LE guide touristique du Médoc : Patrimoine du Médoc
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LE guide touristique du Médoc : Patrimoine du Médoc
Édifié vers -700, le château de Gironville est porteur d'une histoire très ancienne : il aurait notamment abrité Saint-Hubert, le patron des chasseurs et pourrait être lié à la légende de Roland de Ronceveaux. Il abrite en tout cas d'étonnants souterrains, désormais bouchés.
S'il est un lieu connu des Macaudais et des environs, pour son histoire, mais aussi pour les légendes qui l'entourent, c'est bien le château de Gironville. Situé près de Labarde, sur la D209, rue du 8-Mai-1945, il possède une histoire exceptionnelle. Les origines du site remonteraient à 700 ans av. J.-C. France Blanc, écrivain passionnée par l'histoire de son village, s'y est intéressée dans deux ouvrages richement sourcés qui lui ont été consacrés : Macau Autrefois et Macau des châteaux et des vignobles. France Blanc explique avoir été captivée par les multiples récits et témoignages contés par les Macaudais à propos de ce château : « Je me suis aussitôt prise de passion pour son histoire insolite et longue de plus de 2 700 ans, pour sa beauté mais aussi ses mystères. C'est impressionnant de penser que le site de Gironville s'étendait à l'époque gallo-romaine jusqu'à l'église, mais aussi jusqu'au fleuve. »
En effet, des traces de voies romaines et des médailles antiques ont été trouvées dans la propriété en 1780. À 200 mètres de l'actuel château, les vestiges d'une villa gallo-romaine ont été découverts en 1837. Récemment, en 2006, la découverte de mosaïques, effectuée à la suite de travaux de terrassement d'un immeuble situé au petit stade, a permis de remonter le fil des origines du site jusqu'aux Ier et IIe siècles, avant que, grâce à un élément de poterie, on puisse estimer l'ancienneté du site à 700 ans av. J.-C, selon les archéologues Philippe Coutures et Xavier Charpentier. Après le départ des Romains, le nouveau propriétaire, Bertrand, duc d'Aquitaine, aurait fait de Gironville un rendez-vous de chasse très prisé où, dit-on, Saint-Hubert, saint patron des chasseurs, son fils et l'arrière-petit-fils du roi des Francs Clovis auraient séjourné.
D'Hiram-Villa à Gironville
La villa ayant par la suite été détruite par les incursions des Barbares, fut reconstruite au VIIIe siècle par un chef arabe, Hiram, qui lui donna le nom « d'Hiram-Villa ». Se déformant ultérieurement, le nom est devenu « Gironville ». Il s'agissait d'un splendide palais oriental. Le chef arabe aurait été tué lors de la bataille de Poitiers, menée par Charles Martel en 732. C'est peu de temps après que Charlemagne intervient dans la légende, lorsqu'il s'empare de l'Aquitaine en 769. Lors d'un passage à Macau, celui-ci fait raser Hiram-Villa et fait bâtir une tour carrée, l'actuel clocher médiéval de l'église, comme l'explique dans ses écrits l'ancien maire de Bordeaux (de 1842 à 1848) nommé par le roi Louis-Phillipe, Lodi-Martin Duffour-Dubergier. La tradition orale dit en effet qu'au retour de la bataille de Roncevaux, Charlemagne aurait déposé l'olifant (cor en ivoire) de Roland sur l'autel de la basilique Saint-Seurin à Bordeaux et fait enterrer Roland à Macau. La légende voudrait qu'il ait été enterré au pied de la tour carrée, récit que l'on peut retrouver dans les Chroniques du château de Gironville, de Duffour-Dubergier.
Mais il y a plus étrange encore : de mystérieux souterrains reliant le château de Gironville à la tour carrée de l'église de Macau, certains allant vers l'estuaire ou Labarde. Même si le château actuel possède des bases du XVIIe siècle, remaniées au XVIIIe par la famille Rabar, seigneurs d'Uch et de Bessan, on ignore quand, par qui et pourquoi ils ont été creusés. Nombreux sont pourtant les Macaudais attestant de leur existence. Dans la rue du Petit-Castera, sur le chemin du petit stade, il y avait une entrée de cave voûtée fermée par une grille : elle a été détruite et cimentée. Toutes les entrées ont été obturées et, avec la construction des maisons individuelles, elles ont disparu et sont désormais inaccessibles. Le risque d'éboulement était également trop important. Une entrée visible à Gironville a été bouchée pendant la Seconde Guerre mondiale, lors de l'Occupation par les Allemands, empêchant ainsi toute résistance ou circulation par ce moyen.
Certains se souviennent, dans leur enfance, avoir joué dans ces souterrains, dans l'espoir d'y trouver le fameux veau d'or, tout aussi légendaire quand d'autres, adultes, y recherchaient même le Saint-Graal. Désormais, Claude Dalençon habite et entretient le château et son splendide parc, qu'elle fait visiter. Si tous les passages des souterrains bien existants sont désormais condamnés et inaccessibles, ils n'ont pas fini d'intriguer, de faire rêver et d'interroger.
source : Le Journal du Médoc