MONASTIR DEL CAMP

Le Monastir del Camp (Monestir del Camp en catalan, ce qui signifie « Le monastère du Camp ») est un ancien monastère qui aurait été fondé, selon la légende, à la fin du VIIIe siècle ou au début du IXe siècle, à la demande de Charlemagne à Passa, près de Thuir, dans les Pyrénées-Orientales, après sa victoire sur les Sarrasins.

Trop peu connu, c’est l'un des joyaux de l’art roman catalan, en pleine nature.

L'église que l'on peut voir de nos jours a été construite à l'emplacement d'une chapelle plus ancienne dédiée à sainte-Marie, datant vraisemblablement de l'époque carolingienne.

Cette première église étant encore attestée en 1087,on peut donc situer l'édification de l'église du Monastir entre les années 1090 et 1116.

En 1307, un cloître de style gothique, aux arcades trilobées, fut ajouté.

L'église conventuelle, à nef unique couverte d'un berceau en plein cintre, possède un remarquable portail situé à l’ouest.

Une porte, située sur au midi, fait communiquer l'église avec le cloître et les bâtiments conventuels. L'édifice proprement dit date du XIe siècle et a été voûtée au siècle suivant.

Les bâtiments conventuels remontent aux XIIe et XIIIe siècles, comme l'attestent les fenêtres géminées de l'aile ouest. Au centre se dresse un cloître gothique aux charmantes arcades trilobées

Le superbe portail occidental, en marbre blanc de Céret, n'a été mis en place qu'à la fin de l'époque romane (dernier tiers du XIIe siècle).

Il est orné d’une double archivolte qui retombe sur quatre colonnes par l’intermédiaire de magnifiques chapiteaux sculptés. Ces derniers, taillés eux-mêmes dans le marbre, présentent des thèmes et une technique qui font penser au Maître de Cabestany ou tout au moins à des sculpteurs travaillant dans son atelier.

Le bandeau extérieur de l'archivolte juxtapose, sans souci d'établir une continuité dans le décor, des plaques de marbre portant des motifs variés.

Les chapiteaux eux, appartiennent à deux groupes distincts : trois d'entre eux représentent des monstres ordinaires : humains ou animaux, relevés de nombreux coups de trépan, et surtout des « Joueurs de trompe » à la morphologie singulière (les bras paraissent articulés dès le cou et les mains sont très longues).

Mais il y a un autre chapiteau qui ne manque pas d’intriguer : situé à gauche de la façade, il montre un personnage présentant la croix à une femme richement parée.

Dommage que pour protéger cet œuvre des tagueurs imbéciles, il faille regarder l'ensemble derrière une grille épaisse et distante qui a été mise en place au XVIè siècle (peur des protestants?) et condamnant définitivement l'entrée réservée aux villageois.