Saumos au 17ème siècle



La paroisse de Saumos, nous précise Baurein,  "est bornée au levant par celle de Sainte-Hélène, au midi par le

Temple de Sautuges, au sud-ouest par la paroisse du Forge, et au nord-ouest par celle de Lacanau. Saumos est placé à quatre petites lieues de distance de Castelnau, et à six grandes lieues de Bordeaux. (…)- Cette paroisse a deux

lieues de circonférence…".

Les plus anciens témoignages écrits ou cartographiés datent du début du XVIIIème siècle. Saumos est toujours situé dans le  » désert humain  » qui sépare Bordeaux de la côte, où n’existe qu’un seul bois : le bois de Moulugat.

Les conditions de vie restent difficiles ; l’ingénieurgéographe Claude Masse qui, de 1688 à 1723, travailla à

lever la carte des côtes du Médoc et du Pays de Buch, décrivait ainsi les landes qui entourent  » la mer d’Arcachon  » : "Tout le pays (…) est en landes ou bruyères d’une vaste étendue. N’y ayant de terres cultivées que celles aux environs

des bourgs et des villages et hameaux et le surplus du terrain étant de vastes plaines d’un fond de sable dont la superficie ne produit que des broussailles, ajoncs et arbustes appelés dans le pays jaugues ou en général landes ou bruyères qui ne sont propices qu’à paistre les chèvres, moutons, vaches à demi sauvages et petis chevaux (…). La superficie de ces landes est noyée en temps de pluie, principalement l’hiver et l’été, brûlée par l’ardeur du soleil ou, en temps sec, trop desséchée, ce qui est cause que les arbres ont peine à y croître ; aussi ne s’y trouve-t-il que quelques bosquets de bois taillis très raboteux et très peu vigoureux, excepté dans les terres labourées qui sont vers les centres des bourgs… Les paroisses sont toutes habitées par d’assés bons Faisans, Pastres et Bergers qui paroissent en leurs abits fort pauvres étant la plupart habillés de peau de mouton et ne laissent pas d’être communément aisés quoy qu’ils aillent partie de l’hiver et de l’Eté et autre Saison pieds et jambes nues et ne portent point de chapeaux mais seulement des toques ou barettes, et quand ils veulent dire des injures aux Etrangers, ils les appellent capettes, méprisant beaucoup ceux qui portent des chapeaux".

Saumos était alors constitué de quatre villages ( "le grand et le petit Courgas, le Bos et Sérigas" ) et du bourg

autour de l’église : les secteurs habités et cultivés, bordés de quelques parcelles de pins gemmés, étaient séparés par de vastes étendues de landes – les  "vacants du seigneur " – laissées au pacage, collectif et gratuit, des troupeaux, avec constructions de parcs (ou courtious) ; les bergers circulaient sur les échasses, mais les brebis étaient souvent maintenues en hiver dans ces parcs car elles servaient surtout à fournir le fumier nécessaire à la production des céréales (seigle et millet). Quant à l’élevage des abeilles dans les bournacs, il fournissait le miel.

"Les trois-quarts du territoire de (Saumos) sont bordés par un large fossé, qui commence au-dessus du village

de Sautuges, paroisse du Temple, et qui sert de débouché à une grande quantité d’eaux pluviales, qui, au moyen de ce

fossé, vont se décharger dans l’étang de Lacanau. On a donné le nom d’Eyron à ce fossé, qui, pour se servir du terme

du pays, est plutôt une craste de peu de profondeur, et que les charrettes traversent sans risques, qu’un fossé proprement dit" ; sur des cartes anciennes, apparaissent aussi les crastes Castagnot et Courtieux, l’une et l’autre dites  "fossés pour ‘écoulement des eaux".

Au début du XVIIIe siècle, la population se composait de 80 feux, d’après Masse ; mais c’est aussi le chiffre que nous donnent, pour les environs de 1785, les Variétés Bordelaises :  "Cette paroisse (de Saumos) est éloignée de six lieues de la rivière et du port de la Marque, aussi est-il rare qu’on y embarque des denrées. Il ne se fait aucun commerce dans Saumos ; les habitans, au nombre d’environ quatre-vingts familles, ne s’occupent que de la culture de leurs fonds, ou de la garde de leur troupeaux".

De fait, la population était surtout composée de paysans – laboureurs, brassiers, gardeurs – et de quelques résiniers. C’était, comme dans les paroisses voisines,  "une communauté profondément rurale, mais non agricole".

Il convient de noter cependant, tout au long du XVIIIème, un nombre croissant d’artisans. A titre d’exemple d’artisanat en expansion, signalons que trois moulins à vent existaient à la veille de la Révolution. Près du bourg et, au sud, il y avaient le moulin vieux et le moulin neuf ; quant au troisième, il avait été implanté dans la décennie 1780 par un scieur de long venu du Limousin – Védrenne – sur un terrain qu’il avait acquis près de l’Eyron.

Source : John Aubeneau-Senrent




Saumos au 18ème siècle


Saumos