LE guide touristique du Médoc – Patrimoine du Médoc


le Château Cantemerle à Macau

  

Les premières traces de production viticole sur le domaine ont été trouvées dès 1354 : le Seigneur de Cantemerle payait la dîme avec un tonneau de clairet !

 La Seigneurie de Cantemerle passa ensuite dans la maison de Caupène, originaire des Landes, on ignore par quelle voie ; on sait seulement que suivant un titre du premier février 1422, Jean de Caupène, Donset ou Damoiseau, est qualifié Seigneur de Cantemerle et que son fils, Médard de Caupène, fut Seigneur à son tour jusqu'à la fin du XVème siècle.

 L'armorial de Bordeaux nous apprend, qu'à cette époque, une alliance lia les familles de Caupène et de La Rocque. En effet, Jeanne de Caupène épousa Henry de la Rocque. Leur fils, Charles de la Roque, Ecuyer, en devint le Seigneur en 1510, suivant un titre du 26 janvier de cette même année.

 Jean de la Roque, Ecuyer, Seigneur du Gua, l’était aussi de Cantemerle, ainsi qu’il est justifié par un titre du 15 mai 1536. D’après les Archives Historiques de la Gironde , en 1540, « Jehan de la Rocque, (…), tient la maison noble de Cantemerle, juridiction de Blanquefort et à cause d’icelle à soixante francs bordelois de rente en deniers, envyron cinq ou six barriques de vin d’agrière et quelques poulailhes… ». L’agrière est un prélèvement proportionnel à la récolte et est versé en nature.

 En 1575, on ne recueillit que trois tonneaux de vin, soit 12 barriques sur le plantier de Cantemerle. En effet, le Médoc de cette époque était plus une terre céréalière que viticole !

Le 20 août 1579, Jean de Villeneuve, second président du Parlement de Bordeaux achète les maisons nobles de Cantemerle, la Raze et Nestérieu et toutes leurs dépendances pour 12500 livres , soit "4166 écus et deux tiers d'écu"

 Jean de Villeneuve, Seigneur en Pays Toulousain, en Agenais, de Cantemerle, Macau, Ludon-Dehors et autres places en Guyenne, épousa Antoinette de Durfort, de la maison de Duras et de Blanquefort. C'est par cette alliance que, depuis l'an 1600, les Villeneuve de Cantemerle se sont appelés Villeneuve de Durfort.

 Ce changement de propriétaire fit apparaître un nouveau type d’exploitation qui commençait à se développer dans le Médoc : le Bourdieu. Le Bourdieu désigne une exploitation agricole où la vigne occupe toujours une place prédominante. C’est au XVIème siècle que l’exploitation de la vigne devient l’activité principale du domaine de Cantemerle . Il ne fut plus soumis à une gestion seigneuriale médiévale qui lui imposait cens et agrières mais géré par le propriétaire au moyen d'un bail à métayage. Ce type de bail assure un revenu majoré (la moitié de la récolte) et la durée relativement courte du bail (3 à 5 ans) laisse au bailleur la possibilité de mieux contrôler la gestion de sa propriété.

 Au XVlIème siècle, la juridiction de Cantemerle s'étendait sur un grand nombre de maisons nobles et notamment sur celles de Gironville, Maucamp et de Sauves.

 En 1643, Sauves était habité par Hector de Villeneuve, frère de Louis alors Seigneur de Cantemerle. C'est à Sauves, l’actuel château aujourd'hui rebaptisé Cantemerle, que le Seigneur faisait porter sa vendange.

 Les Archives Ecclésiastiques de la Gironde nous apprennent qu'en 1654, Louis de Villeneuve, Seigneur de Cantemerle, encouru l'excommunication "pour avoir commis grand scandale dans l'église de Macau et troublé le service divin". Il avait enlevé la sœur de Pierre de Lacornière, Seigneur de Gironville et l'avait battu dans l'église...

 Pierre de Villeneuve, époux de Marie-Anne de Loupes, était Seigneur de Macau et CoSeigneur de Cantemerle en 1698. En 1713, il eut des démêlés violents avec le vicaire perpétuel de la paroisse de Macau. Il mourut en 1742.

 Son fils, Joseph-Emmanuel de Villeneuve de Durfort, participa, en 1789, à l'assemblée de la noblesse et fut le dernier Baron de Macau. Après la déconstruction du château Cantemerle durant la révolution, le château de Sauves (l’actuel château Cantemerle) devint la résidence principale des Villeneuve de Durfort.

 Le 13 décembre 1834, Jean de Villeneuve-Durfort décède, léguant Cantemerle à son fils, Pierre Jules. Le nouveau baron de Villeneuve n’a pas encore atteint sa majorité, la responsabilité du domaine échoit donc à sa mère, née Caroline Joséphine Françoise Joseph de Lalande.

Neuf ans après être entré en possession de Cantemerle, Pierre Jules de Villeneuve-Durfort meurt soudainement en août 1844. A 29 ans, il décède intestat. La propriété revient à sa mère et à sa soeur, Jeanne Armande, Baronne d’Abbadie. Bien qu’elle soit légalement copropriétaire de Cantemerle, sa participation aux affaires n’est que de pure forme. Encore une fois Caroline de Villeneuve-Durfort conduit seule la destinée de Cantemerle.

 En 1845, Pierre Chadeuil, nouveau propriétaire de Pibran, un vignoble voisin, s'est mis à étiqueter ses vins “Chadeuil Cantemerle Château Pibran”. Il prétend que le nom de ‘’Cantemerle’’ est associé depuis longtemps non seulement au domaine privé de la famille Villeneuve , mais également à tout le pays qui l’en­toure, il est donc justifié qu’il incorpore “Cantemerle” dans le nom de son vin. Naturellement, le fait que cela puisse engendrer une confusion avec un vin dont la qualité lui permette de vendre à des prix bien au dessus de la majorité des autres crus de la commune n'est pour lui que pure coïncidence. Mme. Villeneuve-Durfort ne l’entend pas ainsi. Produisant des documents qui remontent aux années 1570, époque où la famille Villeneuve a acquis la pro­priété, elle prouve l’absence de fondement dans les propos de Chadeuil. Toute mention de Cantemerle est rayée des étiquettes de Chadeuil et Pierre Chadeuil est condamné à verser des dommages et intérêts aux propriétaires du château Cantemerle.

 En 1852, Fleuret-Jean-Baptiste, Comte de Lavergne, fut pionnier dans la lutte contre l’oïdium : les premiers essais de soufrage de la vigne ont été réalisés au château Cantemerle. Il fut récompensé de son zèle par plusieurs médailles et par un prix de l’académie de Bordeaux.

 Le 19 septembre 1855, la chambre de commerce classa le château Cantemerle 5ème cru. L’histoire du classement de 1855 est développée dans la partie suivante.

A. d'Armailhacq nous précise dans son ouvrage Vignes dans le Médoc qu'en 1858, le plantier de Cantemerle comptait 91 hectares une partie des vignes était située dans Ludon et joignaient celles de la Lagune , les autres occupaient les plus belles hauteurs de Macau. La production annuelle était de 160 tonneaux de premier vin et 30 tonneaux de second vin. Soit un rendement par hectare d'environ 19 hectolitres, relativement faible par rapport à la productivité actuelle.

En 1866, la partie de la propriété consacrée à la vigne était d’un seul tenant de 110 hectares (sur les 400 que comptait le domaine) qui produisaient en moyenne 150 à 160 tonneaux de premier vin et 50 à 60 de second vin. Soit un rendement de 18 hl/ha légèrement inférieur à celui de 1858.

 En 1867, le Château Cantemerle reçoit une médaille d’argent à l’exposition universelle de 1867 pour récompenser l’excellence de son vin.

 Cantemerle fut le cru classé du Médoc le plus touché par la crise phylloxérique couplée de l'invasion du mildiou dans la période allant de 1879 à 1887. Il perdit près de 50% de son potentiel de production annuel moyen (par rapport à la période de référence 1864 à 1878).

 En 1884, le mildiou fut responsable d'un bouleversement de la hiérarchie habituelle des grands crus. Les Margaux, Cantenac, Ludon et Macau furent mieux réussis que les Saint-Julien Pauillac et Saint-Estèphe. Ainsi, le prix du Lafite 1884 chuta à 1400 francs le tonneau (par rapport à 5000 f pour le Margaux) et Cantemerle fut un des deux 5ème crus, avec Dauzac, à coter 200 francs de plus, par tonneau, que les Lafite.

 En 1892, les héritiers de la Baronne d’Abbadie vendirent Cantemerle à la famille Dubos , mettant ainsi fin à plus de trois siècles de "règne" des Villeneuve de Durfort.

 Théophile-Jean Dubos, époux de Charlotte Delbos, repris en 1892 le domaine, avec l'aide de ses deux fils Pierre et Bernard

 Théophile Dubos était à la fois propriétaire viticulteur de Cantemerle, vice-président du Syndicat des crus classés du Médoc et négociant de la maison Dubos Frères vendue en 1914.

 A la mort de Théophile, en 1905, Pierre et Bernard Dubos furent copropriétaires de Cantemerle jusqu’en 1923, où Pierre devint seul propriétaire.

 Durant la guerre et les années de crise 1930-1940, de nombreuses parcelles de vigne furent arrachées à Cantemerle, ainsi, à partir de 1945, on n’y cultive plus qu’environ 25 hectares qui ont été maintenus jusqu’en 1981.

 A la mort de Pierre Dubos, en 1962, son petit neveu Bertrand Clauzel devint le seul gérant et le resta jusqu'à la vente du domaine en 1981 aux Mutuelles d’Assurance du Bâtiment et des Travaux Publics.

 

http://www.cantemerle.com/
Macau