CATALOGNE ROMANE

L’émergence, puis le triomphe, de l’art roman surviennent au moment où la souveraineté des comtes de Barcelone est reconnue par les autres comtes catalans. La Catalogne, vient de rompre avec la couronne française, dont elle n’accepte plus la suzeraineté datant de la création de cette marche carolingienne.

L'expédition de Cordoue (1010) écarte définitivement le danger d’une invasion arabe en mettant sous la protection des comtes catalans (1031) les princes musulmans issus du démembrement du califat.

Ces événements se produisent en « Vieille Catalogne » , qu’il faut situer au nord d’une route très ancienne qui traverse l’Anoia, la Segarra et l’Urgell en allant vers l’Aragon.

Ce n’est que plus tard (1148-49) que cette frontière allait être repoussée vers le sud par les conquêtes chrétiennes "la Reconquista".

Des petites églises rurales aux cathédrales, la Catalogne compterait plus de 2 000 édifices.

Cet art solide et équilibré est introduit dans la région au 11è siècle par les grands maîtres lombards et y demeure jusqu’au milieu du 13è.

La Catalogne conserve aussi un petit nombre d’églises d’influence wisigothique comme à Terrassa (fonts baptismaux dans le magnifique ensemble d’églises wisigothiques et romanes de l’ancien évêché d’Egara).

On peut y observer les deux éléments qui caractérisent l’art wisigothique : l’arc en fer à cheval et les bas-reliefs gravés de motifs géométriques et de compositions mêlant cercles et étoiles.

De l’occupation musulmane, il ne reste que de rares témoignages, les chapiteaux de type califal du monastère de Ripoll et certains éléments de la crypte de la cathédrale de Vic .

L’art préroman se développe au cours des 9è et 10è siècle. Sa caractéristique est l’arc outrepassé.

Le premier art roman au début du 11 e siècle, est marqué par l’apparition de l’influence lombarde, avec des constructions austères décorées d’arcatures aveugles, de bandes verticales accolées aux murs (bandes lombardes), d’absides au typique arc en plein cintre, de nefs individualisées par des rangées de piliers massifs supportant une lourde voûte en berceau. Les humbles clochers-murs alternent avec de belles et élégantes tours de clochers. Parmi les exemples, la magnifique série d’églises de la vallée de Boí.

Pour leur part, les églises de la vall de Boí (Santa María à Taüll, Sant Joan à Boí), et leurs clochers moins élevés, présentent des caractéristiques propres : un plan basilical à trois vaisseaux, trois absides et un toit unique sur charpente de bois.

Les églises de la Vall d’Arán , très semblables aux précédentes, mais surmontées d’une voûte en berceau, sont de construction plus tardive (12è /13è). Alors que nombre d’entre elles furent reconstruites postérieurement, elles conservent pour la plupart des éléments médiévaux parfois incorporés dans des clochers gothiques ou Renaissance.

Au 12è siècle apparaît le « second art roman » , avec une architecture plus complexe (nefs, transept, diverses absides, tours-lanternes, déambulatoire), qui développe un décor sculpté de premier ordre, dans les porches, sur les tympans des portails et encore dans les cloîtres.

Citons comme exemples la magnifique cathédrale de La Seu d’Urgell , italianisante, le cloître de la cathédrale de Gérone , le porche et le cloître de la cathédrale de Tarragone , les anciens monastères de Ripoll (cloître et porche), Sant Cugat del Vallès, Sant Pere de Galligants (Gérone) , Terrassa etc...

On note également au 13è siècle l’école de Lérida, qui laisse apparaître dans ses décorations de sculptures d’intéressants motifs d’inspiration arabe, en particulier dans les porches : cathédrale de Lérida (mais cela sent la fin de l'art roman).

Dans cette même région furent édifiés de grands monastères cisterciens : Santes Creus, Poblet . Bien qu’entrepris sur le modèle roman, c’est le style gothique qui domine hélas dans leur aspect définitif.

À cet important patrimoine architectural, il convient d’ajouter en premier lieu les magnifiques peintures murales des absides de Sant Climent et de Santa Maria de Taüll , Boí, La Seu d’Urgell, etc. Toutes ces peintures murales sont conservées au musée national d’Art de Catalogne ( Barcelone ), où se trouve l’une des collections de peinture romane les plus importantes du monde. Ces peintures ont été réinsérées ici sur chaque site. On peut aussi admirer d’autres exemples artistiques dans divers musées diocésains (Vic, Gérone, La Seu d’Urgell) .

Il ne faut pas oublier non plus les parements d’autels, ni les sculptures en bois (Vierge Marie, Christ en majesté, descentes de croix), in situ ou dans les musées cités.

Parmi les manuscrits illustrés, on notera enfin le Beatus de La Seu d’Urgell et celui de Gérone (manuscrits espagnols des Xᵉ siècle et XIᵉ siècle, plus ou moins abondamment enluminés).

Au musée capitulaire de la cathédrale de Gérone est aussi conservée la célèbre Tapisserie de la Création, broderie datant de l’époque romane.