Wim Wenders (1945) photographe allemand, né Wilhelm Ernst Wenders, à Düsseldorf. Il est à la fois réalisateur, producteur, scénariste dans le milieu cinématographique. Il suit des cours de médecine puis de philosophie, et entre à l’école de cinéma de Munich.
Durant ses années d’études, il tourne six courts métrages. Son premier film « Summer in the City », récit d’une errance dans le milieu urbain, sort en 1970 et marque la fin de sa formation.
En 1971, il crée, avec d'autres auteurs du nouveau cinéma allemand, le « Filmverlag der Autoren » regroupant des cinéastes s'associant pour produire et distribuer leurs films eux-mêmes. Il est l'un des représentants majeurs du nouveau cinéma allemand.
En 1974, n'étant plus satisfait de ce type de production, il crée sa propre société de production, la « Wim Wenders Produktion ». Parallèlement, il publie des critiques de films ainsi que des articles sur le rock dans les revues allemandes Kritik et Süddeuttsche.
Au début des années 1980, il se tourne vers la photographie, au départ, il l'utilise pour satisfaire sa passion de l'image, qui ne touche pas seulement l'image animée de ses films. Il ne songe aucunement à dévoiler ses clichés réalisés en 24 x 36 au moyen d'un Leica qu'il traine en permanence avec lui, ils font partie uniquement de sa sphère privée.
Durant l'été 1983, on lui dérobe son appareil photo, en quittant le Japon, où il vient de réaliser le documentaire « Tokyo-Ga », sur le cinéaste Yasujiro Ozu, il fait l'acquisition d'un appareil moyen-format, un Plaubel, équipé d'un objectif de 90mm, objectif qui correspond à un 45mm en petit format, proche de celui qu'il utilise dans ses films.
À son retour de Tokyo, muni de ce matériel, qui convient parfaitement à son regard, il entreprend un voyage de trois mois, au cours duquel il parcourt de long en large l'Ouest américain, en préparation de son film « Paris, Texas ». Il prend des images de paysages, et très vite se rend compte que c'est une autre manière de préparer son film, une autre forme de recherche, pas tant pour trouver les sites de tournage mais pour apprivoiser cette lumière de l'Ouest.
« Je n'avais jamais tourné dans ces paysages et j'espérais ainsi aiguiser ma capacité de compréhension et ma sensibilité envers cette lumière et ces paysages à travers la photographie. » Wim Wenders
En 1984, « Paris, Texas », couronné à Cannes, recèle un potentiel émotif que son film suivant « Les Ailes du désir » confirme par son symbolisme.
En 1993, il publie un ouvrage intitulé « Einmal » aux Edizione Socrates dans lequel il associe des photographies qu'il a prises aux quatre coins du monde à de petits textes de sa plume, chacun de ces textes commençant par la même formule « Une fois... ».
Grand admirateur et passionné par l’œuvre d’Edward Hopper, il sait retranscrire l’esthétique du peintre autant dans ses longs métrages que dans ses photographies. Il contribue à transmettre, par la photographie les thématiques de l'œuvre d’Edward Hopper. Il ne se contente pas de puiser dans son iconographie, sans véritablement entrer dans son cœur.
Les références à l’Amérique et le thème des obstacles à la communication préfigurent dans son travail, il ne parlent pas du passé, mais du présent, de l'avenir et de la disparition du vieil humanisme européen. Il explore tout les univers, se penche sur les changements survenus après la chute du mur de Berlin en 1993 avec « Si loin si proche ». Avec « Buena vista social club », il présente au public un documentaire sur la musique cubaine. Réalisateur engagé, il signe « Land of Plent »', tourné en DV, sur les conséquences des attentats du 11 Septembre.
« j’ai montré son travail à tous les amis, surtout à mon chef opérateur de l’époque, Robby Müller, et on a pris Hopper pour modèle. » Wim Wenders
L’un des cinéastes à avoir perçu très tôt la pertinence des scènes de vie brossées par Hopper est Alfred Hitchcock. Il s’en inspire pour « Psychose » avec le tableau « House by the railroad (1925) » pour figurer la maison de Norman Bates et ainsi que pour « Fenêtre sur cour » avec la scène de la toile « Night windows (1928) ».
Parmi les cinéastes inconditionnels et convertis à l’art du peintre, il fait figure de favori, allant jusqu'à lui rendre, en 1997, un mémorable hommage dans « The End of Violence », en recréant le dîner du tableau « Nighthawks » et concrétise le fantasme absolu de tout amateur de cette toile, imaginer un contexte, créer un avant et un après. La magie de l’immobilisme de la peinture de Hopper avec ces personnages comme suspendus dans le temps, est traduite par Wenders en une séquence magnifique, le plus bel hommage que le cinéma puisse rendre à la peinture.
« Il me semble que c'est l'objectif le plus proche de l'œil humain, qui ne déforme pas la vision. » Win Wenders