Bearn et Pays basque

L’art roman recouvre une période qui va de la fin du Xeme siècle au XIIeme siècle, et se manifeste par la construction de nombreuses églises. En particulier sur les chemins de pèlerinage. Celui de Compostelle détermine directement une certaine profusion au Pays Basque.

Maritchu Etcheverry indique ainsi que "les deux tiers des édifices religieux répertoriés dans les archives diocésaines ont disparu". Impossible aujourd’hui de dire si ces constructions "étaient très romanes ou tendaient vers le gothique, les données sont assez lacunaires".

Maritchu Etcheverry s’est, sous la direction de Laurence Cabrero-Ravel à Pau, particulièrement intéressée à l’église de Ste-Engrâce, dont l’acte le plus ancien de 1085, est une donation par le roi Sanche de Navarre et d’Aragon au monastère de Leyre.

Le modeste édifice (26m de long, 15m de large) est "le monument le plus représentatif de l’art roman au Pays Basque nord" affirme la chercheuse, en termes de "sculptures figurées et historiées".Elle rappelle qu’à l’époque "les fidèles ne savaient pas lire, c’est donc un livre ouvert avec des représentations pour modérer le fidèle, le mener dans le droit chemin". Ainsi on trouve des chapiteaux représentant les plaisirs charnels avec un couple enlacé nu associé à un éléphant (symbole de chasteté), des représentations de saltimbanques (particulièrement peu appréciés des églises) avec un montreur de singe et un flûtiste, et des figures historiées rares comme le songe des rois mages, des pèlerins d’Emmaüs ou, plus fréquent, du Voyage des mages.

En outre "les sculptures du portail sont toujours très symboliques" avec notamment des chrismes (monogramme du Christ représenté par deux lettres dans un cercle) "que l’on retrouve dans tous les édifices en Haute-Soule". Celui de Ste-Engrâce, soutenu par deux anges, a la particularité rare unique au Pays Basque nord de porter également la signature de son sculpteur (un certain Bernardus dont personne ne sait rien).

Un édifice qui a rayonné sur d’autres édifices en Haute-Soule, comme celui de Haux (avec notamment des figures simiesques), Laguinge ou Sunhar qui sont "les mieux conservés". M.Etcheverry signale également le linteau de l’église d’Aroue qui a été "démonté du portail et remonté au-dessus de la sacristie". On y voit un évêque, une adoration des mages, un cavalier à cheval, mais "il manque des saynètes pour en comprendre la signification" déplore-t-elle. Les deux représentations du vice que l’on peut y admirer ne laissent en revanche pas de doute: la luxure par une femme entourée de deux serpents, et l’ivrognerie par un homme avec un tonneau.

Toutes ces sculptures distinguent la Soule de ses deux provinces voisines de Basse-Navarre et du Labourd. Ces deux dernières ont également des vestiges d’art roman, mais dans des édifices plus tardifs, qui datent de la seconde moitié du XXIIeme siècle. De plus, les édifices romans de Labourd et Basse-Navarre sont "plus simplifiés, tendant vers le gothique, avec des chapiteaux plus élancés".

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