dernières nouvelles du Médoc
Aux fumeurs !!
Le tabac votre compagnon inséparable, va augmenter d’un jour à
l’autre dans des proportions inquiétantes pour l’avenir. Le
paquet gris vous coûtera 2 fr.50 en attendant qu’il arrive à
5 fr. La hausse de 1 fr.10 à 1fe.50 avait été faite sans trop
de murmures. Mais cette fois cela dépasse les bornes. Espérons
que les fumeurs ne se laisseront pas faire. Le populo n’a pas
pour parer à cette nouvelle dépense les émoluments que tou-
chent un percepteur ou bien un facteur. Nous les invitons donc
à faire grève. Il ne faut pas que nos dirigeants les prennent
pour des poires. Il est certain que ceux qui continueront à
fumer n’auront pas à se plaindre d’être tondus comme des
moutons.
(l’Action Médocaine
– Journal républicain d’opposition au Cartel des Gauches -
du dimanche 17 janvier 1926 - 15 centimes le numéro)
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Conte du " Réveil Médocain "
Pour rendre les cigarette inoffensives.
Avant que j’aie le temps de l’informer que je n’avais besoin
de rien, le colporteur avait étalé au milieu de mon bureau,
tout le contenu de la boîte qu’il portait, assujettie sur son
dos par deux bretelles de cuir : .
" Objets de toilette, Monsieur ? savon pour la barbe, rasoir,
cuir, blaireau, poudre de riz, eau de Cologne, peigne, démé-
loir, parfums pommade ? .
- Merci il ne me faut rien aujourd’hui. .
-Lacets de souliers, épingles de nourrice et de cravate, épon-
ges, chaînes de montre, porte-monnaie et portefeuille, bagues,
porte-plume, plumes, crayons, gommes à effacer, ciseaux,
montres ? .
- Mon cher ami, lui dis-je, je regrette de vous voir perdre
votre temps, mais je n’ai besoin de rien. .
- Blague à tabac, lunettes d’écaille, breloques, pipe, briquet
boîte d’allumettes métallique, papier à lettres, enveloppes,
cire à cacheter. .
- Il ne me faut rien de tout cela, je suis pourvu, approvi-
sionné de tout ce qui m’est nécessaire. .
- Alors Monsieur, permettez-moi seulement de vous présenter un
article nouveau, extraordinaire, qui a obtenu une médaille d’or
à la foire de Paris, des diplômes d’honneur à la foire de Lyon
et à la foire de Dijon : voyez. Ceci vous représente un porte-
cigarette perfectionné. Pesez, sa tare est de neuf cent qua-
rante-cinq grammes sans la cigarette. Il est en acier chromé,
d’une épaisseur de trois centimètres, d’une largeur de vingt.
Il est agencé pour rendre les cigarettes inoffensives, fussent-
elles bourrées de menilite, de dynamite ou de nitro-glycérine.
L’explosion se produit à une distance du visage suffisante pour
que le fumeur soit déjà à l’abri de tout danger ; mais ce n’est
pas tout. Voici une plaque de blindage qui s’adapte à la partie
intérieure du fume-cigarette et qui a adopté la forme d’un mas-
que, avec deux lucarnes pour les yeux, un logement pour le nez,
avec deux cheminées d’échappement pour les Messieurs qui ont
l’habitude de rejeter la fumée de cigarette par le nez. Avec
cet appareil, on peut fumer tranquillement, autant de ciga-
rettes que l’on veut,sans risquer de casser sa pipe, sans s’ex-
poser à avoir le visage défiguré par la déflagration. Pour vous
démontrer que mon appareil de sécurité a atteint le dernier
degré de la perfection, offrez-moi une cigarette, Monsieur, une
cigarette que je vais prendre au hasard dans le paquet que vous
me présenterez, vous ne pourrez pas dire qu’elle est truquée,
qu’elle m’a été présentée par un compère ? Je la fumerai devant
vous, impassible, au milieu de votre cour, à vingt mètres de
votre maison, pour ne pas réduire en miettes toutes les vitres
de vos fenêtres. Si votre conviction n’est pas formée après cela
et si vous ne m’achetez pas le porte-cigarette qui aura servi à
l’expérience, c’est que vous n’avez aucune crainte de mourir
jeune, de faire de votre femme une veuve, de vos enfants des or-
phelins. Vous vous êtes assuré contre l’incendie, la grêle, les
chemins de fer, la foudre, les autos, inutile de vous assurer
contre les cigarettes, puisque vous pourrez braver avec mon ap-
pareil les cigarettes les plus calamiteuses. Et laissez-moi
ajouter, Monsieur, que mon porte-cigarette est démontable et
qu’il contient dans cette partie renflée tout ce qui pourrait
être utile, en cas d’accident invraisemblable, pour parer aux
pires éventualités. Voyez : je dévisse mon appareil et voici :
de la teinture d’iode, des pansements antiseptiques, des rou-
leaux de gaze et de toile pour pratiquer des bandages, une ai-
guille aseptisée et du cagut pour recoudre les plaies. Le tout :
fume-cigarette, masque d’acier, trousse, nécessaire chirurgical,
cent francs ; à peine vingt francs d’avant-guerre, si vous tenez
à votre vie, vous n’avez pas le droit d’hésiter. .
- Votre appareil est fort ingénieux et je n’en disconviens pas,
aussi utile qu’une côte de maille pour un croisé, mais je ne
fume pas." .
Mon camelot entra dans une colère qui me donna un moment la
crainte de le voir éclater. .
" Vous ne fumez pas !... Vous ne fumez pas... c’est honteux
quand on vient d’augmenter les droits sur le tabac pour arriver
à rétablir nos finances. Vous n’êtes pas un patriote, Monsieur,
vous n’êtes pas un bon français, vous êtes un embusqué, un trai-
tre, un vendu à l’Allemagne, et vous mériteriez d’être accroché
par le cou à un bec de gaz, pour vous apprendre à entraver le
commerce. MONTENAILLES.
(l’Action Médocaine
– Journal républicain d’opposition au Cartel des Gauches -
du dimanche 9 août 1925 - 15 centimes le numéro)
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les fumeurs feront-ils la grève
La ligue nationale de " protection des fumeurs " réunie à Paris a protesté contre les nouveaux tarifs dont sont menacés les fumeurs. Un ordre du jour fut adopté décidant que les fumeurs s’opposaient par tous les moyens à l’augmentation du prix du tabac, demandant que le vote du projet engageant la responsabilité des parlementaires ait lieu au scrutin public, et préconisant enfin dans le cas où celui-ci serait adopté, la restriction volontaire de la consommation du tabac. Mais ces belles résolutions ne s’en iront-elles pas... en fumée ?
(le Journal du Médoc du dimanche 24 janvier 1926
15 centimes le numéro)