Édouard Boubat (1923-1999) photographe français, né à Paris dans le quartier de Montmartre.

    • De 1938 à 1942, il suit une formation de photograveur à l’École Estienne, puis travaille dans un atelier de photogravure. En 1943, il effectue le service du travail obligatoire en Allemagne.

    • En 1946, il vend de vieux dictionnaires pour s’acheter un Rolleicord au format 6X6, avec il s'initie à la photographie et réalise deux clichés qui marque le début de sa carrière photographique, « La petite fille aux feuilles mortes » et « Première neige » au jardin du Luxembourg, année ou il rencontre, Lella, son modèle fétiche, sa muse, qui devient Mme Boubat. Il participe au « Salon international de la photographie » de la bibliothèque nationale de Paris.

    • En 1947 il obtient le Prix Kodak avec son cliché « La petite fille aux feuilles mortes », et devient chroniqueur photo-reporter de l'après-guerre.

    • En 1949, il effectue ses premiers voyages en Italie et en Espagne et publie ses clichés dans la revue américaine de photographie « US Camera » accompagnés de textes réalisé par le photographe Louis Stettner. Il s’achète son premier Leica et continue inlassablement de voyager partout dans le monde pour la revue « Réalités » avec lequel il collabore en tant que reporter avec Jimy Gilou, directeur artistique du magazine, il parcoure toute la planète, des États-Unis à la Jordanie, du Liban au Maroc. Il rencontre Robert Frank, expose aux côtés de Brassaï, et fait la connaissance d’Izis, de Robert Doisneau, Henri Cartier-Bresson et Eugene Smith.

    • En 1951, il réalise son premier reportage intitulé « Les artisans de Paris » et enchaine avec un second en Espagne « Le Pèlerinage de Saint Jacques de Compostelle ».

    • En 1955, il participe à l'exposition « The Family of Man » organisé par Edward Steichen au MoMA de New-York.

    • En 1967, il s’installe en tant que photographe indépendant. En 1970, après un voyage en Iran, il rejoint l'agence « Top/Rapho » fondée par Raymond Grosset, au coté de ses collègues Robert Doisneau, Willy Ronis et Sabine Weiss. En parallèle il poursuit une carrière indépendante qui le mène de nouveau au Canada en 1972, au Népal, en Inde à Mithila en 1973, au Japon, en Roumanie, à Bodgaya pour les fêtes tibétaines en 1974, au Pérou en 1975, au Kenya en 1981 et au Brésil en 1985.

    • En 1971, il est l'invité d'honneur des Rencontres internationales de la photographie d'Arles, qui lui consacrent une soirée de projection intitulée « Édouard Boubat et Lucien Clergue », présentée par Michel Tournier.

    • En 1978, il se rend au Mexique et rencontre le photographe Manuel Álvarez Bravo, et dresse son portrait.

    • En 1984, il reçoit le « Grand prix national de la photographie » et en 1988, celui de la « Fondation Hasselblad ».

    • En 1995, il est invité d'honneur de la croisière de la photo, aux Caraïbes avec Sebastião Salgado.


Il s’intéresse dès son plus jeune âge à l’image, de photograveur il passe très rapidement à la photographie, photo reporter juste après la Seconde Guerre mondiale, très vite marqué par les atrocités, il décide de consacrer son œuvre à la célébration de la vie, son ami Jacques Prévert dit de lui qu’il est un « correspondant de la paix », et devient avec Willy Ronis et Robert Doisneau, l'un des principaux représentants de la photographie humaniste française.

« La lumière glauque des laboratoires de photogravure où je coulais sur une plaque de verre le collodion faisait déjà rêver, voir la vraie vie. » Édouard Boubat

Le métier de photographe lui donne une liberté, celle de voyager et d’effectuer de nombreux portraits de personnalités tel que ceux de Jacques Prévert, de Gaston Bachelard, d’Emil Cioran, de son ami Robert Doisneau, de Jean Genet, de Marguerite Yourcenar.

« La photographie est comme une quête, ou un pèlerinage, ou une chasse. » Édouard Boubat

Il s’intéresse particulièrement à montrer les moments vides de la vie et en exalter tout le bonheur. Il présente un quotidien dépouillé mais plein de grâce, de poésie et d'une plénitude intemporelle. Amoureux et témoin des petits plaisirs du quotidien, il consacre sa vie à saisir le bonheur avec humour et tendresse. Il existe un lien et une complicité entre lui et ses sujets photographiés, il pose son regard bienveillant et tendre sur chacun d'eux, il ne le réserve pas uniquement à l’être humain, mais à tout l'univers qui l’entoure, il est le photographe humaniste par excellence passionné par les visages et les histoires humaines, ses photos ont un style simple mais toujours direct.

« Les photographies que nous aimons ont été faites quand le photographe a su s'effacer. S'il y avait un mode d'emploi, ce serait certainement celui-là, ce qu'il y a de plus beau en photo, c'est le moment de la prise de vue. Au moment où je fais un portrait ou un paysage, Boubat n'existe plus. Le secret, le voilà, il n'y a plus de Boubat. » Édouard Boubat

Il ne prend pas des photographies, il les reçoit, les accueille, son savoir enferme les choses sur elles-mêmes, c’est un mouvement qui l’ouvre à la personne, sans même connaître ce qu’il voit, il comprend de suite l’instant et avec le filet à papillons de son Leica attrape la lumière des gens, la plénitude et le souffle de la vie.

« La chance du photographe, c'est de marcher et de flâner. » Édouard Boubat

Ses photos célèbrent avant tout beauté et poésie, des gestes intemporels. Il développe une technique qui lui est propre, « La photographie de dos » technique qui se retrouve dans un bon nombre de ses images, avec des personnages vus de dos qui empêchent un contact direct avec son sujet et qui illustre pour lui le fait de savoir regarder au loin, et invite le photographe à faire comme eux, à se poser, écouter et rêver.

« Puisque l'instant sublime de la prise de vue ne ressemble à rien d'autre, laissons le vivre, l'appareil n'est pas une cage. » Édouard Boubat

Ce sont des gestes familiers d’un univers sur lequel son regard s’arrête l’espace d’un instant, un souvenir d’enfance ou Boubat se replonge totalement, des gestes de tous les jours mais avec une grâce qui le rend différent.

« Que peut-on reprocher à la photographie, sinon son apparente simplicité, appuyer sur le bouton, nous ferons le reste, on se plaît à dire que le photographe n'a rien à faire. Et c'est un peu vrai. Seulement, tout est dans ce rien, ne pas se mettre en travers de ce rien, de cet insaisissable. La photographie est si simple qu'elle n'admet pas de repentir, cela demande un sens fulgurant de la composition, du cadrage. » Édouard Boubat

« La photo c'est très beau mais il ne faut pas le dire. » Édouard Boubat

Site Officiel : Edouard Boubat

« En photographie nous employons des mots merveilleux, ouverture, par exemple. Il y a celle du diaphragme, qui est une chose mécanique, mais il y a aussi notre ouverture à nous. » Édouard Boubat

La petite fille aux feuilles mortes, 1946

En 1946 avec son Rolleicord format 6X6, il réalise sa première photographie, une petite fille laissant trainer sa robe faite de feuilles mortes dans les allées du jardin du Luxembourg, un an plus tard il reçoit en 1947 pour cette image, le prix Kodak, année marquant le début de sa carrière.

« Oui, dans la photo il y a toujours trop de choses, sauf quand elle est réussie. Pour ne parler que de mon travail, je crois que, dès le départ, je suis arrivé à faire des photos où il y avait juste ce qu'il fallait. Comme cette petite fille aux feuilles mortes, où il n'y a rien, tout est flou, c'était juste après la guerre, il n'y a que cette petite fille et Clac. » Édouard Boubat

Lella, Bretagne, 1947

C’est par choix qu’il est tombé amoureux de la vie et du vertige de la vie qu’est l’amour. Et c’est pour l’amour fou et sa passion pour Lella Concarneau. Elle est pour lui, tout simplement une superbe jeune femme, sa muse qui devient sa femme. Il lui consacre ses plus belles images, dont ce cliché difficile à capter pour le photographe, avec cet effet de se mouvoir avec autant de grâce et de délicatesse, mais surtout avec autant de dévouement.

« Cette photo est un don de la providence, et la providence n’a ni règle, ni théorie, elle ne parle pas au pluriel comme le fond les lois mais au singulier comme pour protéger. » Édouard Boubat

Et ce singulier est la rencontre avec Lella, ce visage lumineux aux cheveux couleur cuivre qui ondulent dans la vent breton, la soie d’un chemisier laissant apparaitre mystérieusement une poitrine qui se dévoile à peine, il magnifie le corps de sa déesse, comme si Lella n’était pas devant lui mais en lui.

L'Arbre et la Poule, Pau, 1950

« Cette photo a une histoire. Grâce à Eugène Smith j'avais été envoyé dans le sud de la France, je n 'avais plus un sou à cette époque, pour faire un reportage sur le maïs. Je travaillais avec un Rollei, et dans un Rollei, il y avait douze photos. J'avais fini le reportage, je devais prendre le train à six heures du soir, il était quatre heures, il restait une dernière photo dans l'appareil. Je passe devant une cour de ferme, je vois mon arbre à poule, clac, je fais la photo, c'était simplement pour terminer mon film. De cette photo de la poule et de l'arbre il n'y en a eu qu'une, c'était la photo n° 12. » Édouard Boubat

Montmartre, Paris, 1952

Café de Flore, Saint Germain des Prés, Paris, 1953

Le Pont des Arts, Paris, 1954

Nazaré, Portugal, 1956

« Cette photo de l'homme au bord de la mer, c'était la première fois que j'allais au Portugal, je crois que c'était en 1956, dans ces années c'était merveilleux de voyager, il y avait très peu de touristes, nous avions fait deux ou trois jours de route, nous arrivons à l'hôtel au bord de la mer, Sophie était un peu fatiguée, je dis, je vais voir la plage, je prends juste mon petit Leica de l'époque, et cet homme était là, j'étais arrivé depuis une demi-heure, il m'attendait avec son enfant, et j'ai fait ma première photo du Portugal, une photo qui restera. J'avais fait beaucoup de route, j'avais rêvé de ce Portugal, donc moi aussi je l'attendais, il y avait attente de part et d'autre. Finalement la photo est comme un baiser volé. Un baiser est toujours volé, la photo est volée, mais un peu consentante. » Édouard Boubat

Nazaré, Portugal, 1956

Nazaré, Portugal, 1956

Paris, Septembre 1958

Poona, Inde, 1962

Florence sous la Neige, 1962

Environs de Sienne, Toscane, Italie, 1975

Nu de Dos, 1977

Champ de Tournesols, Ile de France, 1987

Rémi écoutant la mer, Paris, 1995