Ralph Morse (1917-2014) photographe américain, né à Manhattan, il grandit dans le Bronx, vivant avec sa mère et sa sœur, avec peu de moyens dans un appartement. A quinze ans, il travaille dans une pharmacie, puis dans la restauration, en livrant des commandes de sandwichs, le jour et le soir jusqu'à 23h00. Tout en étudiant au lycée « DeWitt Clinton », ou il participe au journal de son école en tant que journaliste.
Aspirant à devenir photographe, mais n’ayant pas les moyens, il suit des cours gratuitement au « City College » de New York pour y apprendre la photographie. A la recherche d'un emploi, il consulte l’annuaire le « Redbook Manhattan » à la section de la photographie professionnel, commence à la lettre « A », jusqu'à ce que finalement il soit embauché à la lettre « P » par le « Paul Parker Studio », ou il nettoie le studio et livre des épreuves. Paul Parker travaillant avec des organismes sociaux tel que la Croix-Rouge, et développant l’utilisation fascinante des mouvements de la lumière, attire son attention avec qui pendant plus un an, il approfondit la technique photographique.
Ensuite, il travaille durant six mois avec un banquier allemand devenu photographe, George Karger, qui lui fait connaître l'agence « Pix », qu'il soutient financièrement. Il obtient l'opportunité d'un emploi au sein de la revue « Harper's Bazaar », qu'il quitte le jour même, ne comprenant pas la politique du magazine qui axe sa photographie uniquement sur l'industrie de la mode.
Il est embauché en tant que tireur en chambre noire au sein de « Pix », laboratoire qui réalise des tirages pour Robert Capa et son frère Cornell Capa avec lequel il se lie d'amitié, Ralph n'ayant aucun appareil photo, lui emprunte un Contax 35mm.
Sur une plage, il réalise l'une de ses premières photographies, celle un père lançant et rattrapant son enfant en l'air, il présente son cliché immédiatement à Leon Daniel, le rédacteur en chef de Pix, le jour même, en moins d'une heure, son image est vendue au quotidien « Houston Chronicle », qui la semaine suivante publie une vingtaine de ses photos.
Tout en continuant de travailler au développement photographique, il effectue des photos le week-end, laissant le soin à Pix de les vendre. Il fait la connaissance de l'un des trois propriétaires de Pix, le photographe Alfred Eisenstaedt, ayant quitté l' « Associated Press » en Allemagne pour rejoindre la nouvelle équipe du magazine Life à New York, qui encourage Morse à continuer, et recommande le jeune photographe auprès de la revue. Après des semaines d'harcèlements, en 1939, Eisenstaedt obtient une rencontre avec Hicks, éditeur des publications, qui aboutit à une collaboration immédiate de Ralph Morse au sein de Life, en 1942 il est embauché à plein temps, en tant correspondant de guerre, étant à 24 ans le plus jeune photographe du magazine.
Pour le Life, il réalise de nombreux reportages pendant la Seconde Guerre mondiale, il couvre la guerre du Pacifique, le raid de Doolittle sur Tokyo, le débarquement à Guadalcanal , suit le débarquement en Normandie, l’avancée du général George Patton à travers la France jusqu 'à la libération de Paris avec le général Charles De Gaulle.
Il est le premier photographe civil présent lorsque l’Allemagne présente sa réédition à Eisenhower, pénètre dans les camps de concentration et assiste en tant que photographe au procès de Nuremberg, en étant à l'époque considéré comme un photojournalisme efficace.
De 1945 à 1955, il documente en Europe, la reconstruction d'après-guerre.
En 1955 lors d'un match de championnat de Baseball, de l'équipe des « Dodgers de Brooklyn », il est avertit à l'avance que Jackie Robinson va jouer comme un dieu, il met au point une technique, transforme son appareil afin de pouvoir déclencher une centaine de mètres de pellicule à dix images par seconde. Il installe son appareil et à l’aide de son pied déclenche le bouton dès que le lanceur Robinson entre en action.
En 1958, suite à la demande du magazine Life afin de documenter les préparatifs américains pour exploration spatiale, il se consacre pendant quinze ans aux programmes lunaires. Son immersion dans ce domaine pionnier et son talent pour en relater les expériences font de lui un exemple du photojournalisme américain dans ce domaine.
« Si Life n’avait pu se payer qu’un seul photographe, il fallait que ce soit Ralph Morse . » déclare George Hunt, directeur de Life.
En 2009 Life dévoile et consacre une rétrospective photographique du Projet Mercury, la majorité des clichés exposés sont les siens, avec certaines photos jamais vues, comme celles de Buzz Aldrin, Michael Collins et Neil Armstrong dans les jours précédant leur mission d'Apollo 11.
Très bavard et toujours en mouvement, il est en permanence à la recherche d'adapter ses appareils pour chaque nouveau défi, en concevant des équipements photographiques qui n'existe pas à l'époque, il est réputé pour son esprit inventif et son style créatif. Les encyclopédies et livres d'histoire regorgent de ses photos, des vues de la Seconde Guerre mondiale, des programmes spatiaux américains, ainsi que les événements sportifs.
Son travail d'improvisation, lui vaut d'être considéré par le Life Magazine comme le spécialiste en photographie technique et pour ses images à exposition multiple. Il a une profonde croyance, celle que des photos doivent donner une compréhension unique au monde dans lequel nous vivons.
Dès la création de la NASA en juillet 1958, Ralph Morse est un initié de l'organisme et obtient rapidement un accès privilégié lui permettant de réaliser des clichés emblématiques sur la totalité des projets spatiaux, il est tellement proche des activités des sept membres d’équipage du programme Mercury, qu'il se lie d’amitié avec eux et leurs familles, en le surnommant « le huitième astronaute ».
Plus les programmes spatiaux avancent avec la complexité des projets Mercury, Gemini et Apollo, que le photographe conçoit de nouvelles techniques, il invente des procédés afin de réaliser des images lors des lancements des fusées, photographie en doubles expositions, utilise des appareils à infrarouges, en s’appuyant sur les détecteurs de mouvement. Il effectue des images spectaculaires, en plaçant ses appareils photographiques au plus proches des fusées, en escaladant les trente-sept étages des échelles des rampes de lancement.
« Il faut se rappeler que nous avons transformé ces astronautes en héros, nous avons pris sept hommes qui étaient de bons pilotes d’essais et des types formidables, mais nous en avons fait des héros, alors qu’ils n’avaient encore rien accompli. » Raplh Morse
Air Force Jet Pilot, 1954
Mercury's Team, 1959
Alan Shepard, Floride, 1961
Décollage d'Apollo 11, Cap Canaveral, Floride, 16 juillet 1969