« J'aime la chair, je suis une photographe de la peau. »

Bettina Rheims (1952) photographe française née à Neuilly-sur-Seine. Elle est la fille de l’académicien Maurice Rheims et la sœur de l’actrice Nathalie Rheims. Sa carrière débute par plusieurs corps de métier : elle est tour à tour mannequin, journaliste et galeriste, avant de se consacrer à la photographie en 1978.

  • En 1980, elle commence à photographier dans la rue, rencontre par hasard des strip-teaseuses foraines dont elle fait une série de nus, publiée dans Egoïste, qui la feront connaître et qui fera l’objet de deux expositions personnelles en 1981, au Centre Pompidou puis à la Galerie Texbraun à Paris. Forte de cette reconnaissance, elle travaille alors sur une série de portraits d’animaux empaillés qui seront exposés à Paris et à New York. Parallèlement, Bettina Rheims réalise de nombreux portraits de commande pour des magazines du monde entier, pour des publicités, elle conçoit ses premières photos de mode, des pochettes de disques, des affiches de films et tourne en 1986 son premier film publicitaire. Elle réalise des portraits de personnalités et actrices pour de nombreux magazines en Europe en collaborant régulièrement avec « Elle » et à « Paris Match ».

  • De 1986 à 1988, elle continue à développer son travail personnel en parallèle du travail de commande, en exposant ses œuvres photographies et publiant son premier ouvrage. En 1989 son livre « Female Trouble » est édité, regroupant plus de 10 années de travail sur les femmes. L’année suivante, Bettina Rheims réalise une série de portraits d’adolescents androgynes, « Modern Lovers », qui sera elle aussi éditée et fera l’objet d’une exposition en France inaugurant la « Maison Européenne de la Photographie » puis en Grande Bretagne et aux États-Unis. En 1991 elle collabore avec le romancier Serge Bramly pour « Chambre Close », ouvrage de fiction, première série en couleur des photographies de femmes dans des chambres d’hôtels bon marché décorées de papier à fleurs qu’aurait prises un certain Monsieur X, voyeur occasionnel, accompagnées d’un texte qui serait sa confession, Le livre est à ce jour un best seller régulièrement réédité.

  • En 1994 elle est lauréate du Grand Prix de la Photographie de la Ville de Paris et en 1995, réalise la photographie officielle de Jacques Chirac, Président de la République. Entre 1997 et 98 elle réalise avec Serge Bramly à nouveau, une série nommée « I.N.R.I. », important projet photographique retraçant les principales scènes de la Bible et de la vie du Christ, la sortie du livre en France, Allemagne, USA et Japon, déclenchera une violente polémique dans certains pays.

  • En 2002 elle sera promue par Jacques Chirac, au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur pour l’ensemble de son travail. Elle va séjourner six mois à Shanghai pour réaliser un portrait de la ville à travers des images de ses habitants, de femmes pour la plupart. Bénéficiant de sa renommée, c’est elle que Paris Match choisit pour réaliser les clichés de Nicolas Sarkozy à Élysée en décembre 2007.

Bettina Rheims, photographe à la renommée internationale se passionne pour la peau et sa vérité ainsi que pour les êtres en quête de métamorphose. Possédant un sens de la couleur, une vision intime et personnelle du corps féminin, elle a su développer un univers sensible où elle explore les différences facettes de l'âme humaine. Elle a fait scandale avec « INRI », une réinterprétation du Christ ainsi qu’avec des portraits de femmes souvent dénudés et provocants. Des stars de cinéma, de la musique, des mannequins célèbres, des artistes, des amies rencontrées dans sa vie de tous les jours, ont posé pour elle, dans des mises en scène dont elles se sont faites les complices.

Ses images révèlent la beauté secrète et la fragilité du monde de la mode et du glamour. « Portraits nus » c’est ainsi que Bettina définit elle-même l’ambivalence de son œuvre, dont le véritable mystère n’apparait que derrière l’enveloppe de chair. Elle entretien un rapport compliqué et contradictoire avec la photo de mode, fait d’ajustement et de décalages permanents. Elle cherche toujours à dérouter, bouleverser, scandaliser ou tourner en dérision les codes. Elle scrute le corps de ses modèles. Les photos de Bettina sont un sentiment de perfection formelle qui suspend le temps entre le réel et l’artificiel, un voyage dans l’univers des femmes. Elle crée un nouveau continent dans la géographie de l’érotisme. Sans peur ni vulgarité, elle respecte les règles de son maitre Helmut Newton, elle ose jusqu'à ce que le fil de l’élégance ne se brise et s’arrête juste avant. En défiant les vertiges de l’amour, la photographe et son modèle se provoquent, oublient toute pudeur, lorsqu’une femme se trouve derrière l’objectif.

Les femmes de Bettina Rheims sont nues, provocantes et désirables. Elles se montrent sans se donner, en femmes fatales, tout en restant mystérieuses dans l'univers formidablement complexe et sophistiqué de la photographe. Chaque photographie est le résultat d'un long cheminement créatif, les images qu'elle invente semblent directement issues de son inconscient, truffées de références à l'histoire de l'art, aux rêves de l'enfance et aux surréalistes tel-que Marcel Duchamp.

Bettina Rheims abandonnera le noir et blanc et décidera d’utiliser que la photo couleur avec une couleur intense, une couleur colorée, donnant ainsi à ses clichés un coté moins passéiste.

« Chambre Close » réalisée entre 1990 et 1992, sera le premier travail de Bettina Rheims effectué en couleur, allant à l´encontre de l´esthétisme noir et blanc de ses séries antérieures pour ne conserver que la vision du réel, dans son aspect cru et audacieux. Par l´utilisation la chair apparaît vivante et d’un réalisme déconcertant. Bettina transcende ainsi le corps pour atteindre la féminité la plus primitive, celle des pulsions plus ou moins refoulées, des pulsions sexuelles. Elle conjugue la conscience de son modèle à sa peau, et la capte sur sa pellicule. Elle se place comme un homme inconnu, clandestinement pour assouvir ses convoitises féminines, elle se glisse dans la peau d’un personnage fictif pour donner vie à ses photographies et donner corps à cette obsessionnelle approche du nu.

Chambre Close, ce sont autant des nus que des chambres d´hôtel. Le banal, l´impersonnel, l´effacement de toute trace d´appropriation sont l´état normal de ce genre de lieu. La photographe créée une situation exceptionnelle grâce au caractère doublement éphémère du lieu et de l´instant, de la mise en scène dans laquelle elle plonge son modèle est parfaitement maîtrisée, dans le décor elle parvient à mettre en confiance son sujet qui en oublie totalement sa situation. Cette une série de photographies sur la banalité du fantasme, du modèle et du lieu. L´originalité de Bettina Rheims est de retirer à la photographie son caractère figé et d´offrir à travers des instants uniques de vie, une nouvelle vision du monde qui l´entoure.

« J´ai voulu jouer avec les désirs et les fantasmes, travailler sur la séduction, ce qu´on montre ou ce qu´on ne montre pas et jusqu´où on va. Si l´on joue et l´on se montre aujourd´hui, c´est peut-être parce qu´il n´y a plus que ça de sûr : le voyeurisme » Bettina Rheims

« Je voulais que ces femmes ressemblent à des sculptures de Rodin, pour que le spectateur ait envie de les toucher. » Bettina Rheims

Rachel Williams, Résilles déchirées, Paris, 1989

Kate Moss, 1989

En 1989 Bettina Rheims est un des premiers photographes a photographier Kate qui est âgée de 15 ans et n'a pas encore été engagée par une agence de mannequin. Quand elle l'a voit, elle se dit de suite qu'il faut qu'elle la shoote. La série dont cette image est issue est effectuée à Londres en décembre, un portrait ou la toute jeune top modèle face à l’objectif dévoile immédiatement son regard mystérieux et sa moue boudeuse, une star vient de naitre. C'est une des toutes premières photos de Kate Moss, dans les couloirs d’une agence, alors qu'elle fait des essais, elle croise Bettina Rheims qui prépare à ce moment-là son ouvrage publié en 1990 sous le titre de « Modern Lovers » ou la photographe questionne de son appareil l’androgynie et la transsexualité.

Sophie Marceau sous le lavabo, Paris, 1990

Eddie Constantine regardant Ebby, St Tropez, 1991

Michael Douglas et Jeanne Tripplehorn, Los Angeles, 1991

Basic Instinct

Février, Paris, 1991

Chambre Close

Avril, Paris, 1991

Chambre Close

Juin II, Paris, 1991

Chambre Close

Juillet II, Paris 1991

Chambre Close

Aout, Paris, 1991

Chambre Close

Septembre, Paris, 1991

Chambre Close


Novembre, Paris, 1991

Chambre Close

Valeria Golino, Los Angeles, 1991

Jane Birkin, Paris, 1992

Cover German Playboy, Paris, 1993

Julie Strain, Terrasse, Château de Marmont, Los Angeles, 1994

Madonna, Showing her blue underpants, New York, 1994

Jacques Chirac, Portrait officiel, 1995

Sophie Marceau, Paris, 1999

Cérémonie II, Paris, février 1999

Cérémonie VI, Paris, 1999

Milla Jovovich, 2005