💧LA GRANDE BUÉE💧



     Autrefois, faire la lessive se disait « faire la buée » ou « faire la bue », termes à l’origine de l’étymologie de buanderie et de buerie.

     Dès le XIIe siècle, la lessive du gros linge s’effectue une fois l’an, après les fêtes de Pâques. Puis, les lessives sont devenues plus fréquentes. Au début du XIXe siècle, on parle des « grandes lessives » ou « grandes buées » qui s’effectuaient au printemps et à l’automne. Après un long et dur travail de préparation et de coulées du linge dans les buanderies, le linge était rincé au lavoir.

     Les grandes lessives d’autrefois s’effectuaient généralement aux époques où il y avait peu de travaux aux champs. Au XIXe siècle, les lessives prenaient plusieurs formes :

  Les grandes lessives ou « grandes buées » (« bugado » du celte bugat, lessive) étaient des opérations d’envergure, qui avaient lieu une fois à l’automne et une fois au printemps. On comprend pourquoi les trousseaux de l’époque était aussi volumineux. Dans les familles aisées, une grande buée pouvait compter, en moyenne, 70 draps, autant de chemises, et des dizaines de torchons et de mouchoirs. C’était l’occasion de s’entraider entre voisines.

     Les petites lessives ou « petites buées » avaient lieu une fois par semaine, généralement le lundi, pour des petites quantités de linge, essentiellement des vêtements. Le linge était lavé chez soi puis on venait le rincer au lavoir.

     Les familles plus aisées faisaient appel aux lavandières, des laveuses professionnelles, qui allaient au lavoir tous les jours.

     En fonction du volume de linge à laver, les grandes buées duraient plusieurs jours, généralement trois appelés « Purgatoire », « Enfer » et « Paradis ».

Au premier jour, nommé « Purgatoire », avait lieu le triage puis le trempage : dans un cuvier, on disposait le linge en couches. Une fois rempli, le cuvier était rempli d’eau froide. Le linge y trempait toute la nuit pour éliminer un maximum de crasse.

     Le deuxième jour, nommé « Enfer », on vidait l’eau de trempage, puis on procédait au « coulage » en arrosant régulièrement le cuvier avec de l’eau de plus en plus chaude, puis bouillante, parfois parfumée avec des plantes aromatiques (lavande, thym, ortie, laurier selon les régions), l’eau s’écoulant par la bonde au fond du cuvier. Ce jour était appelé « l’Enfer » à cause des vapeurs qui se dégageaient du linge bouilli une bonne demi-journée et touillé de temps à autre à l’aide d’un grand pieu solide.

     Le troisième jour, nommé « Paradis », le linge refroidi était conduit au lavoir pour y être battu (le battoir permettait d’extraire le maximum d’eau de lessive), rincé et essoré. Quand ce travail était terminé, le linge était alors ramené au foyer pour y être séché. Le linge retrouvait sa pureté originelle, d’où le nom de « Paradis » donné à cette journée.

Ces grandes lessives d'autrefois donnaient lieu à de grandes fêtes, avec repas festifs, souvent préparés par les grand-mères...

    
Source : Esprit de Pays



Dans mon midi toulousain, j’ai connu un peu ce mode de lessive. Dans le village de mes grands-parents, le lavoir était trop loin. On allait au fossé à côté où un petit barrage permettait de rincer le linge avec la planche à laver et le battoir. Un premier progrès important, avant le lave-linge, a été l’utilisation d’un bac en ciment à 2 compartiments qui s’est peu à peu imposé dans toutes les maisons. Alors, les lavoirs et fossés ont été abandonnés. C’était dans les années 50. En patois toulousain ma grand-mère disait “ ruscade “ pour la lessive. Souvenirs, souvenirs ... 

Source : Jean-Claude Del