Herman Leonard (1923-2010) photographe américain, né à Allentown en Pennsylvanie d'un père fabriquant de corsets et de soutien-gorge à New York. Sa famille l'encourage très tôt à l'intérêt pour la photographie, initié par son grand frère Ira, il lui emprunte ses appareils photographiques.


Il est animé par deux forces, sa fascination pour l'appareil-photo et son amour de la musique de jazz, ses photographies remplissent son journal intime de cette musique qu'il aime tant et des musiciens qu'il admire, étant avec une grande partie d'entre eux un ami personnel.

Lorsqu'il ouvre son premier studio, il travaille en free-lance pour différents magazines en exerçant le métier de photographe publicitaire, mais sa passion pour le jazz le pousse le plus souvent possible à retrouver les lieux et ceux qui les font vivre, avec l'appareil à disposition, il passe ses soirées au « Royal Roost » et au « Birdland », où il photographie les musiciens de jazz comme Duck Ellington, Dexter Gordon, Charlie Parker, Billie Holiday, Ella Fitzgerald, Gillespie, Basie, Louis Armstrong, Sonny Stitt, Ray Brown, Vaughn, Gordon et bien d'autres.

En utilisant des négatifs sur verre, il augmente la sensibilité des plaques en les exposant à la vapeur de mercure. Sa technique évolue par des heures passées dans le bas éclairage pendant qu'il apprend à capturer le fumeux, l'atmosphère de trois heure du matin dans les clubs. Il restitue toute l’atmosphère du jazz, celle identifiée au monde de la nuit, dans les volutes de fumées évocatrices. L’un de ses effets préférés consiste à envelopper le personnage photographié de sa propre fumée de cigarette, ce qui permet d’instaurer une ambiance, celle des boîtes de jazz où cette musique est née.

« A cette époque, le travail du photographe et cinéaste Gjon Mili m'impressionnait, sa façon d'éclairer les sujets m'a beaucoup inspiré. Il était pour moi un des rares photographes à avoir une approche artistique. Tout les autres à ma connaissance, ne faisait que du reportage ou du portrait studio très académique. » Herman Leonard

Travaillant uniquement en noir et blanc, son esthétique est très dépouillée, il n’y a que très peu de décor, seuls sont présents les musiciens. Il invente un style, avec des techniques bien particulières de prise de vues très resserrée, avec des contre-jours qui accentuent les contrastes naturels. Il compose et partitionne ses images comme des notes de musiques, qui sont de suite reconnaissables, ses contrastes sont marqués, ses images léchées.

Les musiciens apprécient sa discrétion, son respect de leur travail, et c'est grâce à leur complicité qu'il trouve son style, que ses clichés prennent leur originalité, images qui dégagent la philosophie, l'humour des musiciens, mais aussi leurs émotions, mélancolie ou ravissement, ce qu'il recherche c'est le scintillement d'un regard, il porte une attention toute particulière sur un visage et est toujours à la recherche du moindre détail, comme celui d'un geste du musicien. Rarement un autre genre musical n’a été autant mis en photographies, comme si le jazz trouve son prolongement naturel dans la représentation du corps des musiciens.

Les jazzmen il les prend sur scène et les met en scène par son objectif, les fait émerger de l'ombre avec une lumière découpant l'espace à la serpe. Ses sujets sont vivants, au travers de gémissements, de soupirs, halètements, de contorsions, son chorus de base, sur ses clichés, la sueur ou encore la salive sont esthétisées.

Il n'est pas qu'un simple photographe et c'est la conjoncture de ses passions, celle du jazz et celle de la photographie qui fait de lui l'une des figures les plus considérables de ses deux mondes. Son œuvre touche à l'art pur, par la beauté de ses images, ses clichés sont des attitudes, des mimiques, des visages si révélateurs. Il est partout, dans les coulisses des concerts, dans les arrières salles des clubs pour fixer sur sa pellicule non seulement leurs images mais aussi leurs âmes.

Il est le premier à créer une mémoire visuelle au jazz, le photographe et le maitre absolu de cette photographie, comme le nomme son ouvrage, il est « l’œil du Jazz », et quand on lui demande s’il existe un point commun entre la musique et les mathématiques, il répond : « Oui, l'improvisation ! ».

Site Officiel : Herman Leonard

« Il était le plus grand photographe de jazz du monde. » Bill Clinton