SERRABONE Prieuré

Le prieuré de Serrabone, fondé au début du XIe siècle, est situé dans le département des Pyrénées-Orientales, à une trentaine de kilomètres de Perpignan, dans le massif des Aspres sur les contreforts orientaux du massif du Canigou.

Sainte-Marie de Serrabona (Serra bona : la bonne montagne) est une église fondée au Xe ou au XIe siècle dont la première mention apparaît dans un document daté de 1069.

La première église de Serrabona était constituée d'une nef unique, voûtée en berceau brisé. L'implantation de la communauté de chanoines entraîne au XIIe siècle un important chantier de transformation. Le chevet primitif est remplacé par un transept et trois absides. Une abside majeure, saillante à l'extérieur, est flanquée de deux absidioles encloses dans les murs. Les bâtisseurs ont aussi élevé une deuxième nef au nord et un clocher; au sud, une galerie cloître et un bâtiment en angle comprenant trois salles superposées.

Les murs épais de la nef sont construits en schiste local débité en moellons allongés. L'appareillage de la seconde construction est plus élaboré, constitué de gros blocs de schiste taillés et ajustés avec soin.

Le cloitre est accolé au côté sud de l'église, et ses arcades ouvrent sur le ravin à proximité du prieuré. Un petit jardin s'étend à son pied, sur une des terrasses ménagées pour soutenir le prieuré

A Serrabona, les sculptures du cloître, du portail, de la fenêtre absidiale et de la tribune sont entièrement ouvragées en marbre rose du Conflent.

Elles offrent un contraste étonnant avec le vert - gris du schiste.

La tribune est considérée comme l'exemple le plus remarquable d'un travail de sculpture pour l'époque romane en Pays Catalan. La qualité du matériau utilisé, un marbre du Conflent, contribue à magnifier ce chef d’œuvre non signé réalisé aux alentours de 1150.

Trois arcades surmontées d'une corniche composent la façade. Son aspect ciselé en faible relief s'oppose aux chapiteaux en ronde-bosse.

La façade reprend dans son décor les symboles chrétiens tirés du texte de l'Apocalypse, placés dans les écoinçons des arcs.

A l'extrémité, deux anges aux mains ouvertes, leurs ailes couvrant leurs corps. Le lion symbole de Marc est placé à côté de l'aigle de Jean. A l'opposé, le taureau symbole de Luc, avoisine l'homme ailé de Mathieu. Ces quatre représentations entourent l'image du Christ, représenté sous les traits de l'Agneau disposé dans une mandorle. Autour de ce message, un décor végétal varié, de palmettes, de roses à quatre pétales et de rinceaux occupe la surface.

A l'exception d'un chapiteau mettant en scène Saint Michel terrassant le dragon, la sculpture de Serrabona n'est pas narrative, mais symbolique.

Des lions occupent les angles des chapiteaux, des aigles, des singes et d'autres animaux fantastiques complètent ce bestiaire étonnant.