Alfred Wertheimer (1929-2014) photographe américain, né en Allemagne à Coburg, enfant il rejoint les États-Unis avec ses parents qui s'installent à Brooklyn. Très tôt, il est intrigué par l’Amérique, et s’intéresse avec engouement, à l’architecture et au design.

« Elvis qui ? » Voilà ce qu'il répond quand, l'agent lui demande d’aller tirer le portrait d’un crooner débutant de Memphis. Cette année-là à New York, Richmond en Virginie, dans un train, puis à Memphis, il accomplit sa tâche avec brio, sans savoir qu'Elvis bientôt sera une star inaccessible.

Dans un premier temps, il se rend sur le tournage du Stage Show, en étant loin de se douter qu’il vient de décrocher le cachet de sa carrière, tout juste âgé de 21 ans, Elvis est sur le point d’être le roi du rock, le « King », c'est pour lui, le sujet idéal et parfait pour assouvir son envie de réalisme. Lorsqu’il rencontre Elvis, il est immédiatement frappé par sa personnalité et décide de le suivre pendant quatre mois.

De ce long moment passé ensemble, Werheimer effectue plus de 450 clichés, il a carte blanche, le suit comme son ombre, y compris lorsqu’il charme de jolies jeunes femmes dans des couloirs sombres, Elvis ne lui cache rien. A la fin de l’année 1956, son portfolio dans son intégralité est évalué à près de 3.000 photos du chanteur, composant un portrait touchant d’un homme perché au bord du gouffre qu’est la gloire.

« Mon instinct me disait que ce garçon était vraiment unique. Il avait un talent qu’on ne rencontre que tous les cinquante ou cent ans. Je ne le savais pas encore à l’époque, mais je sentais qu’il allait devenir quelqu’un et c’est ce qui m’a motivé à le suivre. Si personne n’avait fais ces photos, comment aurait-on pu savoir qui il était vraiment ? » Alfred Wertheimer

Wertheimer obtient une vision de l’intime du chanteur qui n’est pas à son apogée. En plus d’avoir immortalisé une des plus grandes célébrités américaines, il s'efforce de dépeindre, à travers ses photographies, la métamorphose de la musique et de la culture aux USA.

Il est l'un des premiers photographes à travailler avec un objectif de 35 mm, ce qui est inhabituel à l’époque, afin de privilégier l’éclairage naturel, d'obtenir des images subtiles dont sa présence se fait totalement oublier.

Les instants qu'il capture du quotidien d’Elvis, détendu et au naturel est la collection la plus estimée de photographies d’Elvis Presley jamais prises. Il est le seul à avoir un accès inégalé et documenté auprès du chanteur, aussi bien sur la route, en coulisses, en concert, que dans les studios d'enregistrement jusqu'à chez lui à Memphis.

« Elvis m'autorisait à le prendre en photo dans sa salle de bains. » Alfred Wertheimer

Extraordinairement intime et complet, l’œuvre photographique qu'il réalise, immortalise un jeune homme en train de façonner l’histoire de la musique. À peine un mois après avoir photographié Elvis pendant l’enregistrement de « Don’t Be Cruel » et « Hound Dog » le 45 tours, occupe de suite la première place des trois classements américains des meilleures ventes.

« Henri Cartier-Bresson était connu pour photographier ce qu'il appelle le moment décisif, ce moment où tout tombe en place. Mais j'ai été plus intéressé dans les moments avant ou après le moment décisif. » Alfred Wertheimer