Fred Herzog (1930–2019) photographe canadien, d'origine allemand, né Ulrich Herzog à Bad Friedrichshall, près de Stuttgart ou il passe son enfance dans un premier temps, puis à Rottweil, située dans un méandre de l'affluent du Rhin, le Neckar à 90 km de sa ville natale.
Élevé dans la classe moyenne, il connait une adolescence difficile, à l'age de onze ans, en 1941 il perd sa mère, atteinte par une paratyphoïde, puis cinq ans plus tard, en 1946, son père, épuisé suite au retour de la Seconde Guerre mondiale.
Il est un enfant qui déteste rester immobile et n'aime guère l'école, c'est pourtant là à 14 ans, qu'il y découvre un manuel géographique, à travers lequel il repère la ville de Vancouver, en voyant une photo du front de mer industriel, il se passionne de suite pour les navires et les ports.
« Bon sang, il y a un endroit qui a des montagnes, c’est une belle ville, c’est au bord de la mer. » Fred Herzog
En 1946, il retourne sa ville natale et travaille en tant qu'apprenti dans la quincaillerie de ses grands-parents. À la mort de son oncle Kurt, il hérite de son appareil photo, un « Zeiss Tessco » avec lequel il commence à faire des photographies en noir et blanc, en plein air.
Un peu plus tard, il s'achète un « Kodak Retina I », et effectue des clichés lors de ses randonnées dans les Alpes. L’absence de parents ainsi que la ville de Stuttgart, dévastée à la suite des bombardements alliés, totalement abandonnée, il décide de quitter son pays.
En 1952, il émigre au Canada à Toronto, et réalise son rêve d'enfant, s'installant définitivement en 1953 sur la Côte ouest, à Vancouver. Tout en travaillant au service des navires à vapeur des Grands Lacs, exploité par la Canadian Pacific Railway, il découvre la photographie à travers les magazines et revues et se met sérieusement à pratiquer la photographie, réalisant son premier cliché couleur dans le quartier Downtown East Side.
En 1957, il décroche un emploi en tant que photographe médical à l'hôpital St. Paul. Durant son temps libre, il arpente les rues de Vancouver, appareil sous le bras, effectuant des photographies de tout ce qui attire son attention, les habitants, une vitrine, un terrain vague, un trottoir, un bâtiment.
En 1959, il obtient la nationalité canadienne, continue son métier de photographe en médecine au sein de l’Université de la Colombie-Britannique (UBC), qu’il exerce pendant 30 ans.
En 1961, il est nommé chef de la division Photo / Ciné du département des communications biomédicales de l'UBC, supervisant plus de 60 employés.
En 1966, quatorze ans après son arrivée au Canada, il expose pour la première fois, participant à une exposition collective à la « Vancouver Art Gallery ».
En 1967, il est recruté en tant que spécialiste de l'enseignement au département des beaux-arts de l'Université Simon Fraser ou il y donne des conférences sur la photographie.
En 1969, il devient instructeur au département des beaux-arts de l'UBC, reçoit une subvention du Conseil des arts du Canada, et collabore avec la N.E. Thing Co, collectif d'art canadien, entamant un projet intitulé, « Piles ». Cette même année, il participe à l’exposition collective « Extensions », présentée dans un premier temps au Musée des beaux-arts du Canada, à Ottawa, puis itinérante sur tout le territoire canadien.
Dans les années 1990, il expose régulièrement à Vancouver, son travail photographique, à la « Presentation House Gallery », à la « Morris and Helen Belkin Art Gallery » et à la « Vancouver Art Gallery ».
En 2007, Il est reconnu internationalement grâce à la « Galerie d’Art » de Vancouver qui lui consacre une première grande rétrospective, sous le nom « Fred Herzog Vancouver Photographies », rendant hommage à sa carrière ainsi qu'a son œuvre.
En 2010, il reçoit le doctorat honorifique de la « Emily Carr University of Art and Design ».
En 2014, l'une de ses photographies, prise en 1960, « Bogner's Grocery » est éditée sous forme de timbre en édition limitée par la poste canadienne. La même année, il obtient le Prix Audain, récompensant l'ensemble de ses réalisations en arts visuels.
Il est tout à la fois, un pionnier de la photographie couleur et un chroniqueur de la vie au milieu du XXe siècle de la ville de Vancouver. Restant toute sa vie dans l'anonymat, vers la fin de sa carrière, il obtient la reconnaissance à l'échelle internationale pour sa photographie de rue novatrice, produisant un corpus substantiel d'images de la vie urbaine.
Une œuvre à part, en étant l'un des premiers aux cotés de ses contemporains, Saul Leiter, William Eggleston, et Stephen Shore, à croire en un monde multicolore, de la couleur en tant qu’art.
Armé de son Leica, il consacre sa vie artistique à parcourir les rues de Vancouver ainsi que près de 40 pays, utilisant essentiellement les diapositives couleur, où à l'époque la photographie d'art est exclusivement associée à l'imagerie en noir et blanc. Cette couleur l'aide à établir une liaison entre le contenu et la composition.
« La photographie, c'est comment vous voyez et comment vous pensez. » Fred Herzog
Ses ballades à travers les rues de Vancouver, lui permettent de nouer des amitiés avec d'autres photographes ainsi que des résidents du quartier, qui lui donne une compréhension aiguë de la vie quotidienne et de l'âme de la ville.
Visionnaire coloré, son travail personnel, s'étale sur plus de 50 ans, à la manière des humanistes, il aime déambuler dans les rues, au petit bonheur la chance, saisissant des scènes du quotidien à l'apparente banalité, un barbier rêveur, un chinois qui vend du poisson, les bas vermillon d'une jeune fille, un terrain abandonné, un magasin d'occasion, la foule sur les trottoirs, un panneau de signalisation, un bâtiment, un vitrines, une devantures, une chevrolet dans une rue de Mexico. Il est un homme d'atmosphère, qui adore la nuit et ses néons, la proximité grouillante des salles de spectacles, des pubs qui tranchent sur la grisaille de la ville, lui donnant des couleurs vives, criardes avec des rouges éclatants.
« Si vous ne faites pas confiance à votre instinct, si vous ne faites pas confiance à votre première vision, alors vous perdez. » Fred Herzog
Il s’inscrit dans la tradition de la photographie documentaire, dans la lignée de celle de Walker Evans, il pose son regard sur les gens, les lumières, l’architecture, les projets d’expansion mais aussi sur les zones en marge des splendeurs du centre ville.
Sa sensibilité se situe, en dedans et en dehors de l’espace psychique de la ville, ses images présentent la ville comme un site de tradition et de changement, de collection et de dispersion, de production, de dépense, et d’aliénation.
« Quand il y a de l’action je commence à tirer tout de suite. Je ne regarde pas longtemps. » Fred Herzog
Pendant des décennies, ce film pour diapositives Kodachrome qu'il place dans son boitier, reste totalement inconnu et difficile à imprimer, lorsque la technologie d'impression rattrape son retard au milieu des années 70, cela lui permet de réaliser des impressions pigmentaires d'archivage qui correspondent à la couleur, la texture et à l'intensité exceptionnelles de ses pellicules.
« J’ai essayé de montrer la vitalité. » Fred Herzog
The Greasy Spoon, 1958
Hasting at Colombia 2, 1958
Mexico City with Chevrolet, 1963
Harbour, Vancouver, 1971