Alfred Wertheimer (1929-2014) photographe américain, né en Allemagne à Coburg, enfant il rejoint les États-Unis avec ses parents qui s'installent à Brooklyn. Très tôt, il est intrigué par l’Amérique, et s’intéresse avec engouement, à l’architecture et au design.
En 1951, après avoir étudié à l’Université Cooper Union à New York, il obtient son diplôme.
Il effectue son service militaire en tant que photographe au sein de l’« Army Signal Corp », de retour, il travaille dans les milieux de la mode, tout en gardant un vif intérêt pour le photojournalisme. Très rapidement lassé par la mode, il abandonne ce milieu ou ces images lisses et posées ne l'intéresse plus, et se tourne vers le photojournaliste en publiant son travail dans les revue, du Life magazine, de Paris Match et de Look.
En mars 1956, il est contacté par un agent publicitaire de la maison de disques RCA Victor, afin d'entreprendre la réalisation d'un portfolio sur un chanteur dont il n'a jamais entendu parler, Elvis Presley, la maison de disque se rend compte qu’elle ne possède aucune photo de son poulain, ce qui, d’un point de vue marketing, laisse fort à désirer. Alfred Wertheimer, âgé de 36 ans, est engagé pour un contrat qui doit durer qu’un seul jour, avec comme mission de prendre des clichés de la future star, pendant les répétitions et lors de son passage au « Dorsey Brothers Show » le 17 mars. RCA veut des photos pour les journaux, des gros plans d'Elvis au micro et en compagnie de ses fans.
« Elvis qui ? » Voilà ce qu'il répond quand, l'agent lui demande d’aller tirer le portrait d’un crooner débutant de Memphis. Cette année-là à New York, Richmond en Virginie, dans un train, puis à Memphis, il accomplit sa tâche avec brio, sans savoir qu'Elvis bientôt sera une star inaccessible.
Dans un premier temps, il se rend sur le tournage du Stage Show, en étant loin de se douter qu’il vient de décrocher le cachet de sa carrière, tout juste âgé de 21 ans, Elvis est sur le point d’être le roi du rock, le « King », c'est pour lui, le sujet idéal et parfait pour assouvir son envie de réalisme. Lorsqu’il rencontre Elvis, il est immédiatement frappé par sa personnalité et décide de le suivre pendant quatre mois.
De ce long moment passé ensemble, Werheimer effectue plus de 450 clichés, il a carte blanche, le suit comme son ombre, y compris lorsqu’il charme de jolies jeunes femmes dans des couloirs sombres, Elvis ne lui cache rien. A la fin de l’année 1956, son portfolio dans son intégralité est évalué à près de 3.000 photos du chanteur, composant un portrait touchant d’un homme perché au bord du gouffre qu’est la gloire.
« Mon instinct me disait que ce garçon était vraiment unique. Il avait un talent qu’on ne rencontre que tous les cinquante ou cent ans. Je ne le savais pas encore à l’époque, mais je sentais qu’il allait devenir quelqu’un et c’est ce qui m’a motivé à le suivre. Si personne n’avait fais ces photos, comment aurait-on pu savoir qui il était vraiment ? » Alfred Wertheimer
En 1960, il couvre la campagne présidentielle américaine de 1960 opposant JFK à Richard Nixon, puis vers la fin de sa vie se consacre à la réalisation de films documentaires.
En 1977, après la disparition d'Elvis, son travail est découvert par le public, un nombre important de ses images deviennent alors célèbres.
Wertheimer obtient une vision de l’intime du chanteur qui n’est pas à son apogée. En plus d’avoir immortalisé une des plus grandes célébrités américaines, il s'efforce de dépeindre, à travers ses photographies, la métamorphose de la musique et de la culture aux USA.
Il est l'un des premiers photographes à travailler avec un objectif de 35 mm, ce qui est inhabituel à l’époque, afin de privilégier l’éclairage naturel, d'obtenir des images subtiles dont sa présence se fait totalement oublier.
Les instants qu'il capture du quotidien d’Elvis, détendu et au naturel est la collection la plus estimée de photographies d’Elvis Presley jamais prises. Il est le seul à avoir un accès inégalé et documenté auprès du chanteur, aussi bien sur la route, en coulisses, en concert, que dans les studios d'enregistrement jusqu'à chez lui à Memphis.
« Elvis m'autorisait à le prendre en photo dans sa salle de bains. » Alfred Wertheimer
Extraordinairement intime et complet, l’œuvre photographique qu'il réalise, immortalise un jeune homme en train de façonner l’histoire de la musique. À peine un mois après avoir photographié Elvis pendant l’enregistrement de « Don’t Be Cruel » et « Hound Dog » le 45 tours, occupe de suite la première place des trois classements américains des meilleures ventes.
« Henri Cartier-Bresson était connu pour photographier ce qu'il appelle le moment décisif, ce moment où tout tombe en place. Mais j'ai été plus intéressé dans les moments avant ou après le moment décisif. » Alfred Wertheimer