LE guide touristique du Médoc – Patrimoine du Médoc
Vendays-Montalivet
A la fin de la Guerre de Cent Ans, après la domination anglaise, la ville devient un petit fief de la seigneurie de Lesparre. Deux maisons nobles y sont alors construites : celles de La Salle et celle de Périguey. C’est en 1762 que Vendays prend son indépendance de la seigneurie de Lesparre, par la baillette du Duc de Gramont à Pierre de Bailly. Montalivet, lieu-dit de la commune, se développe considérablement en 1852, date à laquelle une station balnéaire y est créée en raison de l’attrait nouveau pour les bains de mer. Avec la construction de routes forestières et d’une ligne de chemin de fer entre Lesparre et Bordeaux, la foule y est chaque année plus nombreuse. C’est à cette époque que la ville prend le nom de « Vendays-Montalivet », en l’honneur de Jean-Pierre Bachasson, comte de Montalivet, Pair de France et ministre de l’Intérieur sous Napoléon Ier.
Source : John Aubeneau-Senrent
À Montalivet, une stèle rappelle le raid qualifié le plus audacieux de la Deuxième Guerre mondiale.
Qu’est-ce qu’un héros ? Le dictionnaire le définit comme un(e) « homme, femme qui incarne celui ou celle, dans un certain système de valeurs, un idéal de force d’âme et d’élévation morale ».
« Les héros, ce sont des gens qui sacrifient leurs intérêts à une idée qu’ils ont dans la tête », écrit Gabrielle Roy.
Laissez-moi, à nouveau, vous raconter cette vraie histoire de héros.
Cela commence par une soirée de décembre au large des plages entre Montalivet et Soulac, un sous-marin britannique met à l'eau six kayaks et 12 hommes valeureux se retrouvent largués en plein océan en direction du Verdon.
Leur objectif : rejoindre Bordeaux pour poser des mines sur des cargos assurant le commerce entre les ports océaniques occupés et le Japon. Une mission aussi audacieuse que risquée menée par douze hommes des royal marines.
La mise à l'eau des kayaks ne se fait pas sans heurt puisque deux membres du commando resteront à bord du fait d'un kayak déchiré inutilisable. Les autres membres du commando doivent passer la Pointe de Grave pour remonter ensuite l'Estuaire jusqu'à Bordeaux. Ces jeunes hommes, les plus jeunes ont 20 et 21 ans, sont célibataires et sans enfants, entraînés à l'extrême, ils savent que leur destin est d'aller combattre l'ennemi au péril de leur vie, ils sont volontaires. L'Opération Frankton est lancée.
Ne reste que dix hommes ballottés par la houle dans le froid de l'hiver sur des embarcations qui portent des noms de créatures aquatiques : congre, lieu noir, seiche, poisson-chat et écrevisse, mais sans le cachalot.
Rapidement, le congre, disparaît en passant les remous de l'embouchure, noyant ses deux pagayeurs, à quelques encablures de la Pointe de Grave. Un autre chavire peu après, c'est le lieu noir, mais ses occupants peuvent rejoindre la rive ; malheureusement, ils sont capturés à l'aube près du Phare de la Pointe de Grave où ils étaient parvenus. Ils seront capturés par les allemands et fusillés.
Un peu plus tard, la seiche coulera sur un écueil au niveau du Bec d'Ambès. Après avoir été recueillis, les deux marines seront plus tard arrêtés, torturés puis fusillés. L'opération est-elle vouée à l'échec ? Que peuvent quatre hommes dans deux kayaks, qui doivent encore remonter des kilomètres à la force des pagaies, sous la menace de militaires chargés de surveiller cet axe de navigation stratégique ?
Contre toute attente, ils vont réussir : après trois nuits d'efforts, se reposant le jour cachés dans les roselières, ils touchent au but dans la nuit du 11 décembre 42 en rentrant dans le port de Bordeaux vers 21 h : l'un des binômes, celui de l'écrevisse, s'arrête dans la zone portuaire de Bassens et pose ses mines sur deux navires amarrés dans le môle tandis que celui du poisson-chat se dirige vers les quais de la rive gauche du port et ses navires à quai, sur lesquels les mines ventouses sont posées, aimantées à la coque à dix mètres au-dessous de la ligne de flottaison à l'aide d'une perche.
Les explosifs sont munis d'un retardateur, ce qui laisse le temps de l'exfiltration. La mission accomplie, les quatre hommes ont seulement quelques heures pour déguerpir. L'échappatoire prévue pour ces héros est alors de rejoindre à pied, en deux binômes séparés, la commune de Ruffec, en Charente, à 160 kilomètres de là, où les attendent les membres du réseau de résistance.
D'énormes explosions réveillent les Bordelais six heures plus tard, à partir de 7 h du matin.. Quatre cargos sont rendus inutilisables, ainsi qu'un pétrolier et un dragueur de mines qui bouchent désormais le port de Bordeaux.
L'opération « Frankton » est un succès. Mais chèrement payé là encore. Seuls deux hommes survivront au raid et pourront rejoindre l'Angleterre. Tous les autres ont été capturés et fusillés par les Allemands.
Jamais dans l'histoire des opérations combinées, un raid ne fut réalisé avec autant d'imagination que de courage que l'opération Frankton. Ces hommes sont rentrés dans la légende.
Source : Olga Norbert