Andreas Gursky (1955) photographe allemand, né à Leipzig, voit le jour dans une Allemagne de l'Est touché par la récession économique. Baigné d'images commerciales dès son plus jeune âge, il construit son regard au travers de celui de son père et de son grand père, tous deux photographes.

  • En 1978, il étudie la photographie à la « Folkwangschule » à Essen, ou il est l’élève de Otto Steinert et Michael Schmidt. En 1980, il intègre l'école des beaux-arts de Düsseldorf.

  • En 1980, son premier cliché est exposé, intitulé « La Gazinière allumée », une image qui annonce d’emblée sa démarche artistique, à l'instar du ready-made de Marcel Duchamps, l'objet manufacturé est extrait de son contexte.

  • En 1985, il est maitre-assistant chez Bernd Becher, l'enseignement que lui procure le couple, Bernd et Hilla, l'enrichit d'une approche plus distancée et moins subjective de la photographie. En 1987, il effectue sa première exposition personnelle. Ami avec le photographe allemand Ulrich Hensel, il partage ensemble un appartement quelques années.

  • Au début des années 1990, il commence à utiliser les ressources de la photographie numérique, qui lui permet de combiner plusieurs photographies d'un même objet prises d'endroits différents, comme celle de « Paris, Montparnasse » de 1993, d'une dimension de 187 cm x 428 cm, image au rythme géométrique proche de l'abstraction d'un immeuble dans son entièreté. Le travail de retouches numériques lui permet aussi de concilier des photos de grand format, souvent prises d'un point de vue élevé voire aérien, avec un zoom.

  • En 1991-1992, il participe au « Siemes Fotoprojekt ».

  • Le 7 février 2007 à Londres, chez Sotheby's, lors d'une vente aux enchères, sa photographie réalisée en 2001, « 99 Cent II Diptych » est adjugée à 3 346 456 dollars. Quatre ans plus tard, le 8 novembre 2011 chez Christie's à New York, celle de « Rhein II » de 1999, atteint 4,3 millions de dollars. Deux photographies qui deviennent les plus chères du monde à leur mise en vente.

C'est à partir de son image intitulée « 99 cents » réalisée en 1999 dans un supermarché américain qu'il intègre à l'âge de 52 ans, le cercle restreint des artistes les plus chers du monde. Une image qui répète des rayonnages, s'étalant en étages parfaitement alignés aux produits aux milles couleurs étiquetés à 99 cents. Le marché de l'art l'ayant adopté, il devient l'un des photographes contemporains à rivaliser avec les artistes reconnus. Ses photographies gigantesques abordent des thèmes aussi variés que le paysage, les espaces publics et urbains, des images hantées par une esthétique de l'abstraction.

Son principe est toujours le même, un principe hérité des Becher, une netteté impressionnante et une minutie dans le rendu des détails, transformant ses images en formes géométriques, simples et épurés. Grace au numérique il pousse son travail encore plus loin, technique qui lui permet de perfectionner et de retoucher.

Il questionne la froideur de la société désincarnée, cherche en permanence le jeu de l'infiniment petit à l'infiniment grand, la dualité entre le fourmillement de l'activité humaine, les grands espaces vides d'humanité qui lui servent de décor pour rendent compte du pouvoir de l'image à refléter la société actuelle.

« Ce qui m’intéresse finalement, ce n'est pas d'inventer la réalité, mais la réalité elle même, le fait de la rehausser, de l'accentuer parfois, me paraît légitime. » Andreas Gursky

Il est connu pour ses images très grands formats d'une implacable définition. C'est un des derniers tenants du réalisme photographique proche des théories de l'école de Düsseldorf, se rapprochant du mouvement pop art et d'Andy Warhol pour le choix de ses thèmes et son goût des séries.

Dans de vastes panoramas précis dans les détails, ses photographies dévoilent comment la présence humaine modèle les espaces urbains et naturels. Il travaille exclusivement en couleur avec un point de vue pour le spectateur d’être placé à une assez grande distance, légèrement surélevé, avec une vue plongeante. Son regard est disséminé plutôt que dirigé, permettant un accès individuel à partir de différents points de vue.

Ses images reposent sur une structuration formelle rigoureuse et une composition équilibrant soigneusement les rapports de couleurs, de surfaces et de lumières, possédant ainsi une qualité explicitement picturale. Progressivement, ses photographies deviendront de plus en plus abstraites dans lesquelles l'être humain aura totalement disparu.

« Je ne m’intéresse pas, jamais à l'individu, mais à l'espèce humaine et à son environnement. » Andreas Gursky

Chicago Board of Trade, 1999


Cette prise de vue, en plongée du Chicago Board of Trade effectuée par Andreas Gursky, sont des centaines de personnes, des milliers d'écrans et de morceaux de papiers jonchant le sol de la chambre de commerce de la ville, une photographie qui s'apparente à une image abstraite, elle donne à lire une composition de taches colorées réparties en structures circulaires et en alignements. Par endroit, des dominantes colorées composent des formes, jaune en bas, blanche ou encore bleu ou rouge. L'infinie netteté des détails est valorisée par le format impressionnant du tirage qui interroge la question de l'échelle.