LE guide touristique du Médoc – Patrimoine du Médoc


le port aux huîtres au Verdon-sur-Mer


 

Description 

L'ancien port ostréicole a été aménagé sur les rives du Chenal du Verdon ou de Rambeaud. Une cale inclinée maçonnée permettait le débarquement des marchandises, et notamment des huîtres.

Des cabanes sont disposées parallèlement sur la rive gauche. D'autres sont également construites en amont, le long de bras secondaires du chenal. Elles présentent un plan carré, avec un toit le plus souvent en appentis et en tôle. Elles sont construites en planches peintes de différentes couleurs.

Le niveau des eaux dans le chenal varie en fonction des marées et de l'écoulement des eaux intérieures : il est régulé par une porte à flots. Le chenal est soumis aux risques d'envasements : des pieux en bois maintiennent les berges où sont aménagés des pontons en bois.

Historique 

Les cartes anciennes représentent le chenal du Verdon (Rambeaud) et celui de Soulac (dit Grand Chenal) qui se rejoignent au niveau du village du Verdon, au bord de la rade formée dans la Gironde, propice à abriter les bateaux. Aucun aménagement spécifique ne semble y être installé.

Dans les années 1840, les travaux de défense côtière engagés par l’État nécessitent l'acheminement de matériaux qui sont déchargés au niveau d'un débarcadère aménagé là où le chenal de Rambeaud rejoint le Grand Chenal.

Le port du Verdon connaît un développement important dans la 2e moitié du 19e siècle avec l'ostréiculture. En 1868, le navire Le Morlaisien, affrété sur la ligne Bordeaux-Lisbonne pour le transport d’huîtres, essuyait une forte tempête et ne put entrer dans le bassin d’Arcachon. Il mit le cap sur l’embouchure de la Gironde et, croyant son chargement avarié, s’en débarrassa au large de Talais. C’est ainsi que des gisements d’huîtres portugaises (ou crassats) se développèrent dans les années 1870 à Goulée, Richard, Saint-Vivien, Talais (ou Cheysin), et au Verdon.

Les concessions ostréicoles accordées furent de deux types : les claires pour l’élevage et l’affinage et les parcs en principe pour le captage. Entre 1875 et 1883, ce sont environ 150 hectares de claires qui furent concédés, la plus grande partie sur la "plage vaseuse du Verdon", en bordure des chenaux du Verdon et du Conseiller (Grand Chenal), derrière la pointe de sable de l’Aigron. Quelques autorisations furent également accordées sur des propriétés privées au Royannais, aux Grandes Maisons, à la Pointe des Oiseaux à Talais, et à Saint-Vivien. Les concessions de parcs accordées directement sur les crassats furent les plus nombreuses. De 1875 à 1883, plus de 500 hectares ont été au total concédés : il ne restait que les "réserves de l’Etat" qui devaient permettre aux gisements de se renouveler, et en particulier les parties non émergentes des crassats.


Réglementée par les décrets du 9 janvier 1852 et de juillet 1885, la pêche des huîtres était autorisée du 1er septembre au 30 avril, à pied ou en bateau avec une drague. Dès 1878, le prélèvement excessif ne permit pas le renouvellement des huîtres. En 1883, la production atteignait environ 750 à 1250 tonnes d’huîtres mais à partir de 1884, les prix s’effondrèrent, les acheteurs se faisant rares, et la production chuta. Beaucoup de concessions furent alors abandonnées.

Le déclin se poursuit au début du 20e siècle : en 1903, sur la rive gauche, on compte 58 claires et parcs couvrant 56 hectares ; en 1914, il n’y a plus que 27 dépôts d’huîtres sur une surface totale d’environ 6 hectares, situés pour la plupart au nord du chenal de Neyran et au Verdon. En 1919, ils ne sont plus que 7. Cette diminution était aussi liée à la liberté de pêche concédée à partir de 1908 et généralisée pendant la Première Guerre mondiale pour permettre aux familles de subsister.

Les huîtres pêchées sont ramenées par bateau, en remontant le chenal, au port. La navigation du chenal était bien souvent délicate et les archives mentionnent régulièrement les problèmes d'envasement. La vanne du port est attestée en 1906 et permettait, par un principe de chasse, d'évacuer les vases.

Dès les années 1920, les huîtres de l’estuaire sont à nouveau très prisées pour compenser la raréfaction d’autres gisements d’huîtres plates victimes d'une maladie. La pêche s’intensifia et les inscrits maritimes du quartier de Pauillac demandèrent à ce que l’accès des bateaux étrangers soit limité. Ça n'empêcha pas l’appauvrissement des bancs, constaté en 1927-1928.

Des maladies apparurent, accompagnées également d’épisodes de pollution. La production d’huîtres se poursuivit toutefois après la Seconde Guerre mondiale. De 1920 à 1968, de véritables lotissements de parcs à huîtres furent aménagés, de Neyran à Richard, puis en 1953 au Verdon : sur les 112 parcs d’élevage et 74 parcs de captage initialement prévus, 199 parcs de captage de 20 ares chacun sont finalement réalisés. Dès 1955, de nouvelles demandes d’extension de plus de 200 ha agrandissent le parc du Verdon au phare de Richard ; en 1959, 1500 parcelles représentant 500 ha sont concédées par les Affaires Maritimes pour des parcs de captage, témoignant de la professionnalisation du secteur avec majoritairement des ostréiculteurs de métier, même si ce n’était pas leur activité exclusive.

Jusqu'à la fin des années 1950, peu de pêcheurs possédaient leur cabane au port pour "détroquer" et vendre leurs huîtres ; ils s'installaient en bordure du chenal, sur le terre-plein près des embarcadères et "détroquaient" sur place. Certains se faisaient des abris avec des toiles pour se protéger du vent et de la pluie. En 1959 et 1968, de nouvelles cabanes sont construites : en 1968, elles sont construites sur deux modèles, de 24 ou 12 m2.

En 1968, alors que le port s'étoffe avec ces nouvelles cabanes, une maladie des branchies affecte les huîtres de l’estuaire ; en 1970-1971, un virus entraîne la destruction des gisements ; en 1972, des huîtres japonaises de type "giga" sont introduites dans l’estuaire mais la production ne décolle pas.

C’est la construction du terminal conteneurs qui donne le véritable coup d'arrêt à l’ostréiculture verdonnaise. Le port autonome de Bordeaux avisa les concessionnaires de l’arrêt de leur activité qui cessa définitivement en 1976. Des remblaiements furent effectués sur les parcs huîtres et entraînèrent un véritable envasement pour tous ceux situés en amont de l’estuaire, en raison du détournement des courants qu’ils ont provoqués.

Si l'activité disparaît, les cabanes de l’ancien port aux huîtres ont été en partie réhabilitées dans un but touristique.

En 2014, après des années d'études, d'expérimentation et d'analyses des eaux, le préfet de Gironde autorise la production d'huîtres dans l'estuaire. Plusieurs professionnels du Nord Médoc affinent à nouveau leurs huîtres (naissins provenant du bassin d'Arcachon) dans les eaux de la Gironde.


source : Inventaire Nouvelle Aquitaine


Le Verdon sur Mer