Bertram Stern (1929-2013) photographe américain, né à Brooklyn, connu sous le nom de Bert Stern, fils d'un père photographe pour enfants. Il abandonne ses études à seize ans.
De 1946 à 1947, il occupe un poste de comptable à la Wall Street Bank de New York.
En 1947, âgés de dix huit ans, le directeur artistique Hershel Bramson de Look, l’engage au service du courrier du magazine et l'encourage à étudier le design, en 1948 il devient son assistant artistique, durant deux ans et demi, et fait connaissance de Stanley Kubrick, tout jeune photographe lui aussi au sein du magazine.
Fleur Cowles, ancienne adjointe du magazine Look, l'ayant repéré, en 1950, lui offre le même emploi de directeur artistique pour le magazine Flair qu'elle vient de fonder.
De 1951 à 1953, il effectue son service militaire durant la guerre de Corée, basée au Japon, il travaille en tant que photographe pour l’armée américaine.
De retour à New York, en 1955, il se lance en autodidacte dans la photographie, travaille dans une agence de publicité en commençant une collaboration avec les plus grands magazines de mode dont le Vogue et réalise de nombreuses campagnes publicitaire pour les plus grandes marques, IBM, Canon, Volkswagen, Pepsi-Cola, DuPont de Nemours et surtout celle pour la Vodka Smirnoff avec laquelle il casse tout les codes de l'époque, il pose un verre de vodka devant la grande Pyramide de Khéops qui se reflète à l'envers dans la boisson, grâce à cette image, il devient le photographe publicitaire le plus très prisé, et débute une carrière fulgurante.
En 1958, il réalise un film documentaire sur le festival de jazz de Newport, « Jazz on a Summer’s Day », qui quarante ans plus tard, en 1999, est sélectionné par la Bibliothèque du congrès des États-Unis afin d'être conservé par le National Film Registry.
Dans les années 1960, il effectue plus de 200 pages par an pour le magazine Vogue, tout en continuant les campagnes publicitaires aussi bien pour la presse que pour la télévision.
En 1962, six semaines avant la disparition de Marilyn Monroe, dans une suite de l'hôtel Bel-Air à Los Angeles, il effectue en sa compagnie, une séance photographique sur une période de trois jours, série intitulée, « The last sitting », de plus de 2500 clichés, en étant le dernier à photographier la star.
En 1963, il lui est demandé de suivre Richard Burton et Elizabeth Taylor sur le tournage du film Cléopâtre, avec lesquels il lie une amitié.
En 1974, il cède son studio new-yorkais, s'installe en Espagne, et se retire de la photographie publicitaire pour se consacrer à un travail plus intimiste. En 1976, à nouveau, il se remet à travailler dans le domaine publicitaire, notamment pour Polaroid,
En 1985, il est sélectionné pour la 14eme édition du calendrier Pirelli de 1986, année particulière dans l’histoire du calendrier, deux calendriers sont préparés en parallèle, un premier par Helmut Newton en noir et blanc et un second, le sien, en couleur, grâce à ses images très eighties, aux visuels branchés et aux ambiances éclaboussées de couleurs, il remporte la mise. Pour effectuer sa session, il choisit de rester dans son pays et de se retirer loin des mines de charbon et des grandes villes, dans la région des Cotswolds, endroit à la beauté naturelle exceptionnelle afin de laisser libre cours à son imagination.
Figure légendaire de la photographie contemporaine, son style symbolise une toute nouvelle génération, celle des années 80’ ou les corps avec volupté, s’offrent comme des fleurs, ou émanent une sensualité à la frontière de l'érotisme, avec grâce et élégance. le statut de héros culturel, d’une œuvre limite Pop Art.
Acclamé dans le monde de la mode, il produit dans son studio new-yorkais, des images avec des aspects bien comparables à la celles de la Factory d’Andy Warhol, il est l’un des premiers à présenter des encarts publicitaires couleurs se confondant avec les photos des pages rédactionnelles.
Il n’est pas seulement un photographe publicitaire et celui de la mythique « Dernière séance » de Marilyn Monroe, il est aussi l’un des plus grands portraitistes de sa génération, à l’instar d’Irving Penn et de Richard Avedon. Avec ses passionnantes images et leurs histoires, il est un talentueux photographe de stars, prises dès le début des années 60, jusqu’au shooting pour Vogue de Kate Moss, au cours de sa carrière, il photographie la passion d'Elizabeth Taylor et Richard Burton, l’élégance d’Audrey Hepburn à Paris, la pureté du couple Romy Schneider et Alain Delon, l’innocence de Catherine Deneuve et l’insolence de Madonna.
« Je pense que toutes mes photos sont des idées, et ce sont des idées transformées en images. » Bert Stern
Parmi l'un de ses clichés les plus remarquables figurent le portrait de Louis Armstrong réalisé en 1959 à l'occasion d'une campagne publicitaire pour l’un des premiers films polaroids, le musicien souriant, les deux mains appuyées sur sa trompette, une photographie en noir et blanc avec une extrême précision des détails et une gradation des valeurs noir et blanc sont si parfaites que le commanditaire, trouvant la photo tellement bonne, à longtemps hésité avant de la faire tirer.
Son style mêle glamour, romantisme et délicatesse, il est sans cesse un amoureux des femmes qu’il considère comme des déesses dont il est l’esclave !
« Les femmes et la photographie sont mes deux passions, en devenant photographe pour Vogue, j’ai eu la chance de pouvoir réunir ces deux passions et d’en faire ma vie. Quand on désire une femme aussi ardemment, et qu'elle est aussi près, on éprouve une sensation délicieuse du seul fait de ne pas la toucher, de laisser la lumière la caresser. L'appareil photo joue un rôle considérable, parce que l'amour traverse l'objectif, on le laisse pénétrer et clic ! On referme la boîte. » Bert Stern
« The Last Sitting », alors qu'il vient tout juste de photographier Liz Taylor sur le tournage de Cléopâtre, il propose au magazine Vogue d'effectuer un reportage sur Marilyn Monroe, la rédaction est de suite séduite par le projet, de son côté l'actrice avec la réputation pour son tempérament capricieux, accepte de poser pour lui. Au mois de juin 1962, Marilyn arrive avec cinq heures de retard, Bert angoissé, réussit à la persuader de poser nue et sans maquillage.
« Ce que je veux, c'est Marilyn à l'état pur. Je ne vois pas ce que les vêtements viendraient faire dans l'histoire. Seulement, déshabiller Marilyn, c'est aussi simple que d'aller en Égypte pour renverser une pyramide dans un verre de Martini. » Bert Stern
La séance dure douze heures de suite, la rédaction est enthousiasmée par le résultat, mais le juge trop provoquant et lui demande une seconde séance, cette fois ci plus habillée et maquillée.Au cour des deux séances, il prend plus de deux mille cinq cent clichés, mélangeant mode, portraits et nus. Huit photographies en noir et blanc sont publiées dans Vogue, un jour après la disparition de Marilyn, il sélectionne cinquante-neuf de ses clichés, ceux qu'il préfère pour les publier.Bien plus tard, elles sont mises aux enchères et achetées par le collectionneur new-yorkais Leon Constantiner. En 1992, la totalité de la série est publié dans un ouvrage intitulé « The Complete Last Sitting ».
« J'ai remarqué au fil des années les images que nous avions faites ensemble appartenaient à présent à tout le monde, ma production m'avait dépassé. Elles m'avaient échappé d'une manière ou d'une autre, et avaient envahi les rêves de tout un chacun. » Bert Stern