Les Harvey à Villebois

Dewey Harvey (1899-c.1950)

Joseph Gérard dit Dewey Harvey est né le 17 mars 1899 à Brunswick dans l’État du Maine.  Il est le petit-fils de Joseph Harvey (1846-1899) et Marie Boudreau (1853-1923) partis de Sacré-Cœur au Saguenay en 1893, pour les usines de la Nouvelle-Angleterre.  Quand le grand-père de Dewey décéda, sa famille était revenue au Québec et s’installa à Saint-Ambroise au Saguenay vers 1901 (voir : L’exode des Harvey aux États-Unis, Joseph Harvey). 


Dewey, fils du maître poste de Saint-Ambroise, épouse une fille du village le 26 septembre 1921.  Philomène Tremblay (1904-1997) vient tout juste d’avoir dix-huit lorsqu’elle met au monde le premier enfant du couple[1]Dewey sera journalier et comme la plupart des journaliers du temps, l’hiver il montera dans les chantiers.  Le couple aura cinq enfants, deux nés à Saint-Ambroise et les trois autres à Jonquière. 

À Jonquière, la famille vit dans le quartier centre dans un logement de la rue Saint-Dominique entre les rues Saint-Pascal et Saint-Aimé.  Après avoir vaqué comme journalier pendant une dizaine d’années, probablement grâce au fait qu’il sait lire et écrire, Dewey dégote un emploi d’agent forestier[2]

En 1931 le couple perd un enfant, décédé accidentellement à l’âge de cinq ans[3].


On ne sait pas ce qui a poussé Dewey à quitter le Saguenay pour l’Abitibi.  Il est peu probable que la crise économique de 1929 ait eu un grand impact sur lui et sa famille.  Contrairement à la majorité des futurs colons, il a un emploi stable même s’il n’en tire pas une fortune et, surtout, il a une famille relativement petite.  Habitué aux grands déplacements, Dewey l’Américain avait peut-être besoin d’aller plus loin?  

Comme le plan de colonisation proposé par le gouvernement pour combattre la crise comprend le transport gratuit, Dewey y aura sans doute vu une occasion d’améliorer son sort et d’offrir un avenir à ses enfants lui qui pourtant n’a jamais travaillé la terre.  Avoir accès à des frais de subsistance pour les premières années et pouvoir quitter un loyer, où sont entassés six personnes, pour une maison toute neuve sera érigée aux frais du ministère de la colonisation aura sans doute influé sur sa décision.  En 1935, Dewey part donc avec la cinquantaine d’hommes qui font partie du contingent qui part construire Villebois en Abitibi.  Comme on l’a vu, Elzéar Harvay (1894-1970), un lointain cousin est également du groupe.

Lorsque femme et enfants viennent le rejoindre l’année suivante, Dewey a finalisé la construction de la maison et entamé le défrichement de la terre.  Ils y seront une dizaine d’années.  En 1940, ils sont quatre colons portant le patronyme d’Harvey à Villebois.  Outre le lointain cousin, deux des fils de ce dernier ont déjà leur propre terre[4].

Les enfants s’intègrent bien dans cette nouvelle petite communauté; on les retrouve parrains et marraine lors de baptême à plusieurs reprises à la fin des années 1930 et au début des années 1940.  Au printemps 1941, Yvette (1924-2009), l’aînée chez les filles, sera la première à partir lorsqu’elle épouse un colon natif de Saint-Nazaire-de-Dorchester aux portes de la Beauce[5]

Bien qu’Elzéar Harvay soit un bien lointain cousin, son arrière-grand-père et celui de Dewey étant frères, cela n’empêchera pas Elzéar de le choisir ainsi que sa femme, Philomène, comme parrain et marraine au baptême de l’un de leurs enfants en août 1941[6]


À la fin de l’été 1943, George (1922-1991), son fils aîné, se marie dans l’église Saint-Camille de Villebois[7].  Ce mariage sera la dernière trace que Dewey nous ait laissée de son passage à Villebois.  Comme bien d’autres, avec la fin des subsides gouvernementaux à la colonisation, il aura choisi de quitter l’Abitibi pour une terre nouvelle. 

On retrouve Dewey en 1949 à Larder Lake dans le Timiskaming ontarien.  Il laboure une terre et habite avec sa sœur Cécile (1905-post.1950) à cent soixante-quatorze kilomètres au sud-ouest de Villebois, sous le lac Abitibi, à une soixantaine de kilomètres à l’ouest de Rouyn[8].  Qu’y faisait-il sans sa famille? Préparait-il une nouvelle terre avant de faire venir sa femme? On ne trouve pas de traces de son décès bien que l’on sache qu’il est décédé avant 1953 et même probablement avant 1950.  Serait-il décédé en s’éreintant dans le défrichement d’une terre alors qu’il a maintenant atteint la cinquantaine? Quoi qu’il en soit, il ne semble pas être revenu au Québec. 

Son épouse Philomène Tremblay prend la direction de La Sarre avec ses deux cadets Denise et Gérard.  En décembre 1950, Gérard épousera une jeune fille de Clermont[9], village un peu au nord de La Sarre alors que sa sœur Denise prendra époux six mois plus tard à La Sarre[10]Philomène sera déclarée rentière en 1953,[11] mais peu de temps par la suite, alors qu’elle est dans la cinquantaine, elle acquière un restaurant à La Sarre[12] où sa fille Yvette sera serveuse un certain temps.

Philomène Tremblay s’éteint à La Sarre en 1997, elle avait quatre-vingt-treize ans.  Yvette et Gérard feront également leur vie à La Sarre alors que les deux autre prendront la direction de Montréal et Gatineau. 

**************************************************************************

Pour passer au prochain texte traitant d'un Harvey en Abitibi, cliquez ICI

******************************************************************************* 

[1] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Ambroise, 22 juin 1922.

[2] B.A.C., G., Liste des électeurs 1935, district de Chicoutimi, arrondissement de Jonquière, page 1.

[3] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Dominique de Jonquière, 20 août 1931.

[4] B.A.C., G., Liste des électeurs 1940, district de Chapleau, arrondissement rural de Saint-Camille de Villebois, page 2.

[5] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Camille de Rousseau, 14 avril 1941.

[6] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Camille de Rousseau, 19 août 1941.

[7] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Camille de Rousseau, 26 juin 1943.

[8] B.A.C., G., Liste des électeurs 1949, district de Tismiskaming, arrondissement rural de Larder Lake, page 2.

[9] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Vital de Clermont, 2 décembre 1950.

[10] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-André de La Sarre, 2 juin 1951.

[11] B.A.C., G., Liste des électeurs 1953, district de Chapleau, arrondissement rural du village de La Sarre, page 1.

[12] B.A.C., G., Liste des électeurs 1957, district de Chapleau, arrondissement rural du village de La Sarre, page 1.