ITALIE Toscane et Lombardie

La Toscane est une des plus belles régions d'Italie. Située au Centre-Ouest du pays, elle possède un long littoral sur la mer Tyrrhénienne.

Historiquement, la Toscane était le pays des Etrusques, il a été conquis par les Romains aux IVème et IIIème siècles avant J-C et intègré à son Empire.

Au XIIème siècle les villes s'émancipent et deviennent libres. Pise, Sienne et Florence se constituent en Républiques. Grâce à sa puissance maritime, la République de Pise devient la puissance dominante de la région.

Dans la seconde moitié du XIVème siècle, la Grande Peste sévit en Toscane et emporte près de la moitié de la population.

Au XVème siècle, Florence et la Toscane auront initié le mouvement culturel de la Renaissance.

Rivales en politique, rivales commerciales, les communes toscanes, et, en particulier, Florence, Sienne et Pise, se livrent en effet, dès le XIème siècle, une guerre artistique qui prend la forme de l'émulation.

S'organise, autour des murailles des cités, le contado rural, espace construit autour d'églises et de couvents : étapes pour les artistes attirés par les commandes décoratives, lieux de diffusion de l'art en même temps que de recueillement.

La décoration de ces églises, avec leurs revêtements de marbre en bandes alternativement blanches et noires laisserait croire à une unité de style.

À l'époque romane, le jeu des rivalités entre des villes aussi prestigieuses, par exemple, que Pise ou Lucques, entre des villages d'autant plus fortement individualisés que seule une vallée les sépare, montre qu'il n'en était rien : d'autres types architecturaux, inspirés d'exemples cisterciens notamment, prouvent que la Toscane, y compris dans ses régions rurales, est traversée, déjà, par des courants d'ampleur européenne.

Seulement, la formule décorative inventée à l'époque romane fut relayée par un gothique précoce.

Aussi bien que roman tardif des XIIè et XIIIè siècles, l'inspiration reste fortement inspirée de l'antique avec un plan basilical et une couverture en charpente, une décoration de marbre bicolore plaqué en parement et enfin des arcatures ou galeries avec des baies géminées en façade.

La difficulté est de différencier le style roman, d'un néo-roman de la renaissance refusant le style gothique du Nord de l'Europe.

D'où des éléments architecturaux et des sculptures mêlés avec succès: ici une chimère témoignant d’un âge d’or étrusque, là des façades au marbre blanc et vert, là encore un style roman aux rigueurs géométriques, plus loin une ornementation foisonnante, un gothique pétulant de gaieté, et toute une Renaissance éclaboussant de fulgurances.

Ainsi, Pise, éblouie par les splendeurs orientales que rapportaient ses marins et ses voyageurs, créa des architectures insolites, parcourues d’un frénétique désir d’ornementation. Grâce à leurs contacts avec l’Orient chrétien et l’art islamique, les Pisans élaborent un style hautement décoratif qui s’exprime pleinement sur la place des Miracles avec la réunion scénographique du baptistère, de la cathédrale, de la Tour penchée et du camposanto. Les éléments stylistiques qui caractérisent la cathédrale, et qui eurent un vif succès dans les secteurs sous influence pisane, furent la bichromie zébrée des façades en marbre blanc et vert, leur décor d’arcatures aveugles ou même, pour les façades principales, de galeries ajourées, le motif du losange encastré, l’adoption de la colonnade pour séparer les nefs et la généralisation de l’arc surhaussé à l’intérieur comme à l’extérieur. Ces différents éléments trouveront un écho plus ou moins marqué dans la région de Lucques et même jusqu’à Sienne et ses environs.

Enfin, même si Florence connut également à l’époque romane le goût des ornementations polychromes de marbre, elle fut toujours la ville de la rigueur orgueilleuse, d’une sobriété pouvant atteindre l’austérité, et d’une perfection tout intellectuelle. Les deux exemples majeurs de ce courant qui s’exprima du 11è au 13è siècle à Florence sont le baptistère et San Miniato al Monte. Fortement influencés par la tradition paléochrétienne, ces monuments se caractérisent par leur esprit classique, la pureté de leurs volumes et leur rigueur géométrique tant structurelle que décorative. Leurs façades présentent un parement lisse de marbre blanc incrusté de motifs linéaires de marbres de couleur.

Aux 11è et 12è siècle, période caractérisée par l’ouverture aux échanges commerciaux, la campagne toscane change de visage. Grâce à ce bouleversement économique à l’origine d’une certaine prospérité, de nombreuses églises sont construites : modestes pour la plupart, d’innombrables églises romanes ou pieve sont bâties, jusque dans les secteurs les plus reculés, témoignant de l’importance de l’art roman en Toscane.