Malick Sidibé (1936- 2016) photographe malien, né à Soloba, dans une famille peule de paysans, les Peuls, peuple traditionnellement pasteur établi dans toute l'Afrique de l'Ouest et au-delà la bande sahélo-saharienne.

  • Durant sa jeunesse, il est tour à tour berger, bouvier et cultivateur, très vite remarqué pour ses talents de dessinateur, il est admis à l'Ecole des Artisans Soudanais de Bamako, en suivant des études de dessin et de bijoutier, d'où il sort diplômé en 1955.

  • En 1955, il entre au studio « Photo service » de Gérard Guillat-Guignard avec lequel il apprend la photographie.

  • En 1957 il est le seul photographe dans la capitale malienne, à couvrir tous les événements, fêtes et surprises-parties, il se rend le samedi dans des soirées qui durent jusqu'à l'aube et se poursuivent le lendemain au bord du fleuve Niger. De ses reportages de proximité, il rapporte des images simples, pleines de vérité, de complicité, d'insouciance et de spontanéité, une ambiance de fête, de jeux, de rires. Il photographie en noir et blanc la vitalité de la jeunesse bamakoise en imposant un style unique, des clichés dans lesquels il enregistre la vie, photos qui par la suite sont reconnues dans le monde entier.

  • En 1962, à Bamako, il ouvre son propre studio, le « Studio Malick », dans le quartier populaire de Bagadadji, en se spécialisant dans un premier temps dans la photographie de reportage, en continuant d'arpenter la capitale malienne, les rues, le soir et les endroits ou les jeunes se réunissent.

  • Dans les années 1970, il se tourne vers la photographie de portrait qu'il effectue dans son studio, qui ne désemplit pas.

  • « J’étais obligé de plaire, les films et développements sont coûteux ici au Mali ! J’ai vu des photographes qui laissaient faire le modèle et ne produisaient pas de belles poses. Tout le monde venait alors à mon studio du coup. » Malick Sidibé

  • En 1994, les premières « Rencontres africaines de la photographie » organisées à Bamako, lui permettent d’accroître sa notoriété, reconnu, il expose dans des galeries Européenne, au sein de la Fondation Cartier à Paris, aux États-Unis et au Japon.

  • En 2003, il reçoit le prix international de la « Fondation Hasselblad » en étant le premier africain à recevoir cette distinction.

  • En 2007, il est récompensé du Lion d'or d'honneur pour l'ensemble de sa carrière à l'occasion de la 52e Biennale d'art contemporain de Venise.

  • En 2009, il remporte le prix « PhotoEspaña Baume & Mercier » pour son travail de portraitiste ainsi que le « World Press Photo » dans la catégorie Arts and Entertainment.

  • En 2016, l'année de sa disparition, il l'ai mis à l'honneur lors de la 47eme édition des Rencontres de la photographie d'Arles, au sein d'une exposition intitulée « Africa Pop » avec « Swinging Bamako », des images présentées autour de l’histoire des Maravillas, ces musiciens maliens formés à Cuba durant les années 60 et 70.

  • En 2017, la Fondation Cartier pour l'art contemporain lui rend hommage à travers une exposition « Mali Twist », une rétrospective de ses plus belles photographies.

Il est au coté du sénégalais, Omar Victor Diop, du camerounais Samuel Fosso et de son compatriote Seydou Keita, un des représentants les plus importants de la photographie africaine contemporaine, réputé pour ses prises de vues souvent funk, toujours spontanées et parfaitement cadrées.

Il débute sa carrière de manière traditionnelle en Afrique, comme assistant d’un photographe français installé à Bamako, Gérard Guillat-Guignard, au sein du studio surnommé « Gégé la Pellicule ». A la fin des années 50, avec le développement du marché de la photo-souvenir, au sein de son propre studio, il rencontre immédiatement le succès. Tout les jeunes maliens, dans un désir commun d’exhibition, lui demandent de tirer leurs portraits, d’immortaliser leurs pas de danse. Ses modèles qui participent à ses séances photographiques tiennent à se dévoiler parés de leurs plus belles tenues.

Surnommé « l'œil de Bamako », il est à la fois témoin et acteur d’une jeunesse africaine en mutation, partagée entre la tradition et l’émergence d’une mode, d’une musique et d’un style de vie inspiré du monde occidental moderne. Ses clichés deviennent rapidement populaires, en évoquant la nostalgie d’un pays sortant du colonialisme, avec plein d’espoir, mais ses images dépassent la dimension historique, pour être de simples moments de poésie pure.

Tout en réalisant des photographies de studio, il effectue de nombreux reportages en circulant à bicyclette, armé de son appareil photo moyen-format carré et des moyens réduits à l’essentiel, il couvre les loisirs des jeunes dans le tout nouvel état malien, les soirées, les surprises-parties, les noces, les fêtes où l’on danse et où l’on exhibe ses vêtements, les bars, les clubs de jeunes où l’on écoute de la pop music, du rock’n’roll et de la soul music.

Après ses longues excursions nocturnes, à son retour au studio, il développe de suite ses photographies, colle ses tirages sur des chemises cartonnées pastel et les annote de sa main, les référençant, puis il expose ses chemises dans la vitrine de son studio. Les joyeux noctambules de la semaine les découvrent, les admirent, et font leur choix et lui passent commande d'une photographie en souvenirs.

Ses portraits réalisés en studio, gardent une spontanéité incomparable, en étant très éloignés des portraits photographiques occidentaux statiques. Plutôt que de poser assis, ou de se faire représenter en buste, il essaye que son sujet parvienne à jouer un rôle, en incarnant un personnage, installant dans son image, l’insolite qui surgit dans des poses incongrues, dans des postures limites artificielles.

Son œuvre riche avec un style intuitif, passant de l’immobilité à la vivacité, du portrait sur fond neutre pris sur le vif au flash dans son studio, aux odyssées nocturnes le long du fleuve Niger où résonnent les rires et la musique. Timide, généreux, souriant, il est le grand reporter de la vie et de la jeunesse, face à son objectif, c'est l’insouciance, la désinvolture qu'il tente de saisir, les jeunes sont souvent ses modèles, flegmatiques en pattes d’eph, dans des soirées endiablées rythmées par les cuivres de James Brown. Il sait capturer les instants magiques de cette jeunesse moderne qui vit son indépendance, et sa liberté.

La lecture et l’interprétation de ses images parfois est difficile à décrypter, sans en connaitre ni l’intention, ni les motivations personnelles des protagonistes. Il attribue des légendes, tel que « Les faux fumeurs », « Avec mon soutien-gorge et mon slip ».

« La chose la plus authentique, c’est le visage. Donc pour moi la photo est la mieux placée pour perpétuer son image. L’homme a voulu imiter Dieu par le dessin, ensuite la photo est venue et je pense que l’on n’a rien inventé de mieux pour perpétuer l’image. Je crois au pouvoir de l’image. » Malick Sidibé

Deux fans de James Brown, 1964

Finale Coupe, 7eme semaine de la jeunesse, Bamako, 1968

Les jeunes bergers peuls, 1972

Une déesse sur DS, 1974

Entrainement de boxe, 1975

Trois jeunes maliens, Bamako, 1986