Les Harvey à Beaucanton

D'autres Harvey à Beaucanton


Plusieurs autres porteurs du patronyme choisiront Beaucanton comme terre d’accueil en Abitibi :

Aurore (1883-1938) et Joseph Edgar (1887-post.1940) Harvay

Les orphelins de père et de mère, Aurore Harvay et son frère Joseph Edgar Harvay avaient de la famille à Beaucanton.  Le père d’Éli Harvez (1912-1985), installé aussi à Beaucanton et mentionné précédemment, était leur cousin, tout comme il était le cousin de l’épouse de Joseph Edgar.  La famille à une longue tradition de migration; le grand-père Louis Hervai (1828-1917) parti du canton de Settrington dans Charlevoix était allé vivre à Saint-Paul-du-Nord pour finalement aboutir à Mistassini. 

Aurore épouse Napoléon Duchêne (1881-1937) à Mistassini en 1901.  Le couple partira vivre en Ontario dans la région de Sudbury, puis à Sault-Sainte-Marie.  Après le décès de son mari, Aurore convole en secondes noces avec Eugène Bouchard en 1937[1].  À son tour, avec son nouvel époux et ses enfants, elle ira rejoindre son frère Joseph Edgar maintenant colon à Beaucanton où elle décède le 20 décembre 1938.  Ce sera d’ailleurs son frère et son petit-cousin Éli Harvez qui procéderont à son inhumation[2].  

Après s’être marié à sa cousine Maria Harvey (1890-post.1941) en 1912 à Saint-Siméon dans Charlevoix, son frère Joseph Edgar était allé vivre avec sa femme quelques années à Saint-Honoré dans le Témiscouata pour revenir dans le Rang de Port au Quille de Saint-Siméon, voisin des beaux-parents.  Puis ils avaient rejoint Aurore en Ontario.  




Lorsque le gouvernement annonça son plan de colonisation, Joseph Edgar et son épouse partirent rejoindre parents et amis natifs de Charlevoix qui défriche Beaucanton.  Ils y étaient probablement déjà dès 1936[3].

Aurore et Joseph Edgar ont comme généalogie patrilinéaire leur père Elie Arvey (1854-1916), leur grand-père l’un des premiers colons de Mistassini Louis Hervai (1828-1917), Pierre Hervez (1799-1867), Dominique Isaïe Hervé (1775-1851), le navigateur et pilote Dominique Hervé (1736-1812), le colonisateur à l’Isle aux Coudres Sébastien Hervé (1695-1759) et le migrant Sébastien Hervet (1642-1714).

Maria Harvey, l’épouse de Joseph Edgar a comme généalogie patrilinéaire son père Onesime Harvey (1859-1942), son grand-père Louis Hervai (1828-1917), Pierre Hervez (1799-1867), Dominique Isaïe Hervé (1775-1851), le navigateur et pilote Dominique Hervé (1736-1812), le colonisateur à l’Isle aux Coudres Sébastien Hervé  (1695-1759) et le migrant Sébastien Hervet (1642-1714).

André Harvey (1926-2019)

Le jeunot André Harvey n’a qu’une quinzaine d’années lorsqu’il arrive à Beaucanton comme garçon de ferme.  Puisqu’il est originaire de la Mission Sainte-Émérentienne de Grand-Fonds tout comme Trefflé Harvay (1871-1954) et sa famille, il est possible que ce soit avec eux qu’il ait fait le voyage.  

Quoi qu’il en soit, à l’été 1949, il se marie à Patricia Trudel puis en 1952, après la mort en couches de cette dernière, il épousera Hélène Trudel, sœur de la première[1].  Celle-ci décèdera aussi en couches.  Elles venaient de Dupuys, une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Beaucanton, là où habitaient toujours leurs parents.  En 1958, André épouse la jeune Carmen Joseph (1941-1970) de Beaucanton avec qui il aura huit enfants.  Carmen est native de Saint-Thomas de Cherbourg en Gaspésie et sa famille est arrivée en Abitibi au début des années 1950.  André, qui vécut la plus grande partie de sa vie à Beaucanton, s’éteint le 31 mai 2019 à La Sarre.   

Il a comme généalogie patrilinéaire le conscrit de la Grande guerre Alphonse Harvey (1897-1973), le menuisier Alfred Harvay (1857-1904), le journalier Jean Hervai dit Johnny (1828-1910), les cultivateurs Pierre Hervé (1806-1859) et Jean Hervé (1775-1813), l’insulaire Pierre Hervé (1733-1799), le colonisateur à l’Isle aux Coudres Sébastien Hervé (1695-1759) et le migrant Sébastien Hervet (1642-1714).

Cécile (1903-1955) et Blanche (1906-1984) Harvey

Deux filles de Thimothé Harvay (1871-1945) sont du lot.  Avec un groupe de jeunes couples de Baie-Saint-Paul, les sœurs Marie Alice dite Cécile Harvey et Marie Blanche Aurore Harvey partent en 1936 pour l’Abitibi.  Elles sont descendantes de plusieurs générations de navigateurs sur le Saint-Laurent, elles n’ont rien de l’agricultrice conventionnelle.  Cécile a déjà quatre enfants lorsqu’elle et son mari prennent le train en direction de Québec pour prendre le National transcontinental à la Gare du Palais et se rendre en pays de colonisation.  Comme tant d’autres à l’époque, souffrant des contrecoups de la grande dépression, ces familles ont répondu oui aux harangues des recruteurs du Plan Vautrin. 

Blanche pour sa part a déjà six enfants et est enceinte de son septième lors du départ.  En octobre 1936, Blanche accouche dans le canton Rousseau comme on nomme alors Beaucanton.   Elle et son mari, comme la marraine et le parrain, un cousin Mailloux par la mère de Blanche, sont qualifiés de « colons de Rousseau ». L’église de Beaucanton n’est pas encore ouverte et l’enfant est baptisé dans le village voisin, en l’église Saint-Camille de Rousseau (Villebois) dans le village voisin[1]Blanche donnera naissance à trois autres enfants à Beaucanton. 

Cécile aura deux autres enfants au même endroit.

Comme plusieurs autres colons, Blanche, Cécile et leurs familles semblent voir leur vie en Abitibi comme un passage obligé pour faire face à la crise, tout en gardant l’espoir d’un retour au Sud.  On en a pour preuve une pratique peu commune ailleurs en province et qui a cours en Abitibi à l’époque : le parrainage et le marrainage par procuration.  On retrouve ainsi de nombreux cas de parents d’enfants qui demandent à des locaux d’agir comme procureur au nom d’un parent laissé derrière eux dans leur village de provenance.  Ainsi, en 1939, ce sera le cas lors du baptême de Marie Yvonne Yolande Fortin, neuvième enfant de Blanche :

«Le parrain Vilmont Harvey de la Baie Saint Paul, représenté par Omer Perron qu’il a nommé son procureur à cet effet.  La marraine Yvonne Pednault tante de l’enfant représentée par Marie Alice Cécile Harvey constituée procuratrice à cet effet, comme il appert dans une lettre datée du 1er du mois courant....» [2]

Vilmond (1899-1962) est un frère aîné de Blanche alors qu’Yvonne Pedneault est sa femme.  Cette pratique disparaîtra après quelques années quand, semble-t-il, les gens auront accepté que l’Abitibi soit autre chose pour eux qu’une terre de passage.

La tradition orale raconte que les deux sœurs et leur famille auraient quitté Beaucanton à la suite d’un incendie de forêt en 1944.  Alors que le printemps de cette année-là avait été exceptionnellement sec en Abitibi, il favorisa le déclenchement de feux au début de l’été[3].  Il faut mentionner également que les subsides gouvernementaux à la colonisation avaient pris fin et que chacun se débrouillait pour se trouver un emploi dans les mines ou l’industrie forestière, des activités beaucoup plus payantes que le métier d’agriculteur. 


Quoi qu’il en soit, ce sera le cas des époux de Cécile et Blanche qui partiront vers Val-d’Or, et feront carrière dans les mines, plus précisément celle de Bourlamaque[4].  C’est à Val-d’Or que les deux sœurs finiront leur vie.  Ils sont déjà dans la vallée de l’or en 1947 puisque leur sœur cadette Marie Jeannette (1918-1998), venue les rejoindre à Val-d’Or, s’y marie au coiffeur Roger Boucher en juillet[5].

Cécile et Blanche ont comme généalogie patrilinéaire leur père le navigateur Thimothé Harvay (1871-1945), les navigateurs Grégoire Harvé (1843-1888) et George Hervai (1814-1889), les pilotes du Saint-Laurent et navigateurs Louis Hervé (1784-1863) et Dominique Hervé (1736-1812), le colonisateur à l’Isle aux Coudres Sébastien Hervé (1695-1759) et le migrant Sébastien Hervet (1642-1714).

Joseph (1850 — ) et Marie Malvina (1852 — ) Harvey

Joseph et Maria Malvina Harvey, qu'on présume frère et sœur, sont au village de Beaucanton à l’hiver 1937-1938.  Ils y sont probablement depuis un certain temps puisqu’en février, ils sont choisis comme parrain et marraine d’un enfant dont les parents sont natifs de La Malbaie.  Le peu d’information que l’on possède sur ces frangins ne permet pas de les identifier hors de tout doute[1], cependant, il pourrait s’agir de Marie Malvina Harvey (1852 — ) et de son frère Joseph (1850 —), enfants de Johnny Hervai (1828-1910) et de Emilie Tremblay (1833-1919) de La Malbaie.  Parmi les huit Malvina Harvey dans notre histoire, elle est la seule dont on perd la trace au Québec et ceci vaut également pour son frère, le veuf Joseph.  Seraient-ils partis vers le Nord de l’Ontario comme tant d’autres ayant d’abord tenté l’aventure de colonisation en Abitibi?

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[1] Collection Drouin, registres d’état civil et registres paroissiaux, Registre de la paroisse Saint-Ignace du Sault-Sainte-Marie, 15 octobre 1937.

[2] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Joachim de Beaucanton, 22 décembre 1938.

[3] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Joachim de Beaucanton, 21 février 1938.  Baptême de Marie Paule Labrecque; Joseph Edgar Harvez et Maria Harvez, parrain et marraine.

[4] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Jacques-le-Mineur, 12 juillet 1949 et 1 septembre 1952.

[5] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Camille de Villebois du canton Rousseau, 20 octobre 1936.  Albert Mailloux et Démerise Duchesne, parrain et marraine.

[6] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Joachim de Beaucanton, 17 février 1939.

[7] DANSEREAU, Pierre René. La reconstitution historique des feux dans un secteur forestier au sud du lac Abitibi, Montréal, les presses de l’Université du Québec, 1990, page 28.

[8] Souvenirs de Robertine Duchesne (1914-2009) racontés à son fils Jacques Harvey le 16 février 2004.

[9] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Sauveur de Val d’Or, 8 juillet 1947.

[10] BAnQ., Registre de la paroisse Saint-Joachim de Beaucanton, 15 février 1938.  Baptême de Joseph Marc Tremblay, fils de Wilbroy Tremblay et Marie Alice Rochefort.