les résiniers


    cartes postales anciennes : ServiNantes


 

Pour commencer, le résinier pèle l'écorce du pin pour préparer la carre, en prenant soin de s'arrêter au liber, cette peau qui est entre l'écorce et le bois. La coupe s'étire dans un premier temps sur 80 cm de haut et 30 de large. C'est alors qu’il va cramponner en enfonçant un morceau de zinc incurvé dans le tronc, de manière à recueillir la résine. Le résinier manie ensuite le hapchot pour commencer la carre : les perles de résine se mettent alors à suinter doucement. Toutes les semaines, il va agrandir la carre par le haut. Chaque mois, il décolle la résine blanche du pot, avec une truelle, pour la verser dans un seau (l'escouarte), puis dans une barrique, jadis en ferraille.

(d’après un article de Dominique Manenc paru dans www.sudouest.com en août 2003)

œuvre de Lisa Germain


On rencontrait je résilier dans notre forêt surtout vers la seconde moitié du 19e siècle. Il effectuait des saignées dans les pins (cares) et récoltait la gemme (résine) qui s'en écoulait, dans des pots de résine fixés aux arbres. A l'époque, le métier de résinier ou gemmeur (en gascon, rosinèir ou gemèr) est un métier pénible. Il faut arpenter les forêts du soir au matin et ce tout au long de l’année pour un salaire parfois dérisoire. Le résinier n’est pas propriétaire des pins dont il s’occupe. Il est payé en général sur la moitié de la vente de la résine, l’autre moitié étant pour le propriétaire qui fournit le matériel notamment les pots de résine et une cabane pour abriter  le résinier et sa famille en pleine forêt. Le résinier a ses propres outils dont il prend très grand soin. En janvier et février, il enlève les morceaux d’écorce du pin et place en dessous le pot pour pouvoir recueillir plus tard la résine. Le pin est alors cramponné et écorcé. A partir du premier mars, il pratique la pique avec une sorte de hache appelée le hapchot. Il entaille l’aubier (partie de l’arbre juste sous l’écorce) pour sectionner les canaux résinifères et assurer un débit de résine suffisant qui sera recueilli dans le pot. La saignée ainsi obtenue s’appelle la care. Un pin peut comporter plusieurs cares. De la care, la gemme (résine) se met à couler, mais au contact de l’air elle cristallise lentement. Le résinier est donc obligé de rouvrir la blessure de l’arbre tous les sept jours. Lorsque les pots sont pleins, les femmes, dont c’est principalement le travail, récoltent la résine. Cette opération s’appelle la ramasse ou l’amasse. Ces pots sont transvasés dans des bidons en tôle, des couartes ou escouartes d’une contenance de 10 à 12 litres. Puis c’est dans des barriques qu’est versée la gemme avant d’être expédié à la distillerie la plus proche. Il y a cinq récoltes par année de gemmage, la dernière intervient au début du mois de novembre. Souvent les gemmeurs entretiennent la forêt durant l’hiver ce qui leur permet de recevoir un salaire complémentaire. On devient résinier par tradition familiale. On est résinier de père en fils. Cette transmission orale et pratique des gestes et des techniques dure près de trois années avant de devenir un bon gemmeur. Le rôle des femmes a toujours été très important, au point que l'on parlait fréquemment de "couple de résiniers". Il faut savoir que pour gagner sa vie, un résinier devait gemmer environ 6000 à 7000 pins par semaine. Dans ces conditions, le ramassage de la résine incombait très souvent à la femme du résinier, ou même parfois à sa mère, lorsqu'il était encore célibataire. Le gemmage disparaît peu à peu, face à la concurrence des pays où la main d'œuvre est moins chère et surtout à la concurrence des produits pétroliers qui se substituent à la colophane et à l'essence de térébenthine. Il disparaît vers la fin des années 80.

source : Hourtin et le Médoc