Hiroji Kubota (1939) photographe japonais, né à Tokyo dans le quartier de Kanta. En 1959, à l’âge de 20 ans, il suit des études à l’université de « Waseda » de Tokyo, et se spécialise en sciences politiques.

    • En 1961 il rentre en contact avec des photographes de l’agence Magnum Photos, en assistant temporairement, Elliott Erwitt, Burt Glinn, René Burri et Brian Brake, lors d’un séjour au Japon. Pour le remercier Erwitt lui fait parvenir l’ouvrage « Images à la sauvette » d’Henri Cartier-Bresson.

    • « Quand j’ai vu les photos, j’étais ébloui ! Puis, René Burri m’a offert son vieux boîtier Leica M3, et mon père m’a acheté les objectifs 35mm et 50 mm d’occasion Leica. »

    • En 1962 après l’obtention de son diplôme, il voyage de l’extrême Nord à l’extrême Sud du Japon. Son reportage est publié dans le magazine mensuel japonais « Bungei Shunju », quelques mois plus tard il débarque à San Francisco, à l’âge de vingt trois ans, suite à une commande d’un magazine japonais, rejoint New York, puis se rend à Chicago pour soutenir de plus ambitieuses aspirations photographiques, il y étudie le journalisme et les relations internationales à l’université tout en gagnant momentanément sa vie dans la restauration japonaise.

    • « Après avoir été diplômé en 1962, j’ai décidé de déménager à New York et gentiment, Elliott Erwitt m’a sponsorisé pour le visa. Burt Glinn m’a proposé alors d’être son assistant et il me payait 25 $ par jour. Et Cornell Capa n’avait pas d’enfants, donc je suis devenu un peu comme son fils. J’ai sympathisé avec eux à travers ma cuisine car on me demandait de cuisiner quand ils recevaient des invités. »

    • En 1963 il rencontre André Kertész avec lequel il devient ami, « André m’a beaucoup influencé et beaucoup appris. » Hiroji Kubota

    • Durant son séjour aux États-Unis se déroule la guerre du Vietnam, en tant qu’immigrant de longue date, il reçoit son ordre d’incorporation dans l’armée, le « draft card », par le gouvernement américain, suivant les conseils de René Burri, en 1972, il se rend au Vietnam pour la première fois, ayant vécu la Seconde Guerre Mondiale, il connaît les atrocités et se jure de ne prendre aucune photo des corps.

    • En 1965, il s’installe en indépendant, travaille pour le quotidien anglais, le « Times », son premier reportage à pour sujet la tombe du peintre Jackson Pollock à East Hampton, suivie d’une commande du Centre pour l’Éducation Urbaine, dans le Greater de New York, afin de documenter les enfants avec des handicaps, reportage qui marque sa reconnaissance et le début de sa carrière.

    • En 1968, il retourne au Japon et organise une exposition intitulée « Concerned photographers », réunissant six photographes, André Kertész, David Seymour, Robert Capa, Werner Bischof, D.Wyner et Leonard Freed, l’exposition a lieu dans un des plus grands magasins de Tokyo, à Matuya Ginza. Cette même année il couvre l’élection présidentielle américaine, puis se rend aux iles Ryükyü avant leur restitution au Japon en 1972.

    • En 1971, il devient associé au sein de Magnum Photos, en obtenant de l’agence sa carte de presse ainsi qu’une une carte de crédit. L’Asie est alors son terrain de prédilection.

    • En 1975 il est présent lors de la chute de Phnom Phen et de Saigon, puis après plusieurs années de tractations, il obtient la permission de se rendre en Chine, ou il effectue un périple de mille jours entre 1979 à 1984, prenant plus de 200 000 clichés. En 1985 son projet donne lieu à un ouvrage et une exposition, tous deux intitulé, « China ». En 1978, il se rend en Corée du Nord.

    • En 1982, il reçoit le prix annuel « Nendo Sho », décerné par la Société de photographie japonaise, et en 1983, celui du « Mainichi Art Prize ».

    • En 1989, il devient membre à part entière de Magnum Photos et en 1990 ouvre à Tokyo un bureau pour l’agence.

    • « Le bureau de Tokyo a été implanté, car j’ai pensé que Tokyo était en train de se globaliser et de même pour Magnum. J’ai commencé ce projet en 1990. Cela avait un sens pour moi d’avoir un bureau à Tokyo. Au début, je pensais qu’on avait besoin de 15 millions de dollars, mais il se trouve que j’avais besoin de récolter un demi-million de dollars ! Alors, pour récolter les fonds, j’ai constitué un portfolio étrange de Magnum que j’ai réussi à vendre. Cependant, j’avais besoin de donner ce quart de million de dollars en espèce au bureau de New York qui avait faim d’argent. J’étais content d’avoir été capable d’aider notre bureau qui est si important. » Hiroji Kubota

    • En 1997 il publie son ouvrage « Out of the East » comportant ses photographies de la majeure partie du continent asiatique et se lance dans un nouveau projet d’une durée de deux ans, qui aboutit à un nouvel ouvrage, « Can We Feed Ourselves ? ».


« Le monde de la photographie doit se réjouir que Kubota n’ai pas suivi les traces de sa famille en devenant l’héritier et le manager du meilleur restaurant d’anguilles de Tokyo, et qu’il est choisit le destin incertain du photographe free-lance guidé par le désir de réaliser des photographies qui puissent élever l’esprit des gens. » Elliott Erwitt

Jeune rebelle, débordant d’énergie et avide d’imprimer sa marque dans ce vaste monde, il se lance rapidement dans la photographie sous le parrainage bienveillant du maitre de la photographie japonaise, Hiroshi Hamaya. Il travaille uniquement en solitaire, sur des sujets qu’il détermine lui même, allant toujours à l’essentiel, il est un acharné dont son œuvre offre un fascinant kaléidoscope entre plaisir et information sur l’état de la planète.

Hiroji est non seulement photographe, mais aussi un coordinateur et un diplomate, il est infatigable et parcoure le monde avec son appareil, il voyage à deux reprises à travers les cinquante États des États-Unis, après avoir obtenu la permission de se rendre en Chine, il arpente toutes les provinces chinoises, pendant mille jours, un record à cette époque, rapportant plus de 200 000 clichés. Il continue sans s’arrêter, se rend en Corée du Sud, en Birmanie, et à vingt deux reprises en Corée du Nord.

« J’ai photographié uniquement des endroits où on m’a permis et je n’ai jamais pris de photos en secret, même si j’avais pu. Ce genre de comportement est dangereux. Vous ne pouvez pas construire une relation de confiance avec ce genre de comportement. Et je ne prends pas position par rapport à leurs décisions politiques. J’essaie de faire de mon mieux pour être le plus neutre et le plus partial possible. En fait, je suis content d’avoir étudié l’histoire de la Chine moderne et celle de la péninsule coréenne. Je pense que j’ai pu vraiment apprécier la Corée du Nord, car j’y suis allé une fois adulte et après avoir vécu et vu plein de choses différentes. » Hiroji Kubota

Avec son 35mm, il observe les êtres humains dans leur environnement, son talent est celui d’un photographe qui réussit à saisir le génie des endroits, les liens intimes qui unissent les personnes aux lieux.

« Certains affirment que photographier les paysages est quelque chose de bien peu intellectuel, je pense que c’est faux, et je l’ai appris en Chine, les paysages parlent de la société et de la nature, et de se qui constitue la beauté. » Hiroji Kubota

« Je veux tout voir ! » Hiroji Kubota

The Golden Rock, Shwe Pyi Daw, Birmanie, 1978


En Birmanie, sur le site sacré bouddhiste, il réalise un miracle photographique, face à l’impressionnant Golden Rock à Shwe Pyi Daw, ce petit groupe de moines bouddhistes, rentre sur lui même, pour ne pas faire de bruit, pour ne pas déranger la nature d’un lieu dont l’essence, si palpable dans l’image est faite de contemplation, de force et de silence. C’est le calme et la stupeur qu’il capte, une perception de liberté qui offre une sereine soumission à l’ordre naturel des choses, une image avec laquelle il parvient à raconter le rapport profond entre ciel et terre, si caractéristique de la culture birmane.


Pour les bouddhistes, ce site est un endroit de recueillement et de prières, pour souligner son caractère sacré, ce rocher en équilibre au bord d’un précipice de 1000 mètres, est recouvert d’or, le rendant si lumineux.

Aerial View of Manhattan, 1989