême à dix enfants.  Il avance également que Le Courtois fut le premier prêtre résidant dans cette paroisse alors que c’est l’abbé Benjamin Keller qui le fut.

[30] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaie, 10 janvier 1807.

[31] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaie, 23 janvier 1808.

[32] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaie, 19 octobre 1829.

[33] PELLETIER, Louis, op.cit., pages 112, 147 et 213.

[34] Ibid., 25 novembre 1852.

[35] Ibid.17 février 1809.

[36] Ibid., 15 août 1874.

[37] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaie, 19 août 1810.

[38] PELLETIER, Louis, op. cit., pages 146, 147 et 213.

[39] Ibid., 23 août 1884.

[40] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Pierre et Saint-Paul de la baie Saint-Paul, 12 novembre 1810.

[41] À l’époque, on ne faisait pas embaumer les morts. On installait le défunt sur une table à tréteaux faite de planches recouvertes de coton blanc, delà l’expression : «Il est sur les planches», pour dire que quelqu’un était décédé, mais pas encore inhumé. Ce n’était que la veille au soir ou même le matin du service qu’on le mettait dans un cercueil.

[42] Ibid., 1er décembre 1810.

[43] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Louis-de-France, 27 mai 1811.

[44] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaie, 21 septembre 1811.

[45] Ibid., 29 octobre 1811.

[46] PELLETIER, Louis, op. cit., page 76.

[47] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaie, 10 avril 1812.

[48] A.N.Q., GN. Minutier Héli Hudon, 15 septembre 1846, cité dans PELLETIER, Louis. La seigneurie de Mount Murray : Autour de La Malbaie 1761-1860. Sillery, Septentrion, 2008, page 230.

[49] PELLETIER, Louis, op.cit., pages 256-257.

[50] BEAULIEU, Carl. Les Harvey, entrepreneurs polyvalents et citoyens engagés. Chicoutimi, Éditions du patrimoine, 2002, pages 377.

[51] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Jérôme, 22 avril 1884.

[52] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaie, 9 mai 1812 au 27 juillet 1812.

[53] BABIN, Basile J., op., cit.

[54] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaie, 16 mai 1813.

[55] Ibid., 6 mai 1840.

[56] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Marcellin des Escoumains, 28 juin 1881.

[57] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaie, 26 juin 1813.

[58] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaye, 9 juin 1817.

[59] A.N.Q., GN. Minutier Charles Herménégilde Gauvreau, no 106, 7 avril 1827.

[60] A.N.Q., GN. Minutier Charles Herménégilde Gauvreau, no 170, 21 juillet 1827.

[61] A.N.Q., GN. Minutier Charles Herménégilde Gauvreau, no 172, 23 juillet 1827.

[62] Ibid., 21 décembre 1839.

[63] BAnQ., Registre de la mission Saint-Michel de Mistassini, 31 juillet 1893.