L'église d'Ererouk est aux abords du village d'Anipemza et à quelques centaines de mètres de la frontière turque. Ici, tout à l'ouest de l'Arménie actuelle, on est tout proche d'Ani, l'ancienne capitale arménienne, maintenant en Turquie. La visite se fait d'ailleurs sous l'observation des miradors turcs.
La basilique oblongue à trois nefs du ive ou du ve siècle est une des plus grandes églises arméniennes bâties à cette époque. Dotée de galeries (deux pastophoria, ailes barlongues flanquant l'abside) et de niches absidioles extérieures, couverte à l'origine d'une charpente en bois, elle se rapproche des basiliques syriennes tant dans sa conception (hautes pièces angulaires saillantes) que dans son décor (bandes décoratives des fenêtres).
Avec Zvartnots, elle est une des rares églises arméniennes à être entièrement placée sur un socle à gradins ; elle est en outre appelée par des inscriptions figurant sur ses murs « martyrium de saint Jean-Baptiste ». Les portails du bâtiment sont à gable ornés de denticules et comprenant un arc supporté par des piédroits à colonne unique. Les façades (à l'exception de l'orientale) sont décorées de pilastres peu saillants.
La basilique devait être dotée d'un décor peint ; il n'en reste aujourd'hui qu'une composition au-dessus du linteau du portail ouest de la façade sud du bâtiment, seul exemple subsistant antérieur au viie siècle dans l'architecture arménienne religieuse.
A l'ouest de la nef centrale se trouvent deux salles presque carrées, donnant sur deux chambres qui flanquent l'abside. Chacune de ces salles a deux portes.
D'après Strzygowski, l'une était reliée aux bas-côtés tandis que l'autre menait au narthex.
Deux petites fenêtres éclairent l'intérieur des chambres occidentales, hautes de deux étages. Au centre du mur est de la chambre du nord-est, se trouve une niche semi-circulaire; certains auteurs pensent qu'elle a été employée comme baptistère.
Édifiée en tuf volcanique au cours du VIe s., elle a souvent été présentée comme détruite partiellement par un séisme peu de temps après la fin de sa construction, puis reconstruite un peu plus tard. L'analyse technique prouve l'abandon du chantier initial et sa reprise quelques décennies plus tard.
Jean-Claude Bessac. Observations sur la construction de la basilique d'Ererouk en République d'Arménie (2e partie). Syria, 2012, p. 331-366. <halshs-00752661>