Des Hervy/Harvey en Abitibi

L’île Nepawa et Sainte-Anne-de-Roquemaure 

La situation aux îles de la Madeleine est encore une fois difficile dans les années 1940.  L’abbé Chouinard, curé de Havre-aux-Maisons, cherche une solution auprès de la Société de colonisation de la Gaspésie, mais sans succès de ce côté-là.  C’est par le ministère de la Colonisation qu’il la trouvera.  La situation n’est guère différente des quatre autres occasions où le gouvernement est intervenu dans le passé.  Les îles connaissent un problème de surpopulation par rapport aux ressources limitées que l’archipel peut fournir, ce qui amène une grande pauvreté.  Comme il l’a fait à quelques reprises par le passé, le gouvernement offre aux Madelinots volontaires de les relocaliser.  Cette fois-ci, s’il accepte l’offre, c’est en Abitibi qu’ils seront transportés.  On promet de leur fournir une maison et une terre et aussi un cochon et des poules chaque année[1].

L’abbé Chouinard encourage ses paroissiens à quitter.  Il trouve quatorze familles volontaires qui se disent prêt pour le grand changement et qui laissent derrière eux l’archipel dès 1941. 

Le gouvernement croyant tirer des leçons de l’histoire et voulant éviter une répétition de la migration ratée des Madelinots du Labrador vers la Beauce cinquante ans plus tôt, offre à ses familles de s’établir sur une île.  Le ministère de la Colonisation les transporte donc à l’île Nepawa située sur le lac Abitibi, pensant que ces familles de pêcheurs seraient moins dépaysées.

Même si ces nouveaux arrivants connurent des difficultés lors de leur installation, treize autres familles totalisant cent trois personnes vinrent les rejoindre l’année suivante[2].  Comme pour leurs compatriotes l’année précédente, ils durent emprunter navire, trains et chaland avant d’arriver à destination, à plus de deux mille kilomètres de l’archipel.  Certains des Madelinots s’établissent dans le village face à l’île, celui de Sainte-Anne-de-Roquemaure.  S’ils ont quitté une certaine misère, ils s’établissent dans des terres de roches entourées d’eau et de bois.

C’est donc plus de deux cents Madelinots qui quitteront ainsi un archipel d’une centaine de kilomètres de long, dans le golfe Saint-Laurent, pour une île de huit kilomètres de long par un kilomètre de large en 1941 et 1942.

La majorité des Madelinots demeurèrent en Abitibi, si bien que jusqu’aux années 50, ils formaient le plus grand regroupement de colons dans cette région.  Délaissant la terre, malgré sa prétendue richesse à cet endroit, les Hervy/Harvey Madelinots quitteront peu à peu l’île Nepawa et Sainte-Anne-de-Roquemaure pour partir s’établir à Malartic, La Sarre, Rouyn, Val-d’Or.   Certains partiront même travailler dans les mines aussi loin que Matagami, si bien qu’aucun ne finira ses jours dans les deux premiers villages d’adoption de l’Abitibi[3].

Parmi les Hervy/Harvey venus en Abitibi, on compte plusieurs descendants de Casimire Harvy (1818-1868) chez François :

Tous ces Hervy/Harvey mentionnés étaient accompagnés de frères et sœurs dont l’histoire à quelque peu oublié leur nom.  C’est le cas de Marie Harvey inhumé à Malartic en 1949.  D’autres n’ont fait qu’un bref passage en Abitibi.  Certains sont retournés aux îles de la Madeleine alors que d’autres ont poussé leur quête d’un avenir meilleur plus à l’ouest dans le Timiskaming ontarien.

Les cousins Hervy/Harvey migré au Témiscamingue dix ans plus tôt ne semble pas avoir retrouvé ceux qui étaient arrivés en 1940 et 1941 en Abitibi.  Même si certains ont habité les mêmes villes de ce qui constitue aujourd’hui la région de l’Abitibi-Témiscamingue, ils l’ont fait à différentes périodes.  Ainsi, Clarisse Harvey (1890-1975) à Louis Harvis (1864-1946) chez Narcis Arvis (1821-1890) par exemple, s’était établie à Moffet avec sa famille et viendra finir ses jours à Malartic dans les années 1970[7].

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[1] PRINCE, David. «Des Îles-de-la-Madeleine à l’Abitibi en bateau et en train», Journal de Montréal.  (Montréal, mardi, 5 janvier 2016), spectacles, cinéma.

[2] LAFRANCE, Céline et Sylvio BÉNARD.  Des îles de la Madeleine à l’île Nepawa. L’Étang-du-Nord, Éditions de la Morue verte, 2017. 325 pages.

[3] Registres des cimetières de l’Île de Nepawa et de Roquemaure.

[4] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Martin de Tours de Malartic, 3 novembre 1945.

[5] Ibid., 17 juin 1950.

[6] Ibid., 9 août 1950.

[7] Ibid., 4 février 1975.