Massimo Vitali (1944) photographe italien, né Côme en Lombardie. Il étudie la photographie à Londres au « London College of Printing ». Dans les années 60, il débute par le photojournalisme, collaborant avec de nombreux magazines ainsi que des agences photographiques européennes et italiennes. Sa rencontre avec Simon Guttmann, fondateur de l’agence « Report », joue un rôle décisif dans son évolution comme photographe.

Depuis 1994 Massimo Vitali se passionne pour le paysage des plages, il les ausculte, c’est pour lui l’ultime occasion sur terre de montrer qui nous sommes, en maillot de bain deux pièces, en monokini, nu. Le choix se réduit, mais les variantes dans l’assemblage des différents éléments ne connaissent aucune limite.

La plage est un lieu extraordinaire, elle semble un espace libre, sans règle, presque sauvage, qui met en évidence les clivages sociaux, elle est indélébile, plus qu’un bronzage, plus qu’un tatouage. Et c’est là sur la frontière subtile entre l’être et la paraître, du haut de son phare de huit mètres, en équilibre sur sa tour de Babel que Massimo observe et photographie, de l’Adriatique aux Caraïbes, de la Californie à la Thaïlande. Ce qu’il recherche c’est une mer à l’infini, des vagues, des corps étendus et brûlants en groupes compacts, le mouvement comme une fourmilière, ou encore un ciel d’été.

« J’ai abordé les plages italiennes comme un moyen d’expliquer nos vies contemporaines. Il y a de la joie, des couleurs mais aussi un con­texte plus complexe. Mes pho­tos de pla­ge présentent les perturbations de la normalité. L’imposture esthétique, l’allusion à la sexualité mais aussi la marchandisation des loisirs, l’illusion qu’apporte un certain confort financier, la rigidité des conformismes. » Massimo Vitali

Il photographie les plages depuis une plateforme en hauteur à l’aide d’un appareil photo grand format, réalisant des prises de haut et de loin, saisissant dans le cadre des milliers de mètres carrés.

« Comment photographier une plage, je me suis mis à l'eau, sinon je ne pouvais avoir personne de face, ensuite, j'ai fait construire un échafaudage de cinq mètres de hauteur, à six mètres du rivage. Là, je regarde les gens de haut, mais sans me sentir supérieur, je travaille à la chambre. Une fois installé, je ne peux plus bouger l'appareil, puisqu'il est très lourd, et j'attends des heures, cinq, six, sept, jusqu'à ce que je déclenche, il ne se passe rien d'extraordinaire, seulement quelques petites histoires qui se jouent en même temps. Voilà le processus, et d'une certaine façon ma philosophie, je ne cherche rien avec mon appareil, c'est le monde qui vient se placer dedans. » Massimo Vitali

Dans ses larges panoramas, son but est de témoigner de l’évolution de chaque individu dans son environnement privilégié, sans se fier à ce qui l’entoure, alors qu’il ne cesse d’être observé et même photographié.

Vitali prend des photos chaque demi-heure, de l’aube au crépuscule, par son souffle de vent chromatique, il refroidît autant le ciel que la sable et à terre il reste que la nudité habillé des baigneurs, qu’il définit comme « Des papillons transpercés par l’aiguille du soleil ».

Ses images en tons clairs, délavées et colorées, restituent une apparence paradisiaque et révèlent subtilement une dimension voyeuriste du photographe, il observe les moindres détails, un amas de corps dénudés sur le sable ou dans une eau translucide, tout les gestes des baigneurs. Des photos immobiles qui rendent le mouvement d'une foule, petits personnages qu'il compare parfois à des pingouins. Il ne surexpose jamais, n’effectue aucune retouche au tirage, cette blancheur aveuglante du soleil écrase tout et la lumière laiteuse et fracassante est sa signature.

Afin de continuer à explorer dans son travail le détachement qui s’opère entre les activités humaines et la vie citadine, Massimo élargit  son travail avec d’autres séries, d’autres lieux ultra fréquentés comme les piscines, discothèques, stations de ski ou encore lieux touristiques.

« C’est comme étudier des êtres in vitro qui reproduisent les lois rigides de la vie sociale sur le plus amorphe des fonds marins, le sable. » Massimo Vitali