7 Louis Didier Hervey

5.6.11.7 Louis Didier Hervey (1819-1854), 5e génération

 

Marie Anne Tremblay qui a presque quarante-cinq ans donne naissance à un quatrième fils et un dernier enfant le 26 mars 1819.  « Louis Didier Hervey » est baptisé le même jour dans la chapelle Saint-Louis-de-France.  C’est cette même chapelle que le clergé, dans quelques années, renommera simplement Saint-Louis jugeant probablement plus convenant de faire disparaître France du nom du lieu par respect pour l’envahisseur.  Le curé Boudreault, qui a tant de difficulté à écrire notre patronyme, officie la cérémonie.  Augustin Dufour fils (1796-1880) est le parrain de l’enfant.  Les Dufour sont les voisins des « Hervé » depuis longtemps.  Augustin fils, qui deviendra en 1850 propriétaire des moulins et meunier par le fait même de ses acquisitions[1].  Il est le cousin de Joseph, le père de l’enfant, par sa mère « la grande Madeleine »La marraine est inscrite comme étant Marie Reine Perron.  Comme la coutume de l’anglais d’effacer le patronyme de la femme après son mariage avait commencé à influencer les registres à l’Isle, de qui s’agit-il ? Il y a deux possibilités parmi les insulaires en 1819, chacune reliée à la cousine du père de l’enfant, Charlotte Hervé à Zacharie Sébastien.  La première possibilité est la fille de Charlotte, Marie Reine Perron (1786-1865), une vieille fille endurcie ; la seconde, Marie Reine Mailloux (1793-1857), la femme de Pierre Michel Perron (1782-1758), le fils de Charlotte.  Tout comme le parrain, Reine Mailloux a comme tante Marie Magdeleine Dufour la grand-mère du nouveau-né puisqu’elle est la fille de Josephte Dufour la sœur de mon ancêtre Marie Magdeleine Dufour[2]

On se souviendra que malgré l’opposition de certains paroissiens en 1825, le curé Joseph Asselin avait ouvert une école à l’Isle à même son presbytère.  Il ne fait aucun doute que Louis Didier fut l’un des premiers à y recevoir l’instruction.  Tout au début, le curé Jos Asselin s’improvise instituteur, mais son école devient rapidement très fréquentée ; quarante-deux garçons et quarante filles y reçoivent l’instruction en 1831[3].  Comme les écoliers devenaient trop nombreux, il fallut recourir rapidement à un professeur à plein temps.  Comme premier instituteur laïque de cette paroisse[4], on fit alors appel à Germain Desgagnés, l’époux de Marie Geneviève Perron, fille de Charlotte Hervé et cousine du père de Didier.  On peut facilement s’imaginer que l’enfance de Louis Didier fut consacrée aux études plus qu’au travail de la terre.

Bien que l’on ne sache pas comment et quand exactement la traversée du grand fleuve eu lieu, Joseph n’est pas peu fiers d’escorter son cadet de dix-sept ans qui entre au nouveau Collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière pour y effectuer son cours classique en mars 1836 afin de devenir médecin[5].  Le collège n’avait ouvert ses portes qu’en 1832.  Grâce aux enseignements et à l’appui du curé Asselin, Louis Didier, ce fils d’agriculteur peut ainsi caresser de près ses ambitions et mettre à profit son intelligence au service des autres.  Il y passera sept ans[6]. 

Dès ses premières années au Collège, celui que l’on nomme Didier Harvé s’intéresse aux auteurs et philosophes latins tels Cicéron et Ligarius et surtout à tout ce qui entoure la vie politique romaine de cette époque.  À la bibliothèque du Collège, il n’a pas encore remis un Virgile qu’il emprunte déjà une œuvre relatant la vie d’Auguste ou celle de Marcellus[7].  Déjà, ses lectures indiquent le chemin qu’il tentera de prendre dans quelques années. 

Comment Louis Didier a-t-il fait pour payer ses études ? Était-ce suffisant que son père exploite la plus grosse ferme à l’Isle pour payer l’instruction du fils ? Il semble bien que oui, car c’est Joseph, en lui rendant visite, qui le plus souvent vient régler quelques fois par années les frais d’instruction de Louis Didier.  À l’occasion, il acquittera les frais en argent sonnant comme lors de ses traversées des dimanche 13 mai et 5 août 1838 alors que le frère économe inscrit réglé « par le père en argent 10 £ ».  Par contre, le plus souvent cela se fera en nature.  C’est ainsi que le dimanche 21 octobre 1838 il apportera au Collège cent minots de patates.  Ou encore en octobre 1840 alors qu’il revient avec un chargement de pommes cueillies dans son verger.  S’il y a un produit que le père de Didier possède en quantité et dont le Collège a besoin, c’est bien l’huile de marsouins pour l’éclairage de ses lampes.  Ce sera avec ses pots d’huile que Joseph réglera les comptes de Louis Didier au Collège en novembre 1839 avec trente-huit pots et le 18 juin 1842 avec quarante-trois pots d’huile[8].  Que ce soit en argent sonnant ou le plus souvent en nature à coup de minots de patates, de pommes, ou bien l’huile de marsouins pour l’éclairage des lampes, ce fils de cultivateur poursuivra son chemin sans difficulté financière.  

Sa vie collégiale est très disciplinée.  À l’automne, il fait son entrée au Collège Sainte-Anne le 1er octobre, et cela à chaque année de 1838 à 1841, sauf en 1842 où l’entrée s’effectue le 4 octobre[9].  Au cours de ses premières années d’étude à Sainte-Anne de La Pocatière, il semble y passer ses étés.  Il n’apparaît pas dans les registres à l’Isle et rien dans les registres du Collège ne suggère qu’il y loge dans ces périodes estivales.  De plus, son père se présente au Collège en plein été à quelques reprises pour y effectuer des paiements.  Peut-être Louis Didier demeurait-il et travaillait-il à Sainte-Anne-de-la-Pocatière sur la ferme du demi-frère de son père l’aîné du premier lit, François Hervé (1760-1843) ? François qui a une très grande terre n’a qu’un fils.  Cela expliquerait pourquoi c’est ce dernier qui effectua un paiement pour couvrir les frais de pensionnat de Louis Didier en 1839[10]. 

On sait Didier aux alentours du Collège Sainte-Anne en août 1839 puisqu’il participe aux exercices littéraires du collège le mercredi 23 août et assiste à la cérémonie de distribution solennelle des prix littéraires.  Les espoirs que sa famille avait mis en lui sont récompensés, car il y reçoit pas moins de huit prix, dont le prix d’excellence, le deuxième prix de version latine, le prix de thème latin, le prix de versification latine, le prix de récitation de la grammaire française, le prix de récitation de l’histoire de France et le prix d’écriture à la Duhertis.  Comme il a également remporté le prix d’élocution, parmi tous les élèves du Collège Sainte-Anne, c’est à lui que revient l’honneur de prononcer le discours en mémoire de Charles François Painchaud (1782-1838), fondateur du collège, décédé l’année précédente.  Deux jours plus tard, le journal Le Canadien de Québec publie le texte de son discours[11].

On vient tout juste de fêter la nouvelle année 1840 alors qu’Archange, la belle-sœur de Louis Didier, femme de Germain son frère aîné, donne naissance à un enfant qui prend son prénom « Louis Didier ».  Mais ce dernier ne le sait pas encore, car il est toujours aux études à Sainte-Anne-de-la-Pocatière[12].

Louis Didier a vingt et un ans lorsqu’il perd sa mère le 15 août 1840.  Il est peu probable qu’il ait été à l’Isle pour l’été, car depuis son départ en 1836, il ne semble pas y être revenu pour y passer ses vacances estivales.  On sera probablement traversé sur la Côte-du-Sud le chercher pour lui permettre d’assister à la cérémonie qui se déroule deux jours plus tard.  C’est peut-être le navigateur Augustin Dufour (1796-1880), le cousin du père de Louis Didier, qui avait fait la traversée, car à cette époque, ce dernier ramenait du collège Sainte-Anne les quelques insulaires qui y faisaient leurs études dont Épiphane Lapointe (1822-1862), un copain de Louis Didier[13].  Après le départ de sa mère, Louis Didier passera ses étés à l’Isle; s’inquiète-t-il pour son père? Bien que ce dernier se remarie un an plus tard cela n’empêchera pas Louis Didier de passer ses étés comme insulaire par la suite.

À la fin de l’été 1841, Joseph le père n’est pas à l’Isle.  Le chantre de la paroisse qui ne manque jamais une cérémonie funèbre se fait remplacer par Louis Didier comme chantre et témoin de la sépulture d’Alexis Boudreault (1839-1841).  Louis Didier est en vacances à l’Isle.  Il signe le registre en utilisant la forme du patronyme «Harvay» bien que plus tard à Québec et à Saint-Étienne de la Malbaie il utilisera la forme Harvey qui est déjà en usage dans ces lieux.

Il y a de fortes chances pour que Louis Didier ait été l’enfant chéri de la famille pour qui on vouait une certaine admiration.  Il en fut le cadet et les études qu’il fit devaient être un objet de fierté pour cette famille de cultivateurs.  En janvier 1842 sa sœur Marie, dite Archange, accouche d’un enfant qu’elle prénommera Louis Didier comme l’avait fait son frère aîné en 1840.  Bien que le curé inscrive « Didier » dans son registre, l’enfant sera nommé Louis Didier Leclerc tout au cours de sa vie comme à son mariage trente ans plus tard[14].

Encore une fois à la fin de l’été, Louis Didier agit comme témoin à un mariage en la chapelle Saint-Louis de l’Isle-aux-Coudres.  Cette fois-ci, c’est son ami d’enfance du même âge le voisin son cousin Anicet Dufour (1820-1906) qui épouse Marcelline Gagnon (1810-1854).  Cette dernière avait épousé en premières noces Michel Hervé (1791-1841) à André Laurent chez Pierre Hervé le petit-cousin de Louis Didier[15].

Louis Didier est diplômé du Collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière en philosophie sénior en mai 1843[16].  Il quitte Sainte-Anne à la fin des classes.  Lui qui n’avait aucune aptitude pour la culture de la terre est probablement parti cette même année pour terminer ses études de médecine à Québec et obtenir son brevet puisqu’on le retrouvera dans quatre ans comme médecin pratiquant à Saint-Étienne de la Malbaie.  Mais avant ses études de médecine, en cet été 1843, il est de nouveau à l’Isle lors du mariage de son frère Joseph le 29 août alors qu’il agit comme témoin.  Par la suite, Louis Didier, sans doute parti faire médecine à Québec, disparaît des registres de l’Isle alors qu’il y était systématiquement chaque été depuis 1840[17].  

Louis Didier semble avoir quitté le Collège Sainte-Anne avec une petite dette d’étude s’élevant à huit livres.  Comme l’entrée au registre des comptes du collège est postérieure à la fin de ses études et qu’elle semble être reliée au « Bal de l’année dernière », Didier dû l’ignorer puisque son père ne manquait pas d’argent.  Quoi qu’il en soit, le 20 octobre 1845, Épiphane Lapointe toujours étudiant au Collège Sainte-Anne règle ces arrérages[18].  Épiphane Lapointe, natif de l’Isle, est un ami d’enfance et copain de collège de Louis Didier ; il sera ordonné prêtre en 1850 et fera mission dans la Baie-des-Chaleurs et auprès des Illinois avant de devenir curé de Rimouski[19].

Comme l’apprentissage auprès d’un médecin est la façon la plus courante d’apprendre le métier à l’époque, on sait que Louis Didier ne fera pas cet apprentissage à l’Isle aux Coudres faute de médecin à l’Isle. Mais où est-il bien parti étudier ? Faute d’écoles de médecine en nombre suffisant, l’apprentissage auprès d’un médecin « demeurera encore officiellement reconnu jusqu’au dernier tiers du XIXe siècle… Entre 1842 et 1847, seulement 52 médecins sur 187 possèdent un diplôme officiel »[20].  C’est auprès du Dr Jean Baptiste Blais (1804-1852) de Québec qu’il fera d’abord cet apprentissage[21]. 

En 1834, la ville de Québec avait fait construire l’Hôpital de la Marine, au bas de la rue de la Couronne, sur le bord de la rivière Saint-Charles.  Cet hôpital servait de refuge aux blessés, aux malades atteints de maladies vénériennes et de maladies infectieuses exotiques, telles que le choléra, le typhus et quelques autres.  Depuis 1835, la médecine est enseignée par les médecins de l’Hôpital de la marine et des émigrés de Québec qui accueille les malades parmi les milliers d’étrangers qui affluent dans la colonie. Louis Didier aboutit donc à l’Hôpital de la marine et des émigrés de Québec pour y poursuivre ses apprentissages sous la supervision de médecins francophones et anglophones qui y assuraient l’enseignement.  Il y fut, en autres, un élève du docteur Denis François Antoine Blanchet (1813-1845) qui donnait l’enseignement théorique et pratique de la médecine à cet hôpital près du port de Québec[22]. 

Louis Didier vivait au temps des réticences de la population face à la pratique de la dissection et à l’étude de l’anatomie.  Aussi se faisait-il discret lorsqu’au bas de la côte du Palais, il entrait au numéro 2 de la petite rue de l’Arsenal où il passait des heures à apprendre au cabinet ostéologique et dans l’une des rares chambres de dissection de la ville à l’époque[23].

À la mort du docteur Denis Blanchet, « patron de la chambre de dissection des étudiants canadiens », il « fit preuve d’un bon courage et d’une grande intrépidité ».  Ne voulant pas se ranger sous la direction du docteur James Douglas aux comportements tyranniques[24] qui assurait le patronage des étudiants anglais et demandait une forte somme pour sa supervision du cours d’hiver 1845-1846, il forma avec le concours de plusieurs autres une autre chambre de dissection en opposition à celle de Douglas ; on lui confia la surveillance de cette nouvelle chambre.  Pendant sa cléricature, il donna à plusieurs reprises des lectures sur l’anatomie qui lui valurent l’approbation de ses pairs comme de ses patrons[25].

À la même époque sont fondés l’École de médecine et de chirurgie de Montréal (1843) puis son équivalent de Québec (1845)[26].  Considérant leurs ouvertures tardives, Louis Didier qui termine ses études n’aura donc pas eu la chance de prendre le chemin de l’une de ses deux nouvelles écoles et d’en être diplômé.  Bien que les francophones constituent alors quatre-vingts pour cent de la population du « Canada-Est », le Québec d’aujourd’hui, seulement cent quatre des cent quatre-vingt-sept médecins de l’époque sont francophones et seulement onze francophones sont diplômés, les écoles étant largement réservées aux britanniques ou britanniques de descendance. 

À la fin de ses études au printemps 1846, Louis Didier s’établit à la Malbaie.  Il est allé rejoindre ses nombreux oncles, tantes, cousins et cousines installés à Saint-Étienne de la Malbaie et qui participaient aux efforts d’ouverture du Saguenay ; les Harvey y sont déjà plus de deux cents à porter une des formes du patronyme, et cela sans compter les nombreuses épouses de colons nées Harvey [27].

Il obtient sa licence pour pratiquer la médecine, la chirurgie et l’art obstétrique du bureau médical de Québec le 6 mars 1847 ; il reçut du gouverneur général sa qualité d’écuyer également à cette même date.

Dans les jours qui suivent, le gouverneur général annonce l’accord de cette licence de pratiquer au Canada-Est dans plusieurs journaux[28].  L’été suivant, le Collège des Médecins et Chirurgiens du Bas-Canada sera formé et Louis Didier y sera admis[29].

En mai 1847, Louis Didier, toujours à la Malbaie, aide à l’accouchement d’un enfant de son cousin Benjamin, le fils de son oncle Thimothé, le plus jeune des frères de son père :

« Le trois mai 1847, nous soussigné prêtre curé de cette paroisse, avons suppléé les cérémonies du baptême à Héli ondoyé par le docteur Harvey Écuyer ; né le même jour du légitime mariage de Benjamin Harvey cultivateur et de Louise Belley de cette paroisse…[30] »

Du temps où il vivait à l’Isle-aux-Coudres, tout comme au Collège Sainte-Anne, Louis Didier signait « Louis Didier Harvay » en escamotant le « Louis » à l’occasion ou en l’abrégeant « Ls ».  Une fois bien établi à la Malbaie et impliqué dans ses initiatives de colonisation au Saguenay, sa signature s’ajustera au goût du jour et de l’endroit.  Il y signait « Didier Harvey » ou    « LD Harvey ». 

De toutes évidences, Louis Didier qui est à la Malbaie depuis un certain temps, ne chôme pas.  Il ne fait pas qu’y pratiquer la médecine.  Lui et son ami François Pilote, directeur du Collège Sainte-Anne, partagent les mêmes intérêts pour la colonisation de la région du Saguenay.  On ne sait pas qui des deux inspira l’autre, mais quoi qu’il en soit, Louis Didier entamera son exploration bien avant celle de Pilote.  Stimulés sans doute par les quelques brèches récentes percées dans l’obstruction systématique que fait Peter McLeod (1807-1852) et sa clique à la colonisation du Saguenay depuis nombres d’années, après à peine un an à Murray Bay, il part explorer avec quelques chefs de famille de l’endroit les terres non arpentées situées le long de la rivière au Sable[31].  Ignorant McLeod et ses fier-à-bras, le docteur Harvey et son groupe empruntent le lac Kénogami jusqu’à la pointe au Sable, descendent la rivière au gré du courant, contournent les rapides, choisissent des lopins de terre, bâtissent « ce qu’ils appellent des campes »[32] et « les défrichements furent commencés dès 1847, sous la conduite du docteur Harvey, et l’on vit bientôt une série d’établissements ébauchés le long de la rivière »[33]Ils construisent également un premier moulin à scie et cela avant l’arpentage, partant de la terre qui deviendra celle de Louis Maltais fils et joignant de l’autre côté le lot qui appartiendra à Thomas Simard et Théophile Têtu l’arpenteur[33a].  Louis Didier et son groupe ont un allié de taille dans la région, le trappeur Cyriac Buckell (1800-1882) qui fut, selon toute vraisemblance, le premier colon à s’établir au lac Kénogami à la tête de la rivière vers 1828 et cela, bien avant McLeod.  Buckell est marié à une Amérindienne avec qui il a de nombreux enfants.  McLeod marche donc sur des œufs pour ne peut se mettre à dos les autochtones associés à Buckell.  Il faut savoir que le trappeur s’était marié en premières noces à Véronique Desbiens (1806-1827).  Hors, Véronique et Louis Didier, tous deux natifs de l’Isle-aux-Coudres avaient une tante commune Marie Anne Hervé mariée à Joseph Henri Louis Desbiens.  De plus, les Maltais de l’expédition étaient cousins de cette première femme de Buckell[34].

Louis Didier ne fera donc pas que soigner ses compatriotes ; il s’investit dans la défense des siens et la promotion du Saguenay tout comme ses cousins et petits-cousins l’avaient fait à leur façon dix ans auparavant lors de la création de la Société des Vingt-et-un. 

Il semble bien que Louis Didier et quelques autres eussent déjà demandé au gouvernement de leur vendre de grande étendue sur les deux côtés de la rivière au Sable.  C’est du moins ce que laisse entendre un rapport déposé suite à l’exploration du secteur mené au mois de janvier 1848 par l’arpenteur Georges Duberger pour le compte du gouvernement.  Il y est indiqué de plus que le secteur situé a été récemment exploré par des personnes qui veulent s’y établir ce qui confirme le voyage d’exploration entrepris précédemment par Louis Didier.  Duberger confirme également que plusieurs ont déjà commencé le défrichement dans l’attente d’une réponse des autorités[35].

McLeod qui n’en a toujours fait qu’à sa tête au Saguenay n’a pas dit son dernier mot.  Au cours de l’hiver 1847-1848, il commence par « jeter une cinquantaine d’hommes » sur une portion des terres convoitées par le groupe de Louis Didier.  Ses hommes coupent les meilleurs arbres et défrichent tout sur leur passage afin de revendiquer les droits du premier occupant.  Par la suite, manipulant habillement un certain nombre d’autochtones, il les gagne à sa cause et les convaincs de soumettre une pétition à l’administrateur colonial, le gouverneur général du Canada-Uni.  McLeod ayant agi habillement, il s’en suit donc qu’une délégation de Montagnais (sic) se présente auprès de Lord Elgin le 26 mars pour soumettre ses doléances, sans que son nom soit mentionné.  Pour s’assurer que ses visées seront bien communiquées sans l’impliquer, il accompagne le groupe à titre d’interprète.  Le député Laterrière, veillant au grain pour les grandes compagnies de coupe, assiste à la rencontre.  Le métis McLeod agit en son nom et comme agent de Price qui s’est accaparé un quasi-monopole sur la coupe du bois au Saguenay en rachetant les Vingt-et-un.   Le but de McLeod est de faire en sorte que les terres convoitées par les colons soient légalement concédées aux autochtones afin que lui puisse continuer de les exploiter et ainsi éloigner la colonisation[36].  Malgré tous ses efforts, son fin stratagème échoue.  Rien ne l’arrête par contre, il poursuit immédiatement son opposition en faisant construire, par une quarantaine d’hommes, une écluse sur la rivière au Sable afin d’ainsi bloquer les colons le plus loin possible de ses opérations forestières[37].

Pendant ce temps, le groupe du Dr Harvey ne chôme pas non plus.  À leur retour d’expédition l’automne précédent, le groupe avait multiplié les rencontres dans le but de formellement créer une société pour l’atteinte de leurs objectifs.  En effet à Saint-Étienne de la Malbaie, c’est au printemps 1848 que fut fondée la « Société de défricheurs et de cultivateurs du Saguenay » qui obtiendra le territoire qui deviendra plus tard le village de Jonquière.

Tôt au printemps, de nombreux membres de la Société sont de retour à la rivière au Sable à trois lieues environ au-dessus de Chicoutimi et continuent le défrichement et les travaux entamés l’automne précédent.

Dès le 10 juillet 1848, les Règlements de la Société des Défricheurs et Cultivateurs du Saguenay sont adoptés et publiés.

Bien que dans ses statuts, la société soit nommée « Société de défricheurs et de cultivateurs du Saguenay », dans les faits, elle opérera déjà sous le nom de « Société des Défricheurs de la Rivière aux Sables » comme le démontre le bon datée du 19 juin 1848 attribué par la société[38].

Les principaux organisateurs de la société sont l’abbé Agustin Beaudry (1812-1896), arrivé l’année précédente comme curé, le vicaire Antoine Racine (1822-1893) et le docteur Louis Didier Harvey.  À y regarder de plus près, on voit bien que le curé, qui vient à peine de défaire ses valises, ne bénéficie ici que de son statut.  Si son nom apparaît, c’est plutôt son vicaire, Antoine Racine, le futur évêque, qui pousse le chariot.  La paternité de l’idée du mouvement reviendrait au marchand Joseph Collard de la Malbaie qui sera du premier bureau de direction de la société.  En juin 1848, le journal Le Canadien mentionne que « M. le docteur Harvey se distingue aussi bien particulièrement dans le but d’éveiller une grande ambition pour la colonisation des townsips. »[39]  

Le but principal de la société était la colonisation agricole, car à Saint-Étienne de la Malbaie et dans les anciennes paroisses comme à l’Isle-aux-Coudres, on manquait désespérément de terres pour établir les nombreux enfants grandissants.  Par contre, derrière cette volonté de colonisation agricole, se cache l’ambition de chacun d’également exploiter la forêt pour ainsi se sortir un peu la tête de l’eau, car, les colons en sont convaincus, l’agriculture ne fait plus vivre son homme.  Il faut dire que depuis le début du siècle dans ce pays qui deviendra plus tard Charlevoix, les crises agricoles se succèdent ; un été pluvieux ou trop sec et s’en était fait des récoltes dans ce sol généralement peu profond et rocailleux.  Les colons l’ont appris à la dure, ceux qui s’en étaient sorti le mieux avaient accès à la forêt comme deuxième gagne-pain.  Comme on l’a vu, la rivière aux Sables[40] est l’un des tributaires du lac Kénogami et tous la connaisse pour son fort pouvoir hydraulique que les défricheurs ne tarderont pas à exploités.  De fait, selon certaines sources, il est possible que lors du voyage d’exploration quelques hommes en aient profité pour entamer la construction d’un moulin à scie en haut de la première chute[41].  Quoi qu’il en soit, ce moulin sera définitivement en activité lors du passage de l’arpenteur Têtu à la fin de l’automne 1848 et à l’hiver 1848-1849[42].

Un fonds de deux mille cinq cents louis[43] constitué par deux cents actions de « 12 livres et 10 chelins chacune » devait servir à acheter les terres et à fournir le nécessaire aux défricheurs ; les sociétaires-actionnaires étaient donc au nombre de deux cents.  Une action donnait droit à un lot d’environ cent acres, qui devait être attribué par tirage au sort ; on pouvait la payer en travail si on n’avait pas l’argent suffisant.  Si le Dr Harvey fut à la tête de l’expédition de 1847, il ne se portera par contre, jamais acquéreur d’un quelconque lot sur la rivière au Sable.  Médecin célibataire, peu enclin à défricher pour lui-même et à cultiver la terre, son implication relèvera plutôt de l’action sociale en support aux siens.  Il n’en fut pas de même pour tous puisque dans ce grand nombre d’actionnaires (deux cents), se cacheront quelques spéculateurs aux ambitions différentes de la majorité[44].  Si en 1851, un grand nombre de lots de la « Société des Défricheurs de la Rivière aux Sables » ne sont toujours pas occupés, il ne faut pas voir là l’unique conséquence de spéculateurs qui s’étaient immiscés dans l’organisation.  A priori pour plusieurs chefs de famille, la société allait permettre d’établir leur fils, une tradition séculaire datant de la Nouvelle-France.  On manquait désespérément de terres près du fleuve à l’époque.  C’est ainsi que l’on retrouvera plus tard des lots au nom d’enfants de sociétaires.  C’est le cas de Cyrille Harvay et de bien d’autre.  Cyrille (1848-1925) est le fils de Louis Denis Hervé (1803-1887), le cousin de Louis Didier ; il n’a que trois ans quand il apparaît sur la liste des propriétaires de lots.  Louis Denis, comme bien d’autres, avait une nombreuse progéniture à établir[45].

Outre l’abbé Beaudry qui fut nommé président, le Docteur Louis Didier Hervey vice-président et le notaire Jean Gagné secrétaire, d’autres habitants de Saint-Étienne de la Malbaie étaient mêlés également à la « Société des Défricheurs de la Rivière aux Sables ».  C’était le cas de ses cousins, les frères Hyppolite (1805-1885) et Joseph (1803-1867) Brassard, les fils de Geneviève Hervé sa tante.  On retrouvait également parmi les participants, Joseph Collard (1815-1897), Louis Maltais (1811-1894) et Louis Larouche (1825-1923), propriétaire du moulin à scie de la Décharge du Grand Lac et conseiller de Sainte-Agnès. Et finalement, trois anciens actionnaires principaux de la défunte Société des Vingt et un : André Hervé (1804-1893), petit cousin de Louis Didier, Louis Tremblay Picoté dit Godasse (1793-1886) et Ignace Murray (1797-1854).  On les retrouve tous dans le premier « bureau de direction » de la société[46].

En parallèle de l’initiative de création Société des défricheurs, d’autres mouvements visant à améliorer la condition sociale et politique du pays prennent forme.  Un de ceux-là, le Comité constitutionnel, avait publié un manifeste à l’automne 1847 afin d’inviter la population à se rallier au mouvement.  C’est ainsi qu’un avis de convocation fut donné à la porte de l’église Saint-Étienne à l’issue de l’office divin du matin du dimanche 23 janvier 1848.  « À une assemblée générale des habitants électeurs de la paroisse de Saint-Étienne de la Malbaie » tenue le lendemain, « L.D. Harvey écuyer médecin » est élu membre du comité de paroisse du Comité constitutionnel de la réforme et du progrès, constitué quelques mois auparavant et ayant pour but de veiller aux intérêts politiques du pays[47]Louis Didier n’est pas seul à ce comité.  On retrouve le nom d’autres écuyers, les meneurs habituels de l’époque, en autres : Hubert Cimon (1789-1859), Alexis Tremblay dit Picoté des Vingt-un, le notaire Cléophe Cimon (1822-1888), Ignace Murray (1797-1854) aussi des Vingt-un, Antoine Riverin (1777-1859), père, le major de milice, ainsi que d’autres Harvey, les petits-cousins André (1804-1893) et Pierre (1807-1872), tous deux marchands.

Sur l’autre front, le gouvernement fit des difficultés pour consentir à la « Société des Défricheurs de la Rivière aux Sables » la vente d’une grande étendue de terre à la fois, mais le curé Beaudry et le docteur Harvey, délégués auprès du gouverneur Elgin en juillet 1848 et porteur d’une requête à cette fin, obtinrent la concession d’une grande partie du futur canton Jonquière[48] à raison d’un chelin (20 sous) par acre pour les terres déjà prises en 1847 et 1848.  Au total, ce sont vingt-deux mille cent cinquante-cinq acres de terrain qui sont ainsi octroyés au groupe de Louis Didier ; un total de cent dix lots de deux cents acres.  Ces conditions seront plus tard étendues à toutes les terres occupées avant le 21 décembre 1851.  La « Société des Défricheurs de la Rivière aux Sables » se mit tout de suite à l’œuvre.  Dès l’été 1848, partout, on assiste donc aux abatis le long de la rivière au Sable.  Qui plus est, au grand dam de McLeod sans doute, une partie du groupe d’exploration de l’année 1847 de la Société, s’établit à la suite des premiers arrivants, les colons libres du premier flot, le long de la frontière nord du canton Chicoutimi, sur les lots du futur rang dix, du futur canton Jonquière. 

L’initiative concerté des membres de la « Société des Défricheurs de la Rivière aux Sables » sera récupéré par plusieurs : le curé de Sherbrooke, l’abbé Bernard O’Reilly, avec son Association des Établissements Canadiens des Townships, le curé François Boucher de la région de Québec avec la Société de Saint-Ambroise, la Société de Baie-Saint-Paul pour le canton Signay et aussi par l’ami de collège de Louis Didier, l’abbé François Pilote avec l’Association des comtés de L’Islet et de Kamouraska pour coloniser le Saguenay.

Le 30 octobre 1848, alors qu’il est à Grande Baie au Saguenay,  Louis Didier, à l’aide de sa plume, se lance dans une charge à fond de train pour que l’on interdise aux compagnies forestières de prélever le bois sur les lots colonisables.  C’est dans le cours du mois de novembre, qu’il récidive à l’égard d’un sujet pour lequel il avait déjà écrit et lance une série d’articles dans le journal Le Canadien à cet égard.  Dans un débat ouvert avec Joseph Cauchon (1816-1885), le rédacteur du Journal de Québec supportant le gouvernement, il tente de convaincre la population du bien-fondé de l’arrêt de l’exploitation de la forêt pour le simple bénéfice des grands[49].  Devant la pression populaire, les autorités lui donnent raison.  Faisant un pied de nez à McLeod, le Dr Harvey et son groupe obtiennent du gouverneur que plus aucune licence de coupe forestière ne soit octroyée sur ces terres publiques pour ne pas miner les chances de survie de leur établissement[50].  Le règne des fier-à-bras de McLeod et Price allait bientôt prendre fin. 

Les autorités du Canada-Uni ne sont guère pressées par contre à mettre de l’ordre dans le Haut-Saguenay pour ne pas nuire aux intérêts personnels de plusieurs de leurs compatriotes anglo-saxons, dont William Price, qui a envahi le Saguenay sous le couvert de la Société des Vingt-et-un et qui protège ses intérêts avec l’aide de McLeod et ses fier-à-bras.  Les mouvements de colonisation utiliseront si bien la une des principaux journaux francophones, qu’ils finiront par céder.  Parmi ces journaux, on compte Le Canadien.  Comme on le verra, les nombreuses chroniques de ce journal moussant les initiatives de colonisation du Saguenay et autres nouvelles du comté sont signées par Louis Didier, parfois sous les lettres  « L.D.H. ».  De l’aveu même de son éditeur, il en était l’un des correspondants les plus actifs.  Lui et le vicaire Antoine Racine ne se limiteront par contre pas à ce journal dans leur offensive.  Les autorités acceptent donc d’entreprendre l’arpentage du Haut-Saguenay.  C’est à l’arpenteur Têtu qu’est confiée la tâche pour la vallée de la rivière au Sable.  En 1848-1849, parmi la vingtaine de squatters du canton Jonquière, ces premiers arrivants, les colons libres du premier flot dont les lots avaient déjà été payés, visités ou améliorés, il y trouve deux Harvey : Ubalde Hervai (1823-1882) logé sur le quarante troisième lot, du 1er rang et son frère Protes Hervai (1825-1897), voisin sur le quarante quatrième lot dans le même rang[51].

Quand François Têtu retourne terminer son travail d’arpentage à l’été 1849, il trouve une contrée aux prises avec l’anarchie et les violences.   Le futur comté de Jonquière est envahi par des colons qui s’y établissent en grand nombre sur des terres qui ne leur ont pas encore été concédées.  L’arpenteur et son équipe de chaîneurs sont constamment sollicités pour arbitrer les conflits ou simplement légaliser la situation des nombreux squatters qui revendiquent, à tort ou à raison, la propriété de nombreux lots.   À la fin de l’été, des chicanes de bornes éclatent entre les colons libres de la première vague et certains membres de la « Société des Défricheurs » qui se sentent maintenant beaucoup plus en mesure de résister à la loi des fier-à-bras[52].  Profitant du chaos et ignorant la présence de l’arpenteur, McLeod avec ses fier-à-bras s’empare du meilleur bois qui se trouve dans la pinière des futurs rangs trois, quatre, cinq et six, territoires qu’il considère toujours comme son royaume.

Malgré tout, cette initiative d’arpentage régularisera la situation des colons de la « Société des Défricheurs de la Rivière aux Sables » et le partage des lots put s’effectuer en 1851.  Bien que les autorités du Canada-Uni aient autorisé l’arpentage, ce fut la « Société des Défricheurs » qui en assuma les frais[53].  Parmi les trente-trois sociétaires qui ont payé, visité ou améliorés des lots dans le canton Jonquière, entre le 1er juillet 1848 et le 9 juin 1851, on retrouve encore des parents de Louis Didier : Hyppolite Brassard fils sur le dix-neuvième lot et Hyppolite Brassard son père sur le vingtième du troisième rang, Cyrille Harvay sur le vingt-deuxième lot du quatrième rang[54] et dans le dixième rang, François Hervé sur le douzième lot, Joseph fils d’André Hervé sur le quatorzième et enfin André Hervé sur le vingtième lot[55].

Pendant ce temps, Louis Didier continue de soigner à la Malbaie.  Il remplit les pages des journaux d’articles en faveur de la colonisation et de l’abandon des privilèges accordés à la Compagnie de la Baie d’Hudson.  Ainsi en février 1849 par exemple, il se porte à la défense des intérêts de ceux qui voudraient s’établir à « la baie des Milles-Vaches »[56].

Quoique de pensées politiques différentes, ami de John Kane (1810-1875), notaire œuvrant au Saguenay en tant qu’agent des terres de la couronne, Louis Didier se porte à sa défense plus d’une fois afin de protéger les acquis aussi bien des colons de la Rivière aux Sables que ceux d’ailleurs au Saguenay[57].

On ne connaît pas tous les tenants et aboutissants du rôle joué par Louis Didier dans sa première entreprise de colonisation de la « Société des Défricheurs et Cultivateurs du Saguenay » après 1849.  Par contre, on sait que la société s’est, vers 1851, scindée en deux :

« Plus tard, la société, qui avait entrepris de coloniser le canton Jonquière, se divisa en deux sections appelées l’une, la “Grande Société”, et l’autre, la “Petite Société”.  La “Grande” se vit bientôt dans l’impossibilité de poursuivre ses opérations, et la “Petite” continua de coloniser le long de la rivière. »[58]

Les noms véritables des sociétés citées par Buies, l’auteur des lignes ci-dessus, sont : pour la Grande Société, la « Société des Défricheurs et Cultivateurs du Saguenay » communément nommée « Société des Défricheurs de la Rivière aux Sables » et, pour la Petite Société, la « Société de la Rivière au Sable » aussi souvent nommée dans les documents de l’époque l’« Association Harvey » ou encore « Société des Harvey ».

Si on ne connaît pas toutes les actions du Dr Harvey à cette époque, on sait qu’il continuait à jouer un rôle certain dans les efforts de colonisation, car c’est lui qui reprit les choses en main et finalisa la distribution des lots sous le couvert de la « Société des Harvey »[59].

Le Dr Harvey et d’autres à la plume affilée continuaient de harceler le gouvernement dans les journaux pour qu’il mette fin aux violents affrontements au Saguenay et plus particulièrement dans les environs de la rivière au Sable.  On réclamait alors l’établissement d’une cour de justice.  Conséquemment en 1849, on établit donc une cour de circuit au Saguenay, avec un juge affecté en permanence à Chicoutimi à compter du printemps 1850[60].  Les premières causes entendues auront trait au régime imposé par les fier-à-bras de McLeod, dans les chantiers de la rivière au Sable.

Très tôt, ce juge aura aussi à entendre les doléances de colons libres de la première vague et celles de colons de la « Société » qui s’opposent dans deux cas sur la légitimité de leurs droits respectifs en regard de certains lots.  En 1851 dans ces deux causes, on donnera raison aux colons de la société.   

Le gouvernement aura été lent à intervenir pour calmer le jeu entre Price/McLeod, les sociétés de colonisations et les colons.  On avait fini par timidement interdire aux compagnies forestières, celle de Price en tête, de prélever le bois sur les lots colonisables et comme on l’a vu, on avait diminué le prix des terres concédées.

Le 29 mai 1850, un Décret du gouvernement proclame officiellement la création du nouveau canton de Jonquière[61].

En 1851, lui qui connaît «parfaitement les maux de notre colonie, ses besoins et l’intérêt qu’elle mérite» entreprit au printemps de publier quelques observations au sujet de la colonisation du Saguenay.  Cette démarche sera le premier élément public de l’implication politique directe de Louis Didier[62].

L’année 1851 marque l’entrée du Saguenay dans le monde politique.  Jusque-là, les colons du Saguenay s’étant opposés à la Hudson’s Bay Company et aux autorités n’étaient pas représentés à proprement parler au parlement.  La loi concernant les élections est modifiée cette année-là et le Saguenay est annexé au comté de Charlevoix.  Après la dissolution du troisième parlement qui suivit l’Acte d’Union visant l’assimilation des francophones le 6 novembre 1851, Louis Didier entame sa campagne électorale qui l’oppose au seigneur des Éboulements. 

Le 22 novembre, son père se présente à Baie-Saint-Paul devant le notaire Charles Louis Napoléon Huot (1824-1852) pour y signer une donation en sa faveur probablement pour financer sa campagne électorale qui va bon train et ses œuvres à la « Société des Harvey »[63]. 

La population du Saguenay, bien que peu nombreuse en comparaison de celle de Charlevoix, saisit avec avidité cette occasion d’exercer son droit de suffrage.  Le docteur Harvey est mis sur les rangs pour le parti Modéré.  Le fils de Joseph s’oppose au docteur Marc-Pascal de Sales Laterrière (1792-1872), seigneur des Éboulements et ancien représentant du comté de Charlevoix.  Juge et partie, ce dernier a siégé toute l’année au comité parlementaire chargé de définir les modalités d’abolition de la tenure seigneuriale au Canada-Est.  Ce seigneur abandonne le parti patriote et passe au parti réformiste juste à temps pour les élections en 1851[64].  Alors qu’ailleurs dans ce Canada-Uni les partis sont nombreux (Clear Grit, Conservateur, Libéral, Modéré, Réformiste, Rouge et Tory) dans le comté de Saguenay, seul un réformiste affronte un modéré.  Avec le recul, on sait aujourd’hui ce que Louis Didier voyait en Laterrière et pourquoi il s’y est opposé.  Selon plusieurs auteurs, le seigneur était de ces politiciens voués à la défense de ses privilèges et de ceux généreusement accordés par le gouvernement du Canada-Uni aux spéculateurs terriens et aux grands entrepreneurs forestiers[65].

Ces élections ne sont pas bien différentes des précédentes avec leurs lots de violence quoiqu’on ne dénote aucune mort d’hommes cette fois-ci.  Louis Didier a beau être le docteur de Saint-Étienne de la Malbaie, il est aussi celui des colons du Saguenay où il se rend régulièrement.  Au cours de sa campagne électorale, Louis Didier remontera le Saguenay jusqu’à Chicoutimi pour aller rencontrer les gens de cette région nouvellement colonisée.  Il s’arrêtera dans les différents noyaux villageois, mais une fois à Chicoutimi, lors d’une échauffourée avec des partisans de l’autre camp, il est blessé.  Dans les semaines suivantes, l’abbé Jean Baptiste Gagnon, missionnaire et premier curé de Chicoutimi, écrit à son sujet au vice-supérieur du collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière : 

« le pauvre docteur Harvey a tellement été foudroyé du coup qu’il reçut ici cet hiver qu’il est resté gisant par terre comme un bœuf assommé pas un mot, pas une ruade de plus. »[66]    

L’abbé Augustin Beaudry (1812-1896) venait de se faire construire à la Malbaie en 1848 le plus beau des presbytères, comme il le fera à son arrivée à Charlesbourg, sa prochaine assignation[67].  C’était un bâtiment remarquable « avec sa forme basse et allongée, il rappelait les plus beaux manoirs du Québec[68]. »  Plusieurs de ses paroissiens, vivants dans de petites chaumières, n’avaient pas apprécié la construction de son petit palais financé à même leurs aumônes, ce qui ne lui attira pas que des admirateurs.  Si, depuis la conquête, évêques et curés ne s’étaient pas gênés à plusieurs reprises de rappeler à leurs ouailles leur obligation de soumission à la couronne britannique et à l’autorité anglaise, rien n’allait empêcher le curé de Saint-Étienne de la Malbaie de récidiver en temps d’élection.  En pleine campagne électorale, Beaudry prend parti en chaire contre Louis Didier.  Supportant le candidat Marc Pascal Laterrière, seigneur des Éboulements, ce curé qui aimait son confort, voyait dans le député du comté, l’ordre et la continuité.  Certains de ses paroissiens ne le prennent pas du tout.  Selon ses dires, on le menace : « de (le) placer dans (sa) voiture pour (l’) amener à l’Archevêché ».  Pris de panique, il se croit « à la veille d’une guerre civile », il parle « de têtes échauffées ».  Il souhaite que les autorités suppriment certains journaux comme Le Pays, Le Moniteur et La Voix du Peuple en les accusant de « répandre des doctrines démagogiques, ».  L’évêque de Québec, Mgr Turgeon, l’assurera de son appui dans un ultime effort de le calmer[69].  Heureusement, les élections passées, le calme reviendra et le curé demeurera à Saint-Étienne pour une dizaine d’années encore.

Avec son lot de violence et de coup fourrés, il faut dire que cette campagne électorale cadre bien avec la façon de faire du temps.  Ainsi, le Journal de Québec de même allégeance que Laterrière rapporte que le 8 janvier aux Éboulements, lors de l’assemblée d’appel nominal des candidats pour le comté de Saguenay, Laterrière se serait présenté « aux hustings » accompagné par huit cents électeurs.  Il semblerait que les notables Peter McLeod, Blair, James Alexander, John Kane, James Kelley, George McKenzie, John Lesueur, Thomas Brown étaient de ceux-là.  Toujours selon le Journal de Québec, « le parti Harvey » se serait présenté avec quatre cents électeurs.  « Le Dr Harvey a couronné son discours à l’assemblée par une triviale allocution des rouges, des sans-culottes : “Vox populi vox Dei” avec commentaire impitoyable ».  Curieusement pour l’époque, les nouvelles devaient avoir voyagé fort rapidement cette journée-là.  Le Journal de Québec qui disait détenir son information d’« une personne digne de foi qui était présente à l’appel nominal des candidats » publia sa nouvelle le 8 janvier, le jour même de la rencontre qui se tenait à plus de vingt-trois lieues (110 km) de Québec[70].

Au moment des élections, on compte près de vingt et un mille habitants dans le comté de Saguenay ; dix-neuf milles sont canadiens.  Mais de ce nombre, très peu peuvent voter.  Les femmes ne peuvent pas, car le droit de vote par les femmes, qui existait sous le Code civil français depuis 1791, leur avait été retiré vers 1840.  Il en allait de même pour ceux qui ne possédaient aucune terre.  Le scrutin se tient les 19 et 20 janvier.  Bien que les colons du Saguenay votent en masse pour l’homme de leur choix le fils d’un censitaire, le Dr Harvey, ils ne peuvent cependant le faire triompher devant la machine du seigneur[71].  Laterrière l’emporte avec mille huit cent quatre-vingt-seize voix sur Louis Didier Harvey qui en récolte mille cent soixante-six[72].

Louis Didier travaille aussi dans l’ombre de l’œuvre de l’abbé François Pilote (1811-1886) dont « le nom est passé à la postérité grâce à son intérêt marqué pour la colonisation dans la région du Saguenay »[73].  François Pilote était entré au Collège de Sainte-Anne en 1836, la même année que Louis Didier, comme directeur adjoint et il met sur pied, en 1848, l’Association des comtés de L’Islet et de Kamouraska pour coloniser le Saguenay.  En 1850, François Pilote vient visiter la région du Saguenay et du lac Saint-Jean pour en inventorier les ressources.  Ce voyage d’exploration est à l’origine de l’opuscule que publie Pilote en 1852 et intitulé : Le Saguenay en 1851, Histoire du Passé, du Présent et de l’Avenir probable [...].  Louis Didier entretient une correspondance soutenue avec Pilote.  Il contribue à la rédaction de l’opuscule en lui fournissant informations et textes pour encourager la colonisation et ainsi mettre un terme à l’émigration aux États-Unis[74].  Il n’était pas sans savoir ce qui était arrivé à son cousin François Hervey (1810-c.1900), l’américain et à de plus en plus d’autres.  Louis Didier continuera par la suite à alimenter et soutenir François Pilote dans son œuvre de colonisation.

En janvier 1852, Louis Didier, celui qui est qualifié de docteur de la paroisse de Saint-Étienne de la Malbaie, vit sous le même toit que sa sœur Danie, laquelle le seconde sans doute, et son neveu Paschal Lajoie[75].  Celle qui habitait chez son frère Joseph à Saint-Irénée est-elle avec lui depuis ses débuts de pratique en 1847 ou est-elle simplement venue s’occuper de Louis Didier blessé au cours de ce même hiver lors d’une excursion électorale au Saguenay ? Dans le cas du neveu, le fils de sa sœur aînée Marie Anne, il avait quitté l’Isle-aux-Coudres pour étudier vers 1845 ; c’est son oncle Louis Didier qui l’avait pris sous son aile depuis[76]Le recenseur qui arpente Saint-Étienne de la Malbaie nous révèle à sa façon le caractère de cette population de censitaires qui s’attribuent tous fièrement le titre de cultivateur.  Suivent ensuite les trop nombreux sans-terre, journaliers et domestiques qui se trouveront peut-être un lot d’ici quelques années quelque part au Saguenay ou au lac Saint-Jean.  À travers ce monde égalitaire de profession, surgissent ici et là certains individus qui affirment être des menuisiers ou des forgerons, sans parler bien sûr du tanneur et des plus humbles, les trop nombreux cordonniers, le charron et le meunier.  Dans cette société de Saint-Étienne de la Malbaie maintenant bien établie apparaît, à un degré plus élevé, la classe dite bourgeoise, représentée par le commerçant Thomas Simard, le notaire public Jean Gagné, le docteur Didier Harvey, les instituteurs Jean Pacault et Georges Gagnon, l’otelier Alexis Tremblay, le curé Augustin Baudri et son vicaire Nicolas Audet.  Il ne faut pas oublier non plus les marchands comme les petits-cousins André et Pierre Harvey, Xavier Cimon, Hippolyte Tremblay et François Jean, les teneurs de livres et l’huissier Chrisostome Tremblay.  Parmi ce dernier groupe, il y a aussi quelques navigateurs qui font de bonnes affaires depuis l’ouverture du Saguenay, tel le cousin François Harvey (1800-post.1871) à David Louis Dominique avec ses deux goélettes.  Ce sont tous ces gens que Louis Didier a décidé de servir.

En 1853, Louis Didier s’associe à Henri Émile Chevalier (1828-1879) et quelques autres pour publier le journal la Ruche littéraire et politique.  Chevalier, le rédacteur en chef, était un homme de lettres français, mais comme il avait porté les armes, il dut s’exiler en Amérique à la suite du coup d’État du 2 décembre 1851.  Paraissant mensuellement à Montréal, le journal visait à publier des textes littéraires d’auteurs canadiens et à commenter les nouvelles politiques.  Le Dr Harvey devint l’agent du journal pour la Malbaie[77].

La fin du régime seigneurial est bien entamée et partout dans la colonie on s’organise pour en assurer l’abolition.  Le 21 décembre en avant-midi, une assemblée de la convention anti-seigneuriale du district de Québec est tenue à l’Hôtel de Ville de Québec ou plusieurs résolutions sont adoptées.  L’une d’entre elles vise la nomination d’un comité permanent chargé de promouvoir l’objet de l’organisation de cette Convention.  Le docteur Harvey de la Malbaie est choisi pour faire partie de ce comité[78]. 

Docteur de la place, Didier Harvey vient, dans cette hiérarchie du temps, tout au haut de l’échelle sociale, à peine au-dessous de Thomas Simard et de ses cousins, les prospères marchands André et Pierre Harvey.  Pourtant, ses revenus personnels, tirés de l’exercice de sa profession, ne sont pas exorbitants.  Didier, le dévoué médecin des cultivateurs de Saint-Étienne et des colons du Saguenay est la plupart du temps payé en nature et il ne voit que très peu souvent la couleur d’une livre ou d’un shilling sonnant. 

Louis Didier, «écuyer et médecin », que l’on avait réussi à faire instruire à force de sacrifices et avec l’aide du curé Asselin, s’éteint prématurément à Saint-Étienne de la Malbaie, alors qu’il n’a pas encore trente-cinq ans le 25 février 1854 ! Ce décès est-il le résultat de la commotion cérébrale qu’il avait subi lors de sa campagne électorale deux ans plus tôt ? La cause de la mort de celui en qui l’on avait fondé tant d’espoirs ne nous est pas parvenue.  Danie sa sœur et son oncle Thimothé prennent probablement les arrangements pour le retour à l’Isle-aux-Coudres de son corps, peut-être à bord de la goélette de son cousin François à David Louis Dominique, puisque trois jours plus tard ont lieu ses funérailles.  Louis Didier fera un pied de nez dans sa tombe à son opposant politique le seigneur des Éboulements.  Même si Marc-Pascal de Sales Laterrière avait soutenu en 1851 l’acte pour défendre les enterrements dans les édifices consacrés au culte public présenté par un confrère[79], Louis Didier fut inhumé « dans la nef de l’église… » Saint-Louis-de-l’Isle-aux-Coudres « … le long du mur côté de l’évangile près de la balustrade », le 28 février[80].

Les efforts honnêtes de Louis Didier et de plusieurs fils de cultivateurs de la Malbaie motivés par l’unique perspective de coloniser le Haut-Saguenay, sous le couvert de la « Société de Colonisation de la Rivière au Sable », avaient continué par un nouveau partage de lots le 30 avril 1852.  La société que Louis Didier avait largement contribué à mettre sur pied continua ses pressions et ses représentations auprès du gouvernement jusqu’à sa mort.  C’est à l’automne 1854 environ que l’on entendit parler de la société pour une dernière fois[81].

Louis Didier était le premier fils de l’Isle parti coloniser le Saguenay à revenir trouver son dernier repos sur la terre qui l’avait vu naître.  Les registres de la paroisse ne nous révèlent aucun autre cas avant lui probablement parce que pour la plupart, abandonner l’Isle pour un avenir meilleur était une affaire de famille.  Les nouveaux couples allaient se faire une vie où ils pouvaient trouver une terre aux Éboulements, à Sainte-Agnès, à Saint-Urbain, à Saint Irénée ou à Saint-Étienne de la Malbaie point de départ de la colonisation du Saguenay.  D’autres quittaient l’île après avoir vendu leurs vieux biens pour avoir eux aussi accès à des terres assez grandes où ils pourraient installer leurs enfants qui étaient déjà nombreux. 

Ami personnel du directeur du collège Sainte-Anne et président de la Société pour la colonisation du Saguenay ainsi que des missionnaires œuvrant dans le Fjord, Didier fut surtout connu à Saint-Étienne de la Malbaie et au Saguenay comme le docteur du peuple.  À travers les écrits de François Pilote, il a laissé un témoignage considérable de son amour pour le Saguenay qui constitue encore aujourd’hui une source de renseignements précieux sur la vie politique et sociale de ce coin de pays.  Pilote écrira d’ailleurs à propos de son initiative :

 « Il faut dire à la louange de la paroisse de la Malbaie qu’elle s’est toujours distinguée par son esprit d’entreprise. La première tentative du commerce du bois n’est pas tout ce qu’elle a fait pour ouvrir le territoire du Saguenay. Dix ans plus tard, elle s’agita de nouveau, non pour le commerce du bois, mais pour activer la colonisation.  Elle forma une nouvelle société qui réussit à ouvrir plusieurs terres sur la rivière aux Sables, dans Jonquière. Quoique ces deux entreprises n’aient pas complètement répondu aux espérances de leurs généreux promoteurs, elles ont toujours eu le mérite de donner l’éveil à l’attention publique, et d’attirer au Saguenay un grand nombre de familles et de jeunes gens vigoureux qui peut-être eussent été comme tant d’autres, mendier aux États-Unis, de l’espace, du pain et de la liberté.[82] »

Louis Didier n’avait pas encore eu le temps d’avoir une famille.  La mort de celui en qui il avait fondé tant d’espoirs semble avoir éprouvé durement son père Joseph, car il ne retournera pas chanter à l’église pour cinq mois alors qu’il le fait assidûment tous les jours depuis plus de cinq ans[83].

Non content d’apporter des soins médicaux aux colons de Saint-Étienne de la Malbaie et du Saguenay, Louis Didier s’était attelé très tôt à l’accomplissement des réformes politiques et sociales requises pour les gens du comté.  La position précaire dans laquelle se trouvaient les colons des nouveaux établissements du Saguenay l’interpellait particulièrement.  Leurs tentatives, souvent infructueuses, de parvenir à trouver une terre dans ces lieux et d’y vivre avec le seul secours de leurs bras, les actes arbitraires auxquels ils étaient exposés de la part des agents de la compagnie qui monopolisait les ressources de l’endroit, attirèrent surtout son attention et ses actions.  Le journal Le Canadien, dont il était un des correspondants les plus actifs et les plus instruits attesta de son patriotisme dans cette cause dans son édition du 6 mars 1854[84].

Joseph, son père, autorisa le notaire Héli Hudon dit Beaulieu, pour régler les affaires de la succession de Louis Didier Harvey, écuyer, médecin de la Malbaie.  Plusieurs s’étaient endettés envers lui au cours des années[85]. Louis Didier avait été comparse d’Hudon dans l’aventure visant à favoriser la colonisation dans la vallée baignée par la rivière au Sable au Saguenay.

Un an plus tard, au début d’avril 1855, Joseph, le frère de Louis Didier établi à Saint-Irénée, qui est l’heureux père d’un quatrième rejeton de sa deuxième épouse Flavie Girard honore la mémoire de son frère cadet en prénommant l’enfant Louis Didier[86].   Même s’ils ne demeuraient pas tous dans le même village, Joseph, Danie et Louis Didier qui avaient quitté l’Isle-aux-Coudres peu après l’arrivée de la nouvelle épouse de leur père ont toujours été très unis.  Danie à tantôt demeuré chez Joseph à Saint-Irénée, tantôt épaulé son frère-médecin à Saint-Étienne de la Malbaie.  Le choix du prénom que vient de faire Joseph en est un autre exemple. 

Bien après sa mort, le 16 juin 1859, dans le cadre des activités entourant le 200e anniversaire de l’arrivée dans le pays du fondateur du Séminaire de Québec, le Dr James Arthur Sewell (1810-1883), professeur de pathologie interne et doyen de la faculté de médecine de l’Université Laval, prononcera un discours alors que sera conférer le degré de Docteur en médecine à un élève de l’université.  Il mentionnera le nom de Louis Didier Harvey et de d’autres en exemples de grands hommes s’étant distingués par leur science et leur culture des lettres[87].

Par sa mort à un si jeune âge, le rôle du Dr Harvey dans la colonisation du Saguenay, sera longtemps oublié et récupérer par d’autres lui ayant survécu.

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[1] BAILLARGEON, Noël. Le Séminaire de Québec de 1800 à 1850. Sainte-Foy, Les Presses de l’Université Laval, 1994, page 158.

[2] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Louis-de-France de l’Île-aux-Coudres, le 26 mars 1819.

[3] B.A.C., G., Recensement du Bas-Canada 1831, pour le comté du Saguenay, sous-district de l’Isle aux Coudres, page 655.

[4] BAnQ., Registre de Saint Louis de l’Isle aux Coudres, 3 janvier 1833.

[5] Bien que le Catalogue des anciens élèves du Collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière publié à Québec en 1927 mentionne que Didier Harvé fait son entrée au collège en mars 1836, il est inscrit au Registre des entrées au pensionnat des nouveaux étudiants de 1837 de ce même collège conservé aux Archives de la Côte-du-Sud et du Collège de Sainte-Anne que l’arrivée de Didier Harvé se fait le 28 mars 1837.  Il y serait entré à l’étape de la syntaxe du cours classique ce qui présume qu’il aurait fait l’étape des éléments latins ailleurs auparavant.

[6] COLLECTIF, Collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière.  Catalogue des anciens élèves du Collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière : 1827-1927.  Québec, L’action Sociale Limitée Québec, 1927, pages 196, 221 et 254.

[7] Archives de la Côte-du-Sud et du Collège de Sainte-Anne, Cahier de comptes de fournitures aux élèves, 1835-1840, Didier Harvé.

[8] Archives de la Côte-du-Sud et du Collège de Sainte-Anne, Registres des comptes et des pensions du collège de Sainte-Anne 1837-1845, Folio, Harvé Didier.

[9] Archives de la Côte-du-Sud et du Collège de Sainte-Anne, Registre des entrées des pensionnaires anciens, 1837-1842, Didier Harvé.

[10] Archives de la Côte-du-Sud et du Collège de Sainte-Anne, Registres des comptes et des pensions du collège de Sainte-Anne 1839, Folio, Harvé Didier.

[11] COLLECTIF.  «Collège de Sainte Anne», Journal Le Canadien. Québec, volume IX, N0. 46 (23 août 1839), page 2.

[12] BAnQ., Registre de Saint Louis de l’Isle aux Coudres, 21 janvier 1840.

[13] Ibid., 17 août 1840 pour les funérailles.  Et : CASGRAIN, Henri Raymond. Opuscules : Un pèlerinage à l’Ile-aux-Coudres. Québec, Imprimerie A. Côté et Cie, 1876, pages 172-173 pour la traversée.

[14] BAnQ., Registre de Saint Louis de l’Isle aux Coudres, 22 janvier 1842 et Registre de Saint-Pierre et Saint-Paul de la baie Saint-Paul 29 juillet 1873.

[15] BAnQ., Registre de Saint Louis de l’Isle aux Coudres, 12 septembre 1842.

[16] COLLECTIF, Collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière.  Catalogue des anciens élèves du Collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière : 1827-1927.  Québec, L’action Sociale Limitée Québec, 1927, page 254.

[17] Ibid. 24 août 1841, 12 septembre 1842 et 29 août 1843.

[18] Archives de la Côte-du-Sud et du Collège de Sainte-Anne, Registres des comptes et des pensions du collège de Sainte-Anne 1845, Folio, Harvé Didier.

[19] Épiphane Lapointe est celui à qui l’on a donné le nom à une municipalité, la municipalité de Saint-Épiphane dont la paroisse a été mise sous le patronage de saint Épiphane en l’honneur de l’abbé Épiphane Lapointe, ancien curé de Rimouski, et bienfaiteur de l’église.

[20] GOULET Denis et Robert GAGNON. Histoire de la médecine au Québec 1800-2000; De l’art de soigner à la science de guérir. Québec, Les Éditions Septentrion, 2014, page 12.

[21] COLLECTIF. «Nécrologie — Louis Didier Harvey», Journal Le Canadien. Québec, volume XXIII, N0. 128 (6 mars 1854), page 2.

[22] GRENIER, Guy. 100 ans de médecine francophone : histoire de l’Association des médecins de langue française du Canada.  Montréal, les Éditions Multi Mondes, 2002, pages 8-9.

[23] COLLECTIF FOYER CANADIEN.  La littérature Canadienne de 1850 à 1860 : Tome II. Québec, Éditions Desbarats, 1844, page 167.

[24] LEBLOND, Sylvio. «Douglas, James». Dictionnaire biographique du Canada. 1re édition 1969, Sainte-Foy, Les Presses de l’Université Laval, 1982, 15 volumes, volume XI (Décès de 1881-1890).

[25] Journal Le Canadien. 6 mars 1854, op.cit.

[26] LAPIERRE, Michel. «La médecine québécoise diagnostiquée; Depuis 1800, l’histoire de la médecine au Québec fait écho à l’évolution de la société», Le Droit. 31 mai 2014, Actualités culturelles, livres.

[27] B.A.C., G., Recensement de 1842, Microfilm C-725.  Résultats obtenus en additionnant les cent vingt-huit porteurs du patronyme recensés à La Malbaie avec les trente-un de Sainte-Agnès du village voisin, aujourd’hui partie de La Malbaie et des vingt-neuf naissances relevées aux registres des paroisses entre le recensement et l’arrivée probable de Louis Didier à La Malbaie en 1847.  Toutes les formes du patronyme ont été prises en compte.

[28] COLLECTIF.  «Bureau du secrétaire de Son Excellence le gouverneur général», Journal Le Canadien. Québec, volume XVI, N0. 128 (8 mars 1847), page 2.  Le même avis est aussi publié dans plusieurs autres journaux, dont le Journal de Québec.

[29] ROY, Pierre-Georges. «Licenciés des bureaux médicaux du Canada-est de 1788 à 1748», Recherches historiques; bulletin d’archéologie, d’histoire, de biographie, de bibliographie, etc., etc., Lévis, éditions de Pierre-Georges Roy, Volume huitième, juillet 1902, numéro 7, page 208.  Et : COLLECTIF. «Bureau du secrétaire, 6 mars 1847», Journal Le Canadien. Québec, volume XVI, N0. 128 (8 mars 1847), page 2.  Et : COLLECTIF. «Médecine», Journal Le Canadien. Québec, volume XVII, N0. 34 (23 juillet 1847), pages 1-2.  De fait, le bureau médical de Québec ne fit que la recommandation, c’est plutôt le gouverneur général britannique au nom de la reine, qui avait ce pouvoir et qui le nomma.  Au Bas-Canada, la qualité d’«écuyer» est conférée à titre honorifique à tous gentilshommes remplissant de hautes charges pour le souverain.

[30] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Étienne de la Malbaie, 3 mai 1847.  Louise Belley est la nièce de Marguerite Belley (1792-1877), qui après la mort de son mari partira fonder Jonquière en 1847 avec ses enfants.

[31] BOUCHARD, Russel Aurore. Histoire de Jonquière, cœur industriel du Saguenay-Lac-St-Jean : des origines à 1997. À compte d’auteur, Chicoutimi-Nord, 1997, page 59-88.  Une large partie des textes relatifs à l’implication de Louis Didier dans la Société des défricheurs sont inspirés de l’Histoire de Jonquière de Russel Aurore Bouchard.

[32] BAnQ., Fonds JPS, 10-50, «Gagnon à Cazeau, 6 mars 1848», cité dans l’Histoire de Jonquière de Russel Aurore Bouchard.

[33] TREMBLAY, Victor. Histoire du Saguenay — Depuis les origines jusqu’à 1870. Chicoutimi, La librairie régionale inc., 1968, pages 330 et 331.  L’auteur se méprend sur le prénom composé de Louis Didier, mais il s’agit bien du même individu. 

[33a] MALTAIS, Donald.  «Le clan Maltais et les premiers moulins du Saguenay», Saguenayensia, volume 58, numéro 3, 2017, page 9.

[34] Des documents obtenus du chercheur Donald Maltais établissent clairement les liens d’affaires privilégiés entre Cyriac Buckell et les Maltais de la rivière aux Sables.

[35] BAnQ., Service de l’Arpentage, «Rapport de M. George Duberger sur la ligne d’exploration entre Chicoutimi et le lac St. Jean, 1850», page 6.

[36] COLLECTIF. «Députation des Sauvages du Saguenay», Journal Le Canadien. Québec, volume XVII, N0. 136 (27 mars 1848), page 1.  Et : BAnQ., Fonds JPS, 10-49, «Honorat à Turgeon, 16 février 1848». Et dans : Victor Tremblay, «Une délégation des Montagnais auprès de Lord Elgin», Saguenayensia, mars-avril 1968, pages 38-40.  Sur cette pétition des Indiens, voir également Victor Tremblay, «Une délégation des Montagnais auprès de Lord Elgin», in Saguenayensia, mars-avril 1968, pp. 38-40.

[37] BAnQ., Fonds JPS, 10-50, «Gagnon à Cazeau, 6 mars 1848», op.cit. 

[38] C’est sous son nom commun et d’usage que la société est nommée dans le texte : «Société des Défricheurs de la Rivière aux Sables».

[39] COLLECTIF. «Saguenay», Journal Le Canadien. Québec, volume XVIII, N0. 16 (14 juin 1848), page 2.  Bien que le journal mentionne le nom de Joseph Fallard, marchand de la Malbaie, cet individu n’existe pas.  Il s’agit plutôt de Joseph Collard, membre du premier bureau de direction de la Société.  Russel Aurore Bouchard dans son Histoire de Jonquière mentionne également l’individu Fallard mais elle ne fait que reprendre le texte du journal.  Ailleurs dans son document, elle mentionne un certain Joseph Allard mais encore là, elle méprend le marchand Joseph Collard pour ce Joseph Allard qu’elle avance.  Bien qu’un Joseph Allard ait existé à cette période, il était marchand à Baie-Saint-Paul et non à la Malbaie. 

[40] À l’époque de Louis Didier on écrivait plutôt «rivière au sable».

[41] BAnQ., Fonds SHS, dossier 568, pièce 1 et dossier 687 (anciennes cotes).  Et affidavits relatifs à la contestation de certains lots par Jean Tremblay contre la Société des Défricheurs et pour la construction d’un moulin à scie, en haut de la première chute, construction qui remonterait au 15 octobre 1847.

[42] BAnQ., Service de l’arpentage, J-4 (les pièces J4-1, J4-2, J4-3 et J-5 concernent l’arpentage original effectué par François Têtu).

[43] L’équivalent de 10000 $.

[44] Russel Aurore Bouchard dans son Histoire de Jonquière parle du rôle marquant joué par Alexis Tremblay Picoté dans l’ouverture du canton de Jonquière et dans la fondation de la Société des Défricheurs et Cultivateurs du Saguenay.  Alexis Tremblay Picoté est celui qui, dix ans plus tôt, avait servi de prête-nom à William Price pour former la Société des Vingt-et-un et s’emparer du monopole du bois au Saguenay.  Bien qu’il ait été l’un des deux cents actionnaires de la Société des Défricheurs et Cultivateurs du Saguenay, je n’ai trouvé aucun document ni article de journal qui confirmerait qu’il ait joué un rôle clé dans son organisation.  De plus, il n’a pas fait partie de son bureau de direction.  D’ailleurs, à cet égard, l’auteur n’offre aucune source en support de son argument.  D’ailleurs à cet égard, Mario Lalancette dans sa biographie du personnage dira qu’il s’intéresse, en 1847, à la création à La Malbaie de la Société des défricheurs de la Rivière-au-Sable, mais il n’en dit pas plus, car il semble qu’il n’y en est pas plus à dire.  L’analyse de Bouchard est un peu courte lorsqu’elle avance que «Sur les douze signataires d’une lettre adressée par d’influents citoyens de La Malbaie dans le but d’apporter un soutien à William Price, on retrouve, en plus du curé Antoine Racine, Thomas Simard et Alexis Tremblay Picoté, deux prête-noms qui lui avaient servi de paravent pour former la Société des Vingt-et-un et s’emparer du monopole du bois au Saguenay. Le fait que sept des douze signataires appartiennent à “l’intelligentsia” qui a permis de former la “Société des Défricheurs et Cultivateurs du Saguenay”, nous laisse perplexes quant à la pureté de leurs intentions.».  Contrairement à ce qu’elle avance, un seul des signataires de la lettre publiée dans le journal Le Canadien du 20 février 1846 sera membre de la future Société des Défricheurs et Cultivateurs du Saguenay, il s’agit du marchand André Harvey.

[45] Russel Aurore Bouchard dans son Histoire de Jonquière avance que l’initiative avait permis à de nombreux spéculateurs de La Malbaie de s’approprier des terrains qu’ils destinaient à la vulgaire revente ou à la simple exploitation forestière.  S’il est vrai que tel fut le cas pour quelques-uns, lorsque l’on y regarde de plus près et que l’on analyse la liste de détenteurs de lots on trouve que dans un grand nombre de cas attribués par l’auteur à des spéculateurs, ce sont en fait des terrains acquis par des pères de famille qu’ils ont réservés pour établir leur fils comme leurs ancêtres l’avaient toujours fait.  Par exemple, uniquement pour les parents de Harvey sociétaires, on retrouve, Hyppolite Brassard fils qui n’a que seize ans, Joseph fils d’André Hervé du même âge et Cyrille Harvay qui n’a que trois ans.  C’est en étudiant la généalogie des familles et leurs traditions familiales que l’on peut plus facilement se faire un jugement sur les intentions des sociétaires. 

[46] COLLECTIF. «Rivière au Sable», Journal de Québec. Québec, volume VI, N0. 78 (10 juin 1848), page 2.  Dans son Histoire de Jonquière, Russel-Aurore Bouchard dresse une liste différente des onze membres qui forment le premier bureau de direction.  Elle en retranche les noms de Joseph Collard, Louis Maltais et Louis Larouche pour ajouter le notaire Héli Hudon dit Beaulieu, Alexis Tremblay Picoté, Joseph Allard (sans doute une méprise, car à l’époque, il n’y a pas de Joseph Allard la Malbaie, mais bien un Joseph Collard), et Didier Tremblay.  Les noms qu’elle avance, bien que compris dans les 200 actionnaires, ne sont pas du comité de direction et sont sans doute erronés puisque contraires à ceux qu’a fait publier le vicaire Antoine Racine dans le Journal de Québec du 10 juin 1848.

[47] SIMON, Ht. et Jean GAGNÉ. «Comité constitutionnel de la réforme et du progrès», Journal de Québec. Québec, volume VI, N0. 32 (19 février 1848), page 2.

[48] Ce canton ne fut érigé que le 1er mai 1850, mais il était ainsi désigné depuis un certain temps. 

[49] HARVEY, Louis Didier. « Le Saguenay», Le Canadien. Québec, volume VIII, No. 79 (10 novembre 1848), page 2.  Et : CAUCHON, Joseph. «Dans Le Canadien d’hier», Le Journal de Québec. Québec, volume VI, No. 140 (11 novembre 1848), page 2. Et : HARVEY, Louis Didier. «Saguenay», Le Canadien. Québec, volume VIII, No. 85 (24 novembre 1848), page 2.   

[50] B.A.C., G., Provincial Secretary’s Office (Canada East), files no 2186 of 1848 (filed with no 1871 of 1848).

[51] BAnQ, Département de la Colonisation, dossier 1346. Photocopie de l’original rédigé par le notaire John Kane et signé à la Grande-Baie le 11 mai 1854 et Fonds SHS, dossier 687, pièce 5 (ancienne cote), tous deux cités dans BOUCHARD, Russel Aurore. Histoire de Jonquière.

[52] BAnQ, «Journal d’arpentage du township de Jonquière (1848)», J-5.  Et dans : «Rapport de l’arpentage du township de Jonquière, exécuté en 1848 & 1849 par Frs Têtu», tous deux cités dans BOUCHARD, Russel Aurore. Histoire de Jonquière.

[53] PILOTE, François.  Le Saguenay en 1851 : Histoire du passé, du présent et de l’avenir probable du Haut-Saguenay au point de vue de la colonisation.  Québec, Imprimerie Augustin Côté et Cie, 1852, pages 82-99.

[54] Il s’agit sans aucun doute d’un lot acquis par le cousin Louis Denis Hervé (1802-1887) puisque son fils Cyrille Harvay n’avait que trois ans en 1851.

[55] BAnQ, Département de la Colonisation, dossier 1346. Photocopie de l’original rédigé par le notaire John Kane et signé à la Malbaie le 9 juin 1851 et Fonds SHS, dossier 687, pièce 5 (ancienne cote), tous deux cités dans BOUCHARD, Russel Aurore. Histoire de Jonquière.

[56] COLLECTIF. «Saguenay», Journal Le Canadien. Québec, volume XVIII, No 120 (21 février 1849), page 2.

[57] COLLECTIF. «Saguenay», Journal Le Canadien. Québec, volume XVIII, N0. 120 (21 février 1849), page 2.

[58] BUIES, Arthur. Le Saguenay et le bassin du Lac Saint-Jean. Ouvrage historique et descriptif. Québec, Léger Brousseau, Imprimeur-Éditeur, 1896, 3e édition, pages 173.

[59] BAnQ., Fonds SHS, dossier 687, pièce 18 (ancienne cote).  Dans son Histoire de Jonquière, Russel Aurore Bouchard cite une lettre du commissaire des Terres de la Couronne, A.-N. Morin, à John Kane, datée du 28 septembre 1854 — donc deux ans et demi après le partage des lots de la «Société des Défricheurs et Cultivateurs du Saguenay» —, il y serait spécifiquement question des «colons de l’association Harvey et autres (dite de la Rivière au Sable)».

[60] BOUCHARD, Russel Aurore. Histoire de Chicoutimi, Volume 1er La Fondation. 1842-1893. À compte d’auteur, Chicoutimi, 1992,

Pages 114-122.

[61] MAGNAN, Hormisdas. Dictionnaire historique et géographique des paroisses, missions et municipalités de la Province de Québec. Arthabaska, Imprimerie d’’Arthabaska inc., 1925, page 321.

[62] Archives de la Côte-du-Sud et du Collège de Sainte-Anne, lettre de L.D. Harvey, médecin à François Pilote directeur du Collège Sainte-Anne, 18 février 1852, page 1. 

[63] A.N.Q., GN. Minutier Charles Louis Napoléon Huot, 22 novembre 1851.

[64] Il ne faut pas juger trop durement ce passage d’un parti à un autre.  Cette pratique était coutume courante dans ce parlement avec peu de discipline de parti et plus ouverte au mouvement des individus selon les projets de loi présentés.  Par exemple, Marc-Pascal de Sales Laterrière appuya le Parti canadien, puis le Parti patriote. Élu député de Saguenay à une élection partielle en janvier 1845, il fit partie du Groupe canadien-français. Réélu en 1851; réformiste d’abord, de tendance libérale ensuite, puis rouge.  Dans : A.N.Q.  Assemblée nationale du Québec, députés. [En ligne].  http:// http://www.assnat.qc.ca/fr/deputes/sales-laterriere-marc-pascal-de-5277/biographie.html [page consultée le 06/06/2016]. 

[65] COLLECTIF. «Saguenay», Journal Le Canadien. Québec, volume XV, No. 120 (28 janvier 1846), pages 1-2, 28 janvier 1846, cité dans l’Histoire de Jonquière de Russel Aurore Bouchard : À ce chapitre plus spécifiquement, les réponses, pour le moins équivoques, publiées à son endroit par son vis-à-vis, Marc-Pascal de Sales Laterrière (récemment élu député du nouveau comté de Saguenay [le 14 janvier 1845], nous en disent long sur ces politiciens calculateurs qui préfèrent ménager la chèvre et le chou et sacrifier la vraie Justice pour assurer leur propre pouvoir et leur place mesquine sur une tribune. Louangeant alors les élans «philanthropiques!!!» de William Price et son sens du «partage!!!», Laterrière écrivit ce qui suit : «Ce monsieur [W. Price] est sans contestation vraiment aujourd’hui le père nourricier de cette jeune colonie. Ses magasins, pleins de provisions et de vêtements de toutes espèces, sont ouverts à tout le monde. C’est à juste titre [je ne suis que le fidèle rapporteur de ce que l’on en a dit] que son humanité, son équité et celle de ses agents lui valent la confiance et le travail dont le payent avec zèle et reconnaissance ces pauvres gens». Cf., «Rapport supplémentaire à celui de l’honorable D.B. Papineau, sur le Saguenay, etc., etc., en date du 27 septembre dernier [1845]».  — Pour les accusations dirigées à l’endroit de Price et de la complaisance de Laterrière à son égard, lire absolument la lettre de William Price, publiée dans Le Journal de Québec, du 7 février 1846.

[66] Archives de la Côte-du-Sud et du Collège de Sainte-Anne, Lettre de l’abbé Jean-Baptiste Gagnon, missionnaire de Chicoutimi à François Pilote, vice-supérieur du collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, 22 avril 1852, page 3.

[67] ALLAIRE Jean-Baptiste-Arthur. Dictionnaire biographique du clergé canadien-français; Les anciens. Montréal, Imprimerie de l’école catholique des Sourds-Muets, 1910, page 31.

[68] Observation de l’historien Roger Le Moine.  Roger Le Moine (1933-2004), natif de La Malbaie, était professeur émérite de lettres françaises et québécoises à l’université d’Ottawa.  Il est le neveu des écrivains Arthur Buies et Félix-Antoine Savard, ainsi que du peintre Edmond Le Moine.

[69] Lettre du curé Beaudry à Mgr Turgeon, archevêque de Québec datée du 28 février 1852 et lettre de Mgr Turgeon au curé Beaudry datée du 30 mars 1852, citées dans : PELLETIER, Louis, La seigneurie de Mount Murray : Autour de La Malbaie 1761-1860. Sillery, Septentrion, 2008, page 272.

[70] COLLECTIF. «Une personne digne de foi — élections dans le comté de Saguenay», Journal de Québec. Québec, volume X, N0. 2 (8 janvier 1852), page 2.

[71] TREMBLAY, Alfred (Derfla). «Histoire de la Grande Baie, IV, La grande Baie sous les Oblats (1844-1853); progrès rapides de la colonie Saguenayenne (Suite)», L’Oiseau-Mouche, Petit Séminaire de Chicoutimi. Volume II, numéro 2 (20 janvier 1894), page 5.

[72] BERNARD, Jean-Paul. Les Rouges, Libéralisme, nationalisme et anticléricalisme au milieu du XIXe siècle. Chicoutimi, Les Presses de l’Université du Québec à Chicoutimi, collection «Les classiques des sciences sociales», 1971, page 143.  Saguenay : population totale 20, 783, population canadienne-française 18, 828.

[73] GAGNON Serge. «Pilote, François». Dictionnaire biographique du Canada. 1re édition 1966, Sainte-Foy, Les Presses de l’Université Laval, 1982, 15 volumes, volume XI (Décès de 1881 à 1890).

[74] Archives de la Côte-du-Sud et du Collège de Sainte-Anne, lettre de L.D. Harvey, médecin à François Pilote directeur du Collège Sainte-Anne, 18 février 1852.  Dans : PILOTE, François.  Le Saguenay en 1851 : Histoire du passé, du présent et de l’avenir probable du Haut-Saguenay au point de vue de la colonisation.  Québec, Imprimerie Augustin Côté et Cie, 1852, pages 24-29, 93-110 en autres.

[75] B.A.C., G., Recensement de 1851, comté Saguenay, Saint-Irénée, page 17 et Saint-Étienne de la Malbaie, page 23.

[76] B.A.C., G., Recensement de 1851, comté Saguenay, Saint-Étienne de la Malbaie, page 25.  «Lajoie, Paschal écolier Ile aux Coudres Catholique Malbaie 17 M». L’énumération connue sous le nom du Recensement de 1851 a débuté officiellement le 12 janvier 1852.

[77] COLLECTIF. «Agents pour la Ruche littéraire», La Ruche littéraire et politique. Montréal, deuxième série (novembre 1853), page 2.

[78] LEMIEUX, F. et M.A. PLAMONDON. «Tenure Seigneuriale, Assemblée de la convention anti-seigneuriale du district de Québec», Journal de Québec. Québec, volume XI, N0. 150 (29 décembre 1853), page 1.

[79] B.A.C., G., Instrument de recherche 84 préparé en 1974 par Michèle Corbett de la section des archives antérieures à la confédération, MG 8, 131 F, bobines M-3220 à M-3226, Seigneurie Les Éboulements.

[80] Ibid., 28 février 1854.

[81] BAnQ., Fonds SHS, document 240B (Affidavit de H. Hudon et de J. Gagné, en date du 7 septembre 1854, contre les prétentions de Simon Ross, sur les lots 36 à 39, du deuxième rang), cité dans l’Histoire de Jonquière de Russel Aurore Bouchard.

[82] PILOTE, François.  Le Saguenay en 1851 : Histoire du passé, du présent et de l’avenir probable du Haut-Saguenay au point de vue de la colonisation.  Québec, Imprimerie Augustin Côté et Cie, 1852, page 62.

[83] BAnQ., Registre de Saint Louis de l’Isle aux Coudres entre le 25 février au le 15 juillet 1854 où Joseph assiste comme témoin et chantre aux funérailles de Marcelline Gagnon (1810-1854), l’épouse en premières noces de son petit-cousin Michel Hervé (1791-1841) à André Laurent chez Pierre Hervé et l’épouse en secondes noces d’un autre petit-cousin, Anicet Dufour (1820-1906).

[84] Journal Le Canadien. 6 mars 1854, op.cit.

[85] COLLECTIF. «Avis», Journal de Québec. Québec, volume XII, N0. 31 (16 mars 1854), page 3.

[86] BAnQ., Registre de Saint-Irénée, 2 avril 1855.  Cette façon de faire est presque une coutume chez les insulaires.  On retrouve au registre de la paroisse de Saint-Louis de nombreux enfants baptisés du prénom d’un proche récemment décédé.  Par exemple, le 9 mai 1857 George Hervai, le fils de Louis nommera sa fille naissante du prénom de sa mère Marie Julie décédée un mois plus tôt. 

[87] TACHÉ, J.C. Notice historiographique sur la fête célébrée à Québec le 16 juin 1859, jour du deux centième anniversaire de l’arrivée de Monseigneur de Montmorency-Laval en Canada. Québec, Imprimerie J.T. Brousseau, 1859, page 50.