LE guide touristique du Médoc : Patrimoine du Médoc


Paloumayres et palombières

  

Quelques souvenirs de 2003 par Philippe Caminade  (suite et fin)

  

Paloumayres en pleine chasse à l’entrecôte

 

Tout se passait dans la joie et la bonne humeur, quelques repas furent même improvisés dans ce lieu hors du commun et bientôt l’inauguration allait pouvoir être faite. 


      La salle à manger est le véritable cœur d’une palombière. Elle n’est pas belle la vie ?

  

Mais c’était sans compter sur les exigences du Maître. Il fallait fignoler tout ça : éclaircir l’intérieur, poser des baguettes de propreté, mettre un petit support ici, un autre là, chaque chose avait sa place et chaque place avait sa chose, bref un véritable petit palais, il ne manquait plus que les patins à l’entrée !!!

 Malheureusement, le jour de l’inauguration, Monsieur Lecaudey, Maire de Sainte-Hélène, n’a pu se déplacer vu ses nombreuses obligations et la cérémonie se déroula en comité restreint. Elle fut même baptisée.

 La saison de chasse pouvait alors commencer…

 Le mois d’octobre arriva et la peur de l’inconnu envahit notre paloumayre. [1]

 Les premières sorties furent tristes, sans passage. Heureusement la bonne humeur et quelques grives occupaient le temps.

 Un beau jour, alors que Loulou lisait le journal, Guitou vit arriver secteur Nord/Est des bleues. Si, si, elles arrivaient !!!!! Et là, une effervescence envahit le pit ; malheureusement elles continuèrent leur chemin.

 Ca y était, la saison était partie, et là, finie la plaisanterie, tout le monde était concentré, et surtout attentif aux ordres.

 Quelle joie, le jour où, pour la première fois, après des maniements pleins de ruse des appeaux, les premières palombes vinrent à se poser.

 L’espoir de voir d’autres vols se poser était permis et les projets d’amélioration du site commençaient à faire leur chemin.

 Le 15 novembre arriva, le bilan fut moyen pour une première saison mais l’année prochaine nous ferions mieux, surtout que Loulou prendrait sa retraite.

 

Le 6 août 2004, vers 11h30, la sirène retentit.

Un départ de feu était signalé à l’ouest de Sainte-Hélène. Effectivement de son jardin, Fifi observait de la fumée. Curieux, il alla voir où se situait le sinistre ; c’était vers La Levade, aucun risque, on pouvait manger tranquille. En début d’après midi, le vent d’ouest soufflant fort, la fumée envahissant la commune, le doute l’envahit au sujet des risques concernant la palombière.


 

Comme Loulou était absent, il téléphona à son pote Guitou. Celui-ci se déplaça immédiatement. Tous les deux, ils décidèrent d’aller récupérer les bouteilles de gaz de la palombière. Guitou, ancien pompier, réussit à atteindre la cabane avec l’aide d’une colonne de pompiers. Il était sûr de lui, le feu n’atteindrait jamais la palombière.

 Vers 17h00, alors qu’ils buvaient une bière dans le jardin de Fifi, des bruits de moteurs se firent entendre : les Canadairs arrivaient…enfin !!!

 Loulou et Mémène rentrèrent et nous les mîmes au courant de la situation. Loulou, impatient, voulut tout de suite se rendre compte de la situation et filer à la palombière. La Maréchaussée l’en empêcha. Demain…

 Malheureusement le verdict fut sans appel : tout avait brûlé.

 La déception était totale, tout venait de s’effondrer. 

 

la nouvelle palombière, quelque part dans le Médoc, que j’ai visitée en novembre 2008

  

D’après un texte de Philippe Caminade

 [1] un paloumaïre, ou paloumayre : un chasseur de palombes

 Images encadrées = collection privée de Jean-Louis Gausserand



Lou Pec


Quand un homme regarde en l’air, en Gironde, c’est qu’il attend les palombes. Ce qu’y voyait le simplet du village était hors de vue des habitants pourtant habitués à circuler le nez en l’air. Il souriait, même quand il n’y avait pas de palombes. C’est pour cela qu’on l’appelait tout simplement « lou pec »  ce qui signifie tout à la fois le fou, le simplet, le benêt, le ravi, le farfelu...

Il marchait déjà comme çà quand il était petit et ses parents disaient d’un air entendu que cet enfant finirait par « se casser la gueule ». Ce qui aurait dû être l’évidence même. Mais il y a toujours un Bon Dieu pour les rêveurs. « Lou pec » prétendait que c’était la Sainte Vierge  qui le guidait mais les gens sensés et les bons chasseurs ne croient pas aux apparitions. Ils laissent dire et n’en pensent pas moins. Ils savent d’expérience que les « pecs » ont des pressentiments que n’ont pas les gens normaux.

Ils le pensaient d’autant plus que le « pec » n’avait pas son pareil pour sentir venir un vol de palombes deux jours avant qu’elles arrivent. C’était un cas. Le village entier le considérait comme un héros local - un peu comme un demi de mêlée de rugby.

(Gironde mystérieuse, Geste éditions)

Charles Daney


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     palombes en décembre