SAINT GEORGES d'Oléron

L'église romane de Saint-Georges d'Oléron est un des monuments les plus remarquables de l'île.

L'église primitive (la nef actuelle), fortifiée contre les invasions, date du XIème siècle.

Cette église a été construite vers 1040 et donnée par Agnès de Poitiers (remariée à Geoffroy Martel comte d'Anjou), à l'abbaye de Vendôme qu'ils venaient de fonder.

A l'époque, l'édifice était petit avec seulement la nef actuelle et le grand portail préroman marqué d'influences orientales et mauresques.

Au XIIe siècle fut construite la partie la plus élevée, dans le plus pur style «Plantagenêt», grâce aux largesses d'Aliénor d'Aquitaine qui serait venue à St Georges.

La nef fut terminée au XIIIème et Aliénor d'Aquitaine en fit don à l'Abbaye aux Dames de Saintes qui acheva les travaux.

Le mur gouttereau sud fait partie de l'édifice roman avec sa corniche à modillons représentant des animaux fabuleux ou symboliques et une tortue marine; ainsi que le mur occidental du bras droit du transept: ils sont percés d'élégantes fenêtres reprenant les éléments de décor de la façade et des combinaisons de demi-palmettes.

La façade ouest est la plus remarquable avec son large portail à cintre légèrement brisé, les 2 étroites baies aveugles et 4 grosses colonnes montent jusqu'à une corniche sans modillons.

Le large oculus au-dessus du portail est plus tardif, car percé à l'époque gothique, sûrement au XIIIe siècle en même temps que les chapiteaux des colonnes.

Ces vestiges romans bien que très mutilés par l'air salin méritent d'être détaillés :

Les quatre cintres du portail : (refaits au XVe siècle) sont ornés de nombreuses petites moulures; ceux des fausses portes s'appuient sur des colonnes à chapiteaux anciens bien travaillés, bien romans (mi XIIe siècle), ornés de lions, dragons, de dessins géométriques à base d'attributs marins (algues sculptées dans la pierre) bien préroman.

Au sommet du cintre supérieur, une minuscule tête du Christ: elle semble être la seule en Saintonge; au bas du cintre, près de la colonne, un animal tourné vers le Christ.

Fait rare: l'une des colonnettes du portail est surmontée d'un chapiteau réunissant les 2 thèmes du bestiaire et du décor végétal: dans sa partie basse, ce chapiteau présente des animaux fabuleux, les «tarasques»: ces monstres au corps de serpent muni de pattes griffues et d'ailes sont placés dans une position d'affrontement; au-dessus le feuillage ressemble étrangement à des algues marines échouées en quantité après chaque marée.

Les chapiteaux courts des 4 grosses colonnes de séparation présentent aussi une particularité unique en Saintonge: 3 d'entre eux sont ornés de petites têtes humaines accolées. Ces têtes (sans doute des portraits) et la moulure du portail indiquent une réfection partielle au XIIIe siècle.

Le banc usé des fausses portes, bien que n'ayant pas été prévu à cet usage, permettait aux femmes s'y appuyant de monter ou descendre de leur monture.

Les colonnettes et les pieds droits sont ornés de figures géométriques : bâtons brisés en zigzag (baies latérales) ou formant un losange (portail).

Les cintres sont garnis de têtes de clou comme tout le tour de l'église, quand ce ne sont pas des pointes de diamant (bras droit du transept).

Les chapiteaux à monstres et feuillages sont d'une très grande élégance et ciselés jusqu’au détail des écailles des dragons.