Marcel Bovis (1904-1997) photographe français né à Nice, orphelin dès l'age de treize ans, il obtient son certificat d'études avec deux ans d'avance, deux ans qui se transforme en pénalité, ne pouvant pas obtenir une dispense pour le brevet, il devient apprenti chez un opticien.
De 1919 à 1922, il se forme à l’École Nationale des Arts Décoratifs de Nice, suit une formation de plasticien, de dessinateur et de peintre,à la fin de ses études, il rejoint Paris ou il travaille pour « Maitrise », l'atelier d'art des Galeries Lafayette. En 1923, il intègre l'atelier d'avant-garde « Pomone », du magasin Au Bon Marché.
De 1925 à 1926, il effectue on service militaire, durant cette période il découvre la photographie en tant qu'amateur, période ou il découvre à travers la revue belge surréaliste « Variétés », la photographie dite « moderne », celle des photographes comme Germaine Krull, Éli Lotar et André Kertész.
En 1930, il s'installe en tant que décorateur indépendant et effectue ses premières photographies sur le monde du spectacle et des vues de nuit.
En 1931, il s'achète un nouvel appareil, un « Makina Plaubel 6,5 x 9 », installe un minuscule laboratoire dans le grenier de son appartement de la rue Brancion. Il se rend à Marseille, Strasbourg Caen, Chartres, le Havre et Nantes ou il effectue de nombreux clichés nocturnes.
En 1932, l'une de ses images est publiée dans l'album annuel, « Spécial Photographie » de la revue « Arts et Métiers Graphiques », première d'une longue série. Dans la foulée, il vend sept tirages à la toute nouvelle petite revue, « Paris-Magazine ». Avec ses premiers gains, il fait l'acquisition d'un Rolleiflex avec lequel il réalise l'une de ses plus célèbres photographie, celle du « Petit enfant à la colombe ». En 1933, il expose au Pavillon de Marsan, puis travaille avec l'écrivain Pierre Mac Orlan sur le projet d'un ouvrage consacré aux fêtes populaires et sur le cirque après la première Guerre Mondiale.
En 1933, suite à sa rencontre avec Charles Peignot, fondateur de la revue « Arts et Métiers graphiques », Marcel Bovis s'installe comme photographe indépendant et devient collaborateur au sein de la revue. Parallèlement, il travaille au journal « Aujourd'hui » qui lui confie en 1934 l'illustration du roman « Les Suicidés » de Georges Simenon.
En 1935, il reçoit une commande, pour la PLM, « Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon à la Méditerranée ».
En 1936, il devient photographe professionnel, il obtient une carte de presse pour le compte AMG avec qui il collabore régulièrement, en publiant des solarisations.
En 1938, il effectue une série sur les fêtes foraines et réalise avec Jacques Asséo, un film publicitaire d'animation pour les « Huileries du Nord ».
En 1939 participe au lancement du magazine « Marie-Claire » en y publiant neuf clichés. Il travaille avec l’éditeur Hazan au projet d'un ouvrage sur Paris, qui est interrompu par la déclaration de la seconde Guerre Mondiale. Mobilisé, il rejoint le 75eme bataillon alpin de fortesse, prenant position sur la frontière italienne, à l'armistice, moins d'un an plus tard, il rejoint sa ville natale de Nice, retourne dans le Paris occupé, reprend petit à petit ses activités de décorateur et revient à ses premières passions, la peinture et le dessin.
En 1941, il participe à un ouvrage collectif « Voyage dans Paris » réalisé par Mac Orlan aux cotés de René Jacques et Pierre Jahan entre autres. 1941, année ou il adhère au groupe « Rectangle », animé par Emmanuel Sougez. La période de la guerre est féconde, il réalise une multitude de clichés, dont une série durant l'hiver 1944-1945, particulièrement neigeux et froid.
En 1946 la guerre terminée, le groupe « Rectangle » se transforme en « Groupe des XV », auquel il est un des membres et cofondateur, collectif de photographes qui compte entre autres, Robert Doisneau, Willy Ronis, René Jacques, Jean Dieuzaide et Pierre Jahan, qui a pour principal objectif de faire reconnaître la photographie comme moyen d'expression artistique à part entière ainsi que de sauvegarder le patrimoine photographique français. D'autre part, il s'attache à défendre les droits d'auteur.
En 1950, le gouvernement général l'Algérie lui confie une mission photographique, de réaliser des prises de vues pour la publication d'un ouvrage sur l'Algérie antique.
En 1951, il participe à l'exposition « Subjektive Fotografie » organisée par Otto Steinert à Sarrebruck.
De 1951 à 1953, il retourne à quatre reprises en Algérie afin d'effectuer d'autres séries photographiques, pays ou il connait un véritable choc, celui de la lumière, retrouvant ses origines méditerranéenne, jusqu'à réaliser un film en 1956, « Fouilles à Ternifine ».
En 1960, il publie un petit livre technique et se retrouve chef de studio couleur des laboratoires « Hamelle ».
De 1964 à 1970, il rédige de nombreux articles pour « Photographie nouvelle » et « Photo-Revue » et publie une « Initiation à la Photographie » en collaboration avec Louis Caillaud.
En 1969 il prend sa retraite et se consacre exclusivement à l'inventaire des collections du musée « Niépce » et à des recherches sur la photographie, les appareils, l'histoire de l'images, les procédés anciens.
Il fait don de son œuvre à l'État français, donation acceptée le 31 janvier 1991, regroupant ses négatifs et ses tirages qui sont conservés à la Médiathèque de l'architecture et du patrimoine, au Fort de Saint-Cyr.
Son itinéraire est ponctué par de nombreuses commandes publiques et privées, il se confronte à tous les genres photographiques, l'architecture, comme en témoignent ses travaux sur les villes de Bourges et de Chartres, au nu et aux expérimentations les plus diverses, tels le collage et le photomontage, qu'il acquiert au fil de ses rencontres, en particulier celle avec Emmanuel Sougez, des connaissances techniques qu'il sait enrichir de trouvailles personnelles, teintes, solarisations, pratique les prises de vues en plongé et en contre-plongé, photographie la nuit un bec de gaz éclairant un taxi en maraude, les pavés humides de la rue Lebrun vus de sa fenêtre, ou encore une porte cochère ouverte sur un couloir sombre de le rue Visconti.
« J'ai bien des fois rêvé d'écrire sur Paris un livre qui fût une grande promenade sans but où l'on ne trouve rien de ce qu'on cherche, mais bien des choses qu'on ne cherchait pas. » Marcel Bovis
Marcel Bovis, autodidacte engagé donne à la profession de photographe toutes ses lettres de noblesse, durant un demi-siècle d'activité, il se définit avant tout comme un illustrateur. A travers ses photos soignées, c'est un coin de Paris de l'entre-deux-guerres, une rue plongée dans la nuit, une fête foraine, du monde du cirque, les anonymes des grandes villes et des nus, qui sont ses thèmes de prédilection.
Curieux, il est en permanence à la recherche du nouveau, de révolutionner la photographie, il passe d'un courant à l'autre, de la « Nouvelle Vision » à « L'humaniste », de la photographie nocturne à la solarisation, il touche à tout et épouse toute son époque avec des images millimétrées. Entre l’académisme et la nouvelle fracture, il trouve des passages, son esthétique est de celle qui savent survivre aux saisons et se reprendre des hasards, c'est un travail lumineux sans clinquant.
Dès 1933, il abandonne son appareil Siva au format 6x9, pour un tout nouveau, un Rolleiflex 6x6 appareil composé d’une chambre de prise de vue dotée d’un objectif Zeiss Tessar de 75 mm , le cadrage et la mise au point se font en regardant vers le bas, le dépoli placé au sommet de l’appareil. Sa propre grammaire photographique, devient dès lors, celle de ce Rolleiflex 6x6, qui lui offre une rapidité d’exécution, une liberté totale de mouvement, et lui permet d’exprimer une rigueur extrême dans ses cadrages, aux formats carrés, trouvant le parfait équilibre au moment ou il déclenche.
Son érudition en fait un praticien tout désigné pour ajouter à son œuvre une dimension d'historien de la photographie publiant des ouvrages comme, « 150 ans de photographie française » en 1979, « Les Appareils photographiques français » en 1993.
« La photographie est de mémoriser tout ce que je vois et me touche profondément pour des raisons indéfinissables. » Marcel Bovis
Rue de l'Arrivée, Paris, 1932
Illustration pour Les Suicidés (G. Simenon), Paris, 1934
Jambes avec bottines et bas résille, 1941
La marchande de ballons, 1948