CRESSAC

La commune de Cressac-Saint Denis se situe en Charente.

La commanderie de Cressac était une commanderie templière, dont il reste la chapelle, remarquable par la présence de fresques représentant des scènes de victoire des croisés.

La chapelle, construite entre 1150 et 1160, est le seul bâtiment restant de cet ensemble.

L'intérieur de la chapelle est remarquable: ses murs nord, est et ouest sont ornés de plusieurs fresques concernant les Templiers, des scènes de la victoire des croisés et de l'armée franque de Hugues le Brun de Lusignan et de Geoffroy Martel (frère de Guillaume Taillefert, comte d'Angoulême) sur les Sarrasins menés par Nourreddine, dans la plaine de la Bocquée, en 1163.

Ces fresques représentent des cavaliers en armes, ainsi que d'autres sujets dont un bateau qui pourrait être une nef templière. Ces fresques sont réalisées par application d'une argile rouge locale liée au blanc d'œuf, dont la couleur a résisté au temps. Ces peintures ont été effectuées en plusieurs étapes par des artistes différents : sur le mur nord, en premier la frise du haut qui raconte une bataille, plus tard la frise du bas qui représenterait un échange de prisonniers et après un décor de frises les unes géométriques, les autres en rinceau, qui masquent par endroit le haut des heaumes et les sabots des chevaux.

Ces fresques de la fin du xiie siècle couvraient autrefois l'ensemble de l'intérieur.

On y reconnaît un évêque qui pourrait être Adémar, qui participa à la première croisade.

Au registre supérieur, les habitants regardent du haut des remparts crénelés les Croisés sortir calmement de la ville tandis que, plus loin, sur un fond parsemé de fleurs de lis et de croissants, l’un d’eux charge les Sarrasins qui se réfugient dans une ville.

Les fleurs de lys sur le fond rappellent le roi de France. L'une des scènes du mur nord présente les chevaliers sortant au galop d'une ville fortifiée à la poursuite d'assaillants en retraite.

Il s'agit d'une lutte au cours de laquelle Nour ed-dîn, atâbeg d'Alep et de Damas, fut vaincu à la Boquée, alors qu'il venait d'attaquer le Krak des chevaliers.

Un soin particulier a été apporté à la description de l’armement des protagonistes et facilite leur identification :rondache (bouclier rond) et selle à pommeau pour les Sarrasins ; écu oblong, haubert (cotte de maille), casque à nasal, selle surélevée pour les Francs.

Les coloris sont limités à l’ocre, le brun et le blanc ; les silhouettes sont cernées d’un trait épais ; des lignes brun rouge soulignent le modelé, les plis des vêtements et l’armement.

Au revers de la façade et à gauche de la fenêtre, un chevalier à pied, muni d’une épée et d’un écu, est une représentation probable de saint Georges s’apprêtant à combattre le monstre qui lui fait face pour protéger une femme, richement vêtue et couronnée, derrière lui.

En parallèle, à droite de la fenêtre, un chevalier couronné foule sous les sabots de son cheval un petit être devant une femme également couronnée. Il s’agit sans doute d’une allusion symbolique à la victoire de la Chrétienté sur l’Islam, interprétée comme un triomphe sur le paganisme. Sur les façades des églises de la région, il est fréquent d’observer des cavaliers foulant un personnage. Ce thème est propre à la région Poitou-Charentes. Beaucoup ont disparu, cependant il en reste quelques-uns en place quoique mutilés comme, par exemple, celui de Châteauneuf-sur-Charente.

Dans l’ébrasement de la fenêtre, côté droit, une barque montée par deux bateliers est peut-être une allusion à la traversée de la mer par les Croisés.

La chapelle a été remise en état par l'église protestante et sert depuis de lieu de culte, ce qui explique la présence d'une croix huguenote au centre du mur sud.