L'art roman

Un site de plus sur l'art roman ou à la recherche du passé et d'un art révolu?

Ces quelques pages imagées ont pour objet de vous faire réfléchir sur un Moyen Age assassiné par le classicisme et dont la richesse et la couleur disparues ont faussé notre compréhension de cette époque.

Comme le Parthénon en Grèce, les églises romanes étaient peintes et la vision néoclassique de la pierraille nue des siècles derniers en a fait des tas de pierres mortes que je vous propose de faire revivre.

L'art roman se développe pendant la période qui s'étend du Xème siècle aux débuts du XIIIème dans sa forme tardive.

Les premières églises romanes ont un plan simple (une nef à un ou trois vaisseaux terminés par une abside, sans transept).

Le plan en croix latine des églises carolingiennes, issu de la basilique romaine, se généralise.

L'absence de l'arc boutant de l'époque gothique impose l'épaisseur des murs et des ouvertures limitées pour ne pas les affaiblir et supporter la voûte.

On en conclut souvent à tort que les églises étaient sombres pour être plus propices au recueillement.

L'usage de contrefort pour soutenir les murs conçus dans un premier temps pour une toiture en bois, permettra toutefois dans les évolutions du XIIème siècle de permettre des nefs plus hautes et des entrées de lumière plus importantes.

Si l'architecture romane paraît assez standardisée, la sculpture romane est un art très expressif.

Le sculpteur se permet l'utilisation de thèmes très diversifiés sous prétexte d'imagerie pédagogique, crée des animaux fantastiques, des plantes imaginaires, des formes géométriques très riches, imagine les personnages de la Bible dans une relecture du Moyen-Age , se représente aussi lui-même et parfois signe en latin son œuvre ou du nom du commanditaire.

La crainte de Dieu et de la mort, la vie quotidienne, la caricature et la raillerie souvent sous forme de bestiaire lié sans doute aux représentations des fables animalières (Roman de Renart fin du XIIème), ne cache pas pour autant une capacité d'invention étonnante.

L'image dominante: l'arc en plein cintre, courbure en demi-cercle opposée à l'ogive propre au gothique.

Les églises romanes, c’est l’arc en plein cintre (transmis par les Etrusques), mais aussi la voûte en berceau et la voûte d’arêtes, le contrefort...

Exemple d'innovation architecturale et sculpturale: on casse un peu l'arc du portail d'entrée, on empile les arches en plein cintre, on insère un haut-relief d'un côté ce qui modifie l'harmonie géométrique des arches,etc...

Au-delà de l'évolution technique le demi-cercle en forme de voûte céleste souligne la vision d'une prière qui monte vers la voute de la nef sans retour attendu (l'époque est à la soumission, non au dialogue); à l'inverse l'arc brisé gothique reprenant la forme des mains en prière révélera l'organisation spatiale d'un retour de prière attendu, l'espérance d'une aide divine demandée: un changement du rapport à Dieu à la fin du XIIème siècle.

Sans doute faudrait-il réétudier des expressions populaires du Moyen Age à la lumière des scènes animalières les plus étranges qui ont permis aux sculpteurs de donner libre court à leur créativité.

La religion y est vécue, représentée, comme fortement associée à la vie quotidienne et l'édification de l'église est l'occasion de créer, dans le respect de Dieu, tout en affichant des fantasmes multiformes dans les recoins discrets des chapiteaux ou des tympans.

Les scènes racontent aux croyants analphabètes, sous forme d'images exagérées, le contenu de la Bible et soulignent les croyances du moment.

Enfin, si le modillon n'occupe pas la place de choix en façade (sauf en hauteur) ou dans le chœur, mais plutôt à l'extérieur de l'abside ou dans les tours-clochers, il permet une représentation plus profane, tout en répondant à une commande du maître d'ouvrage, qui laisse libre cours aux fantasmes comme à la représentation du monde réel de l'époque (animaux, costumes, maladies et sexualité).

Une question non traitée me semble-t-il: était-ce l’œuvre d'ouvriers ou apprentis, et non du sculpteur maître d’œuvre de l'édifice?

D'où parfois une qualité moindre, mais aussi plus de liberté d'expression par rapport au commanditaire...

Enfin il faut préciser que des particularités régionales tenant à la pierre de sculpture notamment, mais aussi aux courants d'échanges avec les pays limitrophes, apparaissent de façon très sensible dès le XIè siècle.

Au 1er Novembre 2019,

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Michel BOISSET