Emmanuel Sougez (1889-1972) photographe français, né Louis-Victor Emmanuel Sougez à Bordeaux, fils de vannier. En 1905 dès l’âge de quinze ans, il suit des études aux Beaux-arts de Bordeaux, puis s’installe à Paris en 1911 et opte pour la photographie. Il réalise un voyage d’étude en Allemagne, en Autriche et en Suisse.

Rapidement, il voit dans la photographie le moyen de circonvenir le risque d'un éventuel insuccès artistique, les villes de Paris puis de Lausanne offrent à Sougez les moyens de ses ambitions. Dans les studios ou il est employé, il perfectionne une pratique de l'image appliquée à la publicité et l'illustration.

Son œuvre est variée et complète, il effectue des études de nu, portraits, natures mortes, des centaines de milliers de photographies, sur verre, sur cellulose, sur papier, sa production est immense à l’image de son admiration pour la photographie.

Adepte des grands formats, rigoureux à la prise de vue et au tirage, il crédite l'objet de sa photographie d'un équilibre et d'une exactitude formels intrinsèques, il s'inscrit dans courant de la photographie objective, qui s'étend d'Albert Renger-Patzsch à Edward Weston. Puriste par ferme conviction il n'a de cesse de pratiquer la photographie qu'en ennemi du hasard.

Il incarne la figure du photographe des années 1930, conjuguant travail artistique et travail alimentaire répondant à des commandes de publicitaires ou d’éditeurs. Éminence grise, il est le chef de file de la photographie pure en France.

« La représentation photographique exempte de truquage malhonnête est d’une indiscutable valeur. L’objet photographié transporte immédiatement dans le monde réel. On est assuré que ces cristaux, ces tissus, ces cigarettes, ces mets de choix, ce beau visage, ne sont point des exemples fictifs, qu’ils existent quelque part, par toute leur transparence, leur moelleuse texture, leur appétissante fraîcheur, leur charme séducteur. » Emmanuel Sougez

Il défend la notion même de métier du photographe, en refusant les techniques de photomontages, collages ou autres détournements d’images, il insiste sur les compétences photographiques indispensables pour tout bon photographe-illustrateur. 

« La photographie est de même essence que le mot imprimé, l’image est la sœur de la lettre et l’art moderne de l’imprimeur sera d’assortir chaque photographie d’une juste typographie, c’est bien, n’est-ce pas, pour recommander le respect dû à la photographie. »

Si Sougez a marqué l’histoire de la photographie française, c’est à ses natures mortes qu’il le doit. Bien qu’il soit un grand photographe d’atelier, il photographie Paris, la France, la Suisse, l’Italie, l’Espagne, le Portugal, la mer et la montagne, les danseuses du music-hall, la libération de Paris. Sur les cent soixante épreuves offertes à la Bibliothèque national, seuls quelques portraits et paysages prennent place dans l’ensemble des natures mortes qui constituent, comme il l’écrit lui même, « l’essentiel de mon œuvre ».

« La lumière ne joue pas autrement sur la sphéricité d’une coupe que celle d’un sein. L’ombre d’une colonne se projette sur un plan donné comme le ferait l’ombre d’un tronc d’arbre. La peau pustuleuse d’un crapaud se modèle sous le soleil comme les protubérances lunaires. Il n’ya pas de façon spéciale, conventionnelle, d’éclairer un nu ou tout autres objets. Si tel photographe excelle dans le portrait et tel autre dans les natures mortes, c’est à cause de leur prédilection, mais ce n’est point la différence des sujets qui détermine celle des techniques. En somme, on ne photographie pas un nu autrement que tout autre chose » Emmanuel Sougez

« La photographie est le plus puissant et le plus sincère des moyens d'expression graphique. » Emmanuel Sougez