1. Marie Renée Hervé

2.1 Marie Renée Hervé (1689-1764), 2e génération

C’est le 13 octobre 1689 que naît le premier enfant des ancêtres migrants Sébastien Hervet et Françoise Philippeau arrivés séparément au pays une vingtaine d’années plus tôt.  L’enfant naît exactement neuf mois après le mariage de ses parents.  Il faut dire que pour le père il est grand temps de commencer sa famille lui qui a déjà quarante-sept ans.  On lui donne le prénom de Marie Renée à son baptême en l’église Notre-Dame de Québec le jour même de sa naissance.  Elle a pour marraine sa tante Marie Renée Hervet, épouse d’Hypolite Thibierge.  C’est le garde-magasin du roi, Charles Catignon, un ami du père qui est son parrain.  Le patronyme Hervet commence déjà à se modifier, Marie Renée portera celui d’Hervé comme pour à peu près tous les autres enfants à venir de Sébastien et Françoise.  Bien que le père de l’enfant ait toujours signé son nom avec la lettre t placée très distinctement à la fin du patronyme, on peut présumer qu’il prononçait la fin de son nom Hervet en Hervé puisque c’est ainsi que la plupart des scribes de l’époque le traduisaient.  Il s’agissait probablement de l’époque où se sont lentement transformés plusieurs noms se terminant en « et » ont pour certains pris la forme « ette » alors que pour d’autres comme Hervet, ils ont pris forme « é ».

Marie Renée ne gardera pas de souvenirs du passage des anglais un an plus tard, car l’envahisseur Phipps sera défait en 1690.  Par contre, elle vivra la victoire de l’anglais lors de la conquête en 1759, mais entre les deux événements, Marie Renée à la majeure partie de son existence à vivre.

Bien qu’elle ne conserva pas non plus de souvenir de la naissance de son premier frère prénommé François, Marie Renée qui a maintenant cinq ans affrontera la mort pour une première fois lorsque ce dernier décédera en janvier 1694. 

Le mardi 12 juin 1696, Marie Renée Hervé dite Marie Hervé qui a six ans reçoit de Jean-Baptiste de la Croix de Chevrières de Saint-Vallier (1653-1727), le sacrement de confirmation.  Marie Renée n’est pas seule, elle est accompagnée de vingt-cinq autres jeunes filles et de trois garçons que le deuxième évêque de Québec, nommé depuis 1688, confirme également[1].

En 1701, Marie Marien quitte le toit familial pour se marier.  Marie est la deuxième fille que Françoise Philippeau eut de sa première union.  Marie Renée qui a maintenant onze ans prend sûrement la place de sa grande sœur pour épauler sa mère et s’occuper des plus jeunes, Sébastien le fils qui a six ans, Marie Charlotte qui en a trois et Jean Baptiste qui a sept mois et qui est encore aux couches. 

À sa manière, Marie Renée, qui a maintenant dix-huit ans, fait son entrée dans la société.  Le 9 avril 1708, elle agit comme marraine d’un enfant prénommé Jean (1708-1727), né de père inconnu.  La mère de l’enfant, Marguerite Senelle, est une toupie qui œuvre dans le port de Québec, où habite la famille.    

Le mariage 

C’est l’année suivante que la vie de Marie Renée prendra un nouvel envol, car depuis quelque temps un militaire de vingt-cinq ans son aîné, sergent de la compagnie de Beaucourt des troupes de la Marine, lui fait la cour.  Marie Renée épouse donc Daniel Pepie dit Lafleur le 16 avril 1709.  Si Marie a dix-neuf ans, le marié en a près de quarante-cinq ; un mariage de convenance peut-être arrangé par Sébastien le père qui vient tout juste de revenir de France. Qui sait ? Est-il important de souligner que le marié est originaire du même village que plusieurs membres de la famille Hazeur chez qui Sébastien à des entrées ? Ledit Lafleur n’est pas le premier venu.  Il s’est signalé lors de la défense de Québec en 1690 contre les anglais[2].  Daniel Pepie est né à Marennes en Saintonge[3] le 17 novembre 1764.  Il est le fils d’un important entrepreneur de salines.  Le sel est l’un des produits phares de la côte saintongeaise à l’époque où Marennes vit dans une prospérité économique qui lui assure sa primauté dans la province.  Pepie fut baptisé le 23 du même mois dans le temple calviniste de Marennes au temps où la communauté protestante de Marennes bénéficiait encore un peu des bienfaits de l’édit de Nantes de 1598[4].  Ce huguenot avait abjuré la religion calviniste dès son arrivée en Nouvelle-France le 4 mars 1685 entre les mains de François de Séguenot (1645-1727), sulpicien à Montréal de passage à Québec[5].  Cette abjuration n’en était pas une de choix.  La religion calviniste n’avait pas sa place dans la Nouvelle-France du temps et l’édit de Nantes venait tout juste d’être révoqué interdisant le culte réformé dans toute la France et ses colonies.

On ne sait pas ce qui a attiré Daniel Pepie vers la Nouvelle-France, mais depuis l’établissement de la compagnie des Indes occidentales en 1664 qui succédait à celle des Cents-Associés, une ère nouvelle pour de colonisation avait donné une vive impulsion à l’immigration provenant de la Saintonge laquelle constitue, au moment du mariage de Marie Renée et Daniel, cinq pour cent des personnes installées dans la colonie[6].  Même après la mort de Colbert en 1683, la condition imposée aux navires marchands de porter un certain nombre d’engagés en Nouvelle-France continuera d’amener dans la colonie bon nombre de Saintongeais.  Les troupes fournissent aussi leur contingent et ce fut comme militaire que ledit Lafleur débarqua au pays comme on l’a vu.  Il est évident que sa fonction dans les troupes de la marine lui permit de goûter au pays avant de l’adopter.  De plus, comme une vingtaine de personnes originaires de sa commune, qui ne comptait pas à l’époque trois mille habitants, sont établies ici avec succès, cela rendait ainsi moins pénible et plus attrayant l’état d’émigrant que choisit Daniel Pepie.  Il faut dire que chez lui les protestants de la ville connaissent bien des vexations et des privations qui avaient trouvé leur aboutissement dans la démolition du temple calviniste de Marennes où il avait été baptisé l’année précédant son arrivée en Nouvelle-France[7].  

Assistent aux célébrations, le Marquis de Vaudreuil (c.1643-1725) et le Grand Vicaire de la Colombière (1651-1723).  Le père Pierre Pocquet (1667-1711), troisième curé de Québec, qui officie le mariage en écrit d’ailleurs un peu plus qu’à son habitude à son registre : 

 « Le seizieme d’avril 1709, apres La publication d’un ban de mariage d’entre Daniel Pepie dit Lafleur Sergent de La Compagnie de Beaucourt (sic) dans les trouppes Entretenues par Sa Majesté ence pays dela Nouvelle France, fils de Jacques Pepie Entrepeneur pour les Salines et d’Elizabeth Fore de La Paroisse de Notre Dame de Mareinne, evesche de xaintes d’unepart et de Marie René Hervé fille du Sieur Sebastien Hervé et Danne Phélipeaux Bourgeois de cette ville et de Cette Paroisse du clergé de Quebek d’autre part Lequel ban a ésté publié le 14 de ce mois et ayant entre les mains La Dispense des deux autres bans de mariage accordée par Mgr de La Colombiere grand archidiacre et vicaire général de Ce dioceze ; et aussi ayant La dispense accordée par M le Marquis de Vaudreüil gouverneur le lieutenant Général pour le Roy En toute cette Nouvelle France et nes’estant d’ailleurs trouvé aucun empechement je P. Pocquet Curé de Quebek les ay mariez selon la forme precritte par notre mere Ste Eglise avec La benediction nuptiale en la presence du Sieur Sebastien Hervé père de LEpouse du Sieur Claude Phélipeaux Grand Pere de la ditte Epouse du Sieur Gabriel Thibierge et Etienne Thibierge cousins de lépouse du Sieur Jacques Amelot du Sieur Robert Gaulin et d’autres Lépoux a declaré ne scavoir signée de ce enquis »[8]

La publication d’un seul ban, deux jours avant le mariage, s’explique sûrement par la nécessaire mobilité des troupes ; le sergent devait profiter d’un court passage à Québec pour se marier.  Quant à la dispense du gouverneur, elle est en fait un certificat de liberté ; Daniel étant militaire, ce document était exigé afin de garantir qu’il n’était pas marié de l’autre bord

En 1694, Joseph Séré de La Colombière était nommé supérieur des Hospitalières de l’Hôtel-Dieu du Précieux Sang de Québec.  Il faut certainement voir dans cette nomination la raison de la présence du Grand Vicaire au mariage de Marie Renée en se rappelant ici que deux de ses cousines Hervet/Thibierge étaient religieuses Hospitalières de l’Hôtel-Dieu au moment de sa nomination. 

Les frères Thibierge, aussi cousins de la mariée assistent à la cérémonie.  Le curé inscrit à son registre le nom de l’un d’eux comme étant le Sieur Gabriel Thibierge.  Est-il besoin de répéter que ce protégé du père de la mariée avait reçu une seigneurie des mains du gouverneur Louis de Buade pour ses faits d’armes comme capitaine de la milice de l’île d’Orléans lors de l’attaque anglaise de 1690.  On remarquera que le bon curé catholique dans son registre cache le passé calviniste du marié en le faisant originaire de la paroisse de Notre Dame de Mareinne, evesche de xaintes.

Marie Renée signe le registre ainsi : Marie herve.  Au cours de sa vie, elle n’utilisera que très rarement son deuxième prénom.  L’orthographe du patronyme est imposée par les religieux aussi bien, semble-t-il, dans leurs écoles que dans les registres officiels.  Il est vrai qu’à l’époque plusieurs matelots et soldats de passage portent le patronyme de Herve beaucoup plus fréquent en France que celui de Hervet plutôt méconnu des ecclésiastiques provenant majoritairement de la métropole.  D’ailleurs, l’un d’eux, Pierre Hervé dit Lepetit Paquault, est déjà établi dans la colonie.

Marie Renée et Daniel vivront dans un relatif confort. Les revenus du sergent qui, depuis 1690, touchait dix-neuf livres et dix sols par mois en plus d’une promesse de pension annuelle pour longs services une fois relâché[9].

Deux mois plus tard, le 27 juin 1709, Françoise Marien la demi-sœur aînée de Marie Renée, après dix ans de veuvage, se mari pour une deuxième fois.  La mère, notre aïeule Françoise, le grand-père Claude Philippeau et Marie Renée lui servent de témoins. 


Les enfants

Le couple formé de Marie Renée et de Daniel aura neuf enfants.  Ces enfants Lafleur, surnom qu’avait hérité Daniel Pepie lorsqu’il s’était joint aux troupes de la Marine, adopteront plusieurs formes du patronyme Pepie.  Tantôt Pepi, quelquefois Pepy et aussi Pepie.  Dans la vie de tous les jours, le surnom de Lafleur sera le plus souvent d’usage.  Un des fils de Marie Renée et de Daniel Pepie sera le seul à assurer la descendance du couple et curieusement, après trois générations de Pepie dit Lafleur, le patronyme de Pépie s’éteindra en 1815 à la naissance de François fils de Jean Baptiste (1780-post.1815), petit-fils de Jacques (1749-post.1780) et arrière-petit-fils de Jacques (1718-1754).  François et ses descendants porteront dorénavant le surnom de Lafleur qui perdurera comme patronyme[10].  Cette disparition du patronyme français d’origine au profit du surnom est d’ailleurs le cas pour la majorité des familles issues de soldats devenus censitaires.

Marie Renée dite Marie Anne Renée Hervé accouche de son premier enfant le 9 mai 1710.  Le baptême a lieu le jour même.  On choisit un bourgeois de cette ville, le grand-père de Marie Renée, comme parrain de Claude Pepy, le nouveau-né.  Claude Philippeau le parrain est accompagné de sa fille Françoise Philippeau, mère de Marie Renée qui agit comme marraine[11].

Daniel Pepie est toujours sergent dans les troupes de la marine quand le 2 janvier 1712 naît son deuxième fils.  L’enfant prénommé Josué est baptisé le lendemain et aura pour « parrain M. Josué dubois Berthelot, Ecuier seigneur de Beaucour capitaine des troupes de la marine servant dans ce pays » et pour « marraine Madame Louise Chartier epouse de M. de La Ronde enseigne de vaisseaux capitaine des troupes de ce pays »[12].  Il semble que Daniel Pepie est servi sous Jean Maurice Josué Dubois Berthelot de Beaucours en 1692 alors que ce dernier assumait le commandement d’une expédition contre les Iroquois de l’Ouest et la bataille qu’ils livrèrent contre une bande d’Iroquois rencontrée sur l’île de Toniata.  Beaucours reçut cette même année 1712 la croix de Saint-Louis pour ses services et il fut nommé ingénieur en chef du Canada[13].  Quant à la marraine, elle est la cousine de l’épouse du gouverneur Vaudreuil ; Daniel aurait peut-être servi également avec son mari.  Si les relations du couple avaient fait déplacer le gouverneur à leur mariage, trois ans plus tard, Marie Renée et Daniel continuent de cultiver ces relations. 

La seigneurie de Beaumont

Néanmoins, au cours du printemps 1712 ou 1713, Daniel Pepie dit Lafleur quitte les troupes de la Marine ou du moins il se fait censitaire.  Une concession lui est accordée dans la seigneurie de Beaumont.  Cette seigneurie avait été concédée à Charles Thomas Couillard, sieur des Islets en 1672.  Charles de Beaumont était demeuré seigneur des Îlets et de Beaumont depuis.  À leur arrivée dans le pays sudcôtois, on compte déjà quarante-deux familles installées dans la seigneurie.  Charles Thomas Couillard ce petit-fils de Louis Hébert[14], le premier colon-défricheur de Québec, était toujours le seigneur au moment de l’arrivée de Marie Renée et de sa famille dans la seigneurie et c’est probablement lui qui leur concède une censive deux ans avant sa mort.  Il se pourrait également que ce soit son fils qui fut impliqué dans la transaction, car le 10 avril 1713, soit deux ans avant la mort de son père, Charles-Marie Couillard s’était fait concéder l’espace se trouvant à l’arrière de la seigneurie de Beaumont d’une étendue d’une lieue et demie de profondeur sur une égale largeur de front.  Cette importante addition porta les limites de la seigneurie de Beaumont à trois lieues de profondeur sur une lieue et demie de largeur.  Celui qui deviendra le deuxième seigneur de Beaumont était en pleine période de recrutement de censitaires lorsque Marie Renée et Daniel prennent la décision de se lancer dans l’aventure de cultivateurs[15].  

L’arrivée de Marie Renée dans la seigneurie lui évitera de vivre l’émeute de Québec de 1713.  Son père devait être fort désenchantée du nouvel intentant, lui qui avait assurément louangé l’arrivée de Michel Bégon de la Picardière en 1712 parce qu’il était natif de Blois tout comme lui devait bien être forcé d’admettre que Bégon, comme beaucoup d’autres administrateurs passés dans la colonie, profitait de sa situation privilégiée pour réaliser des profits considérables et qu’en défendant par ordonnance les achats de blé pendant qu’il acquérait ledit blé pour son compte, il était la cause de l’émeute[16].

Du haut de la falaise qui varie entre trente à cinquante mètres, en face de l’île d’Orléans, s’étend la seigneurie de Beaumont.  Même sur ce promontoire, Marie Renée ne pouvait plus distinguer la Basse-ville de Québec qui l’avait vu naître.  On ne connaît pas l’endroit précis de la concession que le couple acquière, ni si cette terre était déjà cultivée, mais le futur nous révélera peut-être quelques indices[17]. 

Marie Renée et Daniel en prenant possession de leur concession ne doivent peut-être pas abattre des arbres, défricher, construire leur maison et les dépendances puisqu’ils ont pu acquérir cette concession de quelqu’un y étant déjà installée, la seigneurie étant ouverte depuis une quarantaine d’années.  Néanmoins si cela était le cas, ces citadins inexpérimentés doivent tout de même mettre en culture une terre.  Cette vie n’est sûrement pas facile pour cette fille de bourgeois de Québec et ce militaire de carrière.  Dès l’été alors qu’il y a tant à faire, Marie Renée est à nouveau enceinte avec ses deux marmots, Claude trois ans et Josué dix-huit mois, accrochés à sa jupe. Daniel Pepie dit Lafleur, est donc fin seul pour les durs travaux.  On peut s’imaginer la misère du premier hiver sans les commodités de la ville. 

En février 1714 vient au monde un troisième fils.  Il est baptisé le même jour par Louis Mercier (1686-1715), le premier curé de Saint-Étienne de Beaumont, qui était arrivé dans la seigneurie à la même période que Marie Renée et sa famille au printemps précédent[18].  La seigneurie était desservie par voie de mission jusqu’en 1713.  L’enfant est prénommé Louis Michel.  La marraine est Marguerite Chauveau (1674-1749), femme du Jacques Guay (1765-1749).  Le nouveau curé dans sa hâte d’inscrire le baptême a-t-il omis de révéler le nom du parrain[19] ?  Ce fils qui vient de naître épousera plus tard le métier de son père ; il se fera soldat et trouvera la mort des suites d’une blessure subie pendant la guerre de Sept Ans, probablement lors de la prise du Fort William Henry sur le lac George par Montcalm en 1757[20].

L’identité de la marraine nous indique probablement le secteur où la famille habite puisqu’il est peu probable qu’à cette époque on soit allé chercher une femme à l’autre bout de la seigneurie, et même au-delà, pour agir dans une cérémonie de baptême qui a lieu le jour de la naissance.  La marraine est d’ailleurs elle-même enceinte de cinq mois et à quarante ans, elle a une grande expérience des accouchements avec ses neuf enfants vivants, elle aurait donc pu épauler Marie Renée durant le travail.  Hors Jacques Guay et sa femme Marguerite vivent à l’ouest dans la seigneurie de Vincennes voisine, « sur la première terre de ce fief, longeant celle de feu Charles Couture dit Lafrenaye (1659-1709) dans la seigneurie de Beaumont »[21] à environ un kilomètre et demi de la petite église de bois de Saint-Étienne de Beaumont.  Le Charles Couture en question est décédé depuis moins de quatre ans et a laissé à sa femme cinq filles et un garçon qui n’a pas sept ans sur une terre qu’il ne cultivait que depuis une dizaine d’années[22].  Bien que ce ne soit qu’une hypothèse, la veuve Couture aurait-elle pu louer sa concession à la famille de Marie Renée

Il n’est pas certain si Marie Renée apprend le décès de son père deux mois après la naissance de son dernier fils en 1714 et si elle put se rendre à ses funérailles le 16 avril, le lendemain de sa mort.  Il eut fallu que Jean Baptiste, son frère de quatorze ans, qui travaillait souvent sur la Rive-Sud, rame dru pour qu’elle soit prévenue à temps.  Elle savait par contre son père malade puisqu’il était hospitalisé depuis l’automne précédent.

À Beaumont à cause, sans doute, des travaux difficiles qu’ils devaient faire, obligés qu’ils étaient de transformer cette concession en un champ fertile pour nourrir la famille avec bien peu d’outils autres qu’une hache et une pioche[23] Marie Renée n’enfantera pas cette année.  La fréquence de ses accouchements connus nous permet de croire qu’elle n’ait pas rendu à terme toutes ses grossesses. 

L’hiver 1714-1715 est terrible dans la seigneurie ; une épidémie fait des ravages tout l’hiver et se poursuit au printemps.  La maladie s’y est installée et le seigneur Couillard[24] et le curé Mercier[25] parmi tant d’autres sont emportés au début mai. 

Une autre saison à labourer, à défricher un peu et à tenter de faire pousser la nourriture nécessaire à la famille se passe et Marie Renée se retrouve à nouveau enceinte à la fin de l’été 1715.  Le 28 mars 1716, elle donne naissance à son quatrième fils qui est baptisé le lendemain.  Charles Pepy dit Lafleur a pour marraine, Mme de Beaumont, la veuve de l’ancien seigneur et mère du nouveau[26].  Encore une fois, tout comme au baptême de Louis Michel, on note qu’aucun parrain n’est inscrit au registre, une situation que l’on retrouve dans quelques cas d’enfants parmi la quarantaine de baptêmes survenus depuis. 

Un retour dans la cité

L’aventure de censitaires ne durera pas pour le couple.  Marie Renée, cette fille de commerçant, qui avait vu toute sa vie son père modeler l’étain, n’avait pas les mains qu’il fallait pour tourner la terre.  Elle n’y connaissait rien à cette terre, car si son père avait possédé quelques lopins, il ne les avait jamais cultivés, mais plutôt marchandés.  Si seulement elle avait marié un artisan de la petite rue Champlain, un tonnelier comme son cousin, un maçon comme son oncle Jean Baptiste Maillou (1668-1753), ou simplement un forgeron ou un taillandier ! De plus, Daniel son mari avait été militaire toute sa vie et, à cinquante-deux ans, ce fils de saucissier, était trop vieux et n’avait pas ce qu’il faut pour devenir un bon cultivateur.  Ils revinrent donc vivre sur la rue Champlain à la Basse-ville de Québec ce qui, aux yeux de Marie Renée, valait mieux qu’une terre à cultiver pour manger et à défricher et dessoucher pour se chauffer.  Ce retour du couple qui quitte la misère qu’il avait connue se voulait aussi une façon de sauver l’enfant nouveau-né ? Quoi qu’il en soit, ce dernier décède peu de temps après leur retour à Québec le 11 mai 1716, il n’avait pas deux mois[27]. 

Lors du recensement paroissial de Notre-Dame-de-Québec de 1716, Marie René Hervé, Daniel Pepie dit Lafleur, et ses enfants Claude (6), Josué (5) et Louis (3) demeurent voisins de chez Françoise Philippeau, veuve de Sébastien Hervé à la Basse-Ville, depuis leur retour de Beaumont où ils avaient tenté de s’installer.  La mère de Marie Renée ne vit pas seul puisque ses autres enfants, Sébastien, Jean Baptiste et Marie Charlotte vivent eux aussi à la même adresse sur la rue Champlain, entre le haut de l’escalier jusqu’au bout du cap au Diamant[28].

Avec ses états de service dans les troupes de la marine et ses relations, Daniel Pépie n’a pas de difficultés à se faire garde de port à Québec lors de leur retour de Beaumont.  Louis Prat (1662-1726), cet ancien aubergiste et marchand-boulanger de la Basse-ville qui avait bien connu le père de Marie Renée, est capitaine du port depuis 1711 et il n’hésite donc pas à fournir à Lafleur, qui a tout de même cinquante-deux ans, ce poste qui le place tout à côté de chez lui sur la rue Champlain.

L’Hôtel-Dieu

L’aventure du couple et le décès de Charles ont affecté grandement Marie Renée qui se retrouve hospitalisée à l’Hôtel-Dieu de Québec en août de ce même été 1716, alors qu’elle n’a pas encore vingt-sept ans[29].  Quoiqu’il vise d’abord à traiter les pauvres malades, l’Hôtel-Dieu de Québec reçoit dans ses salles des patients qui proviennent de toutes les couches de la société ; c’est « une coutume dans ce pays que tout le monde s’y fait mener dans la maladie, grands, riches, et tous les ecclésiastiques et cela à cause de la commodité du médecin et des remèdes qui s’y trouvent à propos et à cause des soins tout particuliers que les religieuses ont des malades » [30].  Il faut rappeler également que tout comme pour sa mère et sa sœur Marie Charlotte, les admissions de Marie Renée à l’Hôtel-Dieu, qui seront nombreuses, surviendront tous après que la cousine de cette dernière Marie Catherine Thibierge, mère Saint-Joachim, aura été élue hospitalière (directrice générale de l’hôpital) en 1713.

Le militaire, faute de guerres, est actif dans un autre domaine puisque Marie Renée n’est sortie de l’hôpital que depuis peu et déjà elle est enceinte à nouveau.  L’été suivant, elle accouche de Jean Baptiste Pepy le 26 juillet 1717 qui est baptisé le même jour[31].  L’enfant ne survivra que cinq jours[32]. 

Quant à la fin septembre 1718, le jeune frère de Marie Renée est retrouvé noyé à Saint-Pierre de l’Île d’Orléans alors qu’il traversait de la pointe de Levy à la Basse-ville de Québec, cette dernière est enceinte de huit mois, encore.

La femme en Nouvelle-France

Marie Renée n’a pas d’échappatoire, son militaire est toujours cantonné à Québec et comme la femme en Nouvelle-France est faite pour procréer elle ne s’en sauve pas.  Le 5 novembre elle met au monde son sixième fils, celui qui assurera la postérité des Pépie dit LafleurJacques Pepie est baptisé le lendemain.  C’est Jacques Thibierge (1664-1732), le cousin de la mère, qui est choisi comme parrain.   Jacques, ce maître-armurier et arquebusier du roi, est assurément de passage à Québec puisqu’il demeure sur la Place du Marché à Montréal depuis 1716 ; à moins qu’il ne s’agisse du fils de son frère Étienne (1763-1740).  Ce Jacques, petit cousin de la mère, est célibataire et à vingt-deux ans.  Rien dans les registres ne permet de déterminer lequel est parrain, mais la proximité du dernier et sa signature qui est différente de celle du cousin de Montréal plaident en sa faveur.  La marraine est Marie Marguerite Cheron (1704-post.1732), la fille de feu Anne Thibierge (1669-1705), cousine germaine de Marie Renée et de feu Martin Cheron (1663-1717) cet ancien bourgeois marchand, garde-magasin du Roy et autrefois conseiller du Conseil supérieur de Québec[33].

Avec quatre jeunes garçons bien vivants et un mari fort exigeant, Marie Renée en a sûrement plein les bras.  En assumant que la famille demeure toujours chez ou tout à côté de l’aïeule Françoise Philippeaux, cette dernière, qui n’a plus que Marie Charlotte invalide à s’occuper, lui procure sûrement une aide précieuse.

Le 4 juillet 1721, le ciel donne enfin à Marie Renée sa première fille.  La petite Marie Josephe Pepie est baptisée le jour même.  Décidément, le couple a des relations ; il faut remarquer que dans bien des cas il s’agit de compagnons d’armes de Daniel.  Le parrain est Claude Poulin de Courval (1700-1785), le fils de Jean Baptiste, procureur du roi, marchand et seigneur de Nicolet.  Cette fois-ci la marraine est Marie Josephe Cheron (1706-post.1749), une autre fille de feu Anne Thibierge, celle qui vivra d’aventures en France et en Acadie.  À sa naissance, Marie Josephe Pepie devenait l’une des cinq mille deux cent soixante-neuf filles au-dessous de quinze ans vivants dans l’une des quatre mille cent quatre-vingt-trois familles de la Nouvelle-France[34].  On peut s’imaginer les soins prodigués à cette unique petite fille par la mère et la grand-mère de crainte qu’il ne lui arrive le sort de ses frères Charles et Jean Baptiste en 1716 et 1717.

Bien que sa mère dût entourer et aider Marie Renée durant ses relevailles cela ne l’empêchera pas d’être hospitalisée vers la fin de l’année un peu avant Noël[35]. 

La peste dans la colonie

https://youtu.be/Y1PpTQKeBXM  (La peste de Marseille en Nouvelle-France - Vidéo)

Marie Renée allait vivre des moments heureux dans les prochains mois.  Le vingt-sept octobre suivant, en avant-midi, elle se présente à la prévosté de Québec devant le notaire royal Jean-Étienne DuBreuil pour être témoin à la signature du contrat de mariage de Sébastien fils, l’unique frère qu’il lui reste.  C’est assurément une occasion de fêter pour la famille, car outre sa mère et son mari, un grand nombre d’autres témoins, dont des cousins et cousines, sont présents.  Qu’il suffise de mentionner que Marie Renée rencontre probablement pour la première fois sa future belle-sœur Rosalie Tremblay et son père, de la Petite-Rivière Saint-François[38], qui ont fait le voyage à Québec pour l’occasion.  Quelques semaines plus tard, Marie Renée est de nouveau enceinte.

Le 26 août 1723, elle met au monde un septième garçon.  Guillaume Pepie dit Lafleur baptisé le lendemain[39], a pour parrain Guillaume Guillimin dix ans, le fils du veuf Charles Guillimin, un autre frère d’arme du père de l’enfant.  Daniel avait combattu à ses côtés lors de l’attaque navale de Phipps contre Québec en 1690.  Il avait également servi sous Guillimin en 1704, alors que ce dernier commandait la milice de Québec dans l’expédition que le marquis de Vaudreuil organisa contre les établissements de la Nouvelle-Angleterre.  Guillemin était devenu depuis un riche marchand, armateur, commissionnaire et constructeur de navires ; il avait été nommé membre du Conseil supérieur en 1721[40].  La marraine est une certaine Jeanne Sarrazin dont je n’ai pas encore trouvé trace dans les annales de la colonie à cette époque ou peut-être que si ? Michel Sarrazin (1659-1734), le chirurgien, médecin et membre du Conseil souverain, et son épouse Marie Anne Ursule Hazeur, qui avait été marraine de la sœur de Marie Renée vingt-cinq ans plus tôt, ont bien une fille prénommée Jeanne, mais l’enfant n’a que six ans.  Qu’à cela ne tienne, elle semble bien être la marraine.

Un dernier enfant

Il se passera trois années avant que Marie Renée n’enfante pour une dernière fois connue.  Cecille Elizabeth Pepi naît le 6 juillet 1726.  Cette deuxième fille survivra pour le grand bonheur de Marie Renée qui a maintenant trente-six ansL’enfant a pour parrain le sieur Claude Sarrazin et pour marraine Elisabeth Cecille Thibierge[41].  Alors qu’il a maintenant soixante-deux ans, Daniel Pepie dit Lafleur vient de mettre fin à sa carrière de géniteur et se contentera dorénavant d’être père. 

On a peut-être ici une réponse quant à l’âge accepté des parrains et marraines, car Elisabeth Cecille Thibierge, la seule Thibierge de la colonie a porté ce prénom, n’a que neuf ans.  Elle est la fille d’Étienne Thibierge, le cousin germain de Marie Renée.  Dans ces circonstances, il est donc fort probable que Jeanne Sarrazin, six ans, ait été la marraine de Guillaume en 1723 tout comme le parrain Guillaume Guillimin qui n’avait que dix ans[42].  Il ne faut pas se surprendre que des enfants en si bas âge jouent de tels rôles dans la société du temps.  Il faut comprendre qu’alors, il était fréquent pour un enfant d’entrer au service d’une famille nantie en bas âge.  À titre d’exemple, l’engagement, à titre de servante, de Françoise Hervé âgée de sept ans par Pierre Coquillard et Marie Robidou, sa femme, habitants la côte de Longueuil dans la même période.  Françoise est la fille de Jean Hervé dit Saint-Jean (1698-1752) et de Marie Catherine Fasche (1698-1770), des Hervé et non HERVET qui se sont installés en Nouvelle-France, mais dont la descendance s’est éteinte avant le XIXe siècle[43]. 

Quant au cas du sieur Claude Sarrazin, il est plus problématique ; le seul Claude Sarrazin en Nouvelle-France est encore un enfant du couple Sarrazin-Hazeur[44], Claude Michel Sarrazin né en 1722.  Comment expliquer une telle situation ? Le père du chirurgien, s’appelait bien Claude, mais il n’est jamais venu en Nouvelle-France.  Le frère du chirurgien du Roi Michel Sarrazin, dont il avait fait de lui l’héritier de ses biens en France en 1692[45], s’appelait également Claude, mais lui non plus n’est pas venu en Nouvelle-France ?    Comme le registre de la paroisse lisible qui nous est parvenu est une transcription de l’original, il est possible que le copiste ait fait une erreur sur le patronyme de l’individu.  La lecture de l’original du registre ne permet pas d’établir avec certitude qu’il s’agisse d’un Sarrazin.

Deux ans plus tard en 1728, Marie Renée est hospitalisée au beau milieu de l’été encore une fois[46].

Une grande année dans la petite histoire de la Basse-ville, une jeune fille accusée d’infanticide

1732 allait être une autre grande année dans la petite histoire de la Basse-ville et Marie Renée y serait aux premières loges.  Appelée comme témoin du 1er avril au 7 mai, elle allait contribuer de son savoir à l’appel devant le Conseil souverain de la Nouvelle-France[47] du procès en 1re instance de la pauvre Marie Anne Sigouin, prisonnière de vingt-trois ans, fille de feu Jean Sigouin et de Louise Dubeau, habitants de Charlesbourg[48].  Marie Anne Sigouin est accusée d’avoir caché sa grossesse, d’être « accouchée nouvellement et d’avoir détruit son fruit » en le jetant à la mer[49].  Elle n’était pas la première a être ainsi accusée, Françoise DuVerger l’avait été en1671[50]. Cela faisait tout de même près de trente-cinq ans qu’une femme n’avait pas été accusée d’infanticide dans la colonie, la dernière en titre Marie Madeleine Gibault en 1697[51].  On peut croire que l’accusée Marie Anne Sigouin était facile à pointer du doigt dans cette très religieuse bourgade qu’était Québec à l’époque puisque sa grand-mère Lucrèce Billot (1647-1706), une fille du Roi débarquée en 1667 avait accouché d’un enfant naturel un an après son arrivée.  Le père de l’enfant était à tout le moins connu ; Nicolas Grandin est reparti en France sans épouser Lucrèce.  Elle n’était pas la première née en Canada à se faire enjôler ; combien de filles furent séduites et laissées à l’abandon par des hommes de France de passage ? Au fil du temps, plusieurs gueuses de cet état avaient erré ainsi dans les rues de la ville.

Dans le cas de Marie Anne Sigouin, l’histoire ne dit pas qui était le père, mais on peut présumer qu’il ne fut nullement importuné.  Marie Anne était servante et elle demeurait rue Saint-Pierre à Québec depuis cinq ans chez son maître le riche sieur Guillimin au moment des faits.  On se rappellera que le sieur Charles Guillimin est le père de Guillaume, qui a maintenant dix-neuf ans, celui-là même qui en 1723 avait servi de parrain pour Guillaume, le fils de Marie Renée.  Une curieuse de coïncidence que cette dernière se retrouve témoin du crime allégué aujourd’hui. 

Il faut savoir qu’à l’époque, par ordre des autorités religieuses en collaboration avec le pouvoir civil, les femmes devaient déclarer leurs grossesses.  La répression de l’église était sans pardon contre les œuvres de chair non bénies et non déclarées et une véritable croisade avait été organisée.  Pas plus tard que l’hiver précédent, une certaine Marie Anne Gendron qui avait accouché d’un enfant né de père inconnu était tombée dans la déchéance et le rejet.  La malheureuse s’était suicidée par pendaison après avoir tué son enfant.  Non satisfait de son sort et pour en faire un exemple, le Conseil Supérieur, dont faisait partie l’archevêque de Québec, firent dressé une potence sur la place de la Basse-ville où son corps fut exposé pas plus tard que le 24 mars 1732 pour après être jeté à la voirie par l’exécuteur de la haute justice, maître officiel des hautes œuvres, le bourreau.  On avait d’abord fait publier et organiser des criées dans les villes de Québec, de Montréal et des Trois-Rivières pour publiciser l’ordonnance concernant les femmes et les filles qui cachent leur grossesse et enfantement.  La justice sous l’Ancien Régime était caractérisée par la dureté de la procédure criminelle, la cruauté des châtiments et la sévérité des peines pour les petites gens, sévérité qui contrastait avec l’extrême clémence dont on faisait preuve envers les privilégiés.  On assistera donc à un autre procès instrumentalisé par les notables face aux petites gens.  Il ne faut pas se surprendre par la dureté des mœurs de l’époque, la situation n’était pas différente dans la veille France et sur tout l’ancien continent.

C’est donc dire comment le procès auquel Marie Renée allait contribuer était d’époque ce qui nous permettra de juger le rôle qu’elle y a joué un peu moins sévèrement avec des yeux du temps.  Marie Renée avait déjà témoigné devant un juge seul lors du procès de Marie Anne Sigouin auparavant.  Cette fois-ci, le procureur général du Roi en appelait du jugement au nom du ministère public, car il croyait la peine prononcée par le juge trop faible.  Marie Renée comparaissait maintenant devant le Conseil Supérieur pour récolement et confrontation de l’accusée[52].  Mais revenons sur les faits allégués.

Quelques mois avant les incidents, le sieur Guillimin aurait « entendu bruit » de la grossesse possible de sa servante Marie Anne.  Pour s’en assurer, le veuf l’aurait fait examiner « par la mère et autres » et « il s’en ai trouvé que le soupçon était faux ».  La maison de Guillimin qui est membre du Conseil souverain de la Nouvelle-France depuis 1721 est fort habitée.  Outre ses enfants en bas âge toujours vivants, le veuf a de nombreuses personnes résidantes sous son toit ; damoiselle Jacquette Guillimin sa sœur, Guillaume son fils, parrain du Guillaume chez Marie Renée, Jacques François Lebe son beau-fils, Jean Baptiste Guichard son commis, Joseph Marie Léveillé un esclave noir domestique et finalement Charles Lavreau, son valet d’écurie également domestique. 

Puis en avril, un charretier de Québec, Jean-Baptiste Dasylva dit Portugais découvre sur les dix heures du matin le corps d’un enfant mort sur le rivage dans un morceau de toile d’emballage, près de la plateforme joignant la maison du sieur Guillimin dans le port.  Il ne fallut pas beaucoup de temps pour que l’on associe Marie Anne à cet enfant puisqu’à la Basse-ville les commères soupçonnaient son état qu’elle tentait de cacher et les ragots allaient bon train quant au père probable. 

Tous ceux qui demeuraient chez le sieur Guillimin, sauf le fils Guillaume et l’esclave, lequel n’était pas à la maison ce matin-là, étaient également allez voir la découverte de l’enfant sur la rive, mais aucun ne pouvait dire qui l’avait jeté là.  Tous ces gens qui vivaient avec l’accusée témoignèrent avoir entendu les allégations sur l’état de Marie Anne l’hiver précédent et qu’ils avaient été mis au courant que cela était faux, mais aucun n’avait remarqué de changements chez elle.  Une exception cependant, la vieille fille de quarante ans, sœur du sieur Guillimin, ne ménagea pas ses efforts pour peindre un portrait de menteuse de l’accusée.  

Après la mise sous écrou de Marie Anne, on fit venir le chirurgien Baudoin et la sage-femme Bouchet entretenue par le Roi, femme du sieur Claude Morillonnet du Berry du faubourg Saint-Louis proche de Québec pour l’examiner.  Les deux experts ne firent que confirmer qu’il y avait traces d’un accouchement.

Au cours de son procès, Marie Anne subira de nombreux interrogatoires, dont l’un « sur la sellette »[53] qui l’amènera à se contredire plus d’une fois.  L’état de l’accusée était tel qu’elle déclara avoir vingt et un ans alors qu’elle en avait presque vingt-quatre.  Marie Anne niera d’abord avoir accouché et niera par la suite avoir tué l’enfant prétendant qu’il était mort-né.  Devant l’abondance des témoins, plus d’une vingtaine, de sa grossesse cachée et de son accouchement révélé par de multiples preuves dont un accablant rapport de Michel Berthier, chirurgien du Roi à l’Hôtel-Dieu de Québec, et la découverte d’un coffre et d’une cassette appartenant à l’accusée contenant des linges souillés de sang, de même que des évidences d’accouchement trouvées dans la fosse des lieux communs de la maison du sieur Guillimin, Marie Anne n’eut d’autre choix que d’avouer cet accouchement.  Pire encore, elle admet au tribunal qu’elle n’en est pas à son premier enfant illégitime. Elle aurait abandonné le premier à la charité publique selon ses dires. Même après avoir été confondue suite à son examen par le chirurgien et la sage-femme entretenue par le Roi, elle refusera d’identifier celui qui lui avait fait cet enfant.  Qui tentait-elle de protéger ? Là n’était pas l’intérêt de la cour. 

Bien des témoins ne trouvèrent que peu d’informations à fournir.  Il faut dire que juges et procureurs étaient, en général, peu aimés du peuple, du fait qu’ils défendaient un système favorable à leurs intérêts et que le sieur Guillimin, membre du Conseil souverain était parti à ce système. 

Marie Renée quant à elle, rattachée aux Guillimin par des liens d’amitié ayant débutés entre son mari et le patriarche de la famille, offre un témoignage à charge qui n’aurait aujourd’hui aucune valeur si l’on se fie à ce que nous le rapporte le greffier de la cour :

« Marie Hervé femme de Daniel Pépie dit Lafleur, garde de port demeurant rüe Champlain paroisse Notre Dame, agée de quarante deux ans au environ laquelle apres serman par elle fait de dire vérité, et quelle nous as dit n’être parente alliée, servante ny domestique des parties… »

« .... sur le fais mentionné en la plainte du procureur du Roy doulecture luy a été faitte, quelle na pas vu sur la greve lenfant mort qui a été trouvé, mais quelle soubconne Marie anne Seguin servante. »[54]

Bien qu’elles fussent exécutées à Québec en raison de leurs appels devant le Conseil souverain, les deux premières suppliciées pour infanticide étaient de Montréal.  Marie Renée savait bien que dans le gouvernement de Québec, seule Marie Barbe Dupont avait subi un procès pour infanticide.  Cette dernière s’étant obstinée à nier les faits, avait été torturée, mais elle avait eue finalement la vie sauve.  Marie Anne Sigouin ne sera pas aussi chanceuse, car en raison du témoignage modeste de Marie Renée et de quelques autres, la justice, dans les mains du procureur général qui l’avait condamnée d’avance pour en faire un exemple, prononça son verdict le 7 mai 1732 :

 « [...] a déclaré et déclare ladite Marianne Sigouin dûment atteinte et convaincue d’avoir celé sa grossesse et son enfantement et d’avoir homicidé son enfant pour réparation de quoi l’a condamnée à faire amende honorable nue, en chemise la corde au cou, tenant en ses mains une torche de cire ardente du poids de deux livres au devant de la principalle porte et entrée de l’église cathédrale de cette ville où elle sera menée par l’exécuteur de la haute justice et là, étant à genoux, déclarer que méchament elle a celé sa grossesse et enfantement et homicidé son enfant dont elle se repend et en demande pardon à Dieu, au roi et à justice, ce fait elle sera conduite en la place de la Basse Ville de Quebec ou elle sera pendûe et étranglée jusqu’à ce que mort s’en suive à une potence qui pour cet effet sera Dressée En ladite place de la Basse ville, son Corps Ensuitte jetté a la voirie. [...] [55]»

[Signé] Gilles Hocquart, intendant, François Joseph Cugnet, procureur général

Jean Langlais (1678-1748), le bourreau intérimaire s’exécuta sur-le-champ[56].  Des gens étaient juchés sur les toits alors que d’autres, nombreux, s’entassaient aux fenêtres afin de voir la scène.  Les marchands étaient heureux, car les exécutions publiques attiraient la plèbe et les enrichissaient.  On avait voulu faire de Marie Anne Sigouin un exemple comme en atteste une lettre de l’intendant Hocquart au ministre, le comte de Maurepas : « J’espère que l’exemple que le Conseil Souverain a fait dans les personnes de Marie-Anne Gendron et Anne Sigouin convaincues de ce crime empêcheront à l’avenir de pareils désordres. » [57]

D'autres épidémies à Québec

En 1733, la colonie est affectée par une épidémie de variole pendant cinq mois.  On compte alors des centaines de morts à Québec ; Marie Renée et les siens s’en réchappent.  Par contre, l’année suivante, alors qu’elle est maintenant âgée de près de quarante-cinq ans, Marie Renée se présente devant Michel Sarrazin le chirurgien de l’Hôtel-Dieu de Québec et ami de la famille.  Il la conduit sans doute immédiatement auprès de l’augustine hospitalière puisque la directrice de l’hôpital l’inscrivit à la hâte dans le registre des malades le 8 juillet.  Marie Renée est de nouveau hospitalisée probablement en raison de la nouvelle épidémie qui sévit à Québec[58].  Elle s’en sortira encore une fois, mais son ami le chirurgien n’aura pas cette chance puisque deux mois plus tard, le 8 septembre 1732, il y décédera d’une fièvre maligne provoquée sans doute par la petite vérole apportée par un vaisseau[59].


Marie Renée pleure les départs de ceux qu’elle a aimés

C’est en 1738 qu’Esther Brandeau, une femme juive habillée en homme arrive à Québec. L’affaire fait grand bruit dans la ville lorsqu’elle est démasquée et arrêtée.  Cette première juive en Nouvelle-France va refuser la conversion au catholicisme.  Mais ce fait divers n’empêchera pas la maladie de s’introduire sous le toit de Marie Renée et de Daniel Pépie.  Alors que la colonie ne connaît aucune épidémie, Marie Renée est hospitalisée en avril[60].  Son époux de soixante-treize ans, toujours garde du port, s’éteint le 20 juin.  Daniel Pepie dit Lafleur, ce héros de la bataille de Québec de 1690, est inhumé le lendemain[61].    

La mère de Marie Renée, hospitalisée depuis longtemps, décède à l’Hôpital-Général de Québec le 24 juillet 1744 à l’âge de quatre-vingt-un ans.  Celle qui avait été sa voisine depuis son retour à Québec après l’aventure de sa famille à Beaumont est inhumée le jour même au Cimetière des pauvres.  

Les années de la veuve Lafleur passent et un premier mariage de ses enfants survient en 1748 alors que Jacques (1718-1754) qui a maintenant trente ans unit sa destinée à celle de Cécile Gosselin (1724-1764)[62].  Jacques et Cécile auront tout juste le temps d’assurer la postérité du patronyme Pepie dit Lafleur, car Jacques est emporté par la maladie en 1754 alors qu’il n’a que trente-cinq ans[63].  Marie Renée se consolera en berçant son premier petit-fils prénommé Jacques (1749) comme son père et sa première petite fille prénommée Cécile (1753) comme sa mère.

Marie Charlotte, la sœur handicapée de Marie Renée avait été placée à l’Hôpital-Général de Québec dans la période où leur mère avait été elle-même hospitalisée alors qu’elle n’était plus en mesure de veiller sur elle.  Elle décède le 11 octobre 1757 à ce même hôpital.

La veuve Lafleur a encore de l’énergie.  Même à soixante-huit ans et un peu comme le faisait son père Sébastien couramment, Marie Renée s’adresse à la Prévôté de Québec pour obtenir justice.  La demanderesse l’obtient le 22 novembre 1757 alors que Jean Baptiste Tauret (1730-post.1773), défendeur et défaillant, est condamné aux dépens[64].

Puis en 1758, c’est au tour de Louis Michel, qui avait épousé le métier de son père, d’être emporté.  Sous les ordres du marquis de Montcalm commandant des troupes françaises en Amérique du Nord, il est blessé probablement lors de la prise du Fort William Henry sur le lac George en 1757.  Il décède des suites de cette blessure le 23 mai 1758 à l’Hôpital-Général de Québec.

En mars 1759, il est peu probable que Marie Renée ait appris le décès de Sébastien, le seul de ses frères et sœurs toujours vivant.  Bien que Marie Louise Saint-Pierre, la troisième épouse de ce dernier, sut écrire, les courriers sur la Côte-du-Sud devaient tous être très pris à acheminer les nouvelles de la préparation de la flotte anglaise qui parvenaient de l’Acadie par le chemin du Portage.  Il faut se rappeler que la forteresse de Louisbourg était tombée l’été précédent et que l’on s’attendait à une attaque de Québec par la mer.  Le courrier d’une veuve à une belle-sœur qu’elle n’avait probablement pas connu ne pesait donc pas lourd dans la balance de la guerre.

Marie Renée n’en finit plus de pleurer les départs de ceux qu’elle a aimés.  Avec le décès de son fils Louis Michel, la guerre prenait maintenant une forme plus réelle puisque l’été suivant la ville de Québec était bombardée pratiquement toutes les nuits, et parfois le jour également, pendant deux mois jusqu’à sa chute alors que les feuilles des arbres prenaient la couleur des tuniques de l’envahisseur.  Au cours de la nuit du 8 au 9 août, la maison où l’on présume Marie Renée toujours demeurée est incendiée par les bombardements.  L’incendie, qui est le plus important de tout l’été, détruit quelque cent cinquante-deux maisons en plus de l’église Notre-Dame-des-Victoires qui rappelait les tentatives d’envahissements ratées précédentes[65].

On ne sait pas à quel endroit Marie Renée est allée vivre par la suite.  Entre conquête et régime militaire, elle vivra tout de même un dernier moment heureux alors que son unique fille Cécile Elisabeth (1726-1777) épouse Arnaud Guillaume Paulet (1725-1795) le 19 octobre 1761[66].  Bien que le mariage ait été inscrit au registre de la paroisse de Notre Dame de Québec, il eut lieu ailleurs que dans l’église paroissiale puisque la cathédrale avait été détruite dans les bombardements provenant des batteries anglaises de la Pointe-Lévy à la fin juillet[67].

Le 7 octobre 1763, le roi de Grande-Bretagne George III délivre sa proclamation royale à la suite de l’acquisition de la Nouvelle-France.  La proclamation vise à organiser les terres britanniques de l’Amérique du Nord, mais aussi à assimiler les colons francophones pour faire de cette terre une vraie colonie britannique.  Marie Renée, mariée près de trente ans à un soldat de Louis XIV, ne souffrirait pas longtemps d’être sous le joug anglais.

 « Le quatre d’Avril mil sept cens soixante-quatre a été inhumée Marie Hervé veuve de Daniel Pepy dit La fleur, décédée le jour precedent, munie des Sacrements, agée de soixante-quatorze ans environ. Étaient présents Augustion Saunier, Joseph Racine et plusieurs autres. J. Fél. Récher Curé [68]»

Il semble qu’un seul de ses neuf enfants, Cécile Élisabeth, survécut à Marie Renée

 

Généalogie de Marie Renée Hervé (1689-1764)

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[1] PRDH. Programme de recherche en démographie de l’Université de Montréal, fiche de confirmation No 403838.  [2] MYRAND, Ernest. Sir William Phips : devant Québec : histoire d’un siège. Op. cit.  Il est probable que Daniel Pépie soit arrivé en Nouvelle-France comme simple soldat dans la compagnie de Cabanac.  Son courage démontré lors de la défense de Québec en 1690 lui valut son grade de sergent dans la compagnie de Beaucourt.  Les sources sont contradictoires sur le nom de la compagnie.  Le registre de mariage du père Pierre Pocquet mentionne son appartenance à la compagnie de Beaucourt tout comme le Fichier Origine. Tous les registres civils et militaires de la Nouvelle-France le donnent comme ayant appartenu à la compagnie de Cabanac, mais la présence de Beaucourt comme parrain de l’un de ses enfants plus tard supporte par contre son passage dans cette unité comme sergent. [3] La Saintonge est une ancienne province française de l’Ancien Régime. [4] Fichier Origine, Fédération québécoise des sociétés de généalogie et Fédération française de généalogie.  Fiche 243222.  PÉPIE/PEPY/LAFLEUR, Daniel. Et BOISMORAND, Pierre et al. Protestants d’Aunis, Saintonge et Angoumois, Saintes, éditions charentaises Le Croît vif - Collections documentaires, 1998, page 105.[5] JETTÉ, René, « Daniel Pierre Pepie », Dictionnaire généalogique des familles du Québec, Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, 1983, page 893. [6] LORTIE, Stanislas A. « L’origine des immigrants français de 1608 à 1700 », citée par Philippe Barbaud dans Le choc des patois en Nouvelle-France, Sillery (Québec), Les Presses de l’Université du Québec, 1984, p. 20-21. [7] RICARD, Louis.  « Les pionniers saintongeois et la nouvelle confédération de l’Amérique du Nord », L’Écho de la France, volume 5, juillet 1867, Montréal, pages 189-193.

[8] BAnQ., Registre de la paroisse Notre-Dame de Québec, 16 avril 1709. [9] COSTE, Gabriel. Les anciennes troupes de la marine (1622-1792). Paris, les éditions de la librairie militaire de L.Baudoin, 1893, page 129 et 179.

[10] Lafleur est l’un des noms de guerre attribués aux militaires français.  Lorsqu’un individu entrait dans l’armée française, on lui attribuait un surnom ou nom de guerre, par exemple pour Daniel Pepie, il était dit Lafleur.  Ce surnom prenait un caractère officiel.  Il devenait l’équivalent du numéro matricule.  Les soldats étaient reconnus par leurs noms, prénoms et noms de guerre.  Il n’y avait jamais deux soldats Lafleur dans la même compagnie.  Dans le quotidien, le nom de guerre remplaçait le véritable patronyme surtout quand le soldat parlait un dialecte ou le provençal. En Nouvelle-France, les soldats-censitaires transmettent leurs surnoms à leur épouse et à leurs enfants.  Parmi les patronymes les plus fréquents au Québec, on retrouve le nom de Lafleur.  René Jetté a trouvé plus de soixante patronymes avec ce surnom.  

[11] BAnQ., Registre de la paroisse Notre-Dame de Québec, 9 mai 1710. 

[12] Ibid., 3 janvier 1712. 

[13] RUSS, C. J. « Dubois Berthelot de Beaucours, Josué ». Dictionnaire biographique du Canada. 1re édition 1966, Sainte-Foy, Les Presses de l’Université Laval, 1974, 15 volumes, volume III (Décès de 1741-1770).

[14] Charles-Thomas Couillard est le fils de Guillaume Couillard et de Guillemette Hébert, la fille de Louis Hébert. 

[15] TURGEON, Mélanie.  Les Couillard et la seigneurie de Beaumont à l’époque de la Nouvelle-France. Mémoire de maîtrise, Université du Québec à Chicoutimi, 2003. 

[16] Zoltvany, Yves F. « Bégon de la Picardière, Michel ». Dictionnaire biographique du Canada. 1re édition 1966, Sainte-Foy, Les Presses de l’Université Laval, 1974, 15 volumes, volume III (Décès de 1741-1770).

[17] Je n’ai pu retrouver la transaction accordant la censive à Daniel Pepie dit Lafleur.  Le seigneur Charles Couillard établissait le plus souvent ces ententes sous seing privé, mais elles étaient généralement ratifiées devant notaire par la suite.  Le minutier de Louis Chambalon, le notaire du seigneur à l’époque qui nous concerne, ne révèle pas la transaction.  Comme le couple ne garda cette concession que peu de temps, il est possible que la transaction n’ait jamais été ratifiée.    

[18] Le premier curé de Saint-Étienne de Beaumont fut nommé le 10 avril 1713. 

[19] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de Beaumont, 27 février 1714. 

[20] BAnQ., Registre de l’hôpital Général de Québec, 23 mai 1758. 

[21] ROY, Léon. Les premiers colons de la rive sud du Saint-Laurent : de Berthier-en-bas à Saint-Nicolas, 1636-1738, tiré en partie de l'Histoire de la seigneurie de Lauzon, de Joseph-Edmond Roy. Lévis, Société d'histoire régionale de Lévis, 1984, page 259. 

[22] Ibid., pages 204-205. 

[23] Environ quatre-vingt-deux chevaux seraient parvenus en Nouvelle-France entre 1665 et 1671.  Plusieurs sont morts au cours du voyage ou pendant leur premier hiver en Amérique.  Seuls les plus résistants ont survécu.  En 1681, l’intendant DuChesneau dans son recensement en déclare soixante-dix-huit dans la colonie et même si l’on en compte plus de mille huit cents en 1706, il faut compter sur le fait que la population s’élève déjà à près seize mille cinq cents.   En 1714, il est donc peu probable que Marie Renée et Daniel aient eu le bonheur d’en posséder. 

[24] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de Beaumont, 8 mai 1715. 

[25] Ibid., 7 mai 1715. 

[26] Ibid., 29 mars 1716. 

[27] BAnQ., Registre de la paroisse Notre-Dame de Québec, 11 mai 1716. 

[28] BAnQ., « Recensements paroissiaux de Notre-Dame-de-Québec », Québec, l’imprimeur du Roi, Rédempti Paradis, 1940 et LAFONTAINE, André. Recensements annotés de la Ville de Québec 1716 & 1744. Sherbrooke, A. Lafontaine, 1983, page 56.

[29] FOURNIER, Marcel et Gisèle MONARQUE. Registre journalier des malades de l’Hôtel-Dieu de Québec. Montréal, les éditions Archiv-Histo, 2005, page 833. « 1716-08-17 — Hervé, Marie (27 ans), Québec. » 

[30] Propos de 1718 du bénédictin français Dom Georges-François Poulet cité dans le Registre journalier des malades de l’Hôtel-Dieu de Québec publié en 2005. 

[31] BAnQ., Registre de la paroisse Notre-Dame de Québec, 26 juillet 1717. 

[32] TANGUAY, Cyprien. Dictionnaire généalogique des familles canadiennes depuis la fondation de la colonie jusqu’à nos jours. Québec, Éditions Eusèbe Senécal, 1871-1890, Volume 6, Section 1 : Mer-Pep; page: 291. 

[33] BAnQ., Registre de la paroisse Notre-Dame de Québec, 6 novembre 1718. 

[34] BAnQ., Recensement de la Nouvelle-France de 1721, lettre de l’intendant au gouverneur, 4 novembre 1721.  Le recensement a été fait au cours de l’été 1721 et a été commandé par l’intendant Bégon. 

[35] FOURNIER, Marcel et Gisèle MONARQUE. Op. cit., page 954. « 1721-12-16 — Hervé, Marie-Renée (32 ans), Québec, femme de Noel (sic) Lafleur. » 

[36] BAnQ., Ordonnances de justice rendues à Québec par Monsieur Begon intendant (15 janvier-23 décembre 1724), f. 40, cahier 10, pièce E1, S1, PKKK. 

[37] BAnQ., Registre de la paroisse Notre-Dame de Québec, 15 juillet 1722. 

[38] Il s’agit ici d’un anachronisme qui sera répété à plusieurs reprises dans l’Histoire des Harvey québécois, car à l’époque le lieu se nomme encore simplement Petite Rivière

[39] Ibid, 27 août 1723. 

[40] HORTON, Donald J.  « Guillimin, Charles ». Dictionnaire biographique du Canada. 1re édition 1969, Sainte-Foy, Les Presses de l’Université Laval, 2003, 15 volumes, volume II (Décès de 1701-1740). 

[41] BAnQ., Registre de la paroisse Notre-Dame de Québec, 7 juillet 1726. 

[42] Une revue du registre de la paroisse de cette décennie jette un éclairage sur la tolérance qu’avaient les célébrants quant à l’âge des parrains et marraines lorsqu’ils étaient issus de la bourgeoisie. 

[43] A.N.Q., GN., Minutier François Lepailleur, No. 2034, 1er décembre 1737.  Engagement de Françoise Hervé âgée de 7 ans environ, fille de Jean Hervé et de Marie Catherine Fasche, à Pierre Coquillard et Marie Robidou, sa femme, de la côte de Longueuil, à titre de servante, jusqu’à ce qu’elle ait atteint l’âge de 11 ans.

[44] Il existe alors en Nouvelle-France une autre famille Sarrazin, celle de Nicolas et de Catherine Blondeau.  Une dizaine d’enfants sont nés de cette union, mais aucun ne porte le nom de Claude ou de Jeanne.  Les fils mariés du couple demeurent tous dans la région du gouvernement de Montréal.  Aucun petit enfant du couple ne porte le prénom de Jeanne ou de Claude.

[45] A.N.Q., GN., Minutier François Genaple, 14 septembre 1692.

[46] FOURNIER, Marcel et Gisèle MONARQUE. Op. cit., page 1105. « 1728-07-29 — Hervé, Marie (39 ans), Québec, veuve (sic) de M. Lafleur. 1105. »

[47] Autrefois nommé le Conseil souverain de la Nouvelle-France, à partir du 16 juin 1703, le roi de France ne désigne plus l’institution que sous le nom de Conseil supérieur.  Parmi la population l’usage de Conseil supérieur de la Nouvelle-France, Conseil supérieur de Québec et simplement Conseil de Québec est fréquent.

[48] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Charles-Borromée du Trait-Carré, seigneurie de Notre-Dame-des-Anges, Charlesbourg, 21 octobre 1708.

[49] Les habitants de Québec nommaient le fleuve Saint-Laurent, « la mer ».

[50] On se souviendra de Françoise DuVerger rencontrée au chapitre relatif à Gabriel Hervet (1640-1675) l’oncle de Marie Renée mort assassiné.  Elle finit à la potence de Québec en 1671. 

[51] BAnQ., Fonds de la Juridiction royale de Montréal, 1693-1760, cote : TL4, S1, D216.  Marie Madeleine Gibault a été exécutée pour avoir caché sa grossesse et exposé son enfant le 7 octobre 1697 à Québec. 

[52] Opération consistant à vérifier si un témoin maintient sa déposition préalable. 

[53] Avant la Révolution, on faisait s’asseoir le présumé coupable sur un petit tabouret très bas, « la sellette ».  La petite taille du banc obligeait à une posture jugée d’autant plus humiliante qu’on y paraissait les fers aux pieds. 

[54] BAnQ., Registre no 37 des arrêts rendus au Conseil supérieur de Québec sur les matières criminelles (4 juin 1730 au 29 décembre 1759), Jugements et délibérations du Conseil supérieur, Sentence rendue contre Marie-Anne Sigouin trouvée coupable d’infanticide, 7 mai 1732, fol. 18v-19v. 

[55] Id. 

[56] LACHANCE, André. Le bourreau au Canada sous le régime français. Québec, la Société historique de Québec, « cahiers d'histoire », numéro 18, 1966, pages 77-79.[57] B.A.C., G., Archives des colonies, Cl 1A, volume 60, Hocquart au ministre Jean Frédéric Phélypeaux, comte de Maurepas, 3 octobre 1733. 

[58] FOURNIER, Marcel et Gisèle MONARQUE. Op. cit., page 1261. « 1734-07-08 — Hervé, Marie-Thérèse (45 ans), Québec, femme de M. Lafleur. » 

[59] BAnQ., Registre de la paroisse Notre-Dame de Québec, 9 septembre 1734. 

[60] FOURNIER, Marcel et Gisèle MONARQUE. Op. cit., page 1362. « 1738-04-16 — Hervé, Marie (28 ans), Québec, femme de M. Lafleur. » 

[61] BAnQ., Registre de la paroisse Notre-Dame de Québec, 21 juin 1738. 

[62] Ibid., 30 septembre 1748. 

[63] Ibid., 25 mars 1754. 

[64] BAnQ., Registres de la Prévôté de Québec, 22 novembre 1757. 

[65] STACEY, Charles Perry. Quebec, 1759: The Siege and the Battle, New York, Éditions St. Martin's Press, 1959, page 64. 

[66] BAnQ., Registre de la paroisse Notre-Dame de Québec, 19 octobre 1761. 

[67] STACEY, Charles Perry. , ibid., p. 64. 

[68] BAnQ., Registre de la paroisse Notre-Dame de Québec, 4 avril 1764.