ARLES SUR TECH Abbaye

L'abbaye Sainte-Marie est une ancienne abbaye située à Arles-sur-Tech dans le département des Pyrénées-Orientales.

L'église abbatiale sera consacrée deux fois.

Une première fois, bien qu'inachevée, en 1046 lors d'une cérémonie solennelle réunissant plusieurs évêques et notables de la région, et l'autre en 1157.

L'église comporte une façade sculptée, ancienne. L'intérieur a été agrandi et surélevé au XIIe siècle, le cloître date du XIIIe siècle.

Le décor de la façade orientée à l'est, est un des premiers essais de sculpture monumentale datant du milieu du XIe siècle.

La décoration est située aux endroits les plus visibles, c’est-à-dire, la porte d'entrée et la fenêtre qui la surmonte.

Le portail est surmonté d'un ensemble de dix grandes baies cintrées dont deux seulement sont à claire-voie.

Cet ensemble est, à son tour, surmonté par un pignon orné d'une galerie d'arcades aveugles qui sont caractéristiques de l'architecture lombarde.

Au tympan, une croix grecque a été sculptée avec, en son centre, un Christ en gloire, assis et bénissant dit "Pantocrator".

Sur les branches de la croix, dans des médaillons, figurent les symboles des quatre évangélistes.

Au dessous du Christ, le linteau en granit est ornementé de l’Alpha et de l’Oméga. Il pourrait être le seul souvenir de l’édifice du IXème siècle.

Il s’agit d’une église avec chevet orienté vers l’ouest, alors que la façade l’est vers l’est.

Les trois nefs à l’origine charpentées ont dû recevoir le voûtement actuel en 1157, date de la nouvelle consécration de l’édifice. La nef centrale est couverte en berceau brisé tandis que les collatéraux sont couverts en plein cintre.

Les piliers de support doublent le premier mur du XIe siècle. Comme dans toutes les églises de type basilical, des fenêtres hautes éclairent la nef centrale.

Les différentes nefs sont séparées par une série d’arcs formerets reposant sur des piliers rectangulaires.

Une chapelle haute est située au-dessus du portail, où l'on accédait par un escalier à double volée. Cette chapelle est dédiée à Saint Michel et aux archanges.

Son décor à fresques daterait du XIIe siècle. Il représente deux figures d'anges: des séraphins aux ailes décorées d'yeux. Au dessus d'eux, le Christ est représenté en majesté entouré des quatre évangélistes.

Des armoires à reliques sont creusées dans les piliers de la deuxième travée avec un décor peint à diverses époques.

On notera aussi une cuve baptismale romane.

Adossé au flanc sud de l'église, le cloître est un exemple unique de l'art pré-gothique languedocien en Catalogne. En effet,rien ne subsiste du cloître roman d'origine.

À côté de l'église, on trouve un gisant incrusté dans le mur. C'est celui de Guillaume de Gaucelme, seigneur du Teillet, qui légua sa fortune à l'abbaye en 1204 et fut enterré le 10 avril 1211.

Cette sculpture est l'œuvre de Ramon de Bianya, sculpteur du début du XIIIème siècle qui a signé aussi les deux gisants présentés dans le cloître d'Elne et le portail de St Jean le Vieux à Perpignan.

Sous ce gisant se trouve un sarcophage paléochrétien daté du IVème siècle appelé "Sainte Tombe". Le sarcophage est fait de marbre bleu de Céret, taillé et sculpté d'un X entouré d'un cercle signifiant "Iesous Chrestos".

Ce tombeau secrète inexplicablement de l'eau depuis qu'on y a déposé les reliques des Saints Abdon et Sennen, alors même que les reliques en ont disparu à une date indéterminée.

En fait le marbre utilisé pour le sarcophage a une origine différente du couvercle et est étanche. L'eau de pluie s'infiltre dans le couvercle qui joue le rôle de réservoir et s'écoule dans le sarcophage qui finit par déborder. Point de miracle alors...