LE guide touristique du Médoc : Patrimoine du Médoc
la villa San José à Soulac-sur-Mer
rue Ausone, rue Joseph-Lahens
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LE guide touristique du Médoc : Patrimoine du Médoc
⬆️ photo prise en 2016 par Jean-Luc Saint-Marc
⬆️ photo prise en 2016 par Jean-Luc Saint-Marc
Elle détonne dans le paysage des villas soulacaises, avec leurs façades de briques aux couleurs vives, leurs pilotis de bois blanc et leurs volets bleus. La villa San José est une bien étrange construction, avec son escalier extérieur tortueux, qui semble fait de branchages entrelacés, sa façade qu'on dirait faite de rondins de bois. Qu'on dirait seulement, parce qu'en réalité, il s'agit d'un ouvrage de béton conçu par Albert Tournaire, ancien prix de Rome, architecte en chef de l'exposition de Bordeaux en 1895. La maison, que l'on connaît aujourd'hui sous le sobriquet de « villa de la sorcière », a en effet été édifiée pour cette même exposition de Bordeaux, qui se tient sur la place des Quinconces au mois de novembre 1895. C'est alors la treizième édition de cette exposition organisée par la Société philomathique de Bordeaux, dont le but est de faire avancer les connaissances et de favoriser le progrès humain. Elle se veut internationale et universelle et s'étend sur 100 000 m2, accueillant plus de 10 000 exposants. Une série de « petits pavillons » y est présentée et parmi eux se trouve le « pavillon de Guyenne ». « Il est entièrement réalisé en béton et faux bois, œuvre de Monsieur Robineau, également auteur en 1914 du ponton en béton armé de Soulac partiellement démoli », raconte Jean-Paul Lescorce, érudit historien et collectionneur de cartes postales, auteur, spécialiste de la vie à la Pointe de Grave.
Acheté par un mystérieux propriétaire, le « pavillon de Guyenne » est démonté et transporté jusqu'à Soulac-sur-mer par le chemin de fer. Il est alors « juché sur une dune, agrandi », pourvu notamment « d'un rez-de-chaussée en béton moulu imitant le bois, agrémenté d'un grand escalier tournant en forme de faux tronc d'arbre, desservant la terrasse par-derrière », décrit encore Jean-Paul Lescorce. Originalité supplémentaire, parmi toutes ces villas soulacaises qui portent des noms de fleurs ou d'oiseaux, écrits dans des cartouches sur leurs façades, le « pavillon de Guyenne » se distingue à nouveau en prenant le nom de « villa San José ». Mais peu de Médocains l'appellent ainsi : pour les enfants de Soulac, la bâtisse, avec son étrange allure, ne peut qu'être la demeure d'une terrible sorcière, une maison hantée tout droit sortie d'un décor de films de Tim Burton ou d'un conte effrayant.
La désormais « villa de la sorcière » inquiète d'autant plus que son histoire demeure énigmatique ; de l'objectif de sa construction, de l'identité du propriétaire qui la rapatria à Soulac, on ne sait aujourd'hui plus rien. Seules subsistent quelques images de cartes postales, que collectionne Jean-Paul Lescorce, et ces quelques bribes historiques. Curiosité de la paisible station balnéaire de la pointe du Médoc, la villa de la sorcière fait néanmoins partie des circuits de visite proposés par l'office du tourisme de Soulac-sur-mer et est une étape incontournable du jeu de géocaching Terra Aventura. Mais attention ; bien que l'actuel propriétaire des lieux ne soit pas une vilaine sorcière, il se murmure qu'il n'aime pas trop voir les badauds tourner autour de son intrigante demeure…
Source : Le Journal du Médoc