LE guide touristique du Médoc – Patrimoine du Médoc

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 le château Phélan Ségur à Saint-Estèphe

 

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Le lieu-dit Garamey est indiqué sur la carte de Belleyme en 1767. Gabriel-Barthélemy de Basterot en est propriétaire. A sa mort en 1778, le domaine devient propriété de sa fille Catherine de Basterot, mariée à Joseph Marie de Ségur de Cabanac, comme l’un des immeubles constitutifs de sa dot. La propriété fait l'objet d'une estimation lors de la Révolution (le 19 messidor an IV - 7 juillet 1796). La maison principale est alors formée de "plusieurs chambres haut et bas, logement de maître, vallet, chay, cuvier, petit caveau, écurie, grange, parc à bœufs, angard et autres bâtiments nécessaires à l’exploitation, le tout en très mauvais état, cour, avant-cour, parterre et jardin séparé de laditte maison". Le cuvier abrite 11 cuves. A la mort de Catherine de Basterot (son testament est réalisé le 22 thermidor an XI - 6 août 1803), le domaine est vendu à Bernard Phélan par un acte du 30 juin 1810, chez maître Darrieux. Bernard Phélan avait déjà acquis le 1er août 1804 (13 thermidor an XII), avec son beau-père Daniel Guestier, un domaine également situé à Garamey (notaire Germain Darrieux à Bordeaux), consistant en "une maison composée de quatre pièces à l’étage, d’un corridor et d’une grande salle au rez-de-chaussée, accostée d’une dépense et d’une buanderie" avec chais et cuvier. Il acquiert également en 1819 le domaine de La Chesnaye Sainte-Gemme à Cussac-Fort-Médoc. Des bâtiments sont représentés sur le plan cadastral de 1825. Ils sont composés d'un imposant bâtiment formant une cour en U et d'une aile au nord. Difficile de déterminer où se trouvent les "maisons" décrites dans les documents d'archives ci-dessus. En tout cas, le logis actuel ne figure pas sur le plan cadastral de 1825. 

Il est en revanche représenté dans l'Album Vinicole de Gustave de Galard, vers 1835. Il est sans doute l’œuvre de Bernard Phélan, qui ferme ainsi la cour de dépendances avec cette demeure majestueuse donnant sur l'estuaire, entre 1825 et 1835. Des travaux sont encore en cours au printemps 1837 : "Les maçons ne peuvent pas travailler depuis mercredi : le mortier glace à mesure qu’on le fait. Ils viennent à Ségur chaque jour, mais ils sont ensuite obligés de s’en aller" ; puis le 29 juillet 1837 : "Je vois que Saint-Estèphe vous occupe beaucoup par les nombreuses bâtisses que vous faites faire. Vous aurez mené la chose bien rapidement, puisque vous me dites que cela sera terminé sous peu. Cela va bien embellir votre beau manoir". Une description datée 1841 mentionne le salon de compagnie au centre, la salle de billard et le salon à manger donnant sur la terrasse. Bernard Phélan meurt à Bordeaux le 11 mars 1841. Selon un acte de donation partage daté du 2 avril 1842, le domaine de Garamey est attribué à son fils Franck Phélan. Ce dernier devient maire de Saint-Estèphe en 1849. Il apporte également quelques améliorations au château au cours des années 1843, 1844 et 1845, conduites par l'architecte Henri Théodore Duphot. L'architecte envoie aussi le projet d’une maison de portier et réalise les travaux de décoration des trois grands salons du rez-de-chaussée. Une autre campagne de travaux a lieu en 1859 dans l'aile gauche du château. Il est aussi question de réfection des couvertures, de reprise des ouvertures, de réfection de l’escalier et du perron, des planchers et des plafonds et de travaux de décoration.

Les augmentations et diminutions du cadastre indiquent une augmentation de construction du château avec une date d'achèvement des travaux en 1860 et un revenu qui passe de 100 à 350 francs. Le traitement différent des corps de logis correspond probablement aux différentes étapes de ce chantier. Bernard Phélan achète probablement un domaine sans véritable château ; la maison décrite dans l'estimation faite en 1796 laisse toutefois penser qu'il y a avait une habitation à étage ; mais ce sont les bâtiments de dépendance qui constituaient alors le plus gros du bâti. Dans l'édition de 1850 de l'ouvrage de Cocks, il est indiqué que les crus Ségur et Garamey appartiennent à M. Phélan et produisent 220 tonneaux. Le Château Ségur-Garamey est illustré dans l'édition de 1874 : "ce domaine fut formé au commencement de ce siècle par la réunion des deux domaines qui lui ont donné leur nom ; l'un d'eux appartenait au comte de Ségur, surnommé le Prince des vignes". Le testament de Franck Phélan, daté du 6 mars 1854, est ouvert le 27 avril 1888 (ou 1883 Me Loste Henri). Sa femme Wilhelmina meurt le 16 février 1890 et laisse l’héritage à ses deux filles. Dans l'édition de 1922, le château apparaît sous le nom Phélan-Ségur. 

La demeure ferme la cour des dépendances viticoles à l'est et présente sa façade principale sur le parc et les prairies du domaine, coté estuaire. Le château s'articule en cinq volumes : au centre, un corps de logis principal, à étage, présentant une façade composée de sept travées. De part et d'autre : deux ailes en rez-de-chaussée percées chacune de trois fenêtres rectangulaires. Aux extrémités, deux pavillons à étage, surmontés d'un fronton triangulaire percé d'un jour semi-circulaire. La mise en œuvre et le traitement de ces parties diffèrent. Le rez-de-chaussée du corps principal est percé en son centre de trois portes accessibles par un escalier droit ; deux fenêtres de part et d'autre ont des appuis saillants moulurés. Ces ouvertures présentent des encadrements moulurés et sont surmontées de corniches. Les fenêtres de l'étage présentent le même type d'encadrements moulurés ; leurs appuis forment un bandeau continu sur la façade. Une corniche à modillons et une balustrade d'attique couronnent l'ensemble. Les ailes en rez-de-chaussée sont percées de larges fenêtres rectangulaires à plate-bande séparées par d'épais pilastres sur une base, avec chapiteau de type toscan dont les tailloirs forment une corniche surmontée d'un muret d'attique également scandé de petits pilastres. Les pavillons aux extrémités présentent des encadrements de baies et des chaînages d'angle en pierres de taille harpées. Un solin de mur, un bandeau médian avec appuis des fenêtres de l'étage continus et enfin un bandeau soulignant la corniche à modillons sont également en pierre de taille. La maçonnerie est probablement en moellons enduits, excepté les frontons élevés en pierre de taille. La façade postérieure du corps principal donne sur la cour des dépendances : elle est marquée au centre par une haute baie en plein-cintre qui éclaire la cage d'escalier à l'intérieur. Cet escalier est composé d'une première volée menant à un repos d'où partent deux volées convergentes menant à à l'étage. Au rez-de-chaussée, un long corridor dessert les salons qui ouvrent vers l'est. Le pavillon sud aurait abrité une orangerie : une galerie reposant sur des colonnes en bois est aménagée sur le pourtour de la pièce ; deux volées divergentes d'escalier permettent d'y accéder. La charpente a été laissée apparente. 

Source : Châteaux de France


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St Estephe