6  Louis Dominique Hervé

5.6.09.6 Louis Dominique Hervé (1806-1890), 5e génération

Les années passent et Marie Magdeleine Perron est enceinte à nouveau.  Le 6 août 1806, elle met un monde un autre garçon qui deviendra bien vite le Casanova[1] de la famille, mais cela ses parents ne le savent pas encore.  Le 14 septembre suivant quand le «desservant de la Mal-baye» est finalement de passage il baptise sous condition «Louis Dominique Hervé» dans la nouvelle église de Saint-Étienne de la Malbaie puisque, comme pour la plupart des enfants, en l’absence d’un curé résidant, il avait été ondoyé à la naissance.  Le parrain choisi est un petit-cousin du père André Tremblay (1770-1820).  La marraine est «Sophie Symard (1757-1832), la femme de Charles Étienne Tremblay (1755-1821)»[2].

Bien qu’il ait reçu le prénom de Louis Dominique au baptême, il se prénommera simplement Dominique toute sa vie.  On le nommera Dominique fils pour toute la période où il vivra près de son père.  Son patronyme d’Hervé à la naissance se transformera également au fil de sa mouvance; d’Harvai à son mariage à Harvey lors de sa sépulture, il passera par toutes les formes que curés et énumérateurs voudront bien lui donner au cours de ses soixante-quatre années de mariage avec trois épouses successives.    

Louis Dominique Harvai, journalier, épouse en premières noces Geneviève Duchesne le 28 novembre 1826.  On se souviendra que Marie Madeleine Hervé (1797-1875), la sœur aînée de Louis Dominique, avait épousé le frère de Geneviève Duchesne dix ans plus tôt puisque cette dernière est aussi la fille de feu René Abraham Duchesne dit Samson et de feue Félicité Véronique Desbiens de l’Isle aux Coudres.  Félicité Véronique, sa mère, est la fille de Françoise Tremblay, cousine de Dominique Isaïe, le père de Louis Dominique.  Le couple obtient donc une dispense du troisième au quatrième degré pour que le mariage soit autorisé.  Les enfants de la famille ne sont pas les seuls à s’être lié aux Duchesne.  Leur cousin et cousine, deux des enfants de l’oncle David Louis Dominique (1764-1837), ont également épousé un frère et une sœur de Geneviève Duchesne

Louis Dominique et Geneviève auront cinq enfants à Saint-Étienne de la Malbaie, peut-être sept.  Pour sûr, Augustin né le 6 octobre 1827, Marie le 8 août 1830, Mathilde le 4 juillet 1832, Denis le 8 octobre 1834 et le dernier Joseph le 19 février 1837[3]

Dans des documents subséquents, on trouve deux autres enfants qui seraient nés de l’union de Louis Dominique et Geneviève. La première prénommée Adéline[4] et le second Ubalde[5].

Pour ce qui est d’Adéline, elle n’a été baptisée dans aucune des cinq paroisses existantes à l’époque dans la région.  Il est possible qu’elle soit née hors mariage ou à tout le moins conçue hors mariage puisqu’au recensement de 1831, une jeune fille de plus de cinq ans et de moins de quatorze demeure chez  Louis Dominique[6].

Le nombre de baptêmes d’enfants déclarés illégitimes dans les registres de Saint-Étienne de la Malbaie est très élevé depuis l’ouverture des registres en 1774, comparés à ceux des autres paroisses de la région.  La forte mixité avec les Amérindiens et les Écossais explique en partie la situation[7].

Comme depuis l’arrivée du curé Duguay en 1822 et jusqu’à son départ en 1831 il n’y aura qu’un enfant illégitime baptisé par lui, il est évident que si un enfant naissait hors mariage, les parents devaient se chercher un curé complaisant ailleurs. 

On ne trouve pas d’enfant prénommée Adéline baptisée au cours des quinze ans du mariage de Louis Dominique et Geneviève à Saint-Étienne, aux Éboulements, à Saint-Urbain, à Baie-Saint-Paul ou à l’Isle aux Coudres.  Considérant qu’elle est déclarée mineure au moment de son mariage en 1847, Adéline devait être née en 1826, peut-être après août, ce qui expliquerait qu’elle était alors mineure.  Sa naissance serait peut-être la raison qui provoqua le mariage des parents[8]

Le fait de ne pas retrouver la trace du baptême d’un enfant de Louis Dominique, bien qu’inhabituel, n’est pas surprenant.  Ce dernier ayant vécu comme journalier pendant toute son union à Geneviève, on le retrouve à tout vent pour les besoins de son gagne-pain.  Très près des Autochtones, il a peut-être aussi résidé dans l’arrière-pays avec eux où il aurait travaillé dans les forêts comme bûcheron ou chasseurs.  Plusieurs indices indiquent qu’il était près des populations montagnaises et abénaquises du Saguenay et du lac Saint-Jean ; lui et sa famille seront un peu nomades comme on le verra.  Deux de ses filles épouseront cette culture nomade, l’une avec un Abénaquis et l’autre avec un métis.  Louis Dominique lorsqu’il s’installera au Saguenay il logera des autochtones sous son toit et aura pour voisins des Amérindiens et Métis dont l’un d’eux est originaire de la région de Trois-Rivières tout comme son futur gendre[9]L’inscription du baptême d’Adéline, si baptême il y eut, a pu se faire à l’une des nombreuses missions des Postes-du-Roy sans que l’on puisse les retrouver facilement

Si Adéline a bel et bien existé, dans le cas de l’individu qui sera prénommé Ubalde en 1852, il s’agit d’un surnom; Ubalde est en réalité Denis né en 1834.  La deuxième femme de Louis Dominique devait être celle qui rencontra le recenseur en 1852, car on note des erreurs dans l’âge des enfants du premier lit[10]

Louis Dominique résidera un certain nombre d’années dans la concession Saint-Charles aux Éboulements qui en sera détachée en 1835 pour former la paroisse de Sainte-Agnès[11].  Il est journalier de métier tout comme son père et réside chez lui avec sa famille.  Ni l’un ni l’autre ne sont propriétaire de biens de fonds en 1831.  Ils travaillent tous deux comme travailleurs agricoles sur la terre de cent quatre-vingts arpents d’un nommé Brassard qui deviendra sous peu parent puisque Madeleine, la sœur aînée de Louis Dominique, épousera en deuxièmes noces l’un des fils Brassard dans deux ans[12].   

«Dominique Hervey fils journalier» et Geneviève n’auront pas d’autres enfants, car en février 1840, cette dernière s’éteint au jeune âge de trente-six ans[13].

Louis Dominiqueavec ses cinq, six ou sept jeunes enfants ne sera pas veuf longtemps; il épouse en secondes noces    «Lucène Marié» à Sainte-Agnès en 1841, un an après le décès de Geneviève[14]Lucène native de Saint-Étienne de la Malbaie a déjà vingt-neuf ans au moment du mariage alors que «Dominique Harvay» en a maintenant trente-quatre.  Tout comme pour son premier mariage, Louis Dominique a obtenu une dispense de consanguinité puisque Lucène a pour arrière-grand-mère paternelle Catherine Savard (1731-1892), la sœur de Geneviève, la grand-mère de Louis Dominique.  Comme si ce n’était pas suffisant comme liens familiaux, Geneviève Hamon (1750-1824), l’une des amantes de Malcom Fraser (1733-1815), seigneur de Mount Murray et la grand-mère de Lucène, était la fille du migrant Jean Vincent Hamon (1716-1760) marié à Rose Hervé (1730-1816), sœur de Sébastien Dominique, le grand-père de Louis Dominique

Le couple aura quatre enfants connus.  Les deux premiers viendront au monde à Sainte-Agnès où le couple habite : Louis Xavier le 4 novembre 1841 sera baptisé à Saint-Étienne de la Malbaie et Nérée Zacharie le 11 mai 1843 qui sera baptisé à Sainte-Agnès. 

En 1842, la famille est maintenant au nombre de dix, mais deux des enfants vivent déjà hors de la maison.  Louis Dominique, journalier, n’est toujours pas propriétaire de biens de fonds[15].

Puis ce sera pour Louis Dominique, sa nouvelle épouse et les enfants restants, le grand départ pour le Saguenay.  À l’époque, plusieurs colons de l’arrière-pays commencent à le délaisser pour l’avenir prometteur d’emploi comme journalier ou de meilleures terres agricoles que l’ouverture du Saguenay fait reluire.  Pourtant nouvellement peuplées depuis un peu après 1830, les paroisses de l’intérieur, pour ce qu’elles avaient à offrir comme terres prometteuses, sont déjà saturées[16]Adéline se marie cinq ans plus tard, à l’été 1847.  Elle épouse Louis Philippe (1818-1890) à la mission de L’Anse à l’Eau près de Tadoussac.  La famille de Louis Dominique vit alors à la mission Sainte-Marguerite sur le Saguenay tout près de là.  On ne peut savoir s’il est journalier, étant donné que la population de l’endroit à l’époque est composée principalement de chasseurs.  Adéline vivra une vie nomade une bonne partie de son existence et décédera à la réserve de Pointe-Bleue[17] au lac Saint-Jean en 1895[18].  Son mari est un Abénaquis de la région de Trois-Rivières qui avait épousé en premières noces Marie Anne Denys, une Montagnaise qui l’avait fait accueillir parmi les siens. 

Puis, on retrouve la famille tout au fond de la baie des Ha! Ha! à Saint-Alexis de la Grande-Baie où leur troisième enfant voit le jour.  Pierre est baptisé le jour de sa naissance le 30 juin 1850 à la mission de la Grande-Baie.  Louis Dominique se fera-t-il cultivateur puisque l’année suivante, le 21 août 1851, la couronne lui concède une terre de soixante-treize acres dans le district de Chicoutimi[19]? Rien de moins certain, car bien qu’il y soit recensé en janvier de l’année suivante, il est toujours journalier.  Deux familles habitent la maison pièces sur pièces où il vit.  Outre lui, sa femme et six de ses enfants, il héberge deux autochtones qui sont parents.  Comme cela est souvent le cas, l’énumérateur n’inscrit pas leur nom de famille, mais les déclare comme «Sauvages.  Ils sont Françoise âgée de cinquante-six ans et Jean Baptiste» qui en a vingt-six.  Il s’agit assurément de la mère et de l’un des frères, nés aux Trois-Rivières, de Louis Philippe, l’époux d’Adéline la fille de Louis Dominique.  Les fils Denis et Joseph sont travailleurs agricoles pour un certain Boniface Girard.   Curieusement, probablement en raison du nombre de jours que prenaient les énumérateurs pour couvrir toute la région du Saguenay, le fils Joseph est recensé chez son père et sur la ferme.  Pour ce qui est de son fils Nérée Zacharie, ce sera sa dernière apparition dans les registres civils ou religieux du pays ; mort noyé ou simplement décédé lors de l’une des nombreuses expéditions d’hiver de Louis Dominique en forêt pour sa quête de pelleteries, il n’apparaîtra plus dans les recensements à venir[20]. 

On sait que l’aîné, Augustin, n’a probablement pas suivi son père dans sa migration à la Grande-Baie, car en janvier 1852 il est «foreman» dans le township de Saguenay.  Il s’agit d’un camp retranché dans le secteur du Petit-Saguenay; seuls y vivent quarante-sept «journaliers, un cook et deux foreman»[21]; parmi ceux qui travaillent pour lui se trouve Pierre Marier, le frère de sa belle-mère.   D’ailleurs, Augustin profitant sans doute d’un redoux se rend à Murray Bay pour y prendre épouse le 23 février.  Son père, où qu’il soit, n’a évidemment pas fait le trajet et c’est l’écuyer John W. McLaren (1813-1906) qui lui sert de témoin.  McLaren est ce presbytérien marié à une Simard catholique qui deviendra dans trois ans le maire fort contesté de Saint-Fidèle de Mount Murray et qui sera destitué l’année suivante[22].  La raréfaction des forêts de pin dans le secteur où travaille Augustin amène l’arrêt des opérations, de sorte que le nouveau couple s’établit à Saint-Fidèle. 

Louis Dominique n’attendra pas l’été pour repartir cavaler.  En effet, en juin lors du mariage de Mathilde dite Domithilde, sa deuxième fille qu’il eut avec Geneviève Duchesne, bien qu’il soit dit de la Grande Baie, il est absent de la cérémonie.   Dans son registre, le missionnaire nous apprend qu’Adéline l’aînée a été nommée tutrice de Mathilde et que c’est elle qui consent au mariage de cette jeune fille mineure. Mathilde  n’a pas encore vingt ans et elle épouse «Johnné Bernier, un métis originaire de la Rivière du Loup»[23].  C’est d’ailleurs autour de la famille de son frère Charles et de quelques autres familles mixtes que se constitue, à l’époque, le noyau villageois de Petit-Saguenay[24].  De plus, l’un des frères de la mère de Johnné, Hubert Jalbert, travaille pour Augustin justement dans les chantiers du secteur du Petit-Saguenay.   Adéline ne sera donc plus la seule de la famille à avoir épouser un autochtone. 

Louis Dominique et Lucène Marier auront tout de même leur dernier enfant à la mission de la Grande Baie où Marie Léocade le 18 octobre 1852 est baptisée le jour de sa naissance.  Louis Dominique, qui est présent lors du baptême de son dernier enfant, est toujours déclaré journalier même s’il a obtenu une concession[25]

À près de vingt ans, Denis, le quatrième enfant et deuxième fils qu’eut Louis Dominique avec Geneviève Duchesne décède le 28 octobre 1854.  Probablement encore une fois hors de la région, Louis Dominique n’assiste pas à son inhumation[26].

 

La petite Léocade n’aura vécu que trois ans, elle décède le 7 novembre 1855[27].  C’est après ce décès que Louis Dominique et sa famille adoptent de façon plus permanente la vie nomade de sa fille Adéline entre les forêts du Saguenay et lac Saint-Jean.  C’est d’ailleurs dans leur quartier d’hiver à «Pointe-Bleue avec les autochtones que décède Lucène Marier le 1er janvier 1858.  Son corps sera transporté au printemps à Hébertville» pour y être inhumé le 2 mars[28].

Entre-temps, faute de pouvoir compter sur la présence d’un père errant, le cadet du premier lit, pour se marier en 1857, avait sollicité et obtenu «une dispense de trois bans accordée par le curé missionnaire en vertu d’une délégation spéciale de Monseigneur Charles François Baillargon... de Québec en faveur de Joseph Harvey domicilié à l’anse St.Jean.»  L’inscription au registre de Saint-Alphonse-de-Bagotville nous apprend que Louis Dominique est cultivateur au lac Saint-Jean, du moins c’est ce qu’en sait ou qu’en dit Joseph au missionnaire.  Si son père s’est mis à l’agriculture au Lac, lui et sa famille seront absents de leur terre au moment du recensement dans quatre ans.  Saint-Alphonse se situe à approximativement soixante-dix kilomètres de l’Anse Saint-Jean où résident les mariés.  Il est probable que le mariage, bien qu’inscrit au registre de Saint-Alphonse, fut célébré à l’anse Saint-Jean puisque depuis 1844, ce sont les missionnaires Oblats qui sont chargés de donner la mission au Saguenay et que les registres de Saint-Jean-Baptiste de l’anse Saint-Jean n’ouvriront qu’en 1861.  Comme le marié est mineur, c’est son « beau-frère le métis Jean Bernier», marié à sa sœur Mathilde, qui donne son consentement au mariage au nom du père. Cette situation s’ajoute à l’absence, qui peut paraître déroutante aux yeux d’aujourd’hui, de Louis Dominique dans la vie de ses enfants à l’exception d’une seule, son aînée Adéline[29]Comme l’isolement est le trait dominant de la vie à L’Anse-Saint-Jean à l’époque, Joseph fera tout de même comme son père en vivant d’un peu d’agriculture l’été, de la forêt, de la chasse, de la pêche et des chantiers en hiver. 

L’aîné Augustin, qui vit à Saint-Fidèle, n’attire pas non plus la présence du père lorsqu’il décède à l’âge de trente-deux ans, le 13 juin 1860 dans son village d’adoption[30].  Il faut bien reconnaître par contre que Saint-Fidèle est à des lieues de l’endroit où son père devait se trouver à ce moment au Saguenay ou au Lac.  Est-il besoin de répéter que Louis Dominique et ce qui lui reste de famille vivent plus ou moins en nomades une bonne partie de l’année?

Comme Louis Dominique et sa famille ne seront pas recensés en 1861, on peut penser qu’il a continué de vivre en nomade avec sa fille Adéline et de son gendre Louis Philippe, comme plusieurs indices nous le laissent croire.  Ne l’avait-il pas fait après son départ de Sainte-Agnès pour le Saguenay quinze ans plus tôt? Les deux parents autochtones avec qui Louis Dominique et Lucène vivaient en janvier 1852 ne sont également pas énumérés[31].  Déjà compliquée, à partir du départ de Lucène en 1858, la vie de Louis Dominique est encore plus difficile à suivre par la suite; de fait, on en connaît très peu de son parcours pendant ces treize années[32]

Louis Dominique, à l’âge de cinquante-neuf ans, prend épouse pour une troisième fois en 1865.  La mariée, «Louise Clémentine Girard, est native des Éboulements.  Cette jeune fille qui n’a pas encore vingt-huit ans demeure depuis un certain temps dans la paroisse de Notre-Dame-de-L’immacculée-Conception de Saguenay, encore dite à l’époque Grand-Brûlé où le mariage a lieu.  Louis Dominique y est réputé résident de cette paroisse également»[33].  Dans quelques années, le frère aîné de Louise Girard épousera Marie Louise Harvey (1841-1921), la nièce de Louis Dominique fille de Pierre (1799-1867) et partira fonder le hameau de Brosseau en Alberta[34].

À la fin de l’hiver 1866, Louise Girard, la très jeune femme de Louis Dominique, de trente-deux ans sa cadette, met au monde leur premier enfant.  Célestin Harvey voit le jour le 2 mars, mais ne survivra que 24 jours.  Les inscriptions au registre de Notre-Dame de Laterrière indiquent que Louis Dominique y est cultivateur[35].

Après avoir donné naissance à huit enfants en moins de quinze ans, au lendemain du solstice d’été Mathilde s’éteint lors de l’accouchement de deux jumeaux.  Elle avait trente-quatre ans et résidait à Chicoutimi[36].  Il ne reste donc plus à Louis Dominique que deux des six enfants qu’il eut de son premier mariage, Adéline et Joseph.  De son deuxième mariage, seuls subsistent également deux enfants, Louis et Pierre.

Bien que Louis Dominique soit réputé résident de Grand-Brûlé de Laterrière, lorsqu’il n’est pas avec les autochtones à la chasse ou à la pêche, il vit au lac Kénogami à la mission Cascouia (Caskouia), du côté nord à l’endroit appelé Pointe au Sable, à proximité de l’embouchure de la rivière aux Sables.  C’est cet endroit qui deviendra dans vingt-cinq ans Saint-Cyriac et qui, pour l’instant, est compris dans la paroisse du Grand-Brûlé.  À son arrivée sur les rives du lac, il n’y avait guère que Ciriac Buckell (1800-1882) qui vivait à cet endroit avec sa seconde épouse Christine Masselimagan dite Dianais (1796-1872), une Montagnaise (Innue) tout comme la première femme du gendre de Louis Dominique[37].  Le choix de l’endroit pour sa concession n’avait probablement pas été fortuit, car les Montagnais n’étaient pas légion autour du lac Kénogami à cette époque, on les retrouvait généralement plus au nord-ouest surtout depuis 1856 alors qu’ils avaient échangé leur réserve de la rivière Métabetchouan pour une égale étendue de terre à la Pointe Bleue sur le lac.  Il est peu probable que les Montagnais, plus ou moins métissés, de la bande bande itinérante du lac Kénogami, qui géraient à une certaine époque les tributaires de ce plan d’eau, les rivières Cyriac, Chicoutimi sud et aux Écorces, aient encore été présents à l’arrivée de Louis Dominique.  Par contre, le lac Kénogami était encore leur route de passage entre le lac et le Saguenay[37A].  De plus, Peter McLeod avait obtenu des droits de coupe au lac Kénogami, il avait été le premier à s’attaquer à la forêt pendant l’hiver 1851-1852.  Louis Dominique avait-il alors travaillé pour lui ou souhait-il simplement être l’un de ses émules et ainsi vivre de l’exploitation de la forêt ? À ce qui allait devenir Saint-Cyriac, Louis Dominique possède trois cent seize acres de terre comprises dans cinq lots dont trois sont contiguës.  Un de ces lots est celui que lui avait consenti la couronne en 1851[38]Entre 1854 à 1862 on y avait construit une route afin de relier le Saguenay au lac Saint-Jean.  Quand en 1858, plusieurs abattis avaient été faits et certains colons arrivèrent dans le secteur Louis Dominique y était déjà.  En 1862, on ne comptait que cinq familles installées de façon permanente, dont celle de Louis Dominique, bien que permanente fut une condition qu’il ne connaissait guère.  À l’automne 1869, on aménagera une chapelle qui servira aux missionnaires de passage.  Comme on le sait, Louis Dominique est loin d’être un agriculteur, quand le cœur lui en dit il vit de l’exploration de la forêt comme la plupart de ceux de son entourage.  Malgré ses nombreuses absences en forêt ou comme journalier où les possibilités d’un travail se présentaient, Louis Dominique, comme on l’a vu, a toujours conservé la terre que la couronne lui avait concédée en 1851.  À l’automne 1867, il vend cette terre qu’il n’avait sans doute pas beaucoup cultivée, à un parent de son épouse Prospère Girard[39], mais son histoire de commerce de terres ne s’arrêtera pas là.

Au printemps 1869, Louise Girard met au monde leur deuxième enfant.  Marie Ombelline Almanda Harvey naît le 18 avril alors que son père, maintenant âgé de soixante-trois ans, est maintenant journalier en la paroisse Saint-François-Xavier de Chicoutimi où le baptême a lieu[40]

C’est en juin 1869 que Louis, l’aîné du deuxième lit de Louis Dominique, épouse Séraphine Martel (1849-1880), une cousine de sa belle-sœur Joséphine Martel (1840-1930) mariée à Joseph le cadet du premier lit.  C’est d’ailleurs ce dernier qui lui sert de père lors de la cérémonie de mariage.  Les deux frères vivent à l’anse Saint-Jean alors que Louis Dominique est réputé résident de Chicoutimi[41].  Bien que le trajet sur le Saguenay fait moins de soixante-dix kilomètres, encore une fois, il n’assiste pas au mariage de l’un de ses fils.

Surprise! Un mois plus tard, Louis Dominique, sans doute de retour de la chasse, assiste au mariage de Pierre, le cadet du deuxième lit.  Ce dernier ne rompt pas avec la tradition à l’anse Saint-Jean, car il épouse une Martel, Victorine de son prénom, la sœur de Séraphine qui a épousé son frère un mois plus tôt.  Louis Dominique est toujours résident de Chicoutimi[42]

Plus tard en 1869, la couronne accorde à Louis Dominique une autre terre.  Encore une fois au lac Kénogami[43].  Il semble que Louis Dominique ait passé l’hiver 1869-1870 à l’anse Saint-Jean ou à tout le moins, il y était de passage au début janvier, car le 12, il agit comme parrain du premier enfant de son fils Louis, Marie Aurore[44]Au printemps, le Grand Feu de 1870 n’épargnera pas les terres de Louis Dominique à la mission Cascouia du lac Kénogami.  Comme tant d’autres, il y perdra le peu de biens qu’il y possède.  Si certains colons se réjouissent du fait que le feu ait nettoyé cette forêt et ainsi préparé la terre à la culture, Louis Dominique n’est sûrement pas de cet avis lui qui tirait plutôt profit des arbres qu’il pouvait y abattre. 

L’année suivante, Dominique et Louise Girard n’ont probablement pas quitté le Saguenay, mais ils n’y sont pas recensés en 1871.  Il n’est pas à Chicoutimi ou dans la paroisse de Jonquière, non plus qu’à l’Anse-Saint-Jean où ses fils Joseph, Louis et Pierre habitent.  De fait, il n’est inscrit dans aucun des dix-sept sous-districts de Chicoutimi.  On ne trouve Louis Dominique, sa troisième femme et leur fille Marie nulle part au Québec.  Il faut dire que l’on ne trouve pas non plus Adéline et sa famille[45].  Se pourrait-il que Louis Dominique et sa famille vivent retranchés en forêt encore une fois?

Quoi qu’il en soit, s’il a habité la nouvelle terre qu’on lui a accordée en 1869, il n’y habite déjà plus en 1872 quand vient au monde le deuxième fils et troisième enfant du couple.  Il est fort probable que la famille, comme près de six cents autres, ait perdu logis, ferme, animaux et récoltes lors du grand feu du Saguenay–Lac-Saint-Jean en 1870 puisque le brasier y passa et que seul un quart de la population fut épargnée.  Alfred Harvey vient au monde le 3 avril dans la paroisse de Notre-Dame-du-Lac à Roberval où la famille habite temporairement et est baptisé deux jours plus tard au village voisin de Saint-Prime[46].

Marie Anne Elizabeth Harvey, le quatrième et dernier enfant du couple vient au monde le 18 avril 1875.  Elle est baptisée dans la paroisse de Sainte-Anne-de-Chicoutimi dans le Canton-Tremblay.  Il semblerait que sa famille se soit réfugiée comme d’autres sans-abri, sur la rive nord du Saguenay, dans cette paroisse après le grand feu, car c’est à cet endroit qu’il se serait arrêté à la suite de la levée d’un fort vent d’est.  Lors du baptême, Louis Dominique, alors âgé de soixante-neuf ans, est toujours journalier, mais est absent de la cérémonie[47].  Sans que l’on sache pourquoi, il se sera passé huit jours entre la naissance et le baptême de la petite dernière, une situation inhabituelle pour l’époque si les parents étaient à Sainte-Anne de Chicoutimi lors de la naissance.  Parions que Louis Dominique et les siens étaient encore une fois en forêt au moment de la naissance.  

Louis Dominique et sa famille qui avaient vécu à Chicoutimi précédemment, durent emprunter le traversier et payer son passage au tarif de six sous pour se rendre dans la paroisse Sainte-Anne[48].

Malgré une jeune épouse, Louis Dominique se voit sans doute vieillir puisqu’il déménage auprès de sa fille aînée Adéline et de son gendre qui demeure dans la réserve de Pointe-Bleue tout à côté de Roberval au lac Saint-Jean.  Un cousin de son épouse, Alphonse Calixte Girard (1850-1925), aussi marié à une Montagnaise y demeure également.  Il se peut que Louis Dominique ait tout simplement fait comme bien d’autres en partant s’établir où il aurait bûché par le passé puisque la région comprend de nombreux chantiers de bûcherons et que la population y est grandissante.  On retrouve la famille à cet endroit dès 1879 lors du décès de son fils Alfred alors âgé de sept ans[49]

Il est toujours au même endroit avec sa femme et ses deux filles au début de la prochaine décennie en 1881[50].  Ses enfants des lits précédents, maintenant tous mariés ne suivent pas leur père dans ses nouvelles aventures.

À Roberval, Louis Dominique est témoin de la construction de la ligne de chemin de fer de Québec au lac Saint-Jean et de l’arrivée du train de la Quebec and Lake St. John Railway Company en 1888. 

Peu après l’arrivée du premier train et du moderniste dans la région, le 9 juin 1890, Louis Dominique s’éteint dans la paroisse de Notre-Dame-du-Lac–Saint-Jean.  Il avait quatre-vingt-trois ans au moment du décès, mais le célébrant, sans doute inspiré par la veuve qui ne le connaissait que depuis peu, inscrit à son registre qu’il est âgé de «quatre-vingt-dix-huit ans»Probablement peu doué pour l’agriculture, sans domicile vraiment fixe, quatorze enfants de trois épouses et une vie largement passée en forêt quand son métier de journalier ne le faisait pas vivre, il est possible qu’il ait eu l’apparence d’un homme presque centenaire à son décès.  Louis Dominique ayant vécu en nomade presque toute sa vie, outre les deux dernières du troisième lit, plusieurs de ses enfants ne devaient pas l’avoir beaucoup fréquenté au cours de sa vie adulte puisque plusieurs sont absents lors de son inhumation.  L’aîné Joseph est déjà aux États-Unis depuis un certain temps à la mort de Louis Dominique, il n’assiste donc pas à ses funérailles.  Bien que le célébrant n’a pas fait grand cas de la présence d’un gendre autochtone et de sa femme blanche dans son registre, il est probable qu’Adeline, ayant toujours été très près de son père et vivant sur la réserve voisine de Pointe-Bleue, ait assisté aux funérailles [51].  

Marie Louise Clémentine Girard ne perd pas de temps.  Comme elle n’a que cinquante-trois ans, cinq mois après le décès de Louis Dominique elle convole en secondes noces avec Joseph Simard à Roberval[52].  Elle décède le 29 avril 1913 à Hôtel-Dieu Saint-Vallier de Chicoutimi[53].

Louis Dominique Hervé, ses enfants, données généalogiques — 6e génération

[1] Giacomo Girolamo Casanova (1725-1798), Vénitien surtout connu aujourd’hui en tant qu’aventurier, et comme l’homme qui fit de son nom un synonyme de «séduction».  Il savait user aussi bien de charme que de perfidie pour conquérir les femmes.

[2] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaie, 14 septembre 1806.  Louis-Dominique est le premier enfant de la descendance de Sébastien Hervet à porter un prénom composé muni d’un trait d’union.  L’emploi du trait d’union n’avait pas cours auparavant dans l’écriture des prénoms dans les registres religieux de la région.

[3] Joseph, une fois marié, vivra dans la région de l’Anse-Saint-Jean où on le retrouve en 1861.  Puis la famille s’établit à Saint-Jérôme du lac Saint-Jean.  Vers 1890, ils prendront la direction de Lowell au Massachusetts comme beaucoup d’autres à la recherche d’un avenir meilleur.  Ils y perdront une fille décédée à Lowell en 1891.  Le mal du pays ou la déception de l’aventure les ramènera à Saint-Jérôme vers 1894.  Une de leur fille ne reviendra pas et finira sa vie aux États-Unis.  Joseph et sa femme retourneront aux États-Unis après 1901 où ils décéderont. 

[4] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Marcellin des Escoumins, mission de l’anse à L’Eau, 29 août 1847; mariage d’Adéline Harvey fille mineure de Dominique Harvey et feue Geneviève Duchène.

[5] B.A.C., G., Recensement de 1851 du Canada-Est, comté Saguenay, Township de Bagot, page 67. 

[6] B.A.C., G., Recensement du Bas-Canada 1831, pour le comté du Saguenay, sous-district de Malbaie, page 650. 

[7] BAnQ., Comparaison des registres de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaie depuis son ouverture jusqu’en 1825 avec ceux des paroisses de Saint-Louis-de-France de L’Isle-aux-Coudres, Saint-Pierre et Saint-Paul de la baie Saint-Paul et l’Assomption-de-la-Sainte-Vierge des Éboulements pour la même période. 

[8] Comme on l’a vu, si le couple eut une enfant prénommée Adéline, elle n’a pas été baptisée dans aucune des paroisses existantes à l’époque dans la région.  Bien que déclaré fille de feue Geneviève Duchène à son mariage, il est également possible qu’Adéline ait été l’enfant de Louis-Dominique et d’une Montagnaise comme tant d’autres dans la région.  Ceci expliquerait son mariage dans une mission autochtone près de Sainte-Marguerite en 1847 et le fait que le gouvernement du Canada la considérera toujours comme une Indienne bien après le décès de son époux dans les années 1890. 

[9] B.A.C., G., Recensement de 1851 du Canada-Est, comté Saguenay, Township de Bagot, page 67.  

[10] L’énumération connue sous le nom du Recensement de 1851 a débuté officiellement le 12 janvier 1852. Un individu âgé de dix-huit ans prénommé Ubalde apparaît pour une première et dernière fois au recensement de 1851. Il s’agit de Denis né en 1834 qui n’est pas mentionné à ce recensement. On présume qu’en janvier 1852, Lucène Marier, la belle-mère de Denis, lorsqu’elle énumère au recenseur les enfants demeurant à la maison, le surnomme Ubalde. Il ne peut s’agir que de Denis puisqu’il aurait eu 18 ans en 1852 ce qui laisse supposer qu’il serait né en 1834. Si cet Ubalde avait été un autre enfant, il aurait dû naître vers janvier 1834 puisque Denis est né en octobre 1834. Or on ne trouve aucune trace d’un enfant nommé Ubalde dans cette famille. Il n’apparaît qu’au recensement de 1851, débuté en janvier 1852. On ne trouve pas l’inscription du baptême. Il s’agit sans aucun doute de Denis, car quand Lucène Marier, seconde épouse du père, déclare les résidents sous le toit de Dominique, elle omet Denis et introduit cet Ubalde.

[11] MAGNAN, Hormisdas. Dictionnaire historique et géographique des paroisses, missions et municipalités de la Province de Québec. Arthabaska, Imprimerie d’Arthabaska inc., 1925, page 181 et dans : CONSEIL EXÉCUTIF DE LA PROVINCE.  Subdivisions du Bas-Canada en paroisses et Townships : en réponse à l’adresse ci-jointe de l’Assemblée législative. Québec, E.-R. Fréchette éditeur, 1853, page 49.

[12] B.A.C., G., Recensement de 1831, Bas-Canada, district du Saguenay, sous-district des Éboulements.  Microfilm # 004569577_00221.

[13] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaie, 12 février 1840.

[14] BAnQ., Registre de la paroisse Sainte-Agnès, 2 février 1841.

[15] B.A.C., G., Recensement de 1842, district du Saguenay, sous-district de Sainte-Agnès, page 5.  Le recensement de 1842 n’est pas nominatif.  Seuls les chefs de famille sont mentionnés.

[16] GAUTHIER, Serge et Norman PERRON.  Charlevoix, histoire en bref.  Québec, les Éditions de l’IQRC, 2002, page 43.

[17] Aujourd’hui Mashteuiatsh.

[18] BAnQ., Registre de la mission Saint-Charles-Borromée de Pointe-Bleue, lac Saint-Jean, le 4 novembre 1895.

[19] DUNN Robert et Derek HOPKINS.  Alphabetical Index to the Land Grants by the Crown in the province of Quebec from 1763 to

31st December 1890. Pointe Claire, Québec, Livre des Lettres patentes : H Sales; Page : 38; Volume d’index de comté : 1; Page : 270.

[20] B.A.C., G., Recensement de 1851 du Canada-Est, comté Saguenay, Township de Bagot, pages 67 et 68.  L’énumération connue sous le nom du Recensement de 1851 a débuté officiellement le 12 janvier 1852.

[21] B.A.C., G., Recensement de 1851 du Canada-Est, comté Saguenay, Township de Sauguenay, page 1.  

[22] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaie, 23 février 1852.

[23] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Alexis de la Grande Baie, 28 juin 1852.

[24] PETIT-SAGUENAY.  Histoire. [En ligne]. https://petit-saguenay.com/touristes/ [page consultée le 9/7/2019].

[25] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Alexis de la Grande Baie, 18 octobre 1852.

[26] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Alexis de la Grande Baie, 29 octobre 1854.

[27] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Alexis de la Grande Baie, 9 novembre 1855.

[28] BAnQ., Registre de la paroisse Notre-Dame-de-l’Assomption d’Hébertville, 2 mars 1858.  Née Lucène ou Lucine Marié (Marier), l’inscription de son baptême ne permettant pas de le déterminer, elle porta ces deux prénoms ainsi que ceux de Justine et Lucille aléatoirement.  Lors de son inhumation en présence de plusieurs autochtones accompagnants Dominique, le curé présumant qu’elle est autochtone également, n’inscrit pas de nom de famille, mais simplement Marie Lucie épouse de Dominique Harvey.

[29] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Alphonse-de-Bagotville, 5 novembre 1857.

[30] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Fidèle de Mount Murray, 15 juin 1860.

[31] B.A.C., G., Recensement de 1861 du Canada-Est, districts du Saguenay, de Chicoutimi et de Charlevoix. Dominique n’apparaît pas non plus à ce que les autorités nomment alors Lac-St.Jean Indian Reserve (Poite-Bleue).

[32] Louis-Dominique ne semble pas être inscrit aux recensements de 1861 et 1871 alors que l’on sait qu’il est toujours au Saguenay.  Où et comment vit-il reste un mystère.  

[33] BAnQ., Registre de la paroisse Notre-Dame de Laterrière, 23 mai 1865.

[34] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Irénée, 10 septembre 1873.

[35] BAnQ., Registre de la paroisse Notre-Dame de Laterrière, 3 et 28 mars 1866.

[36] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-François-Xavier de Chicoutimi, 24 juin 1867.

[37] Ciriac Buckle, un pionnier du Saguenay : Issu d’une famille allemande arrivée à Québec à la fin du XVIIIe siècle pour travailler dans les mines, Ciriac Buckle fut le premier colon à s’établir au lac Kénogami, à l’entrée de la rivière aux Sables, en 1828-1829. Son prénom lui vient de son parrain, Ciriac Weipert. Quant à son nom de famille, l’orthographe est incertaine, car on ne possède pas sa signature. Son baptistaire indique Buckell, mais on connaît aussi Bockle, Bouckle, Boukle, Boucle, Buckel, Bokel, Bouc, Bouck, Bouk et Boucher. Veuf de Véronique Desbiens, morte en couches, et qu’il avait épousée à La Malbaie en 1826, Buckle forme un nouveau ménage avec Christine Dianais, une Abénaquise, qui lui donnera quatre garçons et quatre filles de 1830 à 1846. Le garçon qu’il avait eu de sa première femme est mort le jour de sa naissance. Le recensement de 1851 nous apprend qu’il est le seul habitant du canton de Jonquière, qu’il occupe 250 acres, qu’il en cultive 30 et qu’il élève quelques animaux. Vers la fin des années 1860, il s’établit à la rivière Cascouia. On le surnomme «le Vieil Indien», peut-être parce qu’il aime chasser et pêcher à la façon des Amérindiens. Son hospitalité proverbiale vaudra à son nom d’être attribué à la mission de Saint-Cyriac. (Source : Le lac Kénogami et Saint-Cyriac. 1825-1924).

[37A] BOUCHARD, Russel. La communauté métisse de Chicoutimi : fondements historiques et culturels. Chicoutimi, à compte d’auteur, 2005, pages 47-48.

[38] BAnQ., List of lands granted by the crown in the province of Quebec, from 1763 to 31st December 1890, page 204. Dominique Harvey : Kénogami (St Cyriac Village) lots # 57-58-59-60-66 total 316 acres, (avril 1867).

[39] A.N.Q., GN. Minutier Thomas-Zozyme Cloutier, no 1229, 2 novembre 1867.

[40] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-François-Xavier de Chicoutimi, 19 avril 1869.

[41] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Jean-Baptiste de l’anse Saint-Jean, 14 juin 1869.

[42] Ibid., 26 juillet 1869.

[43] B.A.C., G., Land Grants : Quebec 1800's, Archives of Ontario, Ottawa, page 1471, 1869, Dominique Harvey, Kénogami.  Et: DUNN, Robert et HOPKINS Derek. List of lands granted by the crown in the Province of Quebec - From 1763 to 31st december 1890. Pointe-Claire, Société de l'histoire des familles du Québec III, 2005, page 204.

[44] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Jean-Baptiste de l’anse Saint-Jean, 12 janvier 1869.

[45] Les données de recensements nominatifs des autochtones sont très parsemées et incomplètes n’incluant pas les populations migrantes sur le territoire.  Les pages manuscrites du recensement pour les sous-districts de la paroisse La Trinité, Canton Kinogomi et le district dit des Indiens n’existent plus. 

[46] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Prime, 5 avril 1872.

[47] BAnQ., Registre de la paroisse Sainte-Anne de Chicoutimi, 26 avril 1875.

[48] PERCY Martin.  «La traverse entre St-Anne et Chicoutimi», Saguenayensia, mai-août 1976, pages 65-66.

[49] BAnQ., Registre de la paroisse Notre-Dame du Lac-Saint-Jean, 24 avril 1879.

[50] B.A.C., G., Recensement de 1881, Province of Quebec, district de Chicoutimi et Saguenay, sous-district de Notre-Dame du Lac Saint-Jean, page 39.

[51] BAnQ., Registre de la paroisse Notre-Dame du Lac-Saint-Jean, 11 juin 1890.

[52] Ibid., 24 novembre 1890.

[53] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-François-Xavier de Chicoutimi, 3 mai 1913.