Nicolas Tikhomiroff (1927-2016) photographe français né à Paris de parents immigrés russes. Il reçoit son éducation dans un internat éloigné de sa famille.
En 1944, juste après la libération, âgé de dix sept ans, il rejoint l'armée française, part quelques mois en Allemagne, puis de 1945 à 1947 en Indochine.
En 1950, il quitte l’armée et travaille pour un photographe de mode puis débute son activité en tant que photographe indépendant et collabore avec de nombreux magazines de mode.
En 1956, il fait la connaissance du journaliste français Michel Chevalier, ensemble ils se rendent en Union soviétique, parcourent le Moyen-Orient et l’Afrique.
En 1959, il rejoint l’agence Magnum Photos en tant que membre, couvre les différentes phases de la guerre d’Algérie, la situation en Indochine, au Cambodge, au Laos et au Viêt Nam.
Parallèlement il se consacre au milieu cinématographique, réalisant de nombreuses photographies d’artistes de tous les horizons, tel que Federico Fellini, Luchino Visconti, Peter Brook, Orson Welles, Anthony Perkins, Dmitri Chostakovitch, William Burroughs, Édith Piaf, Brigitte Bardot. Il entame une collaboration avec la revue « Jours de France ».
En 1987, il se retire du circuit professionnel et prend sa retraite dans le sud de la France, en Provence ou il passe le restant de ses jours tout en continuant de travailler sur des projets personnels.
Il est un photographe trilingue, ce qui est un atout pour ses nombreux voyages qu’il effectue, il parle russe, français et anglais. Il affirme privilégier la saisie instantanée de la vie plutôt que la recherche de l'esthétique, tout comme les photographes William Eugene Smith et Henri Cartier-Bresson, qu’il prend en références. A la fin des années 1960 il fait le choix qui correspond à un réel besoin, il entend poser son regard ailleurs que sur les conflits, il se rapproche du monde du cinéma et rencontre du metteur en scène italien Federico Fellini, et des actrices, Brigitte Bardot et Romy Schneider dont il dresse leurs portraits.
« Les nombreux conflits armés auxquels j’ai assisté et que j’ai couverts en tant que photographe ont provoqué chez moi une haine pour la violence et l’intolérance. C’est pourquoi je ne fais plus que des portraits, des paysages et des nus. » Nicolas Tikhomiroff
En 1962, grâce à l’acteur Anthony Perkins, il fait la connaissance du légendaire Orson Welles, il lui rend visite sur le tournage du « Procès ». D’abord réticent à la présence d’un photographe sur son plateau, le réalisateur change rapidement d’avis et se laisse conquérir par les photos et l’humanité de Nicolas. Une grande amitié nait entre les deux hommes, ensemble ils se rendent en 1964 en Espagne sur le projet de « Falstaff » ou le photographe réalise des portraits d’Orson Welles, comme le célèbre cliché ou Welles apparaît avec son éternel cigare à la bouche, émergeant d’une rai de fumée lumineuse presque surnaturel, avec son profil sévère qui se détache sur un noir et blanc contrasté, ajoutant un sens esthétique et fascinant à la scène.
« La photographie doit être le résultat d’une émotion, d’un éclair de génie, d’un moment d’amour ou de tristesse. » Nicolas Tikhomiroff
Orson Welles, Espagne, 1964