2.4. Marie Charlotte Hervé

Marie Charlotte Hervé (1698-1757), 2e génération  

Le 28 janvier 1698, Françoise Philippeau met au monde le quatrième enfant de la famille HervetMarie Charlotte sera baptisée le lendemain.  C’est la jeune Marie Anne Ursule Hazeur qui est la marraine.  Cette dernière, qui n’a que six ans, est la fille de François Hazeur un ami du père de l’enfant, riche marchand de Québec, entrepreneur, seigneur, membre de la Compagnie du Nord et de la Compagnie de la Colonie et futur conseiller au Conseil supérieur.  Le parrain Charles Cheron n’est guère plus vieux du haut de ses sept ans ; il est le fils de Martin Cheron, Blésois comme le père de la baptisée.  Cheron est marié à Anne Thibierge, la nièce de Sébastien Hervet, il est un bourgeois marchand et garde-magasin du Roy; il deviendra lui aussi conseiller au Conseil supérieur de la Nouvelle-France. 

Rien dans les registres de la colonie n’explique pourquoi Marie Charlotte sera plus souvent prénommée Marie Anne, Marianne ou quelquefois simplement Marie au cours de sa vie, mais on peut penser que c’est ainsi qu’elle se faisait prénommée dès son enfance.  Également en 1716, lors du recensement paroissial de Notre-Dame de Québec, Marie Charlotte, qui vit toujours chez sa mère, est nommée Marie Aimé.  Le curé qui procède au recensement lui donne quinze ans alors qu’elle en a maintenant dix-huit[1].  Serait-ce en raison de son état ?   Marie Charlotte avait été hospitalisée à l’Hôtel-Dieu à deux reprises dans les douze derniers mois[2]. Elle sera malade toute sa vie.  L’histoire ne nous a pas appris quel était son mal, si elle était née invalide ou si un accident était survenu en 1715 pour l’avoir mise dans cet état, mais chose certaine, elle est invalide[3]

Comme on l’a vu, ses difficultés de santé avaient commencé l’année précédente.  Jamais auparavant elle n’avait été admise à l’Hôtel-Dieu ou au nouvel Hôpital-Général situé dans la seigneurie de Notre-Dame-des-Anges où des augustines y prodiguaient des soins aux invalides depuis son ouverture en 1693. 

C’est sa mère, Françoise Philippeau, qui lui procurera l’attention et les soins nécessaires entre ses nombreuses hospitalisations au cours de sa vie et cela jusqu’à ce que cette dernière tombe malade peu de temps avant de mourir.  Marie Charlotte sera traitée ou admise plus de vingt-cinq fois à l’Hôtel-Dieu de Québec avant ses quarante ans.  On peut s’imaginer sa vie dans sa condition en ce début du XVIIIe siècle[4].  

Marie Charlotte, invalide, ne s’est jamais mariée et elle est sans doute placée à l’Hôpital-Général de Québec en 1739, alors que sa mère est hospitalisée et n’en ressortira pas. 

On peut présumer que Marie Charlotte est aux côtés de sa mère lorsqu’elle décède le 24 juillet 1744 puisque toutes les deux sont hospitalisées à l’Hôpital-Général.  

Marie Charlotte y finira sa vie.  Elle décède le 11 octobre 1757 à ce même hôpital.  Elle est inhumée le jour même sur les terres de la communauté des Augustines, à côté de l’hôpital, dans le cimetière Notre-Dame-des-Anges.

À compter de l’année suivante et jusqu’en 1760, environ mille soldats français et miliciens morts au combat pendant la guerre de la conquête l’y rejoindront, y compris son neveu Louis Michel, le fils de sa sœur Marie Renée et le marquis de Montcalm[5]

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[1] BAnQ., « Recensements paroissiaux de Notre-Dame-de-Québec », Québec, L’imprimeur du Roi, Rédempti Paradis, 1940 et LAFONTAINE, André. Recensements annotés de la Ville de Québec 1716 & 1744. Sherbrooke, A. Lafontaine, 1983, page 56.

[2] FOURNIER, Marcel et Gisèle MONARQUE. Registre journalier des malades de l’Hôtel-Dieu de Québec. Montréal, les éditions Archiv-Histo, 2005, page 812 et 824. « 1715-06-13 — Hervé, Marie-Charlotte (13 ans), Québec et 1716-03-17 — Hervé, Marie (16 ans), Québec. » 

[3] PRDH, Programme de recherche en démographie historique, Université de Montréal.  Hôpital général de Québec 11 octobre 1757. 

[4] FOURNIER, Marcel et Gisèle MONARQUE. Op. cit., pages 812-1397. 

[5] Les restes du marquis de Montcalm après avoir été retirés du cimetière étaient auparavant conservés à la chapelle du monastère des Ursulines.  En 2001, le premier ministre Bernard Landry a inauguré un mausolée au cimetière Notre-Dame-des-Anges où repose à nouveau le marquis de Montcalm.