ITALIE Les Pouilles

Comment les Normands arrivèrent en Italie méridionale?

Petits hobereaux, aventuriers sans fortune, ils venaient tenter leur chance dans cette terre de toutes les rencontres.

C'est ainsi que Robert de Hauteville, le « guiscard » (c'est-à-dire le rusé) se mit au service de l'insurrection qui affrontait le « catepano », le gouverneur byzantin de Bari.

Les Normands surent se rendre indispensables, lier des alliances avec les princes lombards et travailler pour eux.

A 45 ans, Robert le Guiscard est duc des Pouilles, il prête serment à l'église romaine en 1058. Son frère Roger s'était lancé à l'assaut de la Sicile et en 1139, le pape reconnaissait la famille d'Hauteville comme rois, régnant sur la Sicile, la Campanie et les Pouilles.

Ce royaume prit une importance grandissante avec les Croisades dont la première fut prêchée en 1095 par Urbain II. Les villes des Pouilles devinrent les ports d'embarquement pour la Terre Sainte et les cathédrales fleurirent sur le passage des pèlerins.

Régime autoritaire et très centralisé, le royaume normand était aussi un lieu de culture où se croisaient les trois mondes constitutifs des Pouilles: latin, arabe et grec.

Ce qu'on appelle l'art roman des Pouilles se caractérise par le mélange harmonieux de ces trois influences. On a dit qu'il était une importation des Normands. Ils s'étaient, il est vrai, mis au service de la chrétienté et ont marqué le territoire de ces lieux de culte qui manifestaient leur puissance, en même temps que celle de l'Eglise et où s'arrêtaient les pèlerins et les croisés en chemin pour la Terre Sainte.

A la mort de Guillaume II en 1194 et faute d'héritier, un accord dynastique livre le royaume à une dynastie souabe: les Hohenstaufen. Pendant tout son règne, c'est-à-dire jusqu'en

1250, Frédéric II de Souabe s'acharna à faire de l'Italie méridionale et de la Sicile le foyer artistique et culturel le plus puissant du bassin méditerranéen.

Eglises et cathédrales, châteaux et forteresses, Frédéric II était un roi bâtisseur.

Deux types d'édifices caractérisent l'architecture romane italienne, la basilique, développée dans le sens longitudinal et destinée à la célébration eucharistique à travers des cérémonies désormais organisées par un clergé sévèrement hiérarchisé; et l'édifice à plan centré, utilisé de préférence pour les baptistères et les mausolées.

Certaines fonctions exigent parfois la présence de plusieurs constructions. La cathédrale, par exemple, n'est pas un édifice unique. Elle comprend souvent deux églises, l'une étant dédiée à un martyr et l'autre à la Vierge, ainsi qu'un baptistère.

Art vigoureux et complexe, dont l'origine peut être trouvée au début du XIè siècle, l'art roman s'est maintenu en Italie plus tard que dans les autres pays d'Europe, couvrant une grande partie du XIIIè siècle. À l'espace continu des basiliques paléochrétiennes, l'architecture romane de l'Italie oppose une articulation plus franche des volumes, ce qui ne l'empêche pas de rechercher souvent l'effet décoratif.

Retrouvant le sens du relief et de l'expression, la sculpture tend à substituer à la pratique de l'ornement la primauté de la figure humaine, même si les animaux non fantastiques conservent une place importante (lions stylophores et éléphants).

La peinture murale, que remplace parfois la mosaïque, commence à échapper à l'emprise byzantine.

La région des Pouilles (Puglia en italien, anciennement l'Apulie), dite plus couramment les Pouilles, est une région d'Italie, située dans le sud-est du pays.La diversité règne dans le domaine normand de l'Italie méridionale et de Sicile.

Outre les pavements polychromes, on voit souvent des autels à baldaquin, des chaires, des ambons en marbre sculpté et parfois incrusté de mosaïques.

En Apulie, l'influence normande apparaît, mêlée à des apports divers, dans de vastes églises qui ont pour trait distinctif un transept très élevé, incorporant le chevet : San Nicola de Bari (commencée en 1087), les cathédrales de Bari, de Bitonto, de Trani, alors que celle de Troia fait prévaloir l'influence pisane.

Le motif des arcatures et des galeries se transporte dans les Pouilles, où il coexiste avec une abondante sculpture qui s'applique aussi à de nombreux objets liturgiques.

Le croisement des styles normand, arabe et byzantin a donné d'autre part cet art étrange et fastueux:l'islam fournit assurément des modèles pour les édifices profanes.

Enfin, l'Italie méridionale conserve un bon nombre de vantaux de bronze à ornements et à figures en relief (Troia, Canosa di Puglia, Trani).

Le XIIIè siècle voit des transformations décisives de la civilisation italienne, dont les conséquences sont considérables pour l'art : à partir de 1250 environ, la péninsule tout entière semble prendre conscience de sa vocation originale, et l'on peut vraiment parler d'un art italien.

L'affirmation parallèle de la sculpture monumentale et de la peinture avec les mosaïstes romains afin de réagir contre une puissante vague d'influences gothiques et byzantines se fera sentir dans la première moitié du siècle.

Les deux facteurs gothique et grec, tendus vers une synthèse classique, se rencontrent dans les châteaux de la Pouille de Frédéric II (Castel del Monte).

Cet art roman italien du sud accepte ainsi au XIIIè siècle les transitions sans opposition franche de style et offre plus une évolution lente et enrichie où coexistent des bases romanes avec des emprunts aux techniques du gothique pour rechercher une œuvre spécifique.

Pour la Toscane c'est à partir du IXè siècle qu'apparait un renouveau de l'architecture: les églises furent bâties selon un plan basilical, en croix, ou encore centré comme les baptistères.

D'abord austères de façade, ces églises furent embellies selon le style roman italien. Ce dernier emprunte à l'Orient et au monde musulman, avec lesquels il commerce, leurs coupoles et quelques uns de leurs motifs ornementaux (la mosaïque entre autres).

La décoration en marbre polychrome sera désormais une marque de fabrique du style toscan. Giotto signera le très beau campanile de Florence.