le petit stade de Macau

 

un plaidoyer de Jean-Pierre Lafon

(autorisation du 29/08/2007)  

 

Je destine ce modeste rappel à tous ceux qui ne connaissent pas bien l’histoire et la légende de ce lieu. 

Je rends hommage aux travaux et recherches antérieurs effectués par M. le Comte Duffour Dubergier, ancien maire de Bordeaux au XIXème siècle et qui posséda le château de Gironville, par M. Daney, instituteur à Macau à la fin du XIXème, et M. Yves Monge, instituteur, directeur d’école à Bordeaux, Macaudais bien connu, sportif, ancien combattant et historien local. Son décès récent nous a privés de la publication de ses nombreuses recherches sur l’histoire de Macau. 

Je tiens également à remercier un autre cher disparu, M. Jean Fournier, ancien propriétaire de Gironville, ancien combattant, déporté de 1939-1945, ancien maire de Macau, ancien président de notre cher SJ Macau. Il m’a prêté les « Chroniques de Gironville », écrites par le Comte Duffour Dubergier, recueil en trois ou quatre volumes où se mêlent histoire et légende, autour de Gironville. Ce que je dirai en est tiré. 

Je ne prétends ni à la vérité historique, ni à la perfection de ma mémoire. Si je commets des erreurs et qu’un lecteur en a la preuve, qu’il le dise : je rectifierai bien volontiers.

En route pour le passé, la légende et le rêve ! Et merci aux anciens, qui, eux ont préservé ce site de la pioche des démolisseurs.

M. Duffour Dubergier affirme que des monnaies et objets gallo romains auraient été trouvés sur l’emplacement du Petit Stade. D’où l’hypothèse de la présence au début de notre ère d’une villa (ferme) gallo romaine en ce lieu. J’ai interrogé à ce sujet M. Denis Maugey, des Archives départementales de la Gironde. Après des recherches poussées, aucune preuve ne peut conforter cette possibilité.

Mais… pour ceux qui ont visité les villae gallo romaines de Plassac, il y a une similitude dans la configuration des lieux, un vaste espace plat et dégagé, donnant sur l’estuaire, car n’oublions pas que le pied du Petit Stade était alors baigné par le fleuve.

Par contre l’origine supposée du nom de Macau (Malus campus, mauvais champ à cause des marécages, puis Machamp, Machau et Macau) pourrait contredire cette hypothèse.

Quoi qu’il en soit lors d’une tempête qui abattit des arbres du parc du château, (dans les années 40 ?) nos anciens se souviendront avoir vu des pierres apparaître sous les racines des arbres : vestiges de cette villa, ou d’un château médiéval, ou d’un souterrain reliant ce château au clocher donjon du XIème siècle ? Lequel souterrain partirait de la cave d’une maison située près de l’église et passerait sous le Prat.

Le Comte Duffour Dubergier affirme avoir voulu connaître l’histoire du château actuel, dont il était le propriétaire. Il s’en fut donc voir un sorcier à Labarde, lequel traça au sol un cercle de feu, où apparut un esprit qui révéla que des parchemins étaient dissimulés dans un coffre caché dans le château. Sur ces indications, le Comte trouva les parchemins, les lut et en tira les « Chroniques » dont j’ai parlé.

Si un lecteur a connaissance d’un possesseur de ces « Chroniques », qu’il me le signale, j’aimerais les relire, cela fait bien 30 ans que M. Fournier me les avait prêtées.

Un des parchemins parle de la construction du château féodal. Le chemin du Petit Castéra signifie du petit château. A noter que la rue Camille Godard se nommait en 1780 rue du Castéra (j’ai la copie des plans). Je ne me souviens pas trop de ce que le Comte en disait, mais il devait s’agir d’un château rustique. 

En 732, invasion arabe. Le chef Hiram aurait pris le château de Gironville (quel honneur pour nos ancêtres !) Il y aurait passé quelque temps (il lui a fallu se presser, Charles Martel l’attendait à Poitiers !) Il aurait trouvé le temps d’y établir son harem. Ceci est à l’origine d’une belle légende rapportée par le Comte. Un des eunuques censés garder le harem n’en était pas un (eunuque). Il tomba fol amoureux d’une des favorites du sultan Hiram. Il la rejoignit dans le harem, mais ils furent trahis et le sultan les surprit. Furieux, il fit égorger les amants, mais aussi toutes ses épouses. La légende dit que les nuits de pleine lune, on peut encore entendre les soupirs des malheureuses sur le Petit Stade. Avec mes copains, dans notre adolescence, nous avons écouté, écouté, et … laissons la part au rêve ! Il paraît aussi que les murs du château étaient rouges du sang des suppliciées et que rien ne put effacer cette couleur. Le cruel Hiram fut bien puni, il mourut à Poitiers et ses Arabes repassèrent les Pyrénées. Mais le Comte nous affirme qu’en langue arabe, « Hiram da », le fleuve d’Hiram, donna le nom Gironde. Et en latin, « Hiram villa », la ferme (ou maison) d’Hiram, devint Gironville. Légende ? Imagination ?

Un autre parchemin, dit le Comte était un écrit Franc. Il y était question de la visite de saint Hubert, patron des chasseurs, dans les bois de Gironville (la quasi-totalité de la Gaule franque était une forêt. Il y aurait rencontré un cerf portant une croix entre ses bois ! Peut-être ceci était-il (ma mémoire hésite) sur un parchemin différent de celui des Francs, peut-être même avant l’invasion arabe. Le Comte y lut un récit narrant l’expédition de Charlemagne en Espagne, la lutte contre un géant nommé Ganymède. Détail amusant : sur l’emplacement de la maternelle actuelle (autre sujet de « débats ») se trouvait une maison bourgeoise, demeure dans les années 50 du garde champêtre puis siège de la cantine. Cette maison se nommait Ganymède, comme le chemin derrière l’école. L’arrière garde des Francs succomba au retour près de Gavarnie victime non des Sarrasins, mais des Vascons. Roland y mourut, non sans avoir ouvert une brèche en voulant briser Durandal son épée. Charlemagne éploré ramena le corps de son neveu Roland et bien sûr, la légende affirme que lui, ou son épée, seraient enterrés sous le clocher de Macau. Seul problème, cela se passait vers l’an 800, et le clocher est du XIème siècle. Mais Roland est enterré partout, chaque village (exemple Blaye) s’enorgueillissant de sa présence. 

Autre parchemin, autre livre écrit par M. Duffour Dubergier. Voici les Normands et leurs drakkars qui remontent les fleuves au Xème siècle. Ils iront jusqu’à Toulouse. Evidemment, le château subit leurs assauts. Je ne me rappelle pas s’il fut pris ou non. Puis le Moyen Age s’installa, Gironville se fortifia, en concurrence avec les seigneuries d’Agassac et de Cantemerle, toutes vassales du Duc d’Aquitaine. Le clocher donjon fut construit, tour d’alerte et de défense en bord de fleuve, sans doute reliée au château par un souterrain. Dans ce souterrain aurait été caché un trésor : un veau en or ! De grâce, voisins du Petit Stade, ne détruisez ni vos salons ni vos belles pelouses ! Il y eut peut-être un souterrain, mais à défaut de veau, vous pourriez être les … dindons de la farce ! 

Pendant la guerre de Cent ans, nous étions Anglais, vassaux du puissant Prince Noir, fils d’Edouard III, roi d’Angleterre, qui résida au château de Blanquefort.

Là s’arrêtent mes souvenirs sur les « Chroniques de Gironville » et mes pensées vont de nouveau à ces hommes, ces Macaudais si fiers de leur passé qu’ils surent l’enjoliver pour le transmettre. Ce texte n’a pour but que de prendre le relais contre l’oubli. D’autres l’ont fait, d’autres le feront. Pardonnez-moi les imperfections ou erreurs possibles.

  

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