Mike Brodie (1985) photographe américain, né Michael Christopher Brodie à Mesa, en Arizona, issu d'une famille modeste, fils d'une mère tour à tour, femme de ménage, aide-soignante, et caissière chez Walgreens, son père purge une troisième peine à la prison d'État de Florence, en Arizona.
En 2000, la famille Brodie déménage à Pensacola, en Floride, où Mike rencontre sa première petite amie qui lui fait découvrir la scène musicale punk rock.
En 2003, à dix huit ans, de la fenêtre de la maison familiale, il aperçoit un jeune couple blotti l'un contre l'autre dans un wagon de marchandises, il est tout à la fois intrigué par la scène et est attiré immédiatement par l'univers ferroviaire, il décide alors de quitter la maison, afin voyager à travers les États-Unis.
De 2004 à 2008, équipé d'un Polaroid SX-70 que lui a donné un ami, il photographie au cour de son périple, les personnes qu'il rencontre, des sauteurs de train, des vagabonds , des squatteurs et des clochards.
En 2005, suite à l’arrêt de la production du film pour le SX-70, il le remplace par un Nikon F3 et le film 35 mm.
« Le format 35 mm m'a permis de photographier de manière plus candide et de capturer véritablement des moments réels, pas des portraits mis en scène. » Mike Brodie
En 2009, il fréquente et obtient son diplôme du Nashville Auto-Diesel College, dans le Tennessee, avec pour objectif de faire carrière dans ce domaine.
En 2013, après la sortie de son ouvrage « A Period of Juvenile Prosperity », il décide d'abandonner la photographie.
En 2017, il s'installe à Nashville, travaille en tant que mécanicien diesel pour l' Union Pacific Railroad, épouse une femme, chef de train, ils achètent ensemble un terrain le long de la route poussiéreuse de Winnemucca dans l’État du Nevada et construit une maison.
En 2021, de nouveau, il repent son appareil et se remet à photographier, en explicant : « Mon appareil photo a toujours été là, il y a eu juste une pause au milieu ou à la fin de ma vingtaine. J'ai décidé que je voulais me lancer dans les métiers, je ne voulais pas être un artiste de métier. Alors je suis allé à l'école de mécanique diesel. »
Peu de photographes aujourd’hui sont aussi intrigants que Mike Brodi, également connu sous le nom de « The Polaroid Kid », avec un œil plus que jamais vif, capturant cette poésie intangible de la vie quotidienne en marge. Son nom résonne d'une résonance quasi mythique, façonnée par l'impact de ses premiers travaux puissants et son départ brutal du monde de la photographie.
Sa première monographie, « Une période de prospérité juvénile », son roman, sorti en 2013, a été largement salué. À partir de 2004, alors qu'il est à la fin de son adolescence, il passe quatre ans à sillonner les États-Unis en train, documentant ses compagnons de voyage et ses voyageurs à la dérive dans une quête effrénée d'aventure et de liberté, une série photographique qui trouve un écho dans les écrits de Steinbeck, Kerouac, London et Woody Guthrie.
La photographie est un prétexte au voyage, c'est pour lui avant tout, le désir d'aventure, de rail à perte de vue, il rejoint certaines des images les plus emblématiques de la photographie contemporaine, de celles de Robert Frank à celles des pionniers de la couleur comme Stephen Shore et Joël Sternfeld.
Son absence de formation et sa proximité avec les People qu'il photographie engendrent des images brutes, intimes et profondément personnelles, des instants fugaces et spontanés, capturés par un participant plutôt que par un spectateur extérieur.
Il partage des points communs avec la photographe Nan Goldin, en entrant dans le monde de la photographie avec un style qui lui est propre et unique, libérée des contraintes d'une formation photographique formelle, résolument personnelle et convaincante.
« Il s’est lancé dans la vie de réalisateur comme s’il avait été le premier à le faire. » Danny Lyon
Son ouvrage « Une période de prospérité juvénile », est un chef-d'œuvre d'abandon juvénile, une incarnation brute, un indéniable sentiment d'espoir, d'optimisme, une envie de se lancer à toute vitesse dans l'inconnu sans arrière-pensée, avec la lumière dorée, les paysages immenses. C'est un autre monde qu'il enregistre sur son chemin, des auto-stoppeurs, des vagabonds, aux visages parfois marqués par l'épuisement et la défiance. C'est aussi les vastes plaines américaines sur des wagons rouillés ou aux travers des vitres poussiéreuses, à la poursuite d'un rêve indompté de liberté. L'addiction et la douleur persistent aux côtés d'instants fugaces de beauté et de joie, des symboles émergent dans des objets abandonnés et des gestes silencieux. Des animaux, vivants ou morts, son univers est brut et sans fard, ce qu'il photographie c'est toujours ce qu'il ressent profondément.
« Peut-être que je marche sur l'autoroute toute la journée en me demandant, qu'est-ce que je fais de ma vie ? Et puis, tout à coup, comme par magie, quelque chose se produit. Je prends dix photos et ça ravive le sentiment. Et je réalise que je suis sur la bonne voie. Tout va bien. » Mike Brodie