Le chateau Renaissance
A l'issue de la guerre de Cent ans, le domaine de Clères, bien confisqué par les anglais, retrouve les mains des seigneurs de Clères. Très endommagé par plus d’un siècle de conflit et d’occupation, le vieux château médiéval a été, en cours de route, remplacé par un édifice carré nommé aujourd’hui la cohue et qui surplombe la cour d’honneur. Les raids des bourguignons menés par Charles le téméraire, en 1472, sont peut-être la cause des dégâts les plus importants sur l’ensemble fortifié.
A la fin du XVe siècle, Georges III de Clères qui avait été prisonnier en Angleterre, récupère son domaine et initie plusieurs travaux de restaurations. Son fils, Georges IV, continue cet immense chantier qui comprend la construction d’un nouveau corps de logis, de différents communs et la restauration des murailles et de la cohue. En effet, grâce à une étude dendrochronologique* réalisée en 2020, il apparaît que la charpente de la cohue a été vraisemblablement restaurée en 1503. Ce bâtiment comporte également des traces de rubéfaction** sur son mur nord, témoin d’un probable incendie.
Georges IV est un baron important. Il avait épousé en première noce Anne de Brezé, petite fille naturelle de Charles VII et d’Agnès Sorel “Dame de Beauté” dont le cœur est enterré à Jumièges.
Ce mariage lui confère une position favorable en tant que “Noble et féal cousin” du roi Louis XII ainsi qu’une fortune non négligeable. Après la mort d’Anne de Brezé, il épouse Isabeau de Mailly avec qui il aura six enfants.
A cette époque le domaine des seigneurs de Clères s’étend. Les constructions réalisées à cette époque sont encore visibles aujourd’hui. Il s’agit de la partie centrale du château, de la tour d’escalier octogonale et du passage des seigneurs qui mènent à la cohue. Dans cette partie, des pavés glaçurés ont été retrouvés. Ils représentent les armes d’alliance entre les de Brézé et les de Clères. On y trouve également un monogramme A et G pour Anne et Georges.
* La dendrochronologie est la datation des pièces de bois en analysant les anneaux de croissance des arbres.
** La rubéfaction est la coloration rouge des pierres ayant subi un incendie. Cela est dû à l’oxydation des métaux ferrugineux soumis à une température élevée.